Filatures, écoutes téléphoniques... Quel est le quotidien des femmes espionnes ?
Illustration Paul Grelet
[Un an dans la vie des espionnes - 1/6] De janvier 2015 à mars 2016, notre reporter Dalila Kerchouche a enquêté au cœur des services secrets français. En exclusivité, nous publions des extraits du témoignage d'Isabelle.
Aux nouveaux RG
Nom de code : Isabelle
Son profil : ancienne de la DST et des RG, cette commissaire de 53 ans dirige la D3, la division la plus stratégique du Service Central du Renseignement Territorial (SCRT), qui surveille l’islam radical en France.
Interview express : une mince rouquine aux yeux verts me tend une main gracile. Autour de son bureau, des piles de dossiers « confidentiel » s’étalent sur la moquette grise.
Dalila Kerchouche. - Comment se déroulent vos journées ? Isabelle. - Elles ne sont pas assez longues. En période d’attentats, il y a un affolement tel que, dès que je tourne les talons, je reçois 500 mails en deux heures.
Comment avez-vous travaillé après le 13 novembre ?
Nous avons cherché dans nos fichiers des individus suspects à perquisitionner ou à assigner à résidence pour les empêcher de nuire et éviter le surattentat, et découvert plusieurs caches d’armes.
Combien de cibles suivez-vous ?
Entre 2000 et 3000 individus radicalisés, souvent très jeunes. En période d’attentats, il y a toujours un pic de signalements. Nous devons distinguer les fugues, les décrochages scolaires et les départs en Syrie.
Combien de mosquées radicalisées surveillez-vous ?
Une centaine environ. Nous gardons à l’œil celles qui diffusent le salafisme, le Tabligh, ou un islam rigoriste incompatible avec les valeurs de la République.
Qu’est-ce qui vous inquiète le plus aujourd’hui ?
L’énorme réservoir de terroristes en Irak et en Syrie, qui peuvent s’infiltrer en Europe parmi les flux de migrants. Comme un médecin qui soigne une épidémie, je cherche à comprendre. Pourquoi notre jeunesse est-elle devenue si influençable ? Haine des jeunes des quartiers envers l’État, crise économique, mal-être de la jeunesse, crise culturelle de notre société de consommation… C’est un problème global.
Le livre Espionnes de Dalila Kerchouche révèle le vrai visage de ces agents de renseignement. À paraître le 21 septembre chez Flammarion.
Officier de police judiciaire, cette trentenaire dirige une cellule de vingt agents spécialisés dans le terrorisme islamiste.
Son interview : « Je joue l'idiote » face aux djihadistes
Valérie
À 50 ans, cette commissaire divisionnaire dirige la sous-direction opérationnelle chargée du terrorisme à la DGSI, le cœur du réacteur de la sécurité intérieure du pays.
Son interview : « Un 13 novembre bis est encore possible en France »
Filatures, écoutes téléphoniques... Quel est le quotidien des femmes espionnes ?
Illustration Paul Grelet
[Un an dans la vie des espionnes - 2/6] De janvier 2015 à mars 2016, notre reporter Dalila Kerchouche a enquêté au cœur des services secrets français. En exclusivité, des extraits du témoignage de Camillia.
Aux nouveaux RG
Nom de code : Camillia
Son profil : analyste au SCRT, et unique arabisante de la division 3, elle surveille les islamistes radicaux qui risquent de basculer dans l’action violente.
Interview express : Camillia, Franco-Marocaine de 37 ans, est une des rares espionnes d’origine maghrébine à travailler sur le terrain en Seine-Saint-Denis. Elle a le profil parfait : du bagou, de la débrouillardise et une double culture qui lui permet de se fondre dans le « 9-3 ».
Dalila Kerchouche. -Quel est votre quotidien ? Camillia. - Je filoche des prêcheurs salafistes et des individus radicalisés. Je me méfie des plus discrets : les takfiristes, qui utilisent la dissimulation pour mieux frapper. Ils peuvent boire du vin, mener une vie normale de père de famille et, un jour, sortir une kalachnikov.
Comment avez-vous vécu les attentats du 13 novembre ?
Ces terroristes utilisent ma religion pour attaquer ma patrie ! Avec ma double culture, j’étais deux fois plus meurtrie que mes collègues. Je ne laisserai pas ces fous de Dieu agir en toute impunité. Le soir du 13 novembre, j’ai immédiatement téléphoné à ma chef pour revenir travailler. Je suis le modèle d’une Française musulmane qui aime la République, la France, la liberté, et je la défends le mieux possible.
Quels souvenirs vous ont le plus marquée ?
Les écoutes téléphoniques de djihadistes. Avec mon casque sur les oreilles, je pénétrais dans leur intimité. Je connaissais jusqu’aux recettes de gâteaux de leurs mères !
Qu’est-ce qui vous a frappée ?
L’hypocrisie et la perversité des intégristes. Un jour, j’écoutais un imam qui se disait exemplaire, un gars de 30 ans qui prêchait la bonne parole dans les cités. C’était un salafiste pur et dur, dont la femmeétait « burquadée » et cloîtrée à la maison. Au téléphone, je l’ai entendu parler… à son amant ! Il lui a dit : « Je te laisse, mon chéri, je vais rejoindre ma "hallal"… » C’est-à-dire sa femme officielle.
Le livre Espionnes de Dalila Kerchouche révèle le vrai visage de ces agents de renseignement. À paraître le 21 septembre chez Flammarion.
Officier de police judiciaire, cette trentenaire dirige une cellule de vingt agents spécialisés dans le terrorisme islamiste.
Son interview : « Je joue l'idiote » face aux djihadistes
Valérie
À 50 ans, cette commissaire divisionnaire dirige la sous-direction opérationnelle chargée du terrorisme à la DGSI, le cœur du réacteur de la sécurité intérieure du pays.
Son interview : « Un 13 novembre bis est encore possible en France »
Filatures, écoutes téléphoniques... Quel est le quotidien des femmes espionnes ?
Illustration Paul Grelet
[Un an dans la vie des espionnes - 3/6] De janvier 2015 à mars 2016, notre reporter Dalila Kerchouche a enquêté au cœur des services secrets français. En exclusivité des extraits du témoignage de Louise.
Dans les services secrets douaniers
Nom de code : Louise
Son profil : à 40 ans, cette experte en armes de guerre pilote le Golt, le Groupe opérationnel de lutte contre le terrorisme, depuis février 2016.
Interview express : une blonde énergique au brushing impeccable vient me chercher d’un pas pressé dans le hall de la DNRED (1), pro jusqu’au bout de ses escarpins vernis. Il va falloir manœuvrer habilement pour éviter un langage trop lisse ou trop institutionnel.
Dalila Kerchouche. - Quels types de renseignements recueillez-vous ? Louise. - Quand nous saisissons des prospectus ou des livres prosélytes pro-Daech, nous relevons un maximum d’infos sur leurs détenteurs. Nous surveillons aussi les colis venus de pays sensibles qui transitent via Roissy : Irak, Syrie, Mali, Yémen, Afghanistan… Nous trouvons des faux passeports ou des téléphones portables, qui servent à communiquer de façon anonyme. Ces saisies nous permettent d’identifier de nouveaux individus de la sphère terroriste, qui échappent aux radars du renseignement.
Les grands services regardent souvent de haut les « petits » services comme le vôtre. Cela nuit-il à la chaîne du renseignement ?
C’est vrai que la DGSI et la DGSE écrasent un peu tout le reste. Et les services ont une culture du repli sur soi. À nous de prouver que notre soutien est déterminant.
Pourquoi les femmes percent-elles dans la lutte antiterroriste ?
Plus motivées que les hommes car en position de challenger, elles redoublent d’efforts pour s’imposer face au machisme ambiant.
(1) Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières.
Le livre Espionnes de Dalila Kerchouche révèle le vrai visage de ces agents de renseignement. À paraître le 21 septembre chez Flammarion.
Officier de police judiciaire, cette trentenaire dirige une cellule de vingt agents spécialisés dans le terrorisme islamiste.
Son interview : « Je joue l'idiote » face aux djihadistes
Valérie
À 50 ans, cette commissaire divisionnaire dirige la sous-direction opérationnelle chargée du terrorisme à la DGSI, le cœur du réacteur de la sécurité intérieure du pays.
Son interview : « Un 13 novembre bis est encore possible en France »
Filatures, écoutes téléphoniques... Quel est le quotidien des femmes espionnes ?
Illustration Paul Grelet
[Un an dans la vie des espionnes - 4/6] De janvier 2015 à mars 2016, notre reporter Dalila Kerchouche a enquêté au cœur des services secrets français. En exclusivité des extraits du témoignage de Pauline.
Au cœur de la DGSI (1)
Nom de code : Pauline
Son profil : officier de police judiciaire, cette trentenaire dirige une cellule de vingt agents spécialisés dans le terrorisme islamiste, qui cuisinent les djihadistes en garde à vue.
Interview express : fine, pâle, introvertie, Pauline s’exprime d’une voix ténue. Dans les sous-sols de la DGSI, je la suis dans une pièce sans fenêtre, d’un blanc immaculé. Un bureau, un ordinateur barré d’un sticker rouge : « Confidentiel défense ». Pauline pointe son index sur un objet métallique situé juste derrière moi : une paire de menottes scellées au mur.
Dalila Kerchouche. - Utilisez-vous souvent les menottes ? Pauline. - Ce n’est pas si fréquent. Si un « mis en cause » est violent, je le fais menotter par mesure de sécurité. Sur saisie du magistrat, j’auditionne les plus dangereux, qui ont combattu dans la zone irako-syrienne.
Pouvez-vous raconter certaines de vos gardes à vue ?
Un jour, un djihadiste nous a expliqué : « Je sais où est la Syrie. C’est là où il y a des pyramides. » Il m’a fait rire. À l’été 2014, j’ai aussi interpellé avec mon équipe un djihadiste qui préparait un projet d’attaque contre des mosquées chiites. Je me souviens d’une écoute téléphonique entre sa mère et sa grand-mère. La première disait : « Il me casse la tête avec ses sunnites et ses chiites, il n’est même pas capable de ramasser ses slips par terre ! »
D’autres interrogatoires vous ont marquée ?
Il y a quelques mois, j’ai auditionné un djihadiste de Daech interpellé à la sortie de l’avion, à Roissy. J’ai mené les auditions quasiment toute seule, dans une salle comme celle-ci, lors d’un huis clos qui a duré presque quatre jours. Il aurait pu refuser de me parler parce que je suis une femme. Pas du tout. J’ai réussi à lui faire dire beaucoup plus de choses qu’il n’imaginait.
Utilisez-vous votre côté femme fragile ?
Bien sûr. Je joue l’idiote. Je peux dire au djihadiste qui me fait face : « Expliquez-moi, je débute. Comment ça s’écrit, Raqqa ? » Je me sers de mon apparence fragile, mais je peux aussi me montrer dure ou méprisante. Utiliser les deux tonalités en garde à vue déstabilise.
Avez-vous déjà relâché des djihadistes dangereux, faute de preuve ?
Oui. Parfois, nous sentons qu’ils ne sont pas stables. Ils ont l’air froid, distant, dangereux. Notre intime conviction ne suffit pas, il nous faut des preuves objectives. On les a peut-être interpellés trop tôt.
(1) Direction générale de la sécurité intérieure.
Le livre Espionnes de Dalila Kerchouche révèle le vrai visage de ces agents de renseignement. À paraître le 21 septembre chez Flammarion.
À 50 ans, cette commissaire divisionnaire dirige la sous-direction opérationnelle chargée du terrorisme à la DGSI, le cœur du réacteur de la sécurité intérieure du pays.
Son interview : « Un 13 novembre bis est encore possible en France »
Filatures, écoutes téléphoniques... Quel est le quotidien des femmes espionnes ?
Illustration Paul Grelet
[Un an dans la vie des espionnes - 5/6] De janvier 2015 à mars 2016, notre reporter Dalila Kerchouche a enquêté au cœur des services secrets français. En exclusivité des extraits du témoignage de Valérie.
Au cœur de la DGSI (1)
Nom de code : Valérie
Son profil : à 50 ans, cette commissaire divisionnaire, passée par les RG, la DST et la DGSE, dirige la sous-direction opérationnelle chargée du terrorisme à la DGSI, le cœur du réacteur de la sécurité intérieure du pays.
Interview express : c’est une femme élégante et énergique de 50 ans, sur la réserve. Son attitude défensive ne me surprend pas. Ces temps-ci, la presse tire à boulets rouges sur la DGSI. Je m’interroge aussi. Pourquoi la DGSI n’a-t-elle pas entravé les plans macabres desfrères Kouachi, d’Amedy Coulibaly ou du commando d’Abaaoud ?
Dalila Kerchouche. - Comment avez-vous travaillé après les attentats de « Charlie Hebdo » ? Valérie. - Je décide des priorités. On repère tous ceux qui gravitent autour des terroristes, familles, amis, proches. Au total, sept personnes dans l’entourage des frères Kouachi ont été placées en garde à vue. Lorsqu’un attentat survient, s’ouvrent devant nous des semaines de travail aux horaires sans limites.
Avez-vous fait des retours d’expérience ?
Bien sûr. On s’est demandé : « Qu’est-ce qu’on a loupé ? Et pourquoi ? » On a dû expliquer à notre ministère pourquoi on connaissait les frères Kouachi. Et surtout, pourquoi nous avions interrompu leur surveillance.
Un individu surveillé devient dangereux lorsqu’il devient discret. À la DGSI, leur silence ne vous a pas inquiétés ?
Avec plus de 2 000 personnes dangereuses à surveiller de près, on ne peut plus se permettre de réaliser des surveillances longues et soutenues. Des profils comme les Kouachi et Amedy Coulibaly, il y en a plusieurs milliers en France aujourd’hui. Les critiques dont la DGSI est la cible me blessent d’autant plus que je vois mes collaborateurs travailler avec un engagement sans faille.
Pourtant, la plupart de ces terroristes figuraient sur le fameux fichier S, pour sûreté de l’État…
Ce fichier permet de tracer en pointillé des individus qui nous intéressent. Hélas, il devient compliqué à utiliser car il a été trop médiatisé. Nous songeons à l’abandonner. Dévoiler une méthode de renseignement tue l’intérêt du dispositif. Vous parliez de faille du renseignement. Pour moi, la faille est ailleurs, et plus globale : qu’est-ce que la société a raté dans l’intégration de ces jeunes ? On arrive en bout de course pour empêcher des actes criminels. Mais le mal, très profond, dépasse les services de renseignement.
Pensez-vous qu’une nouvelle attaque coordonnée, multisite et kamikaze pourrait encore arriver ?
Bien sûr. Un 13 novembre bis est encore possible en France. Mais nous déjouons aussi des attentats. (En 2015, sous la responsabilité de Valérie, les femmes de la DGSI ont participé à empêcher dix attentats terroristes sur le sol français. Soit pratiquement un par mois.)
(1) Direction générale de la sécurité intérieure.
Le livre Espionnes de Dalila Kerchouche révèle le vrai visage de ces agents de renseignement. À paraître le 21 septembre chez Flammarion.
Officier de police judiciaire, cette trentenaire dirige une cellule de vingt agents spécialisés dans le terrorisme islamiste.
Son interview : « Je joue l'idiote » face aux djihadistes
Filatures, écoutes téléphoniques... Quel est le quotidien des femmes espionnes ?
Illustration Paul Grelet
[Un an dans la vie des espionnes - 6/6] De janvier 2015 à mars 2016, notre reporter Dalila Kerchouche a enquêté au cœur des services secrets français. Elle a interrogé des femmes qui, dans l’ombre, traquent les terroristes et déjouent des attentats. En exclusivité des extraits du témoignage de Charlotte/Nour.
Dans les arcanes de la DGSE (1)
Nom de code : Charlotte/Nour
Son profil : à 44 ans, officier traitant et adjointe du chef de poste au Moyen-Orient, elle infiltre des réseaux djihadistes.
Interview express : grande, brune, des pommettes hautes, Charlotte/Nour affiche un visage d’une neutralité absolue. La journée, elle est Charlotte, diplomate sous les ors d’une ambassade au Moyen-Orient. Le soir, elle s’enroule dans un voile blanc et devient Nour, une femme arabe des quartiers populaires qui sillonne les ruelles pour glaner des infos sur Daech, Aqpa, al-Nosra ou al-Qaida.
Dalila Kerchouche. - Quel est votre quotidien au Moyen-Orient ? Charlotte/Nour. - Il est composé d’attentats et de prises d’otages. Les analystes de la Centrale, à Paris, ciblent des sources potentielles. En tant que vraie fausse diplomate, j’essaie d’approcher ces personnes et de voir si elles ont des failles.
Être femme et agent secret, comment le vivez-vous ?
Certains pensent que c’est un handicap dans des pays arabes. C’est faux. Je le retourne à mon avantage. Quand je traite mes sources, proches des mouvances islamistes, au fil des rendez-vous, leur regard change. Ils ne me voient plus en tant que femme, mais comme experte, et souvent comme une sœur. Quand je prends le contrôle d’une personne, je dois par exemple deviner si elle va basculer dans le radicalisme. Faire pression sur quelqu’un, à travers du chantage ou de la compromission, bref, tout ce qu’on lit dans la littérature jamesbondienne, c’est une fois sur dix. Si elle a besoin de changer de pays, je peux l’exfiltrer et mettre sa famille à l’abri.
Vous avez déjà été repérée ?
Oui, j’ai déjà été l’objet de surveillance des services locaux. Mais je suis formée au « désilhouettage ». Je sais repérer et déjouer une filature.
Quel type de renseignements recherchez-vous ?
Des communiqués de groupes djihadistes, des listes de noms et tout type de documents permettant de comprendre leur fonctionnement.
Avez-vous approché des réseaux terroristes ?
Oui. Mon but est de les infiltrer pour découvrir les projets d’attentats à venir.
Pourquoi prenez-vous tant de risques ?
J’ai participé à déjouer des attentats en France et à l’étranger. C’est une fierté.
(1) Direction générale de la sécurité extérieure.
Le livre Espionnes de Dalila Kerchouche révèle le vrai visage de ces agents de renseignement. À paraître le 21 septembre chez Flammarion.
Officier de police judiciaire, cette trentenaire dirige une cellule de vingt agents spécialisés dans le terrorisme islamiste.
Son interview : « Je joue l'idiote » face aux djihadistes
Valérie
À 50 ans, cette commissaire divisionnaire dirige la sous-direction opérationnelle chargée du terrorisme à la DGSI, le cœur du réacteur de la sécurité intérieure du pays.
Son interview : « Un 13 novembre bis est encore possible en France »
Richard Branson et sa compagnie Virgin Galactic dévoilent, en février dernier, le SpaceShip Two, son nouvel avion spatial. Les réservations fusent.
Photo Gene Blevins / Polaris / Starface
Après avoir tissé leur toile, grands patrons du Net et milliardaires entrepreneurs se lancent dans la conquête spatiale. Leur objectif : envoyer l’homme sur Mars et défricher un nouveau monde.
De mémoire d’astronaute, on n’avait encore jamais vu ça : une tribu de geeks hurlant de joie devant l’exploit du dernier joujou à plusieurs milliards. Barbes de hipster, sweats à capuche et cool attitude de circonstance… En avril dernier, devant l’écran géant du siège californien de SpaceX, le groupe d’Elon Musk on ne fêtait pas le lancement du dernier smartphone ou du concurrent de Pokémon Go. Le premier étage de la fusée Falcon 9 venait de revenir sur Terre après une mission réussie, se posant pour la première fois avec succès sur une barge d’atterrissage au large de cap Canaveral. À la performance technologique, ajoutez le show au format de l’époque. Bienvenue dans le New Space, ce mouvement venu du secteur privé et à l’origine d’un nouvel essor.
La conquête spatiale ?
Fini, l’image de l’ingénieur en blouse blanche ou du capitaine d’industrie en cravate. À l’instar de leurs jeunes troupes sorties majors des meilleures promotions, de nouveaux aventuriers font voler en éclats tous les poncifs. Milliardaires (ou multimillionnaires) et leaders incontestés du numérique, les plus emblématiques s’appellent Elon Musk (ex-PayPal), Jeff Bezos (Amazon) ou encore Paul Allen (Microsoft) et ils rêvent d’apporter leur pierre à la conquête des cieux. Il aura fallu moins de dix ans à Elon Musk, le plus dingue d’entre eux, également pdg des berlines électriques Tesla, pour parvenir, en pleine débâcle de la NASA (devenue dépendante de la Russie pour le transport de ses astronautes depuis l’échec de Columbia), à devenir le premier challenger privé digne de considération. Dans le même élan, il a réussi à bouleverser le marché, à réinventer le business model (son groupe SpaceX construit toutes ses machines à partir de zéro) tout en réduisant les coûts. Les revers- le 1er septembre, une fusée Falcon 9 de SpaceX a explosé sur son pas de tir au cap Canaveral, un vrai coup dur pour le groupe - font partie de l’aventure ; et s’inscrivent dans les difficultés de l’industrialisation, après la période enthousiaste de la découverte…
C’est déjà demain
Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, est à la tête de la société Blue Origin, en référence à la Terre. Avec la fusée réutilisable New Shepard, il poursuit lui aussi son projet de tourisme suborbital.
Photo Polaris
Porteurs de rêve à l’époque de Youri Gagarine et de Neil Armstrong, les pionniers d’hier n’ont jamais paru aussi essoufflés : « Les jeunes recrues hésitent entre rire et larmes en découvrant l’état des machines russes », décrit Ashlee Vance, l’auteur de l’excellente biographie d’Elon Musk parue cet hiver (éd. Eyrolles). « SpaceX est le lieu branché où une industrie sérieuse acclimate les agréments de la Silicon Valley - glaces au yaourt, stock-options, décisions rapides et organigrammes horizontaux », poursuit-il. Elon Musk envisage de coloniser Mars dès 2024 ? Tous les avis convergent vers la dimension visionnaire du personnage. En France, la stratosphère politique et industrielle en a pris bonne note. De Manuel Valls, qui a potassé cet été le rapport « Open Space » qui lui avait été remis fin juillet, au très sérieux Jean-Yves Le Gall, président du Centre national des études spatiales (Cnes), qui écrit dans le dernier « Cnesmag » : « Envisagée il y a encore six mois pour 2040-2050, la mission habitée vers Mars est en train de se rapprocher à une vitesse vertigineuse. » Comprendre : c’est pour demain, et le secteur spatial bleu-blanc-rouge doit s’adapter. Objectif 2020, et le nouveau lanceur Ariane 6.
De fait, la concurrence du New Space pèse de plus en plus lourd : 21 milliardaires et 50 sociétés d’investissement en capital-risque ont injecté 18 milliards de dollars en 2015, soit plus que les quinze années précédentes cumulées, selon « Open Space ». Et l’on vise de plus en plus haut. Suivi par le Californien Dennis Tito ou le Néerlandais Bas Lansdorp, Elon Musk espère raccourcir de six à trois mois la durée du voyage vers Mars grâce à sa fusée Falcon Heavy, qui sera prête l’an prochain, la plus puissante du monde. Toujours aux manettes de son projet de tourisme suborbital, l’étincelant Richard Branson poursuit l’élaboration de son SpaceShip Two. Idem pour le New Shepard de Jeff Bezos, tandis que le roi de l’immobilier Robert Bigelow étudie un programme d’hôtel spatial. Le multimilliardaire russe Iouri Milner parle, lui, d’envoyer un vaisseau hors du système solaire. Résultat de cette course de richissimes : à partir de 2018, la fréquence des vols habités va s’intensifier.
Du rêve à la réalité
« Depuis le mythe d’Icare, les êtres humains rêvent d’un avenir meilleur ailleurs que sur la Terre, explique Jacques Arnould, chargé de mission pour les questions éthiques au Cnes. Il faut attendre Galilée pour entrevoir le début de la conception de l’astronautique. À partir du XVIIe siècle, l’imaginaire de l’homme va se projeter dans l’espace. C’est le début des grands récits d’exploration. » Mais tandis que l’industrie spatiale s’est forgée dans un contexte de guerre froide, Barack Obama, en 2009, à travers les travaux de la commission Augustine, rebat les cartes et revoit de fond en comble les missions : fini, les rêves lunaires de l’État ; l’industrie spatiale doit s’ouvrir à la concurrence. Le New Space est né. « Quand Musk dit qu’il veut aller sur Mars, il met tout en œuvre pour y parvenir, poursuit Jacques Arnould. Dans la lignée des ingénieurs de l’époque de Galilée, il est porté par sa vision. Ce qui change ? Ces hommes du New Space défrichent de nouvelles frontières avec les méthodes entrepreneuriales du moment. Peu importent les échecs. Et cette évolution soulève de nouvelles questions d’éthique. »
L’odyssée du Net
Car Mars est en quelque sorte la planète qui cache la forêt.« L’enjeu, à l’échelle mondiale, c’est la complète maîtrise de l’information. Or, l’espace joue un rôle-clé, à travers le marché des satellites notamment. Ceux qui investissent aujourd’hui dicteront les règles demain », résume Xavier Pasco, de la Fondation pour la recherche stratégique. En dix ans, ce marché juteux a explosé : de 60 à 200 milliards de dollars, d’après Ashlee Vance. Rappelons que ces Musk, Bezos et Allen viennent du monde des nouvelles technologies… Entourés d’une nuée de start-up principalement américaines, les majors de l’Internet participent à ce bras de fer. « Sur la liste, il y a aussi Google, qui a envisagé de lancer sa propre constellation de satellites, Samsung encore, poursuit l’expert. Le projet le plus avancé dans les télécommunications est celui de OneWeb, mené par l’Américain Greg Wyler allié à Airbus : fournir un accès Internet à tous et à faible coût grâce à 900 satellites. » Un Internet qui permettra d’équiper les régions les plus reculées. L’Antarctique ou l’Afrique subsaharienne, bien sûr, mais pas seulement. Pour Elon Musk, c’est évident : l’Internet spatial ira aussi sur Mars.
Jean-François Clervoy : “L’objectif est de coloniser d’autres planètes”
Avec son groupe SpaceX, Elon Musk envisage de coloniser Mars en 2024.
Photo Polaris
Spationaute (Agence spatiale européenne, 3 missions dans l’espace) (1)
Madame Figaro. - L’esprit de conquête a-t-il évolué ?
Jean-François Clervoy. - Incontestablement. Hier, les gouvernements étaient derrière toutes les missions spatiales. Aujourd’hui, c’est l’œuvre de milliardaires du numérique, qui investissent dans leur passion. Il y a un esprit audacieux et hyper entrepreneur. Par-delà la découverte, l’objectif est la colonisation des planètes par l’espèce humaine. Maintenant, quand un jeune cadre entre à SpaceX, la société d’Elon Musk, il approuve la baseline « coloniser Mars ».
Tout comme dans le scénario d’Interstellar, devrons-nous bientôt quitter la Terre, devenue invivable ?
Il faut y songer ! Il reste à la Terre 4,5 milliards d’années à orbiter autour du Soleil, mais seulement - si je puis dire - un milliard d’années à être habitable. Ensuite elle sera brûlante. Elon Musk promet d’envoyer les humains vers Mars en 2024… J’ai du mal à y croire : pour pouvoir y vivre, il faudrait notamment installer des bidons gonflables remplis d’air comprimé. On vient de découvrir une exoplanète prometteuse, Proxima b, qui orbite autour de Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche de la Terre en dehors du Soleil : de l’eau liquide pourrait s’y trouver. Donc de la vie. Ce qui ne signifie pas que la planète soit habitable. Pour y parvenir - elle est à 4,5 années-lumière -, il nous faudra maîtriser le voyage interstellaire !
Parlez-nous de l’« overview effect » ?
Le fait de voir sa propre planète d’un seul coup d’œil, quand on est en orbite, est une expérience sidérante : à la fois émotionnelle, intellectuelle, et spirituelle. La Terre apparaît dans un ciel d’encre, isolée, fragile. Pourquoi sommes-nous là ? Comment la protéger ? Il est ensuite très difficile de rentrer sur Terre. Si vous me donnez un billet, je repars sur l’heure. Par Sophie Carquain
(1) Coauteur avec Frank Lehot d’Histoire de la conquête spatiale, (éditions Vuibert).
Le « premier couple » du Canada dans un moment tendre, le 1er juillet 2016, lors du Canada Day, à Ottawa.
Photo Abaca
Elle est la première dame du Canada mais reste encore méconnue du public français. Portrait express.
On l'oublie très souvent, mais Justin Trudeau est marié (et père de trois enfants). Le premier ministre canadien dont la plastique avait animé le Web lors de son élection à la tête du pays en octobre 2015, est tout dévoué à Sophie Grégoire-Trudeau, 41 ans. Croisement troublant entre Mélissa Theuriau et Victoria de Suède, la première dame du Canada n'est pas mannequin, ni actrice. Sophie Grégoire a quitté son travail à la télé pour élever ses enfants, enseigner le yoga, donner des conférences sur la boulimie, et répandre la bonne parole féministe. Portrait d'une inconnue venue du Québec.
Une camarade du petit frère de Justin Trudeau
Sophie Grégoire a grandi à Mont-Royal, sur l'île de Montréal, au Québec, rapporte le journal canadien La Presse. Fille d'un courtier en bourse et d'une infirmière, elle vit une enfance sans nuage, fréquente des écoles privées, où elle devient amie avec Michel, fils de l'ancien premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, et petit frère de Justin. Ils se croiseront à quelques soirées, sans plus. La jeune femme part faire des études de commerce à McGill et de communication à l'université de Montréal, travaille dans les relations publiques et la publicité, avant de se réorienter sur des études de journalisme et des petits contrats de chroniqueuse télé, où elle couvre les arts pour le Québec.
Quelques années plus tard, en 2003, elle recroise son futur mari lors du bal du Grand Prix de Montréal. « On a flirté ce soir-là, puis le lendemain, j'ai envoyé un mail amical à Justin, genre "c'était le fun, à bientôt". Il n'a jamais répondu. J'étais furieuse. J'ai fait un gros trait noir sur son nom », a raconté la première dame à La Presse. Ils se recroisent dans la rue, elle l'envoie paître. Justin Trudeau et Sophie Grégoire finiront (enfin) par avoir un premier rendez-vous dans un restaurant afghan et emménageront ensemble trois mois plus tard. Tout s'enchaîne, le couple se marie en 2005. Dix ans plus tard, Justin Trudeau devient premier ministre. Forte de la notoriété de son couple et de son statut de première dame, Sophie en profite pour mener ses combats haut et fort.
Une ancienne boulimique
Durant son adolescence, Sophie Grégoire a souffert de boulimie. Aujourd'hui, elle parle ouvertement des désordres alimentaires qui ont ruiné sa santé durant une partie des années 1990, lors de conférences pour redonner l'estime de soi aux jeunes adolescentes. « Pendant le temps où j’ai souffert de boulimie, je me suis dit plein de fois : "Mais pourquoi je fais ça ?" Je me parlais à moi-même. Je me suis souvent dit : "Arrête, Sophie, c’est la dernière fois". Mais j’étais incapable d’arrêter », raconte l'ancienne porte-parole d’Aneb, un organisme d’aide aux victimes de boulimie et d’anorexie, dans l'émission canadienne « Dis-moi », en novembre 2015, rapporte le site du Journal de Montréal.
Une féministe présente sur tous les fronts
Sophie Grégoire Trudeau est désormais une militante reconnue et répand régulièrement la parole féministe. La liste des organisations et associations dont elle a été porte-parole est longue comme le bras (on y compte le Comité national Canada d'ONU Femmes). Lors de la Journée internationale de la fille du 11 octobre, elle adresse un message en tant qu'ambassadrice de Plan international Canada sur les réseaux sociaux où elle martèle que « les filles ont leur place partout, ici et ailleurs, où les décisions sont prises ».
Sur tous les fronts, Sophie Grégoire Trudeau n'a pas hésité non plus à commenter les récents propos machistes du candidat républicainà la présidentielle américaine, Donald Trump.
Cette chaleur humaine fait d'elle la première complice du chef d'État canadien pour conquérir le monde. Plus lambda que les Obama, plus drôles que Kate et William, Justin Trudeau et Sophie Grégoire arrivent en trombe dans le cercle des power couples avec un style bien à eux, fait de jokesà l'accent québécois. Baisers en public, éclats de rire à gorge déployée, sketch joué à deux lors du dîner annuel de la presse canadienne... Les Français n'ont pas encore eu l'occasion de se délecter de leur humour. Le couple Trudeau n'est venu qu'une seule fois à Paris, à l'occasion de l'hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. En attendant de les revoir, Sophie Grégoire Trudeau a ouvert sa page Facebook et son compte Instagram ce mardi 11 octobre. Une première pour celle qui dit avoir résisté depuis une dizaine d’années « par tous les moyens à l’envie de m’inscrire dans les médias sociaux ».
Sa première publication, qui explique sa vision de sa page est accompagnée d’une photo d’elle enfant avec sa mère. Accessible, comme toujours, Sophie Grégoire Trudeau insiste pour que ses fans l’appellent « Sophie » et non « Madame ». Elle précise avoir choisi la Journée internationale de la fille pour se lancer sur les réseaux sociaux. Une fille normale on vous dit.
Justin et Sophie Trudeau, un couple passionné
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Le couple Trudeau
Sophie Grégoire rencontre Justin Trudeau par l'intermédiaire du frère de ce dernier, qui était son camarade de classe. En 2005, ils se passent des alliances dignes du Seigneur des anneaux aux doigts. (Montréal, 28 mai 2005.)
Au fil des années, l'ancien prof est devenu un politicien prometteur. Celle qui avait commencé sa carrière comme chroniqueuse télé se reconvertit dans les bonnes œuvres. Le couple s'avère très démonstratif en public, entre baisers et fous rires. (Lors du Liberal Leadership National Showcase, à Toronto, le 6 avril 2013.)
Photo AbacaLe couple Trudeau
Avec leurs enfants, ils s'entraînent à jouer la carte de la famille parfaite. (Ottawa, 14 avril 2013.)
Bruno Le Maire et sa femme, l'artiste Pauline Bazignan à Paris, le 27 juillet 2016.
Photo Abaca
Dimanche, Bruno Le Maire en a parlé comme son « vrai point de repère », essuyant quelques larmes face à Karine Le Marchand. Portrait d'une femme de l'ombre, artiste libre et mère de quatre enfants.
Madame Le Maire. Avouez que ce serait une drôle de façon d'appeler une femme de président. Plus drôle, en tout cas, que Madame Juppé ou Madame Macron. Ce serait aussi plus discret, et pas seulement parce que ce serait plus banal. Bruno Le Maire l'assène depuis qu'il a officialisé sa candidature à la primaire de la droite : il n'exposera pas Pauline pendant la primaire. S'il l'emporte, il ne le fera pas plus durant la campagne présidentielle. « On élit un homme et pas un couple », expliquait le député Les Républicains (LR) de l'Eure auPoint en juin 2016. « Mon épouse a sa propre activité, qui fonctionne très bien. Je ne veux en rien la gêner. »
« 10.11.2015 », une œuvre de Pauline Bazignan, la femme de Bruno Le Maire. (2015.)
Photo Pauline Bazignan
Pauline et Bruno se sont rencontrés il y a vingt ans dans une auto-école, lors de séances de code. « Elle répondait toujours un truc totalement délirant », se souvient-il dans « Une ambition intime », émission diffusée dimanche 9 octobre sur M6. À l'époque, elle lui reproche son côté trop propre sur lui. « Il m'avait dit "J'ai rencontré la femme de ma vie, elle ne m'a pas vu. Je la conquerrai"», se rappelait son ami Antonin Baudry, auteur de la BD Quai d'Orsay dans les pages de L'Obs, en septembre 2015. Ils se marient le 8 août 1998 au château de Trenquelléon, à Feugerolles, dans le Lot-et-Garonne. Un an plus tard, elle donne naissance à leur premier garçon, Louis. Trois autres suivront : Adrien en 2002, Matthias en 2008, et Barthélémy en 2011.
Entre-temps, Pauline Bazignan est une artiste prolixe. Son site professionnel en témoigne. Elle est exposée depuis 2004, au célèbre salon de Montrouge en 2014, au salon Zürcher à New York et dans de prestigieuses galeries parisiennes. Elle peint des fleurs, beaucoup de fleurs. Des fleurs comme des rosaces à l'acrylique, sur papier ou sur toile de coton ; des fleurs comme une obsession artistique. Dans une vidéo où elle apparaît mollement effrontée, faussement timide aussi, elle défend son travail ainsi : « Regarder pousser, exploser, éclore. Être réduite à néant, se sortir d'une situation. Je voulais peindre comme on voit grandir quelque chose, comme on voit grandir un enfant, grandir, éclore, je voulais que l’eau fasse son travail. Avec l'eau la peinture se diffuse et pénètre dans le papier. » Madame Le Maire est manifestement poète à ses heures. Une autre passion, après la conduite, qu'elle partage avec Bruno, huit ouvrages à son actif, dont le dernier, Ne vous résignez pas ! (éd. Albin Michel), est sorti en 2016. Non, nous ne comptons pas l'opus qu'il a signé aux éditions Harlequin, sous le pseudo anglais Duc William, et dans lequel il relate les fantasmes d'une infirmière amoureuse.
"Mon épouse m'a appris la lenteur"
Bruno et Pauline Le Maire à l'Élysée. (Paris, 2 mars 2011.)
Photo AFP
En revanche, et comme nous parlons ici de Pauline, nous ne pouvons décemment passer sous silence cet extrait de son premier roman d'autofiction, Le Ministre (Éd. Grasset) - déjà largement colporté dans les médias à sa sortie en 2004 - dans lequel il représente doucereusement son épouse en train de le masturber dans un bain. Il avouera à ce sujet, au magazine Closer, qu'elle a « trouvé ce passage naïf et touchant. Sa réponse me va très bien. »
Bruno Le Maire n'aurait pas pu épouser quelqu'un d'autre qu'une artiste. « Même s'il n'est pas facile, en tant qu'homme politique, de vivre aux côtés d'une femme qui a une appréhension du temps complètement différente, concèdera-t-il dans le magazine Beaux Arts. Le temps d’un homme politique est très contraint. Mon épouse m’a appris la lenteur, même s’il y a encore des progrès à faire ! » Si elle ne passe pas physiquement ses journées dans les pattes de celui qu'elle surnomme « Coquito », Pauline est toujours là, derrière le député LR de l'Eure. C'est à dire que deux tableaux de sa femme le suivent inévitablement dans chacun des bureaux qu'il occupe. Une façon de toujours de montrer qu'elle est « son vrai point de repère ». Bruno Le Maire ne quitte jamais non plus ce bracelet noir porte-bonheur que lui a offert son épouse.
Comme il l'a souvent dit dans les médias, le candidat à la primaire de la droite rêve son destin en famille, sans jamais se séparer. « Même en campagne, mes équipes savent que je réserve des moments pour faire les courses, jouer au tennis avec mon aîné ou aller acheter des vêtements pour le petit dernier » (Gala, février 2016). Il a fait de ses moments passés avec Pauline des moments sans politique, des moments « respirables ». Parce que tout n'est jamais parfait, parmi ces moments, il y aussi ceux où Bruno lit à haute voix, de la poésie en allemand.
En images : Emmanuel Macron et Brigitte Trogneux, une autre forme d'amour en politique
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Emmanuel Macron et Brigitte Trogneux, une autre forme d’amour en politique - photo 2
Emmanuel Macron et Brigitte Trogneux se sont rencontrés il y a plus de vingt ans, au lycée de La Providence à Amiens. Il était un lycéen comme les autres, elle était sa professeure de français. (Paris, le 2 juin 2015.)
Photo Christian Liewig/AbacapressEmmanuel Macron et Brigitte Trogneux, une autre forme d’amour en politique - photo 3
De cette rencontre scolaire naît une idylle solide qui se confirme par un mariage au Touquet en 2007. (Paris, le 2 juin 2015.)
Photo Stéphane Lemouton/AbacapressEmmanuel Macron et Brigitte Trogneux, une autre forme d’amour en politique - photo 4
Lorsqu'Emmanuel Macron entre au gouvernement en 2012, Brigitte Trogneux reste dans l'ombre. (Paris, le 14 juillet 2015.)
Photo Pascal Rossignol / Pool / AFPEmmanuel Macron et Brigitte Trogneux, une autre forme d’amour en politique - photo 13
Pourtant, malgré sa discrétion, l'épouse d'Emmanuel Macron suit de près les activités professionnelles de son mari. (Paris, le 21 novembre 2015.)
Surfeuse professionnelle, Maud Le Car nous raconte son quotidien. Son objectif : intégrer l’élite mondiale du surf féminin.
Une enfance à Saint-Martin dans les Antilles françaises, des débuts dans un club de surf local à l'âge de 12 ans, c’est ainsi que commence l’histoire entre Maud et l’océan. Elle reconnaît des débuts tardifs, une île avec peu d’endroits pour surfer, autant de conditions qui ne la prédestinaient pas à une carrière internationale. « Mais le jour où j’ai pris ma première vague, j’ai su que je voulais faire ça toute ma vie », raconte-t-elle cet été lors du Pro Anglet, une compétition à la Chambre d’Amour, sur la côte basque. Sa passion indéfectible pour le surf ne fait qu’évoluer avec le temps. Cinq ans après ses débuts, elle déclare dans une interview : « Mon objectif est de faire partie de l’élite mondiale du surf féminin». Aujourd’hui, à 24 ans, elle voyage à la recherche de nouveaux titres, écrivant sur son blog que son rêve est de se qualifier sur le « world tour».
Le surf en talons hauts
Si vous ne connaissez pas encore Maud Le Car, elle a notamment fait parler d’elle en diffusant une vidéo de surf en robe de soirée. « J’ai perdu un pari, je surfe en talons hauts », écrivait-elle sur son compte Instagram pour légender une production signée par les spécialistes du genre, Almo Film. Des milliers de vues plus tard, la « surfosphère » saluait la prestation de Maud Le Car. « Être une surfeuse sexy c’est une chose, être une athlète accomplie en est une autre. La Française réussit haut la main le défi de posséder ces deux qualités », s’enthousiasmait Surf Report.
L’émergence des réseaux sociaux, la monétisation des posts, l’ensemble du business autour de la mise en scène des marques en ont perdu plus d’une. Pourtant, « le surf féminin est maintenant reconnu et respecté par les hommes », explique Maud.
Le surf féminin, rentable ?
« Surfeuse-model » est une profession qui existait déjà mais qui a littéralement explosé avec la diffusion des clichés sur les comptes personnels. « J’arrive à vivre du surf grâce à mes sponsors, Volcom, Monster, Vans… et aux prize money lors des compétitions. Des marques, non impliquées dans le surf, ont parfois besoin de surfeuses dans leurs pubs. C’est le cas de Lancôme avec qui je viens de travailler. » De longs cheveux blonds, un corps menu et tonique, Maud incarne l'image que l'on se fait d'une surfeuse professionnelle. « Le surf féminin n’est pas le sport le plus rentable, ces contrats sont avant tout de bons extras. » Une démarche bien éloignée de celle d'intégrer une agence de mannequins. Maud Le Car dit poster sur les réseaux sociaux quand elle le souhaite, essayant d’être naturelle, de fonctionner à l’envie.
"J'ai besoin de mes proches"
Connectée « avec la nature et l'océan », rien de plus logique pour la jeune femme que d'entamer une carrière de surfeuse professionnelle.
Photo Julien Binet
Côté professionnel, la surfeuse française a réalisé un excellent début de saison 2016, marqué par deux victoires. Lors du Shoe City Pro en Californie et du Seat Pro Netanya en Israël elle monte gaiement sur la première marche du podium. Aujourd’hui au 24e rang mondial du classement QS, Maud trace sa route sans oublier ceux qui participent à sa réussite et à son bonheur. « J’ai du mal à m’entourer, mais aujourd’hui je me rends compte que j’ai besoin de mes proches pour me supporter dans les bons comme les mauvais moments. »
Les compétitions l’éloignent de ses amis, un sacrifice dont ils ont conscience : « J’ai parfois l’impression de les délaisser car j’ai un gros emploi du temps avec ma carrière, je donne rarement de nouvelles ». Une vie sur la route qu’elle partage avec Joan Duru, pro-surfeur lui aussi. Ils s'entraînent ensemble à Capbreton dans le Sud-Ouest. Lors de l'Anglet Pro, elle est venue pour l’encourager et se détendre. Son coach et Joan l’aident beaucoup à rester concentrée quand les défaites s’enchaînent ou quand elle est fatiguée.
"Follow the Maud", sa chaîne YouTube
Avec Follow the Maud, sa websérie, elle a déjà emmené ses proches (pour le moment c’est sa mère qui filme les épisodes, NDLR) et l’ensemble de sa communauté, en Australie, au Mexique ou au Salvador. Elle fait découvrir son quotidien en voyage, ses entraînements, de longues sessions de surf, par le biais de petites vidéos sur YouTube. Attentive à ce qu’elle mange, il n’est pas rare de la voir faire son marché les bras remplis de fruits. « Je mange bio depuis cinq ans et j’essaie de faire attention tout en restant sociale ! Je ne peux pas résister aux smoothies ni aux sushis. »
Quand elle n’est pas en train de surfer ni de manger, Maud peint. « J’adore dessiner, surtout sur mes planches, le milieu artistique me touche dans sa globalité. » Souriante, Maud a conscience de la chance qu’elle a. « Au début d’une session, quand je m’immerge dans l’eau, que je vois la mousse au-dessus de moi, il y a une connexion avec la nature et l’océan qui me donne l’impression d’appartenir à quelque chose de plus grand, qui me dépasse. »
Maud Le Car, surfeuse accomplie
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Maud Le Car, surfeuse accomplie
Maud Le Car, toujours souriante, est une sportive qui aime profiter de la vie.
Photo Julien BinetMaud Le Car, surfeuse accomplie
À l'occasion de la fête des pères, la surfeuse, poste sur son compte Instagram une photo d'elle et de son père sur la plage de Punta Roca.
Capture d'écran du compte Instagram @maudlecarMaud Le Car, surfeuse accomplie
Maud Le Car et sa mère, Cathy, dans une publication pour la fête des mères également sur son compte Instagram.
Capture d'écran du compte Instagram @maudlecarMaud Le Car, surfeuse accomplie
Maud Le Car et son petit-ami Joan Duru, pro-surfeur lui aussi.
Jacques-Yves Cousteau et sa femme, Simone, à bord de La Calypso. (Monaco, 16 septembre 1970.)
Photo Rue des Archives
La première épouse de Jacques-Yves Cousteau est l’une des femmes qui a le plus navigué au monde. Elle a dédié sa vie au projet de son mari et à leur bateau, La Calypso.
Renaud chantait « ce n’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme». Simone Melchior, elle, a épousé les fonds marins en même temps que son mari, Jacques-Yves Cousteau, en 1937. Et peut-être même avant. Si elle n’était pas née femme, elle se serait bien vue amiral, comme bon nombre de ses ancêtres. À défaut, elle embrasse le projet de « JYC », dont elle est follement amoureuse : parcourir les mers du globe et en révolutionner l'exploration.
Savoir plonger avant de nager
Le couple fraîchement marié – à 27 ans pour lui, 18 ans pour elle – s’installe à Toulon, près du port, et donne naissance en 1938 à un premier enfant. Quatre ans plus tard, Jean-Michel accueille un petit frère, Philippe, au physique nettement plus « Cousteau » - comprendre un nez « en patate » (1). Quant au troisième « bébé », il arrive en 1950 et s’appelle La Calypso. Pour acheter ce navire et réaliser leurs rêves d'aventure, les bijoux de famille appartenant à Madame sont vendus, et la générosité d’un mécène est également mise à contribution. À compter de cette date, la famille scelle à jamais son destin à celui du bateau, et de l'eau.
Dans L’Eminence bleue, documentaire consacré au commandant, on entend son épouse expliquer dans un sourire : « Mes enfants savaient plonger avant de savoir nager. » Une fierté qui dissimule un échec maternel criant : Simone Cousteau n'a jamais vraiment su comment donner à ses deux fils l’amour maternel dont elle a elle-même manqué enfant, écritJocelyne de Pass, auteure de la biographie L'Âme de La Calypso (2). La semaine, les enfants étudient dans un pensionnat huppé ; le week-end, ils rejoignent leurs parents quand leur emploi du temps le leur permet. Simone Cousteau, elle, passe sa vie à bord du navire, dont le succès lui revient en partie. Elle se vante, d'après le même ouvrage, d’être la « seule épouse de marin à attendre son mari à bord ». Dans les faits, elle demeure l’une des femmes qui a le plus navigué au monde.
Simone, "la Bergère" de l'équipage
Les époux Cousteau devant leur "troisième bébé"La Calypso. (New York, 30 août 1959.)
Photo AP Images
L’homme au bonnet rouge, beau parleur, parcourt le globe, multiplie les interviews et fait tourner les têtes. Simone Cousteau fuit micros et mondanités. Elle reste à bord, gère le quotidien, les petits bobos et les gros tracas. Crainte et admirée à la fois, la capitaine est surnommée par l’équipage « la Bergère» et couve, en tant que telle, son troupeau de mâles. « Elle arrondissait toujours les angles, s’il y avait un problème, elle savait consoler, elle savait booster un gars qui était un peu en déprime, se souvient pour France Bleu Titi Leandri, plongeur sur La Calypso. Elle avait cette qualité de savoir naviguer entre les gars et d’être toujours respectée. »
Pour être traitée d’égal à égal, cette femme de poigne et au franc-parler sait aussi souffler le froid. En bonne DRH, elle murmure à l’oreille de « JYC » les noms de ceux qu’elle souhaite voir partir, rappelle un ingénieur au micro de France Bleu. Et obtient souvent gain de cause. Entourée d’hommes, elle fume, jure et boit. Beaucoup. Mille fois, son mari l’a rappelée à l’ordre - « Tiens-toi bien Simone ! ». Mais ayant vent des infidélités de son époux, l’alcool lui sert de remède. DansL’Odyssée (3), sur grand écran ce mercredi, Audrey Tautou campe cette pétulante Simone Melchior, femme d’un seul et unique homme. Dans le film, elle prononce cette phrase, terrible : « Je vais devenir grosse et laide, juste pour t’emmerder Jacques ».
"Bouffée par la maladie"
L’accident d’hydravion qui emporte son fils cadet, Philippe, en 1979, la dévaste et finit de diviser la famille (l'aîné des enfants Cousteau a toujours été en retrait et peiné en affaires). « À partir de là, analyse Jocelyne de Pass pour France Bleu, Simone s’est laissée dériver, bouffée par la maladie. » L’équipage ignore qu’un cancer de la peau la fait « souffrir atrocement ». La Bergère ne laisse jamais rien paraître - sauf quand elle a trop bu.
Quelques semaines avant de mourir, le 2 décembre 1990, elle découvre que Jacques-Yves Cousteau avait, en plus de sa liaison régulière, deux enfants « illégitimes », Diane et Pierre-Yves. Trois jours avant son décès, elle quitte à reculons La Calypso, qu’elle embrasse pour la dernière fois. Six mois après sa disparition, le commandant Cousteau dit oui à sa maîtresse, Francine Triplet, avec qui il restera marié jusqu'à sa mort, en 1997. Cette seconde épouse est la légataire universelle du défunt. Une décision que Simone Melchior aurait sans aucun doute désapprouvé.
Jacques-Yves et Simone Cousteau, un couple emblématique
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Jacques-Yves et Simone Cousteau, un couple emblématique
Le capitaine Jacques Cousteau et son épouse, Simone, avec une amphore récupérée à bord d'un navire grec qui a coulé près de Marseille en 200 avant J.C. (Toulon, 2 octobre 1952.)
Photo AP ImagesJacques-Yves et Simone Cousteau, un couple emblématique
Le couple Cousteau lors d'une projection d'un des documentaires du capitaine au Royal Festival Hall. (Londres, 2 novembre 1954.)
Photo AP ImagesJacques-Yves et Simone Cousteau, un couple emblématique
Chic, "JYC" et Simone se prêtent au jeu des photographes. (1955.)
Photo Rue des ArchivesJacques-Yves et Simone Cousteau, un couple emblématique
Les époux Cousteau devant leur "troisième bébé"La Calypso. (New York, 30 août 1959.)
(1) Mon père, le commandant, de Jean-Michel Cousteau, Éditions L’Archipel.
(2) Simone Cousteau, L'Âme de la Calyspo, de Jocelyne de Pass, Éditions Le Télégramme.
(3) Jacques-Yves Cousteau dans l’océan de la vie, de Yves Paccalet, Éditions JC Lattès.
(4) L’Odyssée, de Jérôme Salle, en salles le 12 octobre 2016.
Anne et Mazarine Pingeot aux funérailles de François Mitterrand, le 11 janvier 1996 à Jarnac.
Photo Reuters / Philippe Wojazer
Alors qu'un livre recueille les lettres enflammées de François Mitterrand à sa maîtresse, cette discrète femme de l'ombre a accepté de parler de cet amour secret. Ce sera la seule et unique fois.
Femme de l’ombre par définition, Anne Pingeot, « l’autre femme » de François Mitterrand, a toujours fait preuve d’une discrétion extrême. Une réserve à toute épreuve, y compris celle du pouvoir. Pourquoi, alors, publier chez Gallimard, les 1218 lettres (1) reçues du président de la République et le petit carnet (2), tenu par le dirigeant socialiste, pour elle, entre 1964 et 1970 ?
Pour France Culture et l’historien Jean-Noël Jeanneney, Anne Pingeot a accepté une seule et unique prise de parole (diffusée tous les soirs cette semaine à compter de 20 heures et à raison d’une demi-heure par jour). Afin d’expliquer cette mise en lumière de sa correspondance intime et, par ricochet, de son histoire d’amour avec l’ancien chef de l’État. L’intéressée elle-même semble douter de sa démarche.« Je ne sais pas si j’ai bien fait. » Parmi les motifs de parution avancés, la femme de 73 ans évoque : la disparition de l'épouse, Danielle Mitterrand ; la dimension historique ; et, surtout, la volonté de publier ces lettres énamourées de son vivant. « C’est la crainte que cela ne soit pas fait correctement », précise-t-elle. Et puis, lorsqu'Anne l'impulsive a « quelque chose dans le crâne », se souvient une amie d’enfance (3), pas moyen de la faire changer d'avis.
Voix de "flûte traversière"
Lettre à Anne (1962-1995), chez Gallimard, 1280 pages.
Gallimard
En 1956, un certain François Mitterrand, 41 printemps, lui fait tourner la tête. L’été de cette année-là, l'ami de son père, amateur de golf comme lui, est invité dans la maison de villégiature de la famille Pingeot à Hossegor dans les Landes. « Sans le golf, lance l’historienne de l’art au micro de France Culture, rien de cette histoire n’aurait existé ! » Elle a 14 ans et, déjà, cette rencontre lui laisse une « impression ineffaçable ». L’impact est réciproque. Mitterrand n’est pas insensible à la voix de « flûte traversière », au rire cristallin, aux jupes plissées bleu marine, et au goût pour l’art en général - et la danse et le dessin en particulier - de l’aînée des filles Pingeot (ils sont cinq enfants au total). Derrière l’adolescente, l’homme décèle l’intellectuelle en train d'éclore.
Leur idylle se concrétise cinq années plus tard, en 1961, lorsque la mère d’Anne demande au partenaire de golf de son mari de prendre soin de sa fille. Pour poursuivre ses études, la jeune femme doit en effet rallier Paris. « Comptez sur moi, Thérèse. Je m’en occuperai », répond François Mitterrand (4). Alors que vingt-sept années les séparent, François et Anne scellent leur destin d’une manière que ni l’un, ni l’autre, n’aurait pu prévoir. Le socialiste est marié depuis dix-sept ans à Danielle Gouze avec laquelle il a deux garçons ; Anne Pingeot est issue d’une famille d’industriels catholiques de la bourgeoisie de province et vouée à en suivre le chemin et les traditions. « C’était la province, très réactionnaire, de droite, pas très évoluée et j’ai eu une éducation en ce sens », résume Anne Pingeot sur France Culture. La pieuse jeune fille s'émancipe en bravant origines et qu’en-dira-t-on. À l’époque de leur rencontre, les amies de son âge surnomment François Mitterrand « le miteux ».
"C’est le pire jour de ma vie"
Parallèlement à ces sentiments incandescents mais tus, la jeune femme s’impose en tant qu'historienne de l’art, reconnue et respectée, spécialiste de la sculpture de la seconde moitié du XIXe siècle - qu'elle mettra à l'honneur tout au long de sa carrière. En 1973, elle accède au poste de conservateur du musée d’Orsay, après avoir fait ses preuves au Louvre. Auprès de son célèbre amant, Anne Pingeot n’a qu’une seule requête : avoir un enfant de lui. Mazarine naît le 18 décembre 1974, en Avignon, loin de Paris et des curieux. À l'état civil, elle n’a officiellement pas de père (et cela sera le cas jusqu'à ses 10 ans). Mais entre l’homme de pouvoir et la fillette, l’alchimie est immédiate. Les conseillers de l’ombre, dans la confidence, sont unanimes : il adorait sa fille.
1981. L’arrivée de François Mitterrand au plus haut sommet de l’État marque un tournant. Anne Pingeot aura, devant sa télévision et selon les écrits de sa fille (5), cette phrase terrible accompagnée de larmes à l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle : « C’est le pire jour de ma vie ». Néanmoins, comme promis à son amant, elle se glisse dans la foule des militants venus acclamer le président fraîchement élu, rue de Solférino. Et le soir du 10 mai, après les accolades et les mains serrées, Mitterrand rejoint l’appartement de la rue Jacob, où l’attendent Anne et Mazarine (4).
Pendant quatorze ans, Anne Pingeot organise ainsi son emploi du temps au gré des disponibilités de François Mitterrand. Mais sans jamais, pour autant, renoncer à son métier, « sa raison de vivre ». La présidence lui offre une protection et un culte du secret plus opaques que jamais (voire illégaux, comme avec les « écoutes de l'Élysée »). La femme de l’ombre tient à sa liberté et continue de se rendre, chaque matin, au musée d’Orsay à vélo - qu’elle accroche, avec son panier, à la grille du musée. C’est à contre cœur qu’elle quitte son appartement de la rue Jacob, peuplé de livres et d'albums photos légendés par le président, pour un autre de fonction situé quai Branly, à moins d'une vingtaine de minutes à pied de l’Élysée.
"Soyez amoureuse, vous serez heureuse"
Paris Match fait sa Une le 3 novembre 1994 sur la fille cachée du président de la République : Mazarine Pingeot, fille d'Anne.
Paris Match
Anne Pingeot la discrète a, malgré son retrait, eu une influence non négligeable sur le président, et notamment les grands travaux entrepris durant ses mandats, dont le musée du Louvre et son emblématique pyramide. La femme jouit, aussi, de la confiance sans borne du chef de l'État. Quand ce dernier apprend qu’il est atteint d’un cancer, il n’en parle qu’à la mère de sa fille, une nouvelle fois tenue au secret absolu. La France découvre l’existence de cette double vie dans Paris Match, le 3 novembre 1994. Deux ans plus tard, en janvier 1996, Anne Pingeot apparaît pour la première fois en public le jour des obsèques de François Mitterrand, à Jarnac. Danielle Mitterrand est présente, avec ses fils. Les yeux rougis dissimulés derrière une voilette noire, Anne Pingeot sert sa fille Mazarine contre elle. Sitôt la cérémonie finie, la maîtresse retourne à son anonymat chéri. Elle prend sa retraite du musée d’Orsay, en 2008, à 65 ans ; et continue durant trois années à dispenser des cours à l’École du Louvre. Le dernier s’intitulait « Soyez amoureuse, vous serez heureuse ».
Cette maxime, elle l'avait développée dans une interview accordée en 2015 à la BBC. L'éternelle amoureuse y martelait « n’avoir jamais connu personne d’autre [que Mitterrand]. Ni avant, ni après ». « Trente-deux ans de vie intense de bonheur… et de malheur ! Parce que c’était dur. François avait une phrase que j’ai trouvé merveilleuse : "Il n’y a d’amour éternel que contrarié. Méfiez-vous d’un amour paisible où tout va bien ! Quand c’est difficile - quand c’est tout le temps difficile - l’amour ne s’éteint pas"». Au micro de France Culture, elle reconnaît tout de même, cette semaine, qu’au fond, Anne Pingeot a « accepté (...) l’inacceptable ». Être la fidèle femme de l’ombre d’un homme de lumière.
(1) Lettre à Anne, 1 274 p., 35 €.Ed. Gallimard. (2) Journal pour Anne, 493 p., 45 €. Ed. Gallimard.
(3) La Captive de Mitterrand, de David Le Bailly, 352 p., 19,50 €, Ed.Stock (4) Une famille au secret, d’Ariane Chemin et Géraldine Catalano, 270 p., 23,00 €, Ed.Stock
(5) Bouche cousue, de Mazarine Pingeot, 234 p., 18,50 €, Ed. Julliard
Les femmes de François Mitterrand :
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Les femmes de Mitterrand - Diaporama photo
Yvette Roudy. En 1975, François Mitterrand accepte de rédiger la préface de son livre La femme en marge. Six ans plus tard, Yvette Roudy est nommée ministre des Droits des femmes dans le gouvernement Mauroy, jusqu’en 1986. Avec un budget dix fois plus important que celui du Secrétariat d’état à la condition féminine, qui existait sous Valéry Giscard d’Estaing.
Photo AFPLes femmes de Mitterrand - Diaporama photo
Edith Cresson. Elle rencontre François Mitterrand en 1967. « Son côté séducteur m'a totalement échappé, du moins au début », dira t-elle plus tard.Sur cette photo datée de 1979, Edith Cresson est secrétaire générale du PS en charge de la jeunesse. En 1981, elle devient ministre de l’Agriculture, une provocation pour certains syndicats agricoles qui voient dans la nomination d’une femme un mépris de leur profession.
Photo AFPLes femmes de Mitterrand - Diaporama photo
Édith Cresson et Élisabeth Guigou. En octobre 1990, Édith Cresson démissionne du gouvernement Rocard et laisse son poste au ministère des Affaires européennes à Élisabeth Guigou. Huit mois plus tard, François Mitterrand nomme Édith Cresson chef du gouvernement, une première pour une femme en France. Les critiques fusent. Un député UDF parle de « l’arrivée de la Pompadour » au pouvoir.
Photo AFPLes femmes de Mitterrand - Diaporama photo
Élisabeth Guigou. Sur cette photo qui date de 1983, Élisabeth Guigou, 37 ans, est en retrait lors d’une visite protocolaire de François Mitterrand au roi de Belgique. À l’époque, elle est conseillère du président, en charge des questions économiques et financières internationales.
Birgitta Jonsdottir au Parlement de Reykjavik le 26 octobre 2016
Photo Frank Augstein - AP
Poète et femme politique, Birgitta Jonsdottir dirige le parti des Pirates en Islande, un regain populiste qui peut créer la surprise aux élections législatives ce samedi. Portrait.
Peut-on être poète, collaborer au projet Wikileaks, et gravir les échelons politiques en Islande ? Birgitta Jonsdottir, déjà à la tête du parti des Pirates - formation politique sans étiquette qu'elle a confondé en 2012 - est en lice pour les élections législatives anticipées islandaises du samedi 29 octobre. Son objectif : redonner à son pays sa grandeur après les faillites bancaires de 2008 et la crise des Panama Papers.
Née en 1967 à Reykjavik d'une mère chanteuse de folk et d'un père armateur qu'elle n'a jamais connu, Birgitta Jonsdottir consacre rapidement ses heures perdues à la poésie, la peinture et la musique. Une fibre artistique qui la pousse, dès ses quatorze ans, à publier son premier texte. À l'âge de 20 ans, elle perd son père adoptif, patron de pêche, qui se suicide en se noyant dans une rivière glacée.
Adolescente, elle s'amourache de Jon Gnarr, futur acteur et humoriste qui deviendra le maire « punk » de Reykjavik, entre 2010 et 2014, et que l'on verra défiler en drag queen sur les chars de la Gay Pride islandaise, l'année de son élection. À son contact, d'après The Evening Standard, elle découvre la littérature anarchiste. Le couple aspire dès cette époque à créer la branche islandaise de l'ONG Greenpeace. En 1993, la poète en herbe épouse finalement Charles Egill Hirt. Épilectique, l'homme disparaît à l'âge de 29 ans. Son corps ne sera retrouvé que cinq ans plus tard, en 1998. « Cet espace ici dans le cyberespace pourrait lui tenir lieu de pierre tombale », écrit la veuve sur son blog.
Arrivée en politique par accident
Son arrivée en politique est, selon ses propres dires, un accident. « Je suis une poéticienne, je suis une hackeuse dans l'utérus du système (...) J'aide le système à s'écrouler sous son poids / Je sème des graines, des idées, des pensées / Crée de nouvelles structures / de nouveaux chemins », écrit-elle sur sa page Facebook. Elle qui militait depuis des décennies pour les droits civiques, l'indépendance du Tibet ou l'opposition à la guerre en Irak, ne s'engage pleinement au plan national qu'au sortir de la crise financière de 2008. À la faveur de la révolution islandaise, aussi appelée « révolution des casseroles». Cette année, les révélations de Wikileaks (des documents montrant que les dirigeants de la banque Kaupthing ont accordé des prêts à des proches avant le sauvetage de l'entreprise) la pousse à se recentrer sur son pays.
Un an plus tard, la « poéticienne » (comme elle se décrit) se présente aux législatives et est élue au parlement, sur la liste de l'éphémère Mouvement des citoyens qui pratique la gouvernance collective et plaide pour une refondation de la démocratie islandaise. Son engagement ferme en politique est voué à faire de l'Islande « la Suisse inversée qui protège lanceurs d'alterte, sources et journalistes ».
Sa rencontre en 2009 avec Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, marque un tournant : Birgitta Jonsdottir intègre son ONG, machine à révélations à l'échelle internationale. Ensemble, ils seront à l'origine de « Collateral Murder », une vidéo montrant des soldats américains tirant sur des civils en Irak. Le fonctionnement de l'organisation, pas assez transparente à son goût, la poussera à mettre un terme à leur collaboration en septembre 2010. Elle ne peut toutefois pas échapper au département de l'État américain qui a demandé à Twitter de lui fournir tous les messages envoyés par Birgitta Jonsdottir. Aujourd'hui encore, la principale intéressée se sait espionnée : « Bien sûr que je suis surveillée [...] Mais je m'en fiche. Au contraire, j'ai envie de dire à celles et ceux qui me surveillent : écoutez ce que je dis, et prenez-le à cœur », a-t-elle déclaré au Monde.
En 2012, elle cofonde le parti des Pirates, ni de gauche, ni de droite, sur cinq principes fondamentaux : un processus de décision des dirigeants ouvert, la défense des intérêts des électeurs, la responsabilité des décisions, l'adaptation des droits fondamentaux à l'ère du numérique et de nouvelles mesures contre la corruption. Dans son programme pour les élections législatives anticipées, Birgitta Jonsdottir vante l'élaboration d'une nouvelle Constitution, basée sur la démocratie directe (possibilité, notamment, pour les citoyens de proposer une loi - à certaines conditions). Assistons-nous à une nouvelle forme de populisme dans la lignée de Podemos en Espagne ou du Mouvement 5 Étoiles en Italie ? La montée des « Pirates » est, selon le Wall Street Journal et The Independent, l'« illustration du rejet de la politique traditionnelle et pour un reboot de la vie politique ».
Pour faire basculer la majorité sortante au Parlement, le Parti des Pirates et son siège Tortuga devront obtenir au minimum trente-deux sièges. Autrement, elle ne pourra que nourrir les boissons, comme disaient les vieux moussaillons.
Les femmes pionnières dans l'administration et les postes de pouvoir
Actuellement directrice générale adjointe de la Caisse des Dépôts, Odile Renaud-Basso, âgée de 51 ans, a débuté sa carrière à la Cour des comptes avant de la poursuivre à Bruxelles ou encore à Matignon, auprès de Jean-Marc Ayrault. (Paris, le 26 juin 2013.)
Photo Eric Feferberg / AFPReine Sammut
Avec sa fille Nadia, Reine Sammut est à la tête du premier restaurant gastronomique français 100% sans gluten : l’auberge de la Fenière, à Lourmarin (Vaucluse). L’établissement a cette année été une fois de plus couronnée de deux étoiles au prestigieux guide Michelin. Parmi les plats maison : la truffe en croûte de pâte composées de deux farines (châtaignes et quinoa), le Paris-Lourmarin (un Paris-Brest revisité à base de farine de courge et jus d’amande) et du pain (toujours sans gluten), confectionné dans des pots de terre.
Photo Martin Bureau / AFPAnne-Sophie Pic
La chef Anne-Sophie est propriétaire du restaurant gastronomique La Maison Pic, à Valence (Drôme). Elle est la première femme chef étoilé par le guide Michelin. Une distinction qui date depuis 2007 et qu'elle ne cesse d'honorer depuis.
Photo Getty ImagesDiana Holland
Diana Holland, première femme pour diriger le corps des Cadets à la prestigieuse Académie militaire de West Point, est une ancienne combattante en Irak et en Afghanistan. Elle a pris ses fonctions de 76ème commandant des Cadets de l’école des officiers de l’Armée de terre américaine en janvier 2016.
Diana Holland est en charge de l'entraînement des quelque 4000 Cadets de l'Académie, fondée en 1802 et située dans l'Etat de New York. « C'est un privilège de faire partie de l'équipe qui entraîne et forme les leaders de notre armée », avait déclaré Diana Holland au moment de sa nomination.
Danseuse professionnelle et à la tête d'une fortune estimée à près de deux milliards de dollars, la cadette de Vladimir Poutine représente la jeunesse aristocratique russe. Portrait.
Ekaterina Tikhonova a toujours été dans l'ombre. Les seuls projecteurs qui l'ont éclairée sont ceux qui illuminent le parquet de danse acrobatique où elle excelle depuis plusieurs années. Également cofondatrice d'un programme d'aide à la recherche scientifique avec son mari, la jeune femme de 30 ans est la seconde fille de Vladimir Poutine. Et l'incarnation parfaite d'une jeunesse aristocratique qui tient - et tiendra - les rênes du pays dans quelques années. Portrait.
Rockeuse acrobatique et femme d'affaires
En 1985 et 1986, Lioudmila Poutina et son mari Vladimir Poutine donnent naissance à deux filles : Maria et Ekaterina. Difficile d'en savoir plus tant le couple (divorcé depuis 2013)a toujours mis un point d'honneur à brouiller les pistes, allant même jusqu'à nier le lien de filiation. Si l'aînée, mariée à un riche homme d'affaires néerlandais, se fait discrète ; la plus jeune commence à faire parler d'elle.
En 2013, la cadette termine ainsi cinquième au championnat du monde de rock acrobatique, et le monde découvre les talents de cette danseuse... sans connaître sa véritable identité. Et pour cause, Ekaterina Tikhonova utilise le nom de sa grand-mère maternelle lors des compétitions officielles pour préserver son « anonymat ». Le pot aux roses n'est découvert qu'en février 2015, à l'occasion d'une vaste enquête sur l'opaque université d'État de Moscou (MSU). Si la jeune femme y a étudié durant sa jeunesse, elle fait désormais partie du conseil scientifique en tant que spécialiste en sciences mécaniques. Outre cette activité, Ekaterina Tikhonova travaille de façon officielle pour le groupe RBC, qui possède notamment des chaînes de télévision.
Côté vie privée, durant l'hiver 2013, Ekaterina Tikhonova épouse, dans la petite station de ski d'Igora, Kirill, fils de Nikolai Shamalov, un vieil ami de son père. À lui seul, le couple bâtit un empire familial. À ce stade, la fille de Vladimir Poutine et son époux sont gestionnaires d'Innopraktika, un programme controversé de 1,7 milliard de dollars visant à réformer l'université de Moscou (encore elle) et soutenir les prouesses scientifiques russes. Or, l'organisme est connu pour être financé par d'importants donateurs, dont Nikolai Tokarev, Sergei Chemezov et Igor Sechin, trois anciens collègues de l'actuel président de la Fédération du Russie durant ses années au KGB, les services secrets russes. De plus, parmi les collaborateurs d'Innopraktika figurent deux entreprises - Sibur et Gazprombank - dirigées par Kirill Shamalov en personne avec son frère Iouri. Le business des époux semble par conséquent fonctionner en circuit « fermé ».
Conflit d'intérêts
Le couple formé par Kirill Shamalov et Ekaterina Tikhonova est le parfait exemple de cette deuxième génération d'oligarques proches du pouvoir, originaires d'un cercle restreint et fils des plus grands actionnaires et dirigeants de la Russie. Selon Reuters, la fille de Vladimir Poutine et son époux seraient à la tête d'une fortune estimée à plus de deux milliards de dollars, collectés en partie grâce aux investissements dans les usines pétrochimiques. En outre, Shamalov serait également propriétaire d'une demeure à Biarritz valant 3,7 millions de dollars.
Université de Moscou, Innopraktika, usines pétrochimiques... Le business bâti autour d'Ekaterina Tikhonova est souvent pointé du doigt par les opposants de Vladimir Poutine, dont Alexeï Navalny, qui crient au conflit d'intérêts. Accusations balayées d'un revers de manche par le président de la Fédération de Russie : « Je ne discute jamais des questions liées aux membres de ma famille. Ils ne font ni des affaires ni de la politique, ils ne prétendent à rien ». Si ce n'est suivre l'exemple paternel ?
La vie rêvée de Vladimir Poutine
En images
La vie rêvée de Vladimir PoutineLe magazine Stars and Advice a sorti un calendrier à l'effigie du dirigeant. Au programme chaque mois, une photo et une citation, pour se motiver…Capture d'écran TwitterLa vie rêvée de Vladimir Poutine
Vladimir Poutine avec son épouse Luydmila et sa fille Katya. Eté 1985.
Photo GettyImagesLa vie rêvée de Vladimir Poutine
L’ex-épouse de Poutine pendant ses études. St Petersbourg, 1970.
Photo GettyImagesLa vie rêvée de Vladimir Poutine
Le président Poutine et son ex-épouse Lyudmila à une réception au Kremlin. En 2013, ils divorcent mais restent proches. Moscou, 2000.
Kelly Sildaru et son équipement sportif fourni par la marque suisse Faction.
Photo Camilla Rutherford
À 7 ans ses prouesses étaient déjà sur Youtube, à 13 ans la jeune Estonienne remportait les X Games. Kelly Sildaru, derrière la légende, est avant tout une enfant qui aime le ski. Et les pancakes.
On est en octobre, l'eau du lac est encore à température idéale, et le Sosh Big Air a déployé ses ailes au beau milieu d'Annecy. Un tremplin enneigé artificiellement, de 42 mètres de hauteur, impressionne la foule qui se presse pour être devant. Environ 10.000 personnes se sont déplacées pour admirer les skieurs et les snowboardeurs s'élançant de laplus haute « structure métallique géante » jamais installée dans une ville française. Réaliser les plus belles figures, avoir de l'amplitude, ne pas tomber, autant d'objectifs qui sont aussi le quotidien de Kelly Sildaru.
Un poids plume
Comme les sportifs présents, Kelly est skieuse freestyle ; mais à leur différence, c'est une fille, elle a 14 ans et elle ne pèse pas assez lourd pour pouvoir s'élancer d'en haut. La dernière fois qu'on l'a aperçue dans pareille position, c'était à Oslo en mars dernier. Son père et des membres du staff la tenait par la combinaison avant de la pousser, afin de lui donner le plus d'élan possible. L'image était déroutante. Comment un corps aussi frêle pouvait-il abriter un esprit aussi sûr de son coup ? Peut-être parce que Kelly n'a jamais « conscientisé » ce qu'elle fait.
Comme on ne se souvient plus des efforts qu'il a fallu pour apprendre à marcher ou faire ses lacets, la jeune fille a oublié la difficulté de ce qu'elle fait en ski. « J'ai commencé le ski à l'âge de 2 ans et le ski freestyle à 5 ans. Je ne me rappelle de rien, à part que c'était fun. » La jeune Estonienne, loin d'être inconsciente, sait qu'elle ne pèse pas assez pour affronter le tremplin de la place des Romains, à Annecy. « Cela paraît plus impressionnant qu'en montagne, je n'aurais pas assez de vitesse », avance-t-elle pour justifier qu'elle ne pourra assurer cette démonstration.
Une histoire de famille
De g. à droite et de haut en bas : Le père de Kelly, Tony, et sa mère, Lilian. Kelly et son petit frère, Henry.
Photo David Malacrida
C'est au grand complet que la famille Sildaru a fait le voyage - c'est assez rare pour être souligné. Kelly, yeux bleus, longs cheveux blonds, s'assoit devant nous avec sa mère Lilian, 31 ans. La première chose que l'on a envie de lui dire c'est « qu'elle a bien grandi », se retenant de lui pincer lourdement la joue. Peut-être parce qu'elle évolue sur Youtube depuis qu'elle a commencé le ski et que l'on s'est habitué à voir, au fil des années, ses prouesses de plus en plus folles, les pronostics sur son compte devenant rapidement des réalités. « Je ne me rappelle pas avoir planifié la carrière de Kelly, même lorsqu'elle était toute petite. Le succès de sa première vidéo était une surprise, une opportunité pour qu'elle fasse plus facilement ce qu'elle aime. »
Les snowblades de son oncle seront le point de départ d'une carrière dont ses parents« ne parlaient même pas entre eux ». « Jusqu'à ce qu'elle réussisse vraiment, nous n'avons jamais pris de décision à ce sujet », avoue sa mère en souriant. Elle, qui a commencé le ski en même temps que Kelly. Si ce n'est pas la mère, c'est donc du côté du père, Tonis, qu'il faut aller voir. Lors de notre rencontre, il joue avec son petit dernier, Henry, déjà sur des skis lui aussi. Normalement, en tant que coach, c'est lui qui assiste Kelly en toutes occasions, des compétitions aux interviews. Il s'occupe aussi de farter ses skis et de gérer ses réseaux sociaux, en prenant les photos qu'elle diffuse sur Instagram. C'est lui le skieur de la famille.
« Le niveau de Kelly en ski freestyle est déjà tellement élevé que l'on ne peut imaginer ce qu'il sera dans dix ans. Ce n'est pas toujours facile d'entraîner ses propres enfants. Certains partent du principe qu'en tant que père on les pousse trop. Si un entraîneur de football dit aux enfants de faire dix tours de terrain après l'entraînement, est-ce différent ? », questionne Tonis Sildaru, dans une vidéo émouvante : A Story Family. Ce statut autoproclamé remet en cause l'équilibre familial. « Je n’ai pas vraiment de temps libre en dehors des vacances. Les voyages sont devenus si fréquents que leur père a dû abandonner son job pour se consacrer à la carrière de ses enfants. Je me suis habituée à les voir partir tous les trois. C'est le deal », explique la mère de Kelly.
Une vie pas comme les autres
Saisie sur le vif, Kelly Sildaru en pleine acrobatie.
Photo Camilla Rutherford
« La seule différence qu’il y a entre moi et les adolescents de mon âge c’est que j’ai très peu de temps libre, mais je ne m'en plains pas », rassure Kelly. Car c'est sur ses skis qu'elle dit « s'amuser le plus ». Quatre à cinq heures d'entraînement par jour avant de travailler ses cours et d'aller se coucher, tôt. « Cela dépend des périodes. Quand elle est à la maison, elle va à l'école tous les jours comme les autres enfants », raconte sa mère. Quand elle s'absente du foyer familial, ses profs lui préparent ses devoirs à distance et elle passe les examens quand elle rentre en Estonie. « Parfois, c'est difficile de comprendre sans explication, heureusement mon père m'aide quand je suis bloquée. » Ils voyagent tous les trois, le petit Henry, 9 ans, dernier-né de la famille est déjà en compétition avec sa sœur pour savoir qui rentrera une figure en premier. Sa mère sourit. « Ils sont déjà dans le challenge, ils adorent se chamailler. »
Au fil de la discussion on réalise que Henry est le meilleur compagnon de jeu de Kelly. Ce qui l'amuse le plus ? Rire avec, ou malgré lui. Sur la neige, ils skient ensemble et se donnent des conseils. Récemment, le duo a signé un nouveau contrat avec la marque de ski suisse Faction, qui les accompagnera pour les prochaines années. En Estonie, ils jouent au foot avec leurs amis communs. « J'ai des amies avec qui je vais faire du ski quand je suis en Estonie, mais lors des championnats, je n'ai pas lié d'amitié vraiment forte. Il m'arrive de discuter quelques fois, mais ça s'arrête là, il y a quand même de l'enjeu ! » Sa mère tempère. L'anglais n'est pas sa langue maternelle, et si elle le parle mieux que la plupart des Français de son âge, la langue demeure encore une barrière pour se lier d'amitié. « Elle n'est pas confiante et, ajouté à sa timidité, cela donne quelqu'un qui a souvent peur de dire quelque chose de faux au mauvais moment dans une discussion. »
Kelly Sildaru, timide et déterminée
Kelly Sildaru, jeune prodige du ski freestyle mondial.
Photo David Malacrida
« Quel genre de fille est Kelly ? » Mère et fille s'observent comme si personne ne leur avait jamais posé cette question. « Parfaite ! » répondra la première après avoir échangé un rire pudique avec la seconde. Question d'éducation. « D'où nous venons, nous n'avons pas pour habitude de vanter les mérites de nos enfants, "c'est la meilleure, la plus intelligente"… C'est un peu dur pour moi de vous dire que j'ai fait les meilleurs enfants au monde, mais c'est le cas ! » Kelly s'amuse à répondre à la place de sa mère qui différencie l'attitude de sa fille en public et en privé. « Je ne suis pas le genre de mère qui en fait trop pour eux, pas celle qui fait tout. Je tiens à ce qu'ils deviennent indépendants et autonomes. »
Côté professionnel, la petite Kelly vise les Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang en Corée du Sud et cela ne surprend personne. Lors de sa première participation aux X Games, Kelly Sildaru remporte l'or en finale du slopestyle féminin. L'ensemble de la presse spécialisée l'avait prédit, c'est arrivé : c'est aujourd'hui la fille la plus jeune à avoir réaliser cet exploit. Comme si la relève ne pouvait être assurée que par l'enfant prodige. « Elle aborde les modules avec une assurance débordante (...) Que c'est beau à voir ! (…) Nul doute, cette gamine a déjà un sacré style et ride avec autant d'engagement que les grands de sa discipline », s'enthousiasme le magazine Skipass. Kelly souffre-t-elle de cette critique aisée qui voudrait que les filles soient moins douées que les garçons pour ce genre de sport ? Dans un sourire gêné, elle avoue avoir déjà entendu cela, sûrement « parce que les filles sont plus timides et ont plus de difficultés à se dépasser ». Elle ne s'en soucie pas : « je ne saurais jamais ce qu'éprouve un garçon quand il skie ». Et de recentrer le débat, sans vraiment s'en rendre compte, sur le plus important : ce qui compte c'est le plaisir qu'elle ressent.
Le quotidien de Kelly Sildaru
En images
Kelly Sildaru, 14 ans, fait trembler le ski freestyle mondial
Kelly Sildaru fait du ski même en été. (2014.)
Capture d'écran du compte Instgram @sildaruKelly Sildaru, 14 ans, fait trembler le ski freestyle mondial
Mots fléchés dédiés au jeune prodige. (2014.)
Capture d'écran du compte Instgram @sildaruKelly Sildaru, 14 ans, fait trembler le ski freestyle mondial
Kelly Sildaru avec son père Tony, sa mère, Lilian et son petit frère, Henry pour l'émission télévisée estonienne « Tõuse ja sära ! ». (2014.)
Capture d'écran du compte Instgram @sildaruKelly Sildaru, 14 ans, fait trembler le ski freestyle mondial
Séance photo pour Kelly et son frère Henry. (2014.)
Femmes d'affaires avisée, Ivanka Trump est devenue l'un des atouts majeurs de son père, Donald, sur le seuil de la Maison-Blanche. (Washington, 14 octobre 2015.)
Photo AP
« Fille de » élevée dans le gotha new-yorkais, Ivanka Trump s'est bâti une image de femme moderne et de business woman avertie, devenant l'un des atouts majeurs de son père, Donald, sur le seuil de la Maison-Blanche. Portrait.
On dit déjà qu'elle sera la « vraie » première dame des États-Unis après l'élection de Donald Trump. Il faut dire qu'Ivanka Trump jouit d'une forte popularité et d'un bon sens certain en matière de diplomatie. Normal, elle a fait ses armes dans les griffes impitoyables du gotha new-yorkais. Fille du couple bling par excellence (maman athlète et mannequin, papa milliardaire), elle a passé son enfance parmi les rich kids de Manhattan, à arpenter nombre de galas et soirées VIP à l'âge où d'autres faisaient des colliers de perles en pâte à sel. Jusqu'au scandaleux divorce entre Ivana et Donald au début des années 90. Dans Born Rich, un documentaire sur les enfants de grandes fortunes, produit par son ex petit-ami, James Bingo Gubelmann, la jeune Ivanka raconte comment elle a appris la nouvelle par la presse, juste avant d'affronter une marée de paparazzis devant son école.
Adolescente, l'héritière doit affronter les ragots et les remariages de ses parents (deux chacun, quatre au total). Après des années fantasques et une pseudo-carrière de mannequin, la « fille de » rentre dans le rang en intégrant, aux côtés de ses frères Donald Jr et Eric, l'organigramme familial de la Trump Organization. Aujourd'hui à 34 ans, Ivanka est vice-présidente du département Développement et acquisitions de la Trump Organization.
Mondanités, vie "normale" et business
Ivanka se construit alors un univers discret mais solide. Comme son père, son « premier mentor », elle fait du golf et aime le business. Elle a trois enfants, Arabella, Joseph et Theodore, issus de son mariage avec Jared Kushner, magnat de l'immobilier et propriétaire de la revue New York Observer, pour lequel elle s'est convertie au judaïsme. Ensemble, ils forment l'un des couples les plus prometteurs de Manhattan, qu'elle semble n'avoir jamais quitté. Entre leur penthouse de Park Avenue, ses rendez-vous d'affaires, les moments en famille et les événements mondains, elle passe ses vacances avec Wendi Deng (l'ex-femme de Rupert Murdoch et maîtresse soupçonnée de Vladimir Poutine), dîne avec Chelsea Clinton et fait la fête avec Marissa Mayer et Taylor Swift.
Une vie très occupée, qui lui donnerait presque le visage d'une femme « normale », jonglant entre mille choses. Tant mieux : l'executive woman modèle a jeté son dévolu sur les mères actives débordées. Sous le hashtag (facile) #womenwhowork, elle leur prodigue des conseils sur son blog personnel, avant de leur soumettre sa gamme de vêtements et bijoux, un business désormais source de conflits d'intérêts. Ivanka Trump est sa propre publicité vivante. Sur son Instagram, elle poste la vie rêvée d'une New-Yorkaise stylée qui « a tout ».
Dans sa vitrine, il y a très peu de photos souvenirs de la campagne politique tumultueuse qui a mené son clan à la Maison-Blanche en novembre 2016. Une lutte à laquelle elle a pourtant ardemment participé pour défendre ce père qu'elle a toujours soutenu, dans les affaires comme dans son délire de télé-réalité mégalo « The Apprentice ». Pour l'instant, Ivanka a pu scinder ses ambitions. Jusqu'au choix inévitable entre New York et Washington ?
Ivanka Trump, 35 ans et tant d'ambitions
En images
Ivanka Trump, de rich kid à business woman
Fille d'Ivana et Donald Trump, respectivement athlète et mannequin d'origine tchèque et magnat de l'immobilier, Ivanka Trump ne pouvait pas avoir un destin banal. (Au Plaza Hotel de New York, 3 septembre 1991.)
Photo Getty ImagesIvanka Trump, de rich kid à business woman
Avec elle, le milliardaire se révèle être un papa collant et protecteur... qui l'emmène à toutes les inaugurations de la ville. (À l'ouverture du Harley Davidson Café de New York, 19 octobre 1993.)
Photo Getty ImagesIvanka Trump, de rich kid à business woman
Entre hivers à Aspen et après-midi au tournoi de l'US Open avec son père, l'enfance d'Ivanka est pour le moins stable et sympathique. (New York, 30 août 1991.)
Photo Getty ImagesIvanka Trump, de rich kid à business woman
Jusqu'à ce que le scandale éclate : ses parents se séparent en 1992 suite à la liaison de son père avec Marla Maples. Dans le documentaire Born Rich, Ivanka raconte avoir appris leur séparation en voyant la une d'un journal sur le chemin de l'école avant d'être assaillie par les paparazzis à l'entrée de son établissement... (New York, 15 novembre 1994.)
L'ancien premier ministre et sa femme, Penelope Fillon, à l'université d'été des Républicains (LR) à la Baule, le 3 septembre 2016.
Photo Stephane Mahe / Reuters
Son mari est candidat à la primaire de la droite. Habituellement discrète et réservée, Penelope Fillon chasse son naturel pour les besoins de la campagne présidentielle.
« Je suis depuis trente-cinq ans dans l’ombre, mais là l’enjeu est différent. C’est la première fois que François est candidat à la présidence de la République. » Mardi 15 novembre, à la maison de l’Amérique latine à Paris, Penelope Clarke Fillon est sortie de son silence médiatique. Ultra-discrète à l'épreuve de la primaire de la droite, la femme de 60 ans s'est exprimée publiquement dans l’optique de gagner les voix de l'électorat féminin. Quelques jours plus tôt, c’est leur fille aînée, Marie, qui s’était prêtée au jeu de l’interview pour Karine Lemarchand dans son émission « Une Ambition intime ». À cette occasion, les téléspectateurs avaient notamment (re)découvert le visage de Mme Fillon.
"Penny" et François à la Sorbonne
Penelope Kathryn Clarke est née à l’été 1956 à Llanover, au pays de Galles. Chez les Clarke, la discrétion est une religion que leur fille pratique assidûment. Dès l'école, « Penny », à qui tout réussit, n'aime pas attirer l'attention. Sur les bancs de la Sorbonne à Paris, elle ne laisse pourtant pas de marbre François Fillon, rappelle Paris Match. Nous sommes à la fin des années 1970, ils sont tous deux étudiants en droit, issus de familles de juristes et partagent la même marque de fabrique : une retenue à toute épreuve.
De cours en cours, François-l’angoissé fait de Penelope-la-solide son « socle », son « port d’attache », selon ses propos relayés par le même hebdomadaire. Six ans plus tard, le 28 juin 1980, le couple se dit « oui » civilement dans la Sarthe natale du marié. La cérémonie religieuse, elle, se déroule au pays de Galles, près du village de Llanover, où a vu le jour la mariée. Pour l'anecdote, évoquée dans « Une Ambition intime », le frère de François, Pierre, a épousé la sœur de Penelope, Jane, peu de temps après... La reine Elizabeth II en personne se serait amusée de cette cocasserie de la vie.
Famille nombreuse
François et Penelope Fillon devant la mairie de Solesmes, dans la Sarthe.
Photo Jean-François Monier / AFP
François et Penelope Fillon ont donné naissance à cinq enfants : les aînés Marie (34 ans) et Charles (32 ans) sont aujourd'hui tous deux avocats ; Antoine (30 ans) et Edouard (26 ans), les cadets, travaillent dans la finance ; et Arnaud (15 ans), le petit dernier, est encore collégien. À cette tribu sont venus s'ajouter, depuis, trois petits-enfants.
C'est afin d'élever cette famille nombreuse que Penny a renoncé à endosser sa robe d'avocate. François Fillon, lui, monte les échelons. Après le titre de plus jeune député de France (1981), il décroche quatre portefeuilles ministériels (Éducation nationale, Écologie et développement durable, Affaires sociales, Télécommunications) et, enfin, le graal : Matignon. La famille (avec leurs trois plus jeunes enfants) pose ses valises dans l'hôtel du VIIe arrondissement, de 2007 à 2012.
Penelope, qui chérit ombre et campagne, traîne un peu des pieds. « Ce n’est pas mon habitat naturel », reconnaît l'épouse, non sans une pointe d’humour britannique, dans une rare interview accordée à Paris Match. L’intéressée confesse au magazine avoir en horreur dîners mondains et représentations officielles, mais se plie au jeu. Elle ajoute que lors des meetings de son mari, elle préempte les places du fond ; et préfère, dans la rue, déambuler sur le trottoir d’en face… Dès que son emploi du temps le lui permet, cette « paysanne » - ce sont ses mots - rentre dans la Sarthe, où elle se sent davantage à son aise.
"Je saurais m'adapter"
Le couple Fillon a pour habitude de s'y ressourcer dans son manoir de Solesmes, commune près de Sablé-sur-Sarthe, 1500 âmes à la ronde. En 2013, dérogeant à la règle du « pour vivre heureux, vivons cachés », François et Penelope ont ouvert leur porte à une équipe de Paris Match (encore). À l’échelle nationale, le résultat s'avère plutôt désastreux en termes d’image. La famille au grand complet pose, tout sourire, devant l'édifice imposant, sur un gazon impeccable. En légende de la photo, on peut lire : « Pour bien gouverner, il faut être équilibré ». Et les Français de se demander ce qui, en temps de crise, peut paraître moins « équilibré » que des notables de province tirés à quatre épingles sur papier glacé... Le retentissement n'est pas le même à l'échelle locale : Penelope Fillon devient, après son mari, conseillère municipale à Solesmes. Un premier pas vers la lumière des flashs ?
Une autre forme d'amour en politique : Emmanuel et Brigitte Macron
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Emmanuel Macron et Brigitte Trogneux, une autre forme d’amour en politique - photo 2
Emmanuel Macron et Brigitte Trogneux se sont rencontrés il y a plus de vingt ans, au lycée de La Providence à Amiens. Il était un lycéen comme les autres, elle était sa professeure de français. (Paris, le 2 juin 2015.)
Photo Christian Liewig/AbacapressEmmanuel Macron et Brigitte Trogneux, une autre forme d’amour en politique - photo 3
De cette rencontre scolaire naît une idylle solide qui se confirme par un mariage au Touquet en 2007. (Paris, le 2 juin 2015.)
Photo Stéphane Lemouton/AbacapressEmmanuel Macron et Brigitte Trogneux, une autre forme d’amour en politique - photo 4
Lorsqu'Emmanuel Macron entre au gouvernement en 2012, Brigitte Trogneux reste dans l'ombre. (Paris, le 14 juillet 2015.)
Photo Pascal Rossignol / Pool / AFPEmmanuel Macron et Brigitte Trogneux, une autre forme d’amour en politique - photo 13
Pourtant, malgré sa discrétion, l'épouse d'Emmanuel Macron suit de près les activités professionnelles de son mari. (Paris, le 21 novembre 2015.)
Isabelle et Alain Juppé à la première de Cézanne et moi, de Danièle Thompson, soirée en faveur de la fondation Claude Pompidou. (Paris, 20 septembre 2016.)
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À 48 heures du premier tour de la primaire de la droite, la femme d'Alain Juppé nous a confié ses états d'âme dans la course à la présidentielle.
Il semble que ce soit une stratégie commune aux épouses des trois candidats favoris à la primaire de la droite. La discrétion. Même Carla Bruni-Sarkozy n'a pas donné d'interview en soutien de la campagne de son mari. Isabelle Juppé ne voulait tout simplement pas se faire remarquer. « J'ai l'impression que les Français en ont un peu assez des histoires people dans le monde politique », nous avoue-t-elle ce vendredi, à deux jours du premier tour de la primaire de la droite, pour justifier sa distance prise avec les médias. « Mais c'est aussi dans ma nature d'être discrète et de me protéger. Sans doute, le fait d'avoir été journaliste m'encourage à me préserver. » Un temps au Matin de Paris puis à La Croix, où elle suivait le RPR jusqu'à sa rencontre avec Alain, Isabelle Juppé, née Bodin, connaît trop bien les pièges de la médiatisation. « Je crois que c'est même le plus important, savoir se protéger. Parce que c'est violent, une campagne », explique celle qui confie néanmoins être heureuse de la manière dont son couple a mené la sienne : « Alain dans la lumière, moi dans l'ombre ».
"Je ne sais pas encore d'où nous suivrons les résultats"
« Ils forment un couple très fort, très fusionnel », appuie Gaël Tchakaloff, auteure de Lapins et merveilles (éd. Flammarion, 2016), récit de ses dix-huit mois passés aux côtés d'Alain Juppé. « Il ne peut pas vivre sans elle. Isabelle est à la fois sa femme, sa structure, son pilier. Elle est le liant entre l'ancienne et la nouvelle vie. Très proche de la première femme d'Alain Juppé (Christine Leblond, NDLR), très proche de Laurent et Marion (les deux enfants qu'il a eus avec sa première femme, NDLR). C'est elle qui organise les vacances en famille. C'est elle la cheville ouvrière du clan Juppé. »
C'est elle, encore, qui veille à préserver la vie privée de sa tribu. « Clara (la fille qu'elle a eue avec Alain Juppé, 21 ans, NDLR) fait actuellement sa deuxième année à McGill (dans la cadre son cursus HEC, NDLR)à Montréal, et cela tombe plutôt bien. « Je préfère la savoir loin de la tornade médiatique, même si elle suit tout cela de très près, et qu'elle viendra évidemment pour voter. » Un vote que la famille effectuera dimanche matin, à Bordeaux, avant de partir pour Paris dans l'après-midi. « Je ne sais pas encore d'où nous regarderons les résultats de la primaire dimanche soir », hésite Isabelle Juppé. « Je sais seulement qu'il y aura un petit stress, convient-elle en souriant. Je serai même plus stressée qu'Alain. »
"J'ai le cœur qui bat plus vite ces quinze derniers jours"
Depuis quelques semaines, la tension monte chez les Juppéistes. Un temps favori de la primaire de la droite, jugé plus crédible, plus convaincant que ses concurrents, Alain Juppé voit désormais François Fillon progresser dans les sondages. « J'ai le cœur qui bat plus vite ces quinze derniers jours », confesse Isabelle, ajoutant néanmoins vouloir « rester philosophe ». « Je me suis mobilisée à fond pour ce premier tour, mais j'ai une vie en dehors de la campagne. C'est d'ailleurs un peu schizophrène, parfois. » Depuis 2008, Isabelle Juppé est directrice du développement durable chez Lagardère Active. « Elle tient à son autonomie et à son indépendance », précise l'auteure qui l'a côtoyée pendant un an et demi, et qui la côtoie toujours. « Elle a eu une formation, elle a eu un métier, elle en a toujours un. Elle n'ira jamais se faire voler sa vie par la politique. Ce ne sera jamais une "femme de"», décrypte celle qui pense qu'Isabelle est « un atout formidable pour Alain ».
"J'ai fait ce que je n'avais jamais fait auparavant"
Quand on lui demande ce qu'elle fera si Alain Juppé gagne la primaire de la droite, Isabelle Juppé répond d'abord qu'elle « ne fai(t) pas de plan à plus d'une semaine ». Et d'ajouter ensuite, toujours très délicate, qu'elle continuera « à parler avec lui, à aborder les sujets qui me tiennent à cœur, l'écologie, le numérique, l'égalité entre les hommes et les femmes. »
Son potentiel statut de première dame, elle n'y pense pas. Si Alain Juppé était élu président de la République en 2017, Gaël Tchakaloff, elle, parie qu'elle serait « un peu comme Michelle Obama, tout en ayant une vie propre. Elle remplirait parfaitement les obligations officielles, mais ne ferait en aucun cas de la figuration du matin au soir à l'Élysée. Elle inventerait certainement quelque chose de nouveau. » En attendant, Isabelle Juppé a fait ses premiers pas sur scène. Mardi, elle a accompagné l'ancien ministre et député de Charente-Maritime, Dominique Bussereau, à un meeting de soutien à Alain Juppé, à Condé-sur-Vire, dans la Manche, sa région d'origine. « J'ai fait ce que je n'avais jamais fait auparavant. J'ai pris le micro et j'ai porté la voix de mon mari. Et ça m'a plu. »
En images : quand les politiques mettent en scène leur vie privée
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Emmanuel Macron et Brigitte Trogneux
Mettre sa vie privée en scène fait souvent office de rampe de lancement pour des politiques en passe de se déclarer candidat. Dommage : le ministre de l'Économie s'est vu obligé d'affirmer qu'il regrettait l'interview de sa femme dans Paris Match. Pour cause, le magazine est paru le jour même de l'intervention de François Hollande à la télévision, créant des discours dissonants.
Photo Paris MatchFrançois Hollande
Le président n'est pas un cador de la communication, bien au contraire. « S'il avait raconté une histoire officielle, il se serait plus protégé. Il aurait pu organiser la séance photo d'un dîner de famille recomposée, avec Valérie Trierweiler et ses enfants. C'est elle qui a cherché des signes de reconnaissance, notamment avec la séquence du baiser demandé, remarque Philippe Moreau-Chevrolet. Est-ce qu'on aurait publié et utilisé les photos sur le scooter sortant du domicile de Julie Gayet ? Pas sûr. À travers la vie privée, les Français veulent vérifier si l’homme politique est en cohérence avec ses idées. Pris entre deux femmes, Hollande apparaît comme un homme qui ne sait pas faire des choix ».
Photo Thomas Coex / AFPNicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy lui avait rapidement ouvert un nouveau chapitre en s'affichant avec Carla Bruni quelques semaines après son divorce avec Cécilia. L'officialisation de leur relation à Disneyland Paris avait toutefois été une erreur selon Philippe Moreau-Chevrolet. « On ne voulait pas voir un président amoureux, en train de s'amuser. Le problème de Hollande et Sarkozy est le même : on a l'impression qu'ils mettent leurs personnes au-dessus de leur fonction ». Aujourd'hui, le président du parti les Républicains prépare sa candidature à la primaire en s'appuyant sur sa vie privée. « Il parle beaucoup de Carla dans les dîners, en montrant qu'il a parfaitement réussi sa vie personnelle et qu'il pourrait rester, heureux, à la maison auprès de sa femme. Au fond, il veut montrer que son retour en politique est un sacrifice qu'il fait car il se sent appelé par la France. »
Photo Khaled Desouki / AFPManuel Valls et Anne Gravoin
Occuper l'espace pour faire taire les rumeurs est une stratégie nécessaire pour les politiques. Manuels Valls y a eu recours en s'affichant en amoureux transi auprès de sa femme Anne Gravoin en couverture de Paris Match en août 2013.
Comment « Mama Gena » veut réhabiliter les femmes.
Photo Philippe Quaisse / Pasco
À New York, Regena Thomashauer relance le féminisme avec une école inédite et des livres électrochocs. Son nouveau best-seller ? Une incitation au plaisir pour retrouver sa toute-puissance.
Outre-Atlantique on l'appelle « Mama Gena ». Un surnom qui va comme un gant à Regena Thomashauer, tant cette quinquagénaire à l’énergie contagieuse s’impose comme une vraie maman pour nous, les femmes. Une sorte de bonne fée qui redonne vie aux belles endormies à tendance autodestructrice que nous sommes. Son message ? « Girls, réveillez-vous ! Retrouvez la puissance qui est la vôtre. » Fondatrice de la Mama Gena’s School of Womanly Arts (1) (à New York), un établissement pas comme les autres qui enseigne aux femmes à reprendre confiance en elles, Mama Gena publie aux États-Unis Pussy : a Reclamation (Sexe : une réhabilitation) (2), qui figure déjà sur la liste des best-sellers du New York Times. Le thème ? Comment retrouver sa puissance en se reconnectant avec sa source divine… Explications.
Madame Figaro. - Star aux États-Unis, vous êtes moins connue en France. Comment vous définissez-vous ?
Regena Thomashauer. - Je dirais que je suis une outrageuse révolutionnaire au service des femmes. Je suis lasse de voir les femmes se dévaloriser en permanence .Trop ceci, pas assez cela. Elles culpabilisent quoi qu’elles fassent. Stop ! La femme est un papillon qui se comporte comme si elle était une chenille. Mon job est de dire : « O.K. girls, vous êtes des papillons, voici comment utiliser vos ailes. Il est temps de voler, car le monde a besoin de vous ! »
Vous expliquez souvent dans les médias que ce manque de confiance chez la femme est endémique…
Il est affolant de constater combien de femmes se sous-estiment, y compris parmi les figures iconiques de réussite. L’autre jour, lors de l’émission CBS « This Morning », Diane Von Furstenberg expliquait qu’elle se réveillait tous les matins avec la sensation d’être une loseuse, une bonne à rien. Ce à quoi Gayle King, la présentatrice de l’émission, lui répondait : « Je vais vous faire une confidence : je ressens exactement la même chose ! » Malgré tout ce que ces deux femmes puissantes et accomplies avaient réalisé, elles ressentaient encore ce sentiment d’échec. C’est impensable !
Ce constat, vous l’avez fait il y a des années, et vous avez créé votre école, la Mama Gena’s School of Womanly Arts, pour y remédier. De quoi s’agit-il exactement ?
Il ne s’agit pas d’une école comme les autres. C’est un endroit entièrement consacré aux femmes, dans lequel j’organise des classes et des séminaires. J’apprends à mes élèves, via des exercices et des groupes de parole, à accéder de manière profonde à leur beauté, à leur pouvoir, à leur confiance. Je cherche finalement à les reconnecter à ce que j’appelle leur « féminité divine ».
"Les femmes, aujourd’hui, sont des lampes éteintes"
C’est-à-dire ? À nos désirs profonds. On nous a appris à taire nos sentiments, à oublier nos envies. Dans notre enfance, nous devions être de gentilles petites filles polies, ne pas crier, ne jamais réclamer. Adulte, on doit être la parfaite mère, la parfaite épouse, la parfaite amie… Quand pense-t-on réellement à soi ? On nous a appris à nous mettre en veille, un peu à l’image d’une lampe éteinte.
Vous comparez la femme à une lampe ?
Exactement. Les femmes, aujourd’hui, sont des lampes éteintes. Des lampes qui ne font plus ce qu’elles sont supposées faire, à savoir… briller. Nous devons briller à nouveau, et pour cela il est indispensable de nous reconnecter à notre propre source.
Pourquoi avoir choisi ce titre évocateur pour votre livre ?
C’est un « wake-up call », comme lon dit aux États-Unis. Un cri du cœur ! N’allez pas imaginer qu’il est uniquement question de sexe dans mon livre. Mais dans cette reconnexion à nous-mêmes, il est aussi question de renouer avec notre « pussy ». Cet organe est à l’origine de tout. Il donne la vie. Pourquoi le nier ? Tout vient de lui, depuis la nuit des temps. À l’époque des pharaons, les femmes montraient leur sexe aux champs pour les rendre fertiles. Au fil du temps, le culte de la vulve s’est perdu. On a enterré le pouvoir divin de la femme.
Concrètement, comment peut-on se reconnecter à cette source divine ?
C’est tout l’objet du livre. Il est urgent de renouer avec le plaisir… dans le sens large du terme. De lui découle la confiance en soi, l’envie d’avancer, la joie d’être.
Le plaisir sexuel en fait-il partie ?
Bien sûr ! Vous savez, à l’intérieur de notre corps, huit mille nerfs sont voués au plaisir. Ce n’est pas un hasard. Un jour, j’ai pris conscience que ni ma mère, ni mes professeurs à l’école, ni personne d’autre, ne m’avaient enseigné ou même n’avaient évoqué cette notion de plaisir. Pourquoi ? Pire : je pense n’avoir jamais parlé avec ma mère de mon « pussy ». Pourquoi tant de tabous sur un organe aussi précieux, puissant et essentiel ?
Aujourd’hui, il est évident que vous êtes connectée à votre propre source. Comment y êtes-vous parvenue ?
Je ne comprenais pas pourquoi mes amies et moi n’allions pas au bout de nos rêves. Pourquoi celle qui, petite, rêvait de devenir actrice était aujourd’hui assistante de direction. J’ai entamé une analyse. Elle m’a apporté des réponses mais ne m’a pas rendue heureuse. Je me suis alors inscrite, dans une université californienne un peu excentrique, à un cours consacré à l’orgasme féminin. Cela m’a transformée.
Comment ?
J’ai découvert les bienfaits du plaisir. J’y ai appris et compris l’orgasme. Une des classes apprenait notamment à avoir un orgasme d’une heure ! Un professeur apprenait à dompter son corps de manière à ce qu’il tolère toujours plus de plaisir. Ce fut pour moi une révélation. M’autoriser le plaisir, apprendre à le connaître, cela a changé ma vision globale. Avoir conscience de sa sexualité, de son sex-appeal, de sa sensualité, du plaisir que l’on peut recevoir, cela m’a transformée. Je suis devenue une femme en éveil - et non en veille -, une femme qui a retrouvé son pouvoir, sa confiance et surtout sa lumière. Je brillais à nouveau. L’orgasme est une façon d’expérimenter le plaisir, mais il y en a des centaines d’autres : manger, danser, chanter, rire, crier…
Dans votre livre, vous expliquez qu’il est urgent que les femmes brillent à nouveau. Pourquoi ?
Le monde a besoin d’elles. Regardez le chaos dans lequel nous vivons actuellement, que ce soit d’un point de vue écologique, social ou politique. Une femme en éveil peut obtenir tout ce qu’elle veut. Les femmes sont le soleil, les hommes sont la lune… Cette dernière ne brille que parce qu’elle capte la lumière du soleil. Vous recevez le message ?
En vidéo : Emma Watson et ses conseils sur l'orgasme féminin
Ces féministes sur tapis rouge
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Emma Watson, féministe sur tapis rouge
« Si les hommes n'étaient pas supposés avoir le contrôle, les femmes n'auraient pas à être contrôlées. Hommes et femmes devraient tous se sentir libres d'être sensibles. Hommes et femmes devraient tous se sentir libre d'être fort... Il est temps que nous percevions les sexes d'une façon qui ne les oppose pas radicalement. »
Ellen Page, féministe sur tapis rouge
« Je ne sais pas pourquoi les gens sont tellement réticents à dire qu'ils sont féministes. Y-a-t-il une plus claire manifestation que nous vivons toujours dans un monde patriarcal que le fait que le mot féminisme est un gros mot ? »
Photo GC Images / Getty ImagesBeyoncé, féministe sur tapis rouge
« Nous devons arrêter avec le mythe autour de l’égalité des sexes. Ce n’est pas encore une réalité. (…) Tant que les femmes et les hommes n’auront pas admis que c’est inacceptable, rien ne changera »
Valérie Boyer au dernier meeting de François Fillon, quelques jours avant sa victoire à la primaire de la droite et du centre. (Paris, le 25 novembre 2016.)
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La maire des XI et XIIe arrondissements de Marseille et députée des Bouches-du-Rhône semble prête à faire son chemin de croix pour le candidat à l'élection présidentielle.
La « croix » autour du cou de la porte-parole de François Fillon, Valérie Boyer, a marqué les esprits lors du journal télévisé de France 2, au soir du second tour de la primaire de la droite et du centre. Mais qui se cache derrière cet imposant bijou ?
La croix de la discorde
Perçu comme un signe religieux ostentatoire par ses détracteurs, ce pendentif, appelé khatchkar, est en réalité une croix arménienne, qui rappelle le combat mené par la maire des XIe et XIIe arrondissements de Marseille, où vit une importante communauté arménienne, pour la reconnaissance de leur génocide en 1915. À la sortie de l'émission, la députée avait assuré qu'il n'y avait pas matière à polémique et qu'elle n'enlevait jamais son khatchkar, « ni pour dormir, ni pour se laver ». Jusque-là très bien. Sauf que le site du Huffington Post a relevé qu'à minuit, lorsque Valérie Boyer est intervenue sur le plateau de BFM, la croix avait disparu, sans explication.
Fille de pieds-noirs, née à Bourges en 1962, cette diplômée de l’IEP d’Aix-en-Provence devient cadre de la sécurité sociale avant de se lancer en politique dès 2001 dans la cité phocéenne aux côtés du maire, Jean-Claude Gaudin (président par intérim et vice-président de l'UMP à plusieurs reprises). En 2007, élue députée des Bouches-du-Rhône et secrétaire nationale chargée de la santé à l’UMP, cette mère divorcée de trois enfants s’attache à des sujets de société jugés féminins : obésité, aides familiales, et surtout un projet de loi visant à signaler toutes photos retouchées pour lutter contre les incitations à l’extrême maigreur.
Depuis la guerre intestine pour la présidence de l’UMP entre François Fillon et Jean-François Copé en 2012, Valérie Boyer choisit le camp de l’ancien premier ministre, puis le Rassemblement-UMP (R-UMP), groupe de députés fillonistes à l’Assemblée nationale. Une loyauté qui lui permet, en septembre 2016, d’être nommée porte-parole du candidat de la droite et du centre en vue de l'élection présidentielle de 2017.
Une catholique attachée aux valeurs traditionnelles
Derrière ses atours de femme moderne qui dépoussière l’image de la droite, Valérie Boyer reste une chrétienne catholique pratiquante attachée aux valeurs traditionnelles de la famille. On l’a vue défiler pour la Manif pour tous le 16 octobre dernier, dans sa veste en cuir rose bonbon en accord avec son genre. « Comme vous, je suis opposée à la marchandisation du corps des femmes, je suis opposée à la vente d’enfants », s’insurgeait le jour de la marche la députée des Bouches-du-Rhône. Elle défend d'ailleurs depuis juin un projet de loi « visant à lutter contre le recours aux mères porteuses».
Jamais à court de raccourcis, cette grande défenseure des chrétiens d’Orient n’hésite pas à associer salafisme et voile, percevant ce dernier comme « un signe d’allégeance à notre ennemi (le salafisme, NDLR)» sur son compte Twitter suivi par 23.000 abonnés.
Cette Marseillaise d’adoption, qui partage les mêmes convictions religieuses et politiques que François Fillon, à la télégénie toute polémique, risque bien de se retrouver de plus en plus médiatisée désormais, dans la course à l’Élysée. Pour mieux briguer une place au sein d'un éventuel futur gouvernement ?
François Fillon, un style présidentiable ?
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Le style de François Fillon
Costume bleu marine impeccable, cravate assortie, chemise rayée blanc et bordeaux : François Fillon maîtrise, déjà, les coupes et les couleurs. (Strasbourg, 7 novembre 2013.)
Photo ReutersLe style de François Fillon
Pull col roulé violet et chaussettes ton sur ton, si c'est pas du style, ça, on ne s'y connaît pas. (Paris, 16 janvier 2005.)
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L'imper de détective marron, oui, mais avec la doublure orange Hermès. (Paris, 18 février 2004.)
Photo AFPLe style de François Fillon
Néo-tradi devant l'hôtel Matignon. (Paris, 22 mai 2007.)