Il y a 115 ans naissait Nettie Stevens, une généticienne américaine qui a découvert les chromosomes X et Y. Google la célèbre en doodle.
Le doodle de Google célèbre, ce jeudi 7 juillet, l'une des scientifiques les plus importantes du XIXe siècle. Née il y a 115 ans, dans le Vermont auxÉtats-Unis, Nettie Stevens a découvert les chromosomes X et Y. Autrement dit, elle a mis en lumière les raisons pour lesquels on naît avec un sexe masculin ou féminin, soit l'absence ou la présence d'un chromosome Y dans le code génétique d'un être humain.
Première femme scientifique reconnue par sa communauté pour son travail, Nettie Stevens a ainsi permis à ses semblables de s'affranchir d'une idée reçueà cette époque selon laquelle la mère déterminait le sexe de son bébé, détaille Daily Life. Raison de les blâmer pour ne pas avoir donné naissance à un garçon.
Passionnée de biologie dès son plus jeune âge, Nettie Stevens, née dans une famille de la classe moyenne américaine, est devenue enseignante à 19 ans, puis bibliothécaire, avant de poursuivre ses études en entrant à la prestigieuse université de Stanford, en Californie, à l'âge de 35 ans. Quatre ans plus tard, elle débutait ses recherches au Bryn Mawr College, en Pennsylvanie, rapporte le Time. C'est là qu'elle a découvert, vers 1905, l'une des avancées scientifiques les plus importantes de l'histoire moderne. La femme de sciences est morte en 1912, des suites d'un cancer du sein.
Actuellement directrice générale adjointe de la Caisse des Dépôts, Odile Renaud-Basso, âgée de 51 ans, a débuté sa carrière à la Cour des comptes avant de la poursuivre à Bruxelles ou encore à Matignon, auprès de Jean-Marc Ayrault. (Paris, le 26 juin 2013.)
Photo Eric Feferberg / AFPReine Sammut
Avec sa fille Nadia, Reine Sammut est à la tête du premier restaurant gastronomique français 100% sans gluten : l’auberge de la Fenière, à Lourmarin (Vaucluse). L’établissement a cette année été une fois de plus couronnée de deux étoiles au prestigieux guide Michelin. Parmi les plats maison : la truffe en croûte de pâte composées de deux farines (châtaignes et quinoa), le Paris-Lourmarin (un Paris-Brest revisité à base de farine de courge et jus d’amande) et du pain (toujours sans gluten), confectionné dans des pots de terre.
Photo Martin Bureau / AFPAnne-Sophie Pic
La chef Anne-Sophie est propriétaire du restaurant gastronomique La Maison Pic, à Valence (Drôme). Elle est la première femme chef étoilé par le guide Michelin. Une distinction qui date depuis 2007 et qu'elle ne cesse d'honorer depuis.
Photo Getty ImagesDiana Holland
Diana Holland, première femme pour diriger le corps des Cadets à la prestigieuse Académie militaire de West Point, est une ancienne combattante en Irak et en Afghanistan. Elle a pris ses fonctions de 76ème commandant des Cadets de l’école des officiers de l’Armée de terre américaine en janvier 2016.
Diana Holland est en charge de l'entraînement des quelque 4000 Cadets de l'Académie, fondée en 1802 et située dans l'Etat de New York. « C'est un privilège de faire partie de l'équipe qui entraîne et forme les leaders de notre armée », avait déclaré Diana Holland au moment de sa nomination.
Originaire d'Austin, la jeune fille de 11 ans a eu l'idée de Me & The Bees à 4 ans.
Photo compte Instagram @mikailabees
La fillette américaine, Mikaila Ulmer, a créé une entreprise de limonade au miel après avoir été piquée par deux abeilles.
« Vous devez vous demander pourquoi une petite fille de 11 ans est ici aujourd’hui et vous parle économie, non ? », lance Mikaila Ulmer, 11 ans, dépassant tout juste du pupitre, aux 5000 personnes présentes au sommet United State of Women, organisé par la Maison-Blanche le 14 juin dernier. Barack Obama, en personne, était présent et a été bluffé par le charisme de l'enfant-entrepreneur.
Modèle à suivre
Mikaila est à la tête de Me & The Bees, une marque de limonade au miel, créée en 2010. Depuis son passage en 2015 dans l’émission de télé-réalité Shark Tank qui oppose différents entrepreneurs face à un jury d’investisseurs, la jeune fille a bénéficié d'une promotion publicitaire de premier choix. Sa success story a été narrée lors d’une conférence chez Google, dans un portrait vidéo de Microsoft, face aux caméras de USA Today, CBS, Huffington Post ou encore ABC News. Le très sérieux Forbes l’érige même en modèle à suivre pour la génération des millenials.
À 4 ans, Mikaila vit un traumatisme : elle se fait piquer deux fois par des abeilles en l’espace d’une semaine. « J’étais terrifiée par elles, ou tout ce qui pouvait y ressembler, puis je suis devenue curieuse », raconte-t-elle lors de l’United State of Women. L’écolière se renseigne sur ces vilaines bestioles, découvrent qu’elles sont en voie d’extinction et - peu soulagée - décide d’agir. Sa grand-mère lui recommande une vieille recette de famille, Mikaila se lance dans l’apiculture - encouragée par ses parents - et crée sa marque de limonade au miel. « J’ai commencé à la vendre à mes amis dans mon jardin, en distribuant une partie des profits à des organisations de maintien de la survie des abeilles, explique-t-elle. Désormais, nous sommes distribués dans des magasins à travers tout le pays. »
"J'espère qu'elle embauche"
À la tribune du sommet United State of Women, Mikaila a rendu hommage à son mentor : Barack Obama. « Le président a dit que les entrepreneurs étaient la promesse de l’Amérique. Si vous venez avec une bonne idée et travaillez dur, vous réussirez. J’adore cette idée ». Ajoutant son propre sel à cette prophétie. « Les entrepreneurs incarnent le rêve américain et les plus grands rêveurs sont les enfants. Nous rêvons en grand, nous rêvons de choses qui n’existent pas encore, nous y croyons (…) Nous voyons des possibilités là où d’autres voient des problèmes ».
Avec un aplomb déconcertant, la jeune chef d’entreprise introduit à la tribune le président des États-Unis, qui ne tarde pas à la récompenser d’un hug sur scène. « Quelle demoiselle incroyable… Je serai de nouveau sur le marché de l’emploi dans sept mois et j’espère qu’elle embauche », a-t-il plaisanté, avant de clâmer à une foule déjà conquise un discours inspiré sur le féminisme.
Carrière : 20 femmes qui ont osé révolutionner leur vie
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Ces 20 femmes qui ont osé révolutionner leur vie
Mimi Thorisson, de CNN Honk Kong au terroir français. Lire son portrait.
Photo mimithor / InstagramCes 20 femmes qui ont osé révolutionner leur vie
Rachel Lambert, le 9 juin 2016 à la cour d’appel de Reims.
Photo FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
La cour d'appel vient de confirmer la tutelle de Vincent Lambert, dans un état végétatif depuis 2008, à Rachel, son épouse. Une avancée considérable pour cette femme qui a sacrifié sa vie à la protection de son mari. Portrait express.
La cour d'appel a tranché. Rachel Lambert est - et restera - le tuteur de Vincent Lambert, cet homme en état végétatif depuis son accident de voiture en 2008. Cette désignation est l'aboutissement d'une querelle familiale de trois ans. D'un côté, les parents du patient, et deux de ses frères et sœurs, refusaient l'arrêt des soins. Tandis que l'autre clan de la famille, représenté par son épouse, Rachel Lambert, souhaitait laisser partir Vincent Lambert.
L'épouse avait été désignée, en mars dernier, par la justice comme étant la tutrice de son mari, c'est-à-dire la responsable d'une personne majeure dont les capacités physiques ou mentales ont été altérées. Mais la famille de Vincent Lambert avait contesté cette décision, faisant alors appel de la décision. Le jugement rendu ce jeudi 7 juillet confirme celui de première instance.
Une femme discrète et guidée par l'amour
Dédiée à la cause de son époux, Rachel Lambert est une femme discrète, qui parle peu dans les médias. Il faudra attendre plusieurs années après l'accident de son mari pour l'entendre dans la presse, notamment à l'occasion de la sortie de son livre-témoignage, Vincent : Parce que je l'aime, je veux le laisser partir (Fayard, septembre 2014). Elle y dresse le portait de son mari, comme pour lui rendre justice et protéger son image après la diffusion sur Facebook de photos de lui, sur son lit d'hôpital. Mais également pour faire entendre sa voix face à la justice, aux médecins et aux parents de son époux.
Jeunes mariés et parents d'une petite fille depuis 2 mois, le destin de ce couple bascule en 2008 après l'accident de voiture de Vincent. Rachel, son bébé sous le bras, occupe quotidiennement les couloirs du CHU de Reims pour être auprès de son mari et accompagner sa guérison. « Les premiers jours après l’accident, je ne pensais qu’à deux choses : que Vincent reste vivant, et ne pas mourir de chagrin. Tant qu’il était sous sédatifs, j’attendais son réveil, pour enfin pouvoir interagir avec lui. Et puis on a arrêté la sédation et je l’ai vu enrouler ses bras. Je sais très bien que c’est un signe de souffrance cérébrale. Quand il a ouvert les yeux, son regard n’était plus vif, comme s’il n’était plus là. Ça aussi, c’est tellement violent… Bien sûr, il y a le fol espoir mais, au fond de moi, je savais : son cerveau était irrémédiablement abîmé », racontait-elle pudiquement au magazinePsychologies en février 2015.
Les mois passent, les médecins arrêtent la sédation, et son époux manifeste des signes d'inconfort et de rejet des soins. C'est à ce moment-là que la femme de 35 ans assure qu'elle a su que son mari tétraplégique désirait « qu'on le laisse partir ». Tous deux infirmiers avant l'accident, ils avaient déjà discuté de ce qu'ils souhaitaient si une situation similaire se présentait, a expliqué Rachel Lambert au JDD. « Je respecte les convictions des parents de Vincent, de sa sœur et de son demi-frère qui pensent, contrairement au reste de la fratrie et à moi, que mon mari doit rester en vie. Simplement, je dis que c'est la parole de Vincent qui devrait être prise en compte. »
"Je suis devenue l'unique chef de ma famille"
En plein conflit familial sur l'avenir de Vincent Lambert, Rachel a abandonné son métier d'infirmière en psychiatrie pour prendre soin de son mari et élever seule leur fille. « En plus de me battre contre l’immense chagrin de l’avoir perdu, il a fallu affronter tous ces gens qui se sont immiscés dans ce que nous avions de plus intime. Je suis devenue l’unique chef de ma famille en un instant, et pour des années », détaille-t-elle à Psychologies.
Cible de propos violents, elle a fait le choix de déménager pour protéger son enfant. L'épouse confie également au mensuel se sentir « terriblement seule ». « Même si nos proches et nos amis souffrent aussi, leur vie n'est pas balayée comme la mienne l’a été. » D'après son avocat, Me Gérard Chemla, grâce à ce rôle officiel de tutrice, confirmée ce jeudi en appel, Rachel Lambert va retrouver « sa place d'épouse » dans une histoire inscrite depuis plusieurs années dans un violent et interminable débat national.
Theresa May sera la deuxième femme premier ministre du Royaume-Uni après Margaret Thatcher.
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Theresa May, qui succède à David Cameron au poste de premier ministre britannique, est une femme pudique et pragmatique qui a traversé de lourdes épreuves.
La grande gagnante du Brexit, c'est elle. Theresa May. Secrétaire d'État à l'Intérieur depuis 2010, elle sera à compter de mercredi la locataire du 10 Downing Street. Autrement dit, le premier ministre du Royaume-Uni. C'est la deuxième femme, après Margaret Thatcher il y a trente ans, à endosser ce rôle. Qui se cache derrière la nouvelle « Dame de fer » ? Décryptage.
Orpheline à 25 ans
Theresa Brasier voit le jour le 1er octobre 1956, à Eastbourne dans le Sussex. Son père est vicaire. Hubert et sa femme Zaidee élèvent leur fille entre sermons et aides à la communauté. L'enfantrêve dès ses 12 ans d'une trajectoire politique, selon The Guardian. Après le lycée, elle file sur les bancs du St Hugh's College d'Oxford pour étudier la géographie. Theresa n'a que 25 ans quand son père décède des suites d'un accident de voiture en 1981. Quelques mois plus tard, Zaidee meurt à son tour, atteinte de sclérose en plaques, rapporte le Daily Mail. Fille unique, Theresa n'a plus de famille.
Avec Philip, un couple solide
Son mari sera alors son « roc ». Un an avant la perte de ses parents, en 1980, Theresa Brasier passe le porche de l'église St Mary The Virgin, de Wheatley, pour épouser un étudiant en géographie à Oxford. Philip et Theresa May se sont rencontrés quelques années plus tôt, lors d'une soirée dansante de l'association des étudiants conservateurs. Ce n'est autre que Benazir Bhutto, la future leader pakistanaise, qui les présente l'un à l'autre, rapporte The Guardian. Leur passion pour le cricket les rapproche, aussi. Philip trace sa route de banquier tout en soutenant Theresa dans son ascension politique et en assurant, à qui veut l'entendre, que son épouse ferait un bon premier ministre. Plus de trente-cinq ans après leur union, le couple s'apprête désormais à entrer main dans la main au 10 Downing Street.
L'anti-Boris Johnson
Alors que Boris Johnson, le maire de Londres et autre étoile du Parti conservateur, est un habitué des déclarations « choc », Theresa May contraste par sa retenue légendaire. Jamais, elle n'a abordé publiquement le sujet de la mort de ses parents. Quand on lui diagnostique un fort taux de diabète en novembre 2012, nécessitant de recevoir quatre injections quotidiennes, elle balaye le problème. « Cela fait partie de la vie... C'est donc le genre de choses pour lesquelles il faut foncer et s'accommoder », déclare-t-elle à l'époque au DailyMail.
Pudique, elle se met rarement en scène. « Je ne suis pas une politicienne qui fait le show, déclarait-elle en juin dernier, selon USA Today. Je ne fais pas le tour des plateaux télévisés, je ne raconte pas de ragots sur les gens à la pause déjeuner, je ne vais pas boire des verres dans les bars du Parlement. »
Une femme "normale" ?
En 2014, la journaliste du Guardian Elizabeth Day pressent le potentiel de la ministre de l'Intérieur de David Cameron. Elle enquête sur la femme derrière la haute fonction et récolte peu de « biscuit ». Si la politicienne a souvent ravi les médias par l'originalité de ses chaussures (à motifs léopard, zèbre, en peau de serpent, rouges, cuissardes...), elle s'avère être un des personnages politiques les plus discrets du Royaume-Uni. Ses proches - peu prolixes ou bien préparés - lâchent de pâles confidences sur sa vie privée. On apprend qu'elle aime boire du St Clément (mélange de jus d'orange et de limonade), cuisiner, faire de la randonnée dans les Alpes, qu'elle refuse de faire ses courses alimentaires en ligne et qu'elle ne jure jamais. Droite, loyale, clean, un brin ennuyeuse, Theresa May répond aux mails le soir de Noël. L'humour ? « Si vous lui racontez une histoire drôle, elle rira mais ne racontera pas d’histoires elle-même », confesse Sam Olsen, son ancien manager de campagne.
Sans enfant et résiliente
Dans la course à la succession de David Cameron, la conservatrice Andrea Leadsom n'a pas hésité à user de bas arguments, quitte à heurter sa rivale. Dans une interview accordée au Time, elle assurait être plus à même d'assurer la fonction de premier ministre. La raison ? Elle était mère de famille, contrairement àTheresa May qui n'a pas enfant. La pique a déclenché une pluie de critiques. C'est à regret que couple May n'a pas pu fonder de famille. C'est un des rares sujets privés sur lesquels la secrétaire d'État s'est épanchée - de façon assez surprenante - dans un récent entretien au Daily Mail, le 2 juillet dernier. « Évidemment, cela nous a tous deux affectés. Vous voyez des amis dont les enfants sont désormais grands, mais vous acceptez ce que la vie vous donne ». Pour sûr, c'est une résiliente qui entrera au 10 Downing Street mercredi.
Ces femmes pionnières dans l'administration et les postes de pouvoir
Actuellement directrice générale adjointe de la Caisse des Dépôts, Odile Renaud-Basso, âgée de 51 ans, a débuté sa carrière à la Cour des comptes avant de la poursuivre à Bruxelles ou encore à Matignon, auprès de Jean-Marc Ayrault. (Paris, le 26 juin 2013.)
Photo Eric Feferberg / AFPReine Sammut
Avec sa fille Nadia, Reine Sammut est à la tête du premier restaurant gastronomique français 100% sans gluten : l’auberge de la Fenière, à Lourmarin (Vaucluse). L’établissement a cette année été une fois de plus couronnée de deux étoiles au prestigieux guide Michelin. Parmi les plats maison : la truffe en croûte de pâte composées de deux farines (châtaignes et quinoa), le Paris-Lourmarin (un Paris-Brest revisité à base de farine de courge et jus d’amande) et du pain (toujours sans gluten), confectionné dans des pots de terre.
Photo Martin Bureau / AFPAnne-Sophie Pic
La chef Anne-Sophie est propriétaire du restaurant gastronomique La Maison Pic, à Valence (Drôme). Elle est la première femme chef étoilé par le guide Michelin. Une distinction qui date depuis 2007 et qu'elle ne cesse d'honorer depuis.
Photo Getty ImagesDiana Holland
Diana Holland, première femme pour diriger le corps des Cadets à la prestigieuse Académie militaire de West Point, est une ancienne combattante en Irak et en Afghanistan. Elle a pris ses fonctions de 76ème commandant des Cadets de l’école des officiers de l’Armée de terre américaine en janvier 2016.
Diana Holland est en charge de l'entraînement des quelque 4000 Cadets de l'Académie, fondée en 1802 et située dans l'Etat de New York. « C'est un privilège de faire partie de l'équipe qui entraîne et forme les leaders de notre armée », avait déclaré Diana Holland au moment de sa nomination.
La leader du parti conservateur et son mari, à l'entrée du Palais de Westminster à Londres, le 11 juillet 2016.
Photo Chris Ratcliffe / AFP
Alors que Theresa May est devenue ce mercredi le 13e premier ministre de la reine Elizabeth, son mari Philip May rejoint, lui, le club restreint des conjoints de l'ombre. Portrait.
De grandes oreilles et un physique d'espion sorti d'un roman de John le Carré. Ainsi pourrait-on décrire Philip John May, le mari de Theresa May, la nouvelle premier ministre britannique. Alors que sa femme devra s'occuper du délicat dossier du Brexit, l'homme rejoint le club restreint des conjoints de l'ombre, aux côtés de Joachim Sauer, le mari d'Angela Merkel, ou encore feu Denis Thatcher. Mais qui est le « premier monsieur » du Royaume-Uni ?
"Il est beau garçon"
Philip est le fils d'un commercial spécialisé dans la vente de chaussures et d'une professeur de français.Il file trouver son destin à Oxford, où étudie déjà Theresa Brasier depuis deux ans. Ils se rencontrent en sirotant des cocktails lors d'une fête de l'association conservatrice de la prestigieuse université, rapporte le DailyMail, par l'entremisede Benazir Bhutto, future femme de tête pakistanaise, assassinée en 2007. Ils ont tout juste 20 ans, partagent la même passion pour le cricket, et succombent. « Il était beau garçon et il y a tout de suite eu de l’attaction entre nous. Nous avons dansé, mais je ne me rappelle plus de la musique », confiait dans un long entretien Theresa May au même quotidien britannique, le 2 juillet dernier. Après quelques années de relation, rapporte L'Express UK,Theresa pose un ultimatum à Philip : la bague au doigt ou la porte. Le conjoint choisit de passer devant monsieur le maire et le couple se dit « oui » en septembre 1980, dans l'église de Wheatley où officie le père de la mariée.
<p>De 2010 à 2016, Theresa May occupe la fonction de secrétaire d'État à l'Intérieur. Lors des meetings et conférences, son époux ne se vexe pas à l'idée de rester en retrait. (Newbury, 21 avril 2012.)</p>
Photo Getty Images
"Un gars normal, sympa"
Quand Theresa se lance à la conquête de Westminster (où officient les parlementaires britanniques), Philip fuse vers la City où il entreprend une brillante carrière dans la finance. Indépendant, il ne rechigne pas à accompagner sa femme dans les meetings et conférences. Une source au parti conservateur a confié au Guardian que l'homme « reste toujours trois pas derrière elle et est très heureux de ne pas être dans la lumière ». Un ami du couple aurait également glissé à la même source que Philip est un « gars normal, sympa, aussi brillant qu'elle ». Ajoutant : « Ils ne sont pas l’un de ces couples où l’un est connu et l’autre aime le reflet de cette célébrité. Ça ne lui viendrait même pas à l’esprit… »
Discret, oui, mais pas effacé non plus. Philip s'impose en effet comme un allié de poids. D'après les dires des équipes du secrétariat d'État à l’Intérieur, où a travaillé sa femme pendant six ans, rapportés au DailyMail, Philip faisait office d'œil de Moscou. Il « écoute ce que les gens disent et le reporte aussitôt à sa femme », relaie cette même source. Autre atout de taille : l'homme a toujours clamé que Theresa May ferait un excellent premier ministre. Et pour cause : « Elle garde toujours son calme». La suite lui a donc donné raison.
"Sex is great, success is better"
Philip, aussi conservateur que son épouse, est aussi connu pour son sens de l'humour. D'après une anecdote relayée par plusieurs médias britanniques, dont le Mirror, alors qu'il était président de l'Oxford Union Debating Society, le jeune étudiant avait convaincu sa petite amie de participer à une joute verbale sur le thème « Sex is great, success is better», autrement dit « Le sexe est génial, le succès encore meilleur »...
Autre exemple, cité par le DailyMail. Alors que sa femme est souvent comparée à Margaret Thatcher - première femme premier ministre au Royaume-Uni - Philip se retrouve assimilé à Denis Thatcher, mari de la « Dame de fer ». Amené à s'exprimer sur cette supposée ressemblance, le financier avait répondu au même journal : « Il n'y a qu'un Denis Thatcher... et puis mon golf est terrible ! »
Un "vrai roc"
Le décès des parents de Theresa May au début des années 1980 a renforcé la solidité du couple. La femme politique confiera des années plus tard à la BBC qu'à cette époque douloureuse, Philip avait été « un vrai roc » pour elle. L'autre drame traversé par les époux est l'impossibilité de fonder une famille.
Quarante ans après leur rencontre, le couple affiche encore une complicité touchante. « Ils sont toujours très amoureux et ont une belle amitié. Il est bien pour elle car (...) elle est juste Theresa à ses yeux (...) Quand ils sont ensemble, ils ont l’air plus jeune», confiait récemment un ami du couple au Guardian. Lorsque le Daily Mail demande « discrètement » à Philip si Theresa était canon dans sa jeunesse, le gentleman répond tout simplement : « Était ? Elle l'est toujours ! »
Theresa et Philip May, un couple uni et assorti
En images
Theresa et Philip May, un couple au 10 Downing Street
Le couple s'est rencontré dans les années 70 sur les bancs de l'université d'Oxford, lors d'une soirée organisée par l'association des étudiants conservateurs. (Londres, le 11 juillet 2016.)
Photo AbacaTheresa et Philip May, un couple au 10 Downing Street
Theresa May a raconté au Daily Mail les dessous de leur rencontre : « Il était beau garçon et il y a tout de suite eu de l’attaction entre nous. Nous avons dansé, mais je ne me rappelle plus de la musique. » (Londres, le 4 juillet 2011)
Photo Getty ImagesTheresa et Philip May, un couple au 10 Downing Street
Chacun a son propre terrain de jeu professionnel : Westminster et la politique pour Theresa ; la City et la finance pour Philip. (Birmingham, le 1er octobre 2014.)
Photo Oli Scarff / AFPTheresa et Philip May, un couple au 10 Downing Street
Tous deux conservateurs, Philip et Theresa accordent leur ligne politique comme leur dressing. (Londres, le 3 juin 2015.)
Patronat, presse, syndicat, conseils d’administration…, dans la république d’Erdogan, les femmes refusent de renoncer à leurs droits. Et agissent à des postes-clés.
Photo SPANI Arnaud / hemis.fr
Patronat, presse, syndicat, conseils d’administration… Dans la république d’Erdogan, les femmes refusent de renoncer à leurs droits. Et agissent à des postes-clés. Rencontre.
Cinq juin dernier, Istanbul. Intervenant lors d’une réunion de l’Association des femmes turques et de la démocratie, le président de la République Recep Tayyip Erdogan martèle : « Je recommanderais aux femmes turques d’avoir au moins trois enfants… Celles qui font passer leur carrière avant leur maternité et refusent d’être mères sont incomplètes. »
Contrer le discours du pouvoir
Deux mois plus tôt, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le même Erdogan n’avait pas hésité à affirmer : « Le plus grand tort qui peut être fait à la femme, c’est de la contraindre à une vie où elle est victime de son indépendance économique. » Et juste avant, début février, c’était son Premier ministre d’alors, Ahmet Davutoglu (remplacé fin mai dernier par Binali Yildirim), qui avait avancé : « Pour nous, les femmes qui font des enfants remplissent leur devoir sacré, qui devrait également être considéré comme un devoir patriotique. »
Comment, dans un contexte où depuis deux ans de présidence Erdogan la liberté des femmes qui travaillent et leur autonomie sont sans cesse attaquées par le pouvoir en place, est-il possible pour celles-ci de résister ? De mener des affaires, de diriger des entreprises ? Dans ce pays de 79 millions d’habitants, où le parti AKP est en position dominante depuis 2002 (Erdogan en est l’un des fondateurs), elles sont pourtant nombreuses celles qui continuent de se faire entendre, de mener une action économique ou politique, et de se battre pour l’égalité des sexes. Cohabitant avec le pouvoir pour certaines, le bravant frontalement pour d’autres.
Une évolution perceptible
Les Turques, qui dès 1934 avaient acquis le droit de vote, sont aujourd’hui sous-représentées au Parlement, et seulement 29,9 % ont un emploi rémunéré contre plus de 58 % dans l’ensemble de l’OCDE. Aussi, le score de 11 % de femmes présidentes de conseils d’administration peut-il surprendre (il place sur ce terrain la Turquie après la Norvège) : il est un signe, timide, d’un changement d’état d’esprit de pères qui, à la tête de grands groupes familiaux, passent davantage le relais à leurs filles. Dans ce pays complexe, impossible à dépeindre en une seule couleur, où minijupes et silhouettes voilées sont visibles, et où certaines actrices de l’économie continuent de soutenir Erdogan envers et contre tout, nous avons rencontré six femmes de toutes les sphères de la société, qui sont autant de voix du changement. Puissantes, en prise avec la réalité économique et sociale d’un pays au cœur de violences meurtrières renouvelées, elles entendent bien ne pas se laisser écarter de la construction de la Turquie de demain.
Portraits de femmes
Cansen Basaran-Symes, présidente de Tüsiad (organisation patronale turque)
Cansen Basaran-Symes, présidente de Tüsiad (organisation patronale turque).
Photo Monique Jacques
"Il est Fondamental que les femmes restent sur le marché du travail"
Un tailleur rouge vif, une coupe au carré, elle avance avec énergie pour nous accueillir. Dans son bureau de présidente du conseil d’administration du groupe d’assurance Allianz en Turquie (lequel a investi plus d’un milliard d’euros dans le pays), Cansen Basaran-Symes est fidèle à l’image qu’elle donne dans les médias. « Je suis née avec une forte personnalité. » Celle qui est à la tête de Tüsiad, l’équivalent turc du Medef, manie l’art de la diplomatie active. « La Turquie ne peut pas se payer le luxe d’éviter un calendrier des réformes », a-t-elle lancé peu après sa nomination l’an passé. Une manière de signifier au pouvoir que son organisation, qu’elle refuse de voir comme « le club d’une élite », entend être acteur du changement. « Je suis surprise quand on me qualifie de courageuse, nous sommes en démocratie et je fais mon job. »
À l’âge de 23 ans, elle s’est expatriée à Copenhague, puis à Londres, avant de revenir en Turquie. Pendant trente-deux ans Cansen Basaran-Symes a travaillé pour le cabinet d’audit américain PwC, dont elle est devenue associée assez rapidement. Nommée Global Leader for Tomorrow au Forum économique mondial de Davos en 2000, elle juge « fondamental que les femmes entrent sur le marché du travail, mais tout aussi important qu’elles y restent en retrouvant leurs postes après un congé maternité. Beaucoup de femmes sont coincées au foyer car le réseau de crèches n’est pas assez développé ». Tüsiad a notamment relayé en Turquie la campagne HeForShe des Nations unies pour l’égalité entre hommes et femmes.
Arzu Çerkezoglu, secrétaire générale du syndicat Disk
Arzu Çerkezoglu, secrétaire générale du syndicat Disk.
Photo Monique Jacques
"J’ai de l’espoir, ce pays va sortir du chaos"
Au rez-de-chaussée du bâtiment qui héberge Disk, le décor évoque le passé de la puissante confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie, créée en 1967, avec 150 000 membres en 2016. Au milieu de cette atmosphère désuète arrive Arzu Çerkezoglu, première femme élue secrétaire générale d’un syndicat, vive et directe. Fille d’une institutrice et d’un ingénieur, Arzu Çerkezoglu, après des études de médecine, arrive en 1986 à Istanbul, est emprisonnée en 1989 pendant un an pour son engagement politique. C’est en 1994 qu’elle fait ses premiers pas au Disk, comme simple militante. Elle est l’une des organisatrices de la marche pour la paix à Ankara le 10 octobre marquée par un attentat y faisant 103 morts. « Ceux qui disent la vérité sont souvent montrés du doigt comme des traîtres. Regardez les intimidations du gouvernement envers des journalistes, des avocats et des universitaires. » Elle-même est poursuivie pour insulte au président (entre autres). « Mais j’ai de l’espoir, ce pays va sortir du chaos, c’est là toute notre bataille », affirme-t-elle.
Vuslat Dogan Sabanci, co-propriétaire et directrice du quotidien "Hürriyet"
Vuslat Dogan Sabanci,co-propriétaire et directrice du quotidien Hürriyet.
Photo Monique Jacques
"Une publication indépendante qui compte bien le rester…"
C’est elle qui présidait la session médiasen mai dernier, à Istanbul, lors du sommet humanitaire mondial organisé par l’Unesco. Elle encore qui, en septembre 2015, après l’attaque des locaux de son journal, avait pris la parole, devant l’entrée, en tailleur blanc, entourée de ses collègues, pour dire : « Nous n’avons pas peur. Nous sommes une publication indépendante et nous comptons bien le rester. » Sa voix douce et son sourire en coin dissimulent mal son autorité, sa détermination. Patronne de Hürriyet, l’un des quotidiens les plus lus en Turquie (plus de 300 000 exemplaires), diplômée de la prestigieuse université Columbia de New York, Vuslat Dogan Sabanci a pris le relais de son père, géant des médias : « Nous sommes trois sœurs, si nous avions eu un frère, les choses auraient sans doute été différentes. » Mariée à l’un des héritiers les plus importants de la famille Sabanci (propriétaire de la compagnie aérienne Pegasus), elle a su maintenir le cap malgré les coups durs. « J’aimerais, explique-t-elle, que la jeune femme d’affaires turque réalise qu’elle peut prendre toute sa place. Devant une possibilité de promotion, un homme saute sur l’occasion, tandis qu’une femme reste souvent de côté. »
Cette mère de deux adolescents a signé dans son journal plusieurs campagnes contre la violence domestique, encouragé le micro-crédit, et ne manque jamais une occasion de pointer la trop faible proportion de femmes au Parlement. « La violence faite aux femmes était encore un sujet tabou il y a quinze ans, et les médias participaient de ce mutisme. Les choses ont enfin bougé. »
Leyla Alaton, Alarko Holding
Leyla Alaton, Alarko Holding.
Photo Monique Jacques
"Nous avons besoin de networking"
Elle est membre du conseil d’administration de l’un des plus gros conglomérats turcs dans les secteurs de l’énergie, du tourisme et de la santé, Alarko Holding (fondé en 1954 par son père), et une voix très populaire sur la question des droits des femmes. Elle a une grand-mère (suédoise) divorcée, et est elle-même mère célibataire… « La femme turque réalise peu à peu que lorsqu’elle est financièrement indépendante, elle peut prendre ses propres décisions. Nous sommes sur la bonne route, estime-t-elle, mais nous avons besoin de networking. Ma mission est aussi de créer du lien entre les femmes pour qu’elles s’entraident », explique cette collectionneuse d’art, hyperactive sur Twitter et Instagram.
Nebahat Akkoç, fondatrice de Kamer, association contre la violence faite aux femmes
Nebahat Akkoç, fondatrice de Kamer, association contre la violence faite aux femmes.
Photo Monique Jacques
"J’ai été témoin du rebond de tant de femmes”
Elle habite Diyarbakir, ville majoritairement kurde au sud-est de la Turquie. Quand nous parvenons enfin à la joindre au téléphone, Nebahat Akkoç dépeint sa région devenue un champ de bataille entre le PKK et l’armée turque. Sa voix est fatiguée. « Deux forces ennemies se font la guerre et un peuple meurt coincé entre les tirs et les bombes. » Cette femme, élevée avec huit frères et sœurs par une mère au foyer et un père fonctionnaire, a fondé Kamer en 1997 : une organisation qui aide les femmes victimes de violences à se reconstruire et à trouver une voie professionnelle. La plupart viennent de milieux très pauvres, beaucoup ont été victimes de « crimes d’honneur ». Avec Kamer, elles acquièrent une indépendance économique en créant broderies, céramiques et sacs vendus localement, mais aussi jusqu’à Saint-Barth ou au MoMA de New York. Aujourd’hui, la fondation compte 50 employés et 200 volontaires pour près de 750 000 femmes accompagnées. « J’ai été témoin du rebond de tant de femmes, » raconte cette ex-institutrice, dont le mari fut arrêté puis tué dans les années 1980 à cause de son engagement politique. « En 1997, nous avons mené un sondage à Diyarbakir : 9 femmes sur 10 confiaient subir la violence au quotidien. En 2009, deux enquêtes ont montré que 9 femmes sur 10 disaient qu’elles ne céderaient plus face à la violence. C’est une avancée ! » À 60 ans, Nebahat Akkoç a reçu l’année dernière le prestigieux prix allemand Anne-Klein.
Aysen Zamanpur, créatrice de Silk & Cashmere
Aysen Zamanpur créatrice de Silk & Cashmere.
Photo Monique Jacques
"Les jeunes sont l’avenir"
Elle a créé de ses propres mains en 1992 la marque de textile Silk & Cashmere, faisant venir de Chine des tissus qu’on retrouve désormais dans de nombreuses villes turques et européennes, dont Paris et Londres. Toute sa vie, elle dit avoir voulu échapper à la routine. « Les jeunes qui se lancent dans l’entrepreneuriat sont l’avenir de ce pays, affirme-t-elle. Ici, 70 % de la population a moins de 35 ans. Quand je suis devenue entrepreneur, il n’y avait aucune ouverture à l’international. Aujourd’hui, la Turquie est dans la même course que le reste du monde. »
Le portrait de six femmes puissantes en Turquie
En images
Turquie : six femmes puissantes à des postes-clés
Cansen Basaran-Symes, présidente de Tüsiad (organisation patronale turque).
Photo Monique JacquesTurquie : six femmes puissantes à des postes-clés
Arzu Çerkezoglu, secrétaire générale du syndicat Disk.
Photo Monique JacquesTurquie : six femmes puissantes à des postes-clés
Vuslat Dogan Sabanci,co-propriétaire et directrice du quotidien Hürriyet.
Photo Monique JacquesTurquie : six femmes puissantes à des postes-clés
Cyrill Gustch, ex-designer, se bat pour la survie des océans.
Photo Éric White
Cet ex-designer se bat pour la survie des océans, condition de la nôtre. Son plan d’action ? Associer les talents de tous horizons. Privilégier l’innovation. Rendre l’écologie lucrative et désirable. Portrait d’un explorateur urgentiste.
Chacun cherche son chemin et Cyrill Gutsch l’a trouvé à 45 ans. Un chemin de godille (ce qui techniquement signifie « nager en accélération continue tout en s’équilibrant »), puissant, souple, un chemin en eaux profondes, habité par une certitude : « Chaque seconde inspiration que nous prenons est générée par les océans. » C’est-à-dire ? Qu’à partir du moment où nous sommes vivants, notre santé est étroitement liée à celle des océans. Et inversement. « Ils sont nos poumons. Sans eux, nous sommes morts, martèle cet homme souriant, toujours vêtu de noir, catogan serré sur le crâne, yeux immenses derrière de larges rectangles de verre. Ils fournissent 80 % de l’oxygène que l’on respire, ils régulent le climat. » Or, les océans sont devenus la poubelle du monde. Leur survie, condition de la nôtre, est le combat de Gutsch.
Pour cela, l’ex-designer né en Allemagne a créé en 2012 Parley For the Oceans - littéralement Pourparlers pour les océans. Un mouvement, une force collective à faire dresser des lames de fond pour bousculer les usages et les consciences. Assez de ce plastique balancé dans les mers qui équivaut, chaque année, à 8 millions de tonnes de déchets (bouteilles, sacs, bouchons, emballages…), dont près de 300 000 tonnes deviendront des déchets flottants et mettront plusieurs centaines d’années pour disparaître. Quand elles n’échouent pas sur les plages, ces matières plastiques sont ingurgitées par les poissons, tortues, oiseaux et mammifères marins qui les confondent avec du plancton, s’étouffent ou le répercutent sur la chaîne alimentaire.
Associer artistes, ingénieurs et scientifiques
L’océan, c’est 70 % de la surface du globe. Pour la plupart d’entre nous, il se résume à un bel espace, mystérieux, souvent redouté, une eau de vacances dans laquelle on trempe son corps huilé. Et à ces montagnes de saumons, de thons et autres poissons qu’on avale (4 000 kilos consommés chaque seconde dans le monde !) sans s’interroger. Comment dans ces conditions faire passer le message au plus grand nombre ?
Idée de génie somme toute assez simple quand on a été pendant quinze ans comme Gutsch stratège de marques : faire intervenir la mode. En bon designer, il connaît le pouvoir de transformation du quotidien par les objets. Héritier du Bauhaus, il sait la force du mélange entre ingénieurs, artistes et scientifiques. En 2014, Parley s’associe avec Pharrell Williams et G-Star Raw pour une collection de vêtements en plastique recyclé. En 2016, avec Adidas pour un superbe prototype de basket fabriqué avec des déchets plastiques, des filets de pêche, et imprimé en 3D. « Cette basket n’est pas seulement un produit, c’est une solution », commente Gutsch. La communication prend. « Le consommateur veut aller dans le futur. Or, la survie des grandes marques dépend aussi de la manière dont ce consommateur les regarde. Je me situe à l’opposé d’une démarche caritative. C’est du business, et c’est comme ça que ça marchera : l’éco-innovation des marques deviendra lucrative. »
Des speakers et des lieux d’exception
Lucide, volubile, enjoué, Cyrill Gutsch a une longueur d’avance, car il est ancré. Sa seconde vie, il la doit à une rencontre à Francfort (où il est né) avec Paul Watson, en 2012. Watson, le patron de Sea Shepherd, défenseur des cétacés, est alors, à 61 ans, poursuivi entre autres pour avoir attaqué des baleiniers nippons (sur la liste rouge d’Interpol, le capitaine est encore aujourd’hui « réfugié écologique » en France). « À cette époque, raconte Cyrill, je me définissais… par le succès et l’argent. Je savais transformer les matières, les concepts. Dans mon ADN, il y a toujours eu cette idée que ce qu’on crée doit servir. Mais à quoi ? Aujourd’hui, je le sais. Changer les choses, c’est accepter des réponses à vos questions qui ne sont pas confortables. »
La question des générations futures lui est naturelle. Les spécialistes disent que si rien ne change, en 2048 les océans compteront plus de plastique que de poissons. Gutsch dit que c’est demain. Pour communiquer, il choisit des lieux et des speakers emblématiques, des créateurs souvent très connus. Il y a quatre ans, l’aventure Parley démarrait dans le Palazzo Chupi new-yorkais du peintre et réalisateur Julian Schnabel. La dernière conférence en mai dernier a bénéficié de l’hospitalité de Benedikt Taschen, galeriste et fondateur des éditions du même nom, sur les collines de Los Angeles, dans une maison qui ressemble à une soucoupe volante, la Chemosphere, construite par John Lautner en 1960. Ça a de la gueule. Comme le studio de David LaChapelle, photographe de célébrités, où les hôtes du jour partagèrent pizzas veganes et pétillant bio. Un peu plus tard, dans la galerie californienne de Taschen, face à d’immenses clichés de requins aux dents déchirant l’eau bleue, frissons garantis quand le génial photographe Michael Muller narre le récit de ses face-à-face énamourés avec les squales. Et pourtant. L’essentiel n’est pas là. Encore une fois, c’est l’information qui mobilise, et Cyrill Gutsch choisit les experts les plus pointus.
Dix ans pour changer
À l’écouter interroger un peintre puis une exploratrice, un reporter du New York Times, traqueur de cargos illégaux, sur leurs vies et leurs œuvres, on pense à cette phrase de Rilke : « Le monde est grand, mais en nous, il est profond comme la mer. » Comme la plupart de ceux qui ont - vraiment - envie de changer le monde, d’y apporter une autre qualité, Gutsch questionne la conscience de chacun, et ces gouffres intérieurs - ou nos motivations intimes - qui sont le moteur de presque tout. Parley travaille avec la Nasa et son labo californien JPL. « Les experts nous donnent dix ans pour changer la donne. Après, ce sera joué », conclut Gutsch.
Karine Icher et Glwadys Nocera, les deux golfeuses tricolores au JO de Rio.
Photos AFP
[Série JO 2016] Après 112 ans d’absence, le golf fait son retour aux JO… Karine Icher et Glwadys Nocera, les deux représentantes tricolores, sont de « vieilles routières » du circuit dont l’expérience peut réellement les faire rêver d’un podium. Portraits croisés.
Une grande page de l’histoire du golf va s’écrire à Rio… Après 112 ans d’absence, la discipline revient au calendrier des épreuves olympiques, du 11 au 14 aout pour les hommes et du 17 au 20 août pour les femmes. Pour être à la hauteur de l’événement, les brésiliens ont vu grand. Ils ont fait construire 18-trous de type links, à Barra Di Tijuca, par l’un des plus grands architectes américains. Malheureusement depuis quelques semaines les meilleurs joueurs du monde déclarent forfait pour cette compétition. Zika, calendrier trop chargé… Les raisons invoquées sont variées et plus ou moins recevables. Chez les femmes en revanche beaucoup moins de forfaits. Toutes les grandes championnes seront présentes à Rio. Côté français, les deux joueuses sélectionnées ont un atout de taille pour espérer décrocher une médaille : une grande expérience de la compétition. En cœur, elles avouent être particulièrement fières de représenter les couleurs de leur pays pour cette première compétition olympique… Depuis 1904 !
Karine Icher, chef de file tricolore
Cette Castelroussine de 37 ans est la plus frenchy de nos golfeuses… Cela fait plus de dix ans qu’elle fait carrière à temps plein aux États-Unis, sur le LPGA Tour - la voie royale du golf féminin où les gains sont dix fois plus élevé qu’en Europe. Sans faire de bruit, elle y a fait son petit bonhomme de chemin. Certes, elle a moins de victoires au compteur que sa compatriote Glwadys Nocera (une seule en Europe) mais elle a su s’imposer comme une valeur sûre du Tour Américain, avec des résultats extrêmement réguliers : 90% de « cut » - barrage après deux jours de compétition- passés chaque saison, une bonne place dans le top 60 du Rolex Rankings - le classement mondial – et trois sélections en Solheim Cup (la Ryder Cup au féminin). En 2013, elle a même tranquillement franchi le cap des 3 millions de dollars de gain sur le circuit américain. Rien ne la prédestinait pourtant à faire sa vie dans le golf. Un père et une mère « non joueurs », une fille unique qui s’épanouit dans la danse et le tennis… A l’âge de 9 ans, le hasard la conduit au Golf de Villedieu qui organise ses journées portes ouvertes. Une révélation. Pour elle, mais aussi pour les pros qui l’initie. Karine a ce petit truc en plus. On fait comprendre à ses parents qu’elle devrait persévérer… Et la machine se met en route. École de golf au Val de l’Indre, première sélection en équipe de France à 12 ans, un titre de championne de France benjamine et minime en 1994 et 1996, un palmarès amateur renversant dont une victoire aux Championnats du Monde amateur où elle fait équipe avec… Glwadys Nocera, qui l’accompagnera aux JO de Rio !
Karine Icher est l’une des rares championnes à marier vie professionnelle et familiale.
Son adolescence est rythmée par son swing : entrainement à haute dose, école buissonnière pour participer à ses championnats... À 17 ans, elle sait qu’elle fera carrière avec ses clubs, mais préfère d’abord obtenir un DUT de gestion, au cas où sa vie chez les pros serait un échec. Il n’en est rien. Elle réussit du premier coup son entrée sur le circuit européen avant de tenter sa chance aux Etats-Unis. On est en 2005, Karine Icher décroche une invitation pour jouer le Corona Championship au Mexique. Elle transforme l’essai en terminant deuxième du tournoi. Une place sur le podium qui lui vaut d’obtenir un sésame pour disputer toute sa saison sur le Tour Américain. On ne la reverra qu’occasionnellement en Europe. Aujourd’hui elle a fait sa vie en Floride, à Orlando, avec son mari Fred Bonnargent - qui fut un temps son caddy – et sa fille de 5 ans, Lola. Elle est même l’une des rares championnes à marier vie professionnelle et familiale. « Il n’y a qu’aux Etats-Unis que cela est possible. Sur tous les tournois, nous avons une crèche et une école maternelle gratuite à disposition. J’y dépose ma fille le matin, avant d’aller jouer et je la récupère le soir. Sans cette facilité je n’aurai jamais pu poursuivre ma carrière ». A Rio, elle sera fière de représenter les couleurs de son pays, la France, et part clairement avec l’ambition de ramener une médaille.
Glwadys Nocera, pilier des greens
Aujourd’hui Glwadys Nocera a réellement acquis la réputation d’une joueuse d’expérience.
Photo presse Lacoste
C’est une valeur sûre du golf qui défendra les couleurs de la France à Rio. Glwadys Nocera, 41 ans, évolue depuis plus de 16 ans sur les circuits pro… Et avec succès. Régulièrement placée dans le top 5 des meilleures joueuses du Ladies European Tour, elle compte 15 victoires, un nombre incalculable de places d’honneur et quatre sélections dans l’équipe Européenne de Solheim Cup. Son secret : un driving et un jeu de fers solides mais aussi une grande lucidité et une maturité hors pair. Quelques jours avant de s’envoler pour Rio, elle ne boude pas son plaisir d’avoir été sélectionnée pour les J0 – contrairement aux nombreux golfeurs (Rory Mc Illroy, Victor Dubuisson, Adam Scott…) ayant déclaré forfait sous prétexte d’un virus Zika à risque. Partir au Brésil était même l’objectif de sa saison. « J’attends avec impatience cette expérience, celle du village, de la rencontre avec les autres athlètes et pourquoi pas celle de la Marseillaise sur le podium. Les jeux laissent des images dans la tête que l’on n’oublie jamais, des moments de sport que l’on ne vit nulle part ailleurs. » Elle se souvient ainsi des exploits de Carl Lewis, de Marie-Jo Perec ou de la victoire des « Barjots » en hand-ball.
Sportive dans l’âme, Glwadys l’est indéniablement. Une constante même de l’ADN des Nocera. Elle tape ses premières balles à l’âge de 7 ans, en famille, au golf du Val de Cher, puis à Vichy, mais pratique aussi tennis, hand, gym… La petite balle blanche ne l’a pas conquise immédiatement. Elle a progressé lentement… Mais sûrement, défendant d’abord les couleurs de son club, puis celles de sa ligue et de son pays, dans les équipes de France. Elle s’est prise au jeu, rattrapée par son gout pour la compétition. Poussée aussi par une famille de « golfeurs » -son père a travaillé pendant plus de trente ans à la Fédération, sa sœur, Estelle, dirige aujourd’hui le Golf de Chiberta. Après une très belle carrière amateur auréolée d’un titre de championne du monde par équipes, elle hésite encore à franchir le pas du professionnalisme et préfère poursuivre ses études à la « New Mexico State University », pour s’assurer un bon bagage (un diplôme de commerce international) tout en perfectionnant son swing au sein de l’équipe universitaire. Quelques années plus tard, ses premiers pas sur le circuit pro, en 2002, seront vite couronnés de succès. Aujourd’hui Glwadys a réellement acquis la réputation d’une joueuse d’expérience. Installée près de Genève, elle voit régulièrement Benoît Ducoulombier, son coach depuis 2012, mais sait aussi se fixer ses programmes d’entrainement, avec de bons repères techniques, « comme un pianiste qui ferait ses gammes » se plait-elle à dire. Avec, en sus, une bonne dose de physique, elle se dit prête pour Rio. Gonflée à bloc, « si fière de défendre nos couleurs ». Une médaille serait un bel aboutissement pour sa longue carrière.
Vidéo : ces femmes qui ont marqué les jeux olympiques
Entrepreneuse, mère, sportive et femme active, Sarah Ourahmoune est une battante à plusieurs titres.
Photo Reebok
[Série JO 2016] Entrepreneuse et mère, la Française âgée de 34 ans est la première boxeuse française à s'être qualifiée aux Jeux Olympiques. Portrait d'une battante.
Sarah Ourahmoune a 34 ans et un parcours qui force le respect. Elle est la première boxeuse française à s'imposer aux jeux olympiques. Rio peut lui apporter la gloire mondiale qu'elle a déjà connue en 2008 avec le titre de championne du monde des poids mouches (-51 kg). Un retour en force pour la professionnelle qui cumule les zones de combats sur le ring et dans la vie.
Qui est-elle ?
Sarah est née à Sèvres en 1982. Son père est restaurateur ; sa mère aide-soignante. Elle grandit dans une famille de six enfants - trois garçons, trois filles. « Ma mère tenait à ce que je fasse du sport, alors j'ai fait de la danse, de la piscine, du volley, du judo, du taekwendo », raconte-t-elle par téléphone. Puis la famille déménage à Aubervilliers. Pas de club de taekwendo aux alentours. Le hasard des rencontres se charge alors de son destin. « Je suis allée me renseigner à la salle de Boxing Beats d'Aubervilliers, l'entraîneur m'a parlé de la boxe anglaise et m'a proposé un cours d'essai. »Sarah enfile les gants et s'inscrit dès le lendemain.
Quel est son parcours ?
La boxeuse a décroché en 2008 le titre de championne du monde.
Photo Reebok
Sarah Ourahmoune n'a que 14 ans pense devenir vétérinaire, médecin ou d'autres métiers « dont rêvent beaucoup fillettes à cet âge ». « Il y a quinze ans, aucune femme ne s'entraînait, et surtout pas à Aubervilliers, plaisante-t-elle à l'autre bout du fil. Je me prenais des remarques, mais je me suis appuyée sur elles pour faire encore mieux. »
À l'époque, les compétitions féminines de boxe n'existent pas en France. La fédération les autorise en 1997. Deux ans plus tard, Sarah Ourahmoune a 17 ans et gagne son premier titre de championne de France. Il y en aura neuf autres, suivis de trois titres de championne de l'Union européenne (2007, 2008, 2009). Au début des années 2000, la boxe anglaise féminine n'est pas assez populaire : l'équipe de filles va s'entraîner à l'étranger. En 2008, Sarah Ourahmoune devient championne du monde. Quatre ans plus tard, la boxeuse rate sa qualification pour les jeux olympiques de Londres et déchante.« Je pensais avoir fait le tour et arrêter ma carrière », nous confie-t-elle.
Elle n'en fera rien. Et marquera une pause de deux ans : le temps de donner naissance à sa fille, et de suivre des cours d'entreprenariat à Sciences Po. La boxe lui manque, sans parler du Graal : un titre olympique. Elle renfile les gants et décroche son ticket pour les jeux de Rio de 2016. Pour caresser l'espoir d'une qualification, elle a du lancer une campagne de crowdfunding, qui lui rapportera 4720 euros. « La fédération prend en charge les frais d'inscription et de déplacement mais pas la préparation, explique-t-elle par téléphone. Les sponsors sont rares en boxe, surtout au cours d'une année olympique où on retrouve d'autres sportifs très médiatisés. »
À l'image de bien des femmes actives, son ambition la force à jongler entre ses multiples vies et agendas. La championne n'a jamais vécu de la boxe, elle est éducatrice spécialisée pour les jeunes en situation de handicap mental. En parallèle, elle a lancé sa start-up, Boxer Inside, qui propose aux entreprises des ateliers de team building autour du sport. « On peut faire beaucoup d'analogies entre la boxe et le monde de l'entreprise, détaille-t-elle. Sur le ring, on doit aussi maîtriser ses émotions, gérer son stress, sa colère, avoir le sens de l'effort. »
Également en cours : le lancement de gants de boxe connectés pour mieux évaluer sa force et son entraînement. L'entrepreneuse manque de temps mais a intégré l'incubateur Paris Pionnières pour doper son activité. Pour le moment, ses yeux sont fixés sur Rio. Le 3 août prochain, elle laissera sa petite fille de trois ans en France pour, espère-t-elle, aller décrocher sa revanche et une victoire symbolique.
Vidéo : ces femmes qui ont marqué les jeux olympiques
La joueuse thaïlandaise lors de la finale du tournoi Yonex-Sunrise India Open Badminton.
Photo Getty Images
[Série JO 2016] Elle s'appelle Ratchanok Intanon. À 21 ans, elle représente le meilleur espoir de médaille pour son pays, la Thaïlande. Un défi que la jeune joueuse aborde avec confiance et détermination.
Depuis qu'elle a 13 ans, Ratchanok Intanon ne cesse d'impressionner le monde du badminton. La jeune championne, aujourd'hui âgée de 21 ans, devrait briller pour sa deuxième participation aux jeux olympiques, ceux de Rio, au Brésil, qui s'ouvrent le 5 août. Son pays compte sur elle.
Qui est-elle ?
Ratchanok Intanon n'a pas perdu son temps. Moins de 10 ans après être entrée dans le circuit des compétitions de haut niveau en badminton, la jeune Thaïlandaise s'apprête à participer à ses deuxièmes jeux olympiques, cet été au Brésil.
Née le 5 février 1995 à Bangkok, Ratchanok Intanon est fille d'ouvriers. Ses parents travaillaient dans une usine de bonbons, raconte Badmania, site français spécialisé dans l'univers de ce jeu où excelle la jeune championne qui, selon son compte Twitter, jongle entre l'université et les terrains de badminton.
Quel est son parcours ?
Ratchanok Intanon participe à son premier championnat du monde junior à seulement13 ans. Elle est éliminée en quart de finale. L'année suivante, elle termine sur la première marche du podium et entre alors dans l'histoire : jamais personne avant elle n'avait remporté le BWF World Junior Championships aussi jeune, détaille Badmania avant d'ajouter que la petite prodige conservera son titre trois ans de suite. Du jamais vu dans cette compétition.
Au fur et à mesure des compétitions, la jeune joueuse confirme son statut de championne. Elle passe numéro 1 mondiale en avril 2016 avant de rechuter et d'occupe rà ce jour à la 4ème place.
Quelles sont ses chances ?
Sorte de demi-déesse dans son pays, Ratchanok Intanon demeure aujourd'hui le meilleur espoir de médaille pour la Thaïlande. « Je n'aime pas juste le badminton, c'est ma vie », dit sa photo de profil sur son compte Twitter, suivi par près de 50.000 personnes. Un message qui en dit long et qui prévient ses futures concurrentes.
Car Ratchanok Intanon n'a pas l'intention de rester sur sa défaite à Londres, lors de ses premiers jeux olympiques. Un temps soupçonnée de dopage par la fédération mondiale de badminton, la joueuse a été blanchie de tout soupçon le 18 juillet dernier. « J'étais confiante, je suis heureuse que justice me soit rendue. Je vais maintenant m'entraîner pour espérer ramener une médaille pour les Thaïlandais. » C'est tout ce que son pays lui demande.
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Cyclisme sur route et VTT, Pauline Ferrand-Prévot vise au moins une médaille dans l’une des deux disciplines pour sa seconde participation au jeux olympiques de Rio.
Photo FFC / P.Pichon
[Série JO 2016] La jeune femme, déjà championne du monde de vélo sur route, de cyclo-cross et de VTT, fait partie de la délégation française de ces jeux olympiques. Focus sur la nouvelle héroïne du cyclisme français.
Le cyclisme féminin sort de l'ombre et s'affiche sous les projecteurs, au risque d'écorner la mythique Jeannie Longo. Au Brésil, que ce soit sur les bords de mer en cyclisme sur route ou sur le circuit VTT de Deodoro, un quartier de Rio, Pauline Ferrand-Prévôt va tenter de réaliser un doublé olympique à seulement 24 ans.
Qui est-elle ?
Pauline Ferrand-Prévôt est née le 10 février 1992 à Reims, d'un père marchand de vélos - qui dit mieux - et d'une mère qui gèrera plus tard le fan-club créé pour sa fille. En somme, la Française était prédestinée à embrasser une carrière dans le cyclisme. Afin d'y parvenir, la jeune femme parcourt des dizaines de kilomètres par jour à vélo, et enchaîne parfois avec une séance de natation, de course à pied ou de musculation. Autre signe distinctif : on dit d'elle, qu'elle est la Kate Middleton de l'hexagone.
Quel est son parcours ?
« Prête pour Halloween », a ironisé la jeune femme sur Twitter après sa blessure le 2 Juillet lors des championnats du monde de VTT en République Tchèque.
« PFP » a déjà plus d'une corde à son arc. En septembre 2014, elle gagnait le championnat du monde sur route à Ponferrada en s'imposant au sprint, en Espagne, devenant ainsi la première Française à remporter ce titre depuis Jeannie Longo en 1995. Avant de rafler dans la foulée, en 2015, les podiums mondiaux de cyclo-cross (Tabor, République Tchèque) et de VTT (Andorre). Elle dira de cette dernière épreuve dans le cadre d'une interview pour le journal l'Equipe : « Andorre, ça a été ma plus belle victoire, Toute ma famille était présente. J’avais dû soigner une sciatique, et j’étais revenue au plus haut niveau. C’était fantastique. » Ainsi, Pauline Ferrand-Prévot est devenue, à 23 ans, la première cycliste de l'histoire à détenir simultanément un titre mondial sur trois disciplines différentes, en plus d'avoir été sacrée 24 fois championne de France. Mais cette saison a été plus difficile pour la jeune Pauline. La cause ? De nombreuses blessures.
Quelles sont ses chances ?
Le 2 juillet, elle a perdu son titre de championne du monde de VTT après une mauvaise chute pendant la course, en République tchèque. Blessée au visage, elle a réagi avec humour sur Twitter, se disant « prête pour Halloween ». Et la sciatique apparue à Andorre s'est réveillée. Auparavant, c'était déjà le genoux. Mais pas de quoi décourager notre jeune championne, qui s'est déjà rendue personnellement sur les lieux, à Rio, pour prendre connaissance du terrain. Et pour la troisième année consécutive, Pauline a décroché le titre de championne de France de cross-country le 16 juillet dernier à Montgenèvre (Hautes-Alpes). Motivée et déterminée, elle l'est. Et ses blessures, affichées sur les réseaux sociaux, sont autant de preuves lancées à la figure de ceux qui oseraient dire le contraire. Dans un entretien accordé au Figaro le 2 janvier 2016, la jeune sportive confiait à propos de Rio : « ce doublé, c’est ce que je veux et je vais me donner les moyens de le réaliser ». On a très envie de la croire.
Vidéo : ces femmes qui ont marqué les jeux olympiques
Ibtihaj Muhammad est la première athlète américaine portant le voile à représenter son pays aux Jeux Olympiques.
Sean M. Haffey / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
[Série JO 2016]Élue parmi les personnalités les plus influentes au monde par le magazine Time, elle est la première athlète américaine voilée à faire son entrée aux jeux olympiques.
Ibtihaj Muhammad est devenue championne d'escrime par la force des choses. C'était l'un des rares sports avec lequel la foi musulmane de la jeune américaine était réellement compatible. Sous le masque, elle n'est plus musulmane, ni noire, ni même une femme. Mais une athlète américaine en partance pour les jeux olympiques de Rio.
Qui est-elle ?
Eugene Muhammad et Denise Garner, ses parents, ont toujours tenu à ce que leurs cinq enfants fassent du sport. Ibtihaj Muhammad s'essaie au volley, au basket, mais la question de la tenue de sport pose problème. Sa mère la rapièce pour qu'elle couvre bras et jambes, explique Ibtihaj Muhammad sur le plateau d'Ellen DeGeneres, animatrice américaine. À douze ans, mère et fille passent devant des collégiens qui s'entraînaient à l'escrime, affublés d'un masque, d'un pantalon et d'une veste. « Elle m'a dit :"Je ne sais pas ce que c'est, mais je veux que tu essaies"», plaisante Ibtihaj Muhammad interviewée par USA Today. Avec l'escrime, pas de polémique : son voile n'existe plus.
Quel est son parcours ?
La jeune Américaine enchaîne les compétitions, et les victoires. Elle ressort diplômée en relations internationales et études afro-américaines de l'université de Duke, crée Louella, sa propre marque de vêtements pour femmes voilées et modeuses. « Je voulais que l'équipe d'escrime américaine soit plus diverseet je me suis dit : "quelle meilleure façon d'y arriver que de s'y mettre et se qualifier dans l'équipe américaine ?"», confiait-elle au Elle USA.
L'athlète a dû essuyer les critiques et bien des préjugés pour se frayer un chemin vers la lumière. « Ça a été dur d'entendre dire que je n'avais rien à voir avec l'escrime parce que j'étais noire, ou musulmane, a-t-elle encore confié à la chaîne USA Today. Je me suis battue contre ça quand j'étais jeune (...) Il y a peu, je faisais un tour avec mes partenaires quand un homme m'a arrêtée en me disant que j'avais l'air suspecte et m'a demandé si j'allais faire exploser quelque chose. »
Quelles sont ses chances ?
Qu'importe : Ibtihaj Muhammad sera la première femme en hijab à représenter les États-Unis lors des jeux olympiques. Elle est désignée comme l'une des 100 personnalités les plus influentes au monde en 2016 par le magazine Time. Tout un symbole. « J'aimerais que non seulement les musulmans mais aussi les jeunes des minorités en général croient en eux-mêmes et qu'ils ne laissent pas les préjugés des autres définir leur avenir, déclare-t-elle dans une vidéo postée sur son compte Instagram. Je veux qu'ils aient de grands objectifs et qu'ils croient en leur capacité à les atteindre. » L'Amérique, elle, croit en Ibtihaj Muhammad.
Ibtihaj Muhammad, des médailles et des combats
En images
Ibtihaj Muhammad, en route vers les JO de Rio
L'escrime était un des seuls sports qu'Ibtihaj Muhammad pouvait pratiquer sans avoir à faire de concessions sur sa tenue de sport.
Photo compte Instagram @ibtihajmuhammadIbtihaj Muhammad, en route vers les JO de Rio
En avril 2012, en route pour le championnat du monde d'escrime à Kiev, en Ukraine.
Photo compte Instagram @ibtihajmuhammadIbtihaj Muhammad, en route vers les JO de Rio
En décembre 2012, elle est invitée à dîner à la Maison Blanche avec le président Barack Obama.
Photo compte Instagram @ibtihajmuhammadIbtihaj Muhammad, en route vers les JO de Rio
Le 15 décembre 2013, Ibtihaj Muhammad décroche l'or de la North American Cup à Texas.
La nageuse américaine a remporté le 400m nage-libre aux JO de Rio, le dimanche 7 août 2016.
Photo CHRISTOPHE SIMON / AFP
À 19 ans, Katie Ledecky vient de remporter la médaille d’or sur le 400 m nage libre, écrasant dans la foulée son propre record du monde. Portrait express de la reine des bassins.
3 minutes 56 secondes et 46 dixièmes. C’est le (peu) de temps qu’il a fallu à Katie Ledecky pour remporter son 400 m nage-libre. Ce nouveau record mondial (précédemment déjà détendu par elle) a assuré la première marche du podium olympique de l'Aquatics Stadium à la nageuse américaine, loin devant ses concurrentes dont la Française, Coralie Balmy.
Aujourd'hui encore, hormis sa grande taille (1,83 mètre tout de même), Katie Ledecky n'a pas vraiment le physique de l'emploi et cultive son image de girl next door : après avoir suivi des cours d’études politiques et d’histoire chinoise à l’université de Georgetown, à Washington, la jeune étudiante s'apprête à faire sa prochaine rentrée dans la prestigieuse université de Stanford, en Californie.
Un requin des bassins
La nageuse américaine lors du 400m nage-libre à Rio, le dimanche 7 août 2016.
Photo MARTIN BUREAU / AFP
Sympa, polie, bien élevée, la tête sur les épaules, Katie Ledecky est le genre de sportive qui encourage ses équipiers et se comporte bien lors des conférences de presse, rapporte l'article de Slate. « Mais dans la piscine, c'est un requin ». Katie Ledecky s'entraîne dur. Elle a par exemple décidé de ne pas s'épiler les jambes pendant plusieurs mois pour être freinée au maximum avant la compétition. Ses efforts paient.
La nageuse semble aller toujours plus loin dans la performance. Le combat ne se déroule pas entre elle et les autres. Mais plutôt entre elle et ses précédentes performances. Qu'elle ne manque pas de dépasser.
11 records du monde
Après sa victoire surprise au 800 m nage-libre lors de ses premiers JO à Londres en 2012 - elle avait 15 ans - Katie Ledecky n'est plus une inconnue dans l'univers de la natation. Après sa performance, elle reçoit le Golden Goggles Awards de la meilleure performance de l'année 2012.
Un an plus tard aux championnats du monde en grand bassin de Barcelone, elle remporte l'or au 400 m nage libre et devient championne du monde et recordwoman du monde du 1500 m nage libre. Quelques jours plus tard, Katie Ledecky remporte le 800 m nage libre, avec un nouveau record du monde à la clé. Elle est la deuxième nageuse a réaliser le triplé 400, 800, et 1500 m.
L'année dernière en Russie, la nageuse réalise le quadruplet sur 200, 400, 800 et 1500 m nage libre aux championnats du monde de Kazan (en améliorant en outre les records du monde sur 800 m et deux fois de suite pour le 1500 m).
Katie Ledecky détient 11 records du monde, s'est souvent battue elle-même, et se présente comme l'une des favorites de Rio. Prochaine étape ? Le 800 m nage-libre le 11 août, où tous les regards seront tournés vers le couloir de ce prodige de 19 ans.
JO : les déesses des stades olympiques
En images
Wilma Rudolph
En 1960 à Rome, Wilma Rudolph, jeune athlète afro-américaine de 20 ans, est sacrée sur 100 m, 200 met au relais 4 x 100 m. Pour fêter ses trois titres olympiques, elle oblige alors le gouverneur du Tennessee, ségrégationniste modéré, à organiser un événement ouvert à tous, quelles que soient leurs origines. Surnommée « La Gazelle Noire », Wilma Rudolph est considérée encore aujourd'hui comme « la plus grande influence pour toutes les athlètes noires américaines ».
Photo GammaNadia Comăneci
À Montréal en 1976, la jeune roumaine Nadia Comăneci devient l'enfant chéri du public avec ses cinq médailles dont trois en or, une en argent et une en bronze. Elle est même la première gymnaste au monde à obtenir la note parfaite de 10, le tout à 14 ans. Elle récidive quatre ans plus tard à Moscou en repartant avec deux autres breloques.
Photo APNawal El Moutawakil
La même année, Nawal El Moutawakil, marocaine de 22 ans, entre dans l'histoire comme la première femme arabe, africaine et musulmane à remporter une médaille d'or aux jeux olympiques, en pulvérisant en même temps le record d'Afrique du 400 m haies, en 54 secondes et 61 centièmes. Elle est membre du CIO depuis 1995.
Photo APMarie-José Pérec
Marie-Jo Pérec est la seule Française à être triple championne olympique. Elle glane l’or aux JO de Barcelone en 1992 pour le 400 m, et deux fois à Atlanta en 1996 pour le 200 m et le 400 m. « La gazelle » détient un certain nombre de records notamment celui du premier athlète, hommes et femmes confondus, à avoir remporté la médaille d’or sur 400 m lors de deux olympiades consécutives.
Elle était un meme sur Internet, aujourd'hui l'ancienne gymnaste américaine McKayla Maroney prend son envol dans la musique.
Photo Instagram/mckaylamaroney
Elle avait brillé lors des jeux olympiques de Londres en 2012. Mais la gymnaste américaine est bien plus qu'un "meme" sur Internet et compte bien le prouver dans la chanson.
Vous ne vous souvenez peut-être pas de son nom, mais sa moue ne vous est probablement pas étrangère. En 2012, McKayla Maroney, en recevant sa médaille d'argent au saut de cheval de gymnastique artistique lors des derniers jeux olympiques de Londres, avait été immortalisée par les caméras en pinçant ses lèvres sur le côté. L'image est devenue instantanément culte. Dans le jargon Internet, on appelle cela un « meme ». Le cliché de la championne américaine, baptisé « pas impressionnée », est alors détourné dans des photos montages hilarants. Un Tumblr lui est même entièrement dédié.
Quatre ans après ce sacre 2.0, McKayla Maroney a annoncé qu'elle prenait sa retraite de la gymnastique pour se consacrer à une autre discipline tout aussi artistique : la musique. Portrait d'une jeune femme qui débute, à 20 ans, sa seconde vie.
Un phénomène sur Internet
McKayla Maroney est née le 9 décembre 1995 à Aliso Viejo, dans une petite ville au sud de Los Angeles, en Californie. Elle fait ses premiers pas de gymnaste à l'âge de deux ans. Précoce, l'Américaine débute sa carrière de championne en 2011 dans des compétitions nationales - où elle rafle un paquet de médailles d'or - avant de plonger dans le grand bain des compétitions internationales. D'abord, les championnats du monde, à Tokyo en 2011, d'où elle repart avec deux médailles d'or (concours général par équipes et en saut de cheval). Puis ses premiers JO. Là encore, la gymnaste brille au concours général par équipes (médaille d'or) et en individuel au saut de cheval (médaille d'argent). C'est grâce à cette dernière médaille qu'elle entre dans l'histoire des memes, allant jusqu'à poser avec Barack Obama lors d'une visite à la Maison Blanche.
En pleine crise d'identité
La championne avec la président américain. (Washington, le 15 novembre 2012.)
Photo Pete Souza / The White House/ AFP Photo
Véritable phénomène sur Internet, McKayla Maroney s'amuse de cet engouement. Après les jeux olympiques, elle remporte en 2013 une dernière médaille d'or en concours international - toujours en saut de cheval. Mais l'année suivante, la jeune championne enchaîne les problèmes de santé et doit mettre fin à sa carrière de gymnaste.
Une nouvelle vie commence alors, « même si c'est loin d'être facile», confie t-elle dans une interview au US Weekly. « Je me suis perdue, j'étais en pleine crise d'identité. Les gens me voyaient comme "la gymnaste" alors que je ne faisais plus de compétition », explique McKayla Maroney. « Je ne veux pas décevoir les gens mais je ne suis pas qu'une médaille d'or ! Je suis bien plus qu'une gymnaste. Ce que je fais ne me définit pas. »
De la "pop vulnérable"
La nouvelle vie de McKayla Maroney se passe dans un studio de musique et, à de rares occasions, sur le petit écran. Elle a tenu un rôle mineur dans quelques épisodes de la série Hart of Dixie - avec Rachel Bilson - puis a joué une gymnaste dans Bones. Décidément. La jeune femme se lance alors dans la musique, et en septembre elle sortira son premier single, intitulé Ghost (fantôme en français).
À propos de sa musique, la jeune artiste explique à US Weekly : « J'aime qualifier mon style musical de "pop vulnérable" parce que tout est guidé par la mélodie et les paroles. C'est mon cœur qui parle. » Parmi ses influences, McKayla Maroney cite Taylor Swift. « J'aime chanter à propos de l'amour », assure-t-elle avant d'avouer que sa vie de gymnaste professionnelle l'a éloignée des garçons. « Je m'entraînais huit heures par jour et, en dehors de cela, je faisais mes devoirs ou j'écrivais des chansons. » Désormais, l'aspirante chanteuse, affranchie de la compétition, aura tout le loisir d'explorer le sentiment amoureux.
Découvrez d'autres sportives cultes des jeux olympiques
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Wilma Rudolph
En 1960 à Rome, Wilma Rudolph, jeune athlète afro-américaine de 20 ans, est sacrée sur 100 m, 200 met au relais 4 x 100 m. Pour fêter ses trois titres olympiques, elle oblige alors le gouverneur du Tennessee, ségrégationniste modéré, à organiser un événement ouvert à tous, quelles que soient leurs origines. Surnommée « La Gazelle Noire », Wilma Rudolph est considérée encore aujourd'hui comme « la plus grande influence pour toutes les athlètes noires américaines ».
Photo GammaNadia Comăneci
À Montréal en 1976, la jeune roumaine Nadia Comăneci devient l'enfant chéri du public avec ses cinq médailles dont trois en or, une en argent et une en bronze. Elle est même la première gymnaste au monde à obtenir la note parfaite de 10, le tout à 14 ans. Elle récidive quatre ans plus tard à Moscou en repartant avec deux autres breloques.
Photo APNawal El Moutawakil
La même année, Nawal El Moutawakil, marocaine de 22 ans, entre dans l'histoire comme la première femme arabe, africaine et musulmane à remporter une médaille d'or aux jeux olympiques, en pulvérisant en même temps le record d'Afrique du 400 m haies, en 54 secondes et 61 centièmes. Elle est membre du CIO depuis 1995.
Photo APMarie-José Pérec
Marie-Jo Pérec est la seule Française à être triple championne olympique. Elle glane l’or aux JO de Barcelone en 1992 pour le 400 m, et deux fois à Atlanta en 1996 pour le 200 m et le 400 m. « La gazelle » détient un certain nombre de records notamment celui du premier athlète, hommes et femmes confondus, à avoir remporté la médaille d’or sur 400 m lors de deux olympiades consécutives.
Tricia Miranda a chorégraphié des vidéos pour Beyoncé, Iggy Azalea ou H&M.
Photo Facebook / Tricia Miranda
Beyoncé, Taylor Swift, Jennifer Lopez... Elle a travaillé pour les plus grandes. Mais aujourd'hui, c'est elle la star. Portrait d'une chorégraphe influente.
Une cour d'école, des enfants qui mixent du rap et se battent dans des mouvements de danse saccadés et endiablés... La mise en scène de la dernière campagne pour enfants de H&M est captivante. On la doit à Tricia Miranda, une chorégraphe américaine entrée dans le cercle fermée des stars à Hollywood. Sa chaîne YouTube captive plus d'un million d'internautes, tandis que sur Instagram et Twitter, elle cumule environ 220.000 abonnés. Portrait d'une artiste qui compte dans l'industrie musicale.
Une première tournée avec Beyoncé
Née en Arizona, Tricia Miranda enfile ses premiers chaussons de danse (classique et claquette) à l'âge de 4 ans. À 19 ans, elle enseigne déjà le hip-hop puis s'envole pour Los Angeles deux ans plus tard, en 2001, où elle jongle entre serveuse et prof de danse. En 2004, elle fait son plongeon dans le grand bain de la musique pop : Beyoncé l'engage en tant que danseuse sur sa tournée First Ladies Tour. La carrière de Tricia Miranda est lancée. Suivront Jennifer Lopez, Prince, Usher, Britney Spears ou encore Fergie, peut-on lire dans sa biographie sur le site de son agence, Clear Talent Group.
Depuis près de 10 ans, Tricia Miranda immortalise les pas de danse de ses élèves dans des vidéos publiées sur sa chaîne YouTube. Les premiers essais sont d'une qualité d'image médiocre. Alors pour donner un coup de boost à sa chaîne, l'artiste engage en 2014 un vidéaste, précise l'article que lui consacre le New York Times. « Je suis chorégraphe depuis une quinzaine d'années mais ce n'est que depuis le succès de ma chaîne YouTube que je suis autant suivie », a-t-elle confié au journal américain.
Son interprétation d'Anaconda de Nicki Minaj a été visionnée plus de 27 millions de fois, Bitch Better Have My Money de Rihanna frôle les 42 millions de vues. Parmi ses élèves, des jeunes femmes, des jeunes hommes, des ados et des enfants, tous « unis dans leur diversité » - le slogan affiché dans le studio de danse de Tricia Miranda, à L.A..
"Mère protectrice"
Devenue une véritable célébrité, Tricia Miranda collabore avec des marques (H&M, Uniqlo, Starbucks). Elle détient également un réel pouvoir dans l'industrie du spectacle et musicale. « Elle sait reconnaître les morceaux du moment et les transforme en plus que cela », explique au New York Times Amanda Taylor, directrice générale de DanceOne, un réseau spécialisé dans la danse.
Sorte de « mère protectrice », Tricia Miranda met aussi - grâce à YouTube et aux réseaux sociaux - un visage sur les nouveaux talents du monde de la danse - comme la jeune danseuse de 13 ans Kaycee Rice - et sera à la rentrée prochaine la vedette d'une nouvelle émission sur MTV. Pourvu qu'elle danse, encore.
Découvrez Misty Copeland, une autre danseuse américaine de talent
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Le ballet comme échappatoire
Face à Anthony Mason dans l'émission « CBS Sunday Morning », la danseuse raconte son enfance difficile. Entre une mère travaillant beaucoup et ses cinq frères et sœurs, la jeune fille a du mal à exister. Le ballet, pour elle, est déjà un moyen d’échapper à un environnement toxique : « On était tous ensemble, les Copeland qui tentaient de survivre. Quand c’était le chaos à la maison, pleine à craquer avec mes frères et sœurs, je trouvais un endroit calme dans lequel je mettais de la musique et je pouvais bouger. » Elle commence le ballet tardivement, à 13 ans. « C'était la première fois que j'étais dans un environnement où j'étais aimée et où l'on s'occupait de moi. »
AMANDA EDWARDS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES/AFPL'émancipation
Intégrée dans la famille de sa professeure de danse, Cindy Bradley, elle décide à 15 ans de demander l’émancipation et de se consacrer à sa passion. En réponse, sa mère engage un avocat pour la forcer à rentrer chez elle. Pendant plusieurs mois, les procès s'enchaînent. « J’ai toujours l’impression que c’est quelque chose qui m’a profondément marquée, c’est quelque chose que des enfants de 15 ans ne devraient jamais traverser. Mais je m’en suis sortie et j'en suis là maintenant. » Elle a plus tard retiré sa demande.
THEO WARGO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFPUn corps différent de celui des autres ballerines
La jeune femme, considérée comme « ronde » par ses confrères, a confié à Rivka Galchen pour The New Yorker avoir souffert de complexes. Quand on lui a suggéré de perdre du poids, elle s’est rebellée. « Après les répétitions, je commandais deux douzaines de donuts et je les mangeais toute seule dans mon appartement. Je pesais à peine plus de 45 kilos, mais je me sentais tellement grosse. Un inconnu, dans un club, m'a répondu : "Y'a pas moyen", quand je lui ai dit que j’étais une ballerine. Il m’a fallu cinq ans pour comprendre comment mon corps fonctionnait et comment allonger mes muscles. »
Taylor Hill/Getty ImagesDéterminée à réussir jusqu'à se mettre en danger
En 2012, à 29 ans, elle obtient le rôle-titre dans une production de l’American Ballet Theater, Firebird. Et continue de jouer malgré 6 fractures de fatigue au niveau du tibia gauche. « Chaque fois que j’étais sur scène aurait pu être la dernière. J’avais 29 ans, on m’avait donné le plus grand rôle de ma carrière jusque-là, et j’avais l’impression que, si je ne jouais pas dans ce ballet, si je ne prouvais pas que j’en étais capable et que j’étais assez mature pour interpréter ce personnage, je n’aurais jamais à nouveau une telle opportunité. Je pense que ça a payé. »
La militante belgo-iranienne (en bas à droite), maquillée aux couleurs de l'Iran, s'invite aux jeux olympiques de Rio.
Photo Facebook / Let Iranian women enter their stadiums
La sécurité a tenté de déloger l'activiste des gradins d'un terrain de volley où s'affrontaient l'Iran et l'Égypte. En vain. Retour sur le parcours de cette militante pacifique belgo-iranienne.
« Laissez les femmes iraniennes entrer dans leurs stades. » La banderole d'une supportrice pas comme les autres n'est pas passée inaperçue, ce week-end, aux jeux olympiques de Rio. Déployée dans les gradins lors de deux matchs opposant respectivement l'Iranà la Russie et l'Egypte, cette pancarte est l'oeuvre-combat de Darya Safai, une militante pacifique.
Réfugiée politique en Belgique
Darya Safai débute son engagement militant lors des violentes manifestations étudiantes de 1999 de l'université de Téhéran. Elle est alors étudiante en médecine dentaire dans la capitale iranienne et l'épouse d'un des leaders du mouvement. L'étudiante n'échappe pas à la répression du pouvoir, et passe 24 jours derrière les barreaux, rapporte Vice Sport. Brièvement libérée dans l'attente de son procès, Darya Safai s'enfuie en Turquie où son mari l'attend. Le couple finit par obtenir le statut de réfugiés politiques en Belgique.
C'est donc loin de son pays d’origine que Darya Safai poursuit son engagement en faveur des droits de l'Homme, et plus particulièrement des femmes. « J'adore le volley, le foot [...] et je veux pouvoir encourager les hommes et les femmes de l'équipe nationale », a-t-elle confié à la BBC. Les stades de sport, développe l'intéressée pour Vice Sport, « c'est comme une petite société. Mettre les femmes à l'écart d'un stade, c'est mettre les femmes à l'écart de la société. »
En Iran, sportives et supportrices ne sont pas toujours les bienvenues dans les stades. L'accès aux gradins leur est souvent interdit sous la pression de groupes radicaux, notamment pour les rencontres de football et volley-ball. Et, sur le terrain, la pratique d'un sport peut elle aussi s'avérer compliquée. Niloofar Ardalan, sportive de haut niveau iranienne, en avait fait les frais fin 2015. Quand l'athlète avait voulu se rendre à une compétition internationale au Guatemala, elle s'était vue opposer un véto par... son mari. Afin de participer à la Coupe du monde du futsal (football en salle), elle avait dû saisir la justice iranienne.
Des larmes au stade
C'est pour éviter ces difficultés multiples, et faire avancer les droits des Iraniennes, que Darya Safai fonde en juin 2014 le mouvement « Laissez les femmes iraniennes entrer dans leurs stades ! » À ce jour, sur Facebook, 4000 personnes suivent l'actualité de la page dédiée à cette cause. Depuis la création, l'activiste enchaîne les interventions pacifiques. Son mode d'action est souvent le même : elle déploie - seule ou accompagnée - ses pancartes lors d'événements sportifs où participent des Iraniens. En mai dernier, elle expérimentait une nouvelle méthode en publiant une tribune sur le site du Vif, hebdomadaire belge, dénonçant « les déclarations effarantes au sujet des droits des femmes » de la présidente du sénat belge, Christine Defraigne, lors d'un voyage politique en Iran : « Defraigne a [...] applaudi les élections parlementaires récentes. "Je félicite l'Iran pour ses élections justes et saines." Je peux m'imaginer que le président du parlement nord-coréen tient de tels propos, mais pas celui de notre sénat ? Quelqu'un qui se qualifie de libéral ? », s'indigne l'activiste dans sa tribune.
Depuis la Belgique ou le Brésil, Darya Safai ne baisse jamais les bras (ni les armes pacifiques). Même lorsque la sécurité des jeux olympiques lui demande, samedi dernier, de quitter le terrain où se joue le match de volley entre l'Iran et l'Egypte. Motif : la charte olympique interdit les messages politiques dans les stades, et donc la pancarte « Laissez les Iraniennes entrer dans leurs stades ». Face aux agents venus la déloger, l'activiste pleure, tient bon et remporte la bataille, raconte The Independant. « Je suis fatiguée de devoir sans cesse expliquer que son action pacifique n'est pas un message politique mais un appel à la paix et au respect des droits humains », commente pour la BBC Darya Safai. Avant de se resaisir et de rappeler : « J'ai brandi ma pancarte pendant toute la durée du match. » Échec et mat(ch).
Les actions de Darya Safai aux JO (et ailleurs)
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Darya Safai, milite pour les droits des Iraniennes
Darya Safai lors du match de volley masculin entre l'Iran et la Russie, lundi 15 août, aux jeux olympiques de Rio.
Photo KIRILL KUDRYAVTSEV / AFPDarya Safai, milite pour les droits des Iraniennes
Le mouvement pacifique de Darya Safai a débuté en juin 2014. (Solna, le 31 mars 2015.)
Photo JONATHAN NACKSTRAND / AFPDarya Safai, milite pour les droits des Iraniennes
Le message de Darya Sfai est, selon elle, un appel au respect des droits de l'Homme. (Solna, le 31 mars 2015.)
Photo JONATHAN NACKSTRAND / AFPDarya Safai, milite pour les droits des Iraniennes
À Rio, Darya Safai assiste aux matchs de volley de son équipe nationale.
Derrière Backstage Capital, on trouve Arlan Hamilton, une Afro-Américaine, issue de la communauté LGBT.
Photo presse Backstage Capital
Après plusieurs années de galère - dont une sans domicile fixe - Arlan Hamilton est aujourd'hui à la tête d'un fonds d'investissement unique en son genre. Portrait express.
Afro-Américaine et lesbienne, Arlan Hamilton n'a pas vraiment la tête de l'emploi. Elle dénote dans l'univers majoritairement blanc et masculin de la Silicon Valley, le berceau californien des nouvelles technologies. Mais aujourd'hui, cette trentenaire est à la tête de « Backstage Capital », un fonds d'investissement dédié aux projets portés par des femmes issues des minorités et de la communauté LGBT. Retour en chiffres sur le parcours de cette ambitieuse.
Un an à la rue
La vie d'Arlan Hamilton bascule en 2014, peut-on lire dans un article d'INC. Cette trentenaire décide de mettre entre parenthèses son « job de rêve » dans l'industrie musicale pour se consacrer à sa passion, la Tech. Elle espère ainsi réaliser son rêve : lancer un fonds d'investissement dédié aux femmes issues des minorités, de la communauté LGBT et porteuses d'un projet numérique. Un pari plus que fou y compris pour cette femme déterminée qui n'a pas de formation. Qu'importe, elle potasse en ligne - en regardant des vidéos YouTube et en parcourant les blogs spécialisés sur le sujet.
Les mois passent et les économies d'Arlan Hamilton fondent comme neige au soleil californien. L'entrepreneure en herbe est obligée de quitter son appartement. Elle vagabonde pendant un an de canapé en canapé, dort dans des motels ou sur les sièges des aéroports pour continuer ses rendez-vous avec les grands noms de Silicon Valley et espérer recevoir le coup de fil qui va la sortir de cette galère. Alors qu'elle « vit » à l'aéroport, Arlan Hamilton écrit un article dans lequel elle plaide pour plus de diversité. Publié sur son blog, l'essai attire enfin l'attention des investisseurs, tant désirée.
Un texto
À défaut d'un appel, Arlan Hamilton reçoit un texto qui va définitivement sceller son destin. « J'en suis. » L'expéditeur ? Susan Kimberlin, grand nom de la Silicon Valley qui a fait ses preuves auprès entre autres de PayPal. Comme un effet boule de neige, les investisseurs se bousculent. Parmi eux, d'autres poids lourds de la Tech comme Chris Sacca et Marc Andreessen, respectivement investisseurs de Uber ou Instagram et Twitter ou LinkedIn.
5 millions de dollars
Aujourd'hui, Arlan Hamilton est à la tête d'un fonds d'investissement de 5 millions de dollars. Neuf projets bénéficient de son soutien tels que Tinsel (des écouteurs dissimulés dans de jolis colliers) ou NailSnaps (pour transformer ses photos en « nail art»). « Elle repère des entreprises que je n'aurais jamais remarquées », observe un investisseur pour le magazine INC. Chris Sacca reconnaît quant à lui que la Silicon Valley a besoin de cette diversité, plébicitée par Arlan Hamilton.
La principale intéressée explique au magazine qu'elle ne souhaite cependant pas que son entreprise soit considérée comme une oeuvre de charité. Son objectif est clair, dit-elle : gagner de l'argent, pour elle et ses investisseurs.
Selon Arlan Hamilton, il faudra environ cinq ans avant d'espérer un retour sur investissement. D'ici là, sa mission est simple : accompagner ces jeunes entrepreneuses sur le chemin de la réussite et les transformer, confie-t-elle à INC, en modèles à suivre.
Découvrez 14 femmes ultra-connectées
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Béatrice Lecerf
55 ans, fondatrice de Booxstorm.
Photo Samuel Kirszenbaum Naziha Mestaoui
40 ans, artiste, fondatrice du projet One Heart, One Tree.
Mama Cax veut « infiltrer » l'industrie de la beauté.
Photo Instagram/caxmeee
À 26 ans, Mama Cax est une blogueuse qui a le vent en poupe. Amputée de la jambe droite, cette jeune femme « cyborg » donne à voir une autre image de la beauté.
Mama Cax n'est pas une blogueuse comme les autres. Pourtant, à en juger par son compte Instagram, cette jeune femme de 26 ans, née à Brooklyn et ayant grandi au Canada et à Haïti, réunit tous les principaux ingrédients de la pro des réseaux sociaux : tenues à la pointe du style, natures mortes de ses déjeuners copieux, paysages paradisiaques... On l'aura compris, Mama Cax fait dans le lifestyle. Sa particularité : après avoir été diagnostiquée d'un cancer des os et du poumon à l'âge de 14 ans, Mama Cax s'est fait amputer la jambe droite quand elle avait 16 ans, raconte-t-elle dans son blog.
Une "cyborg super cool"
Aujourd'hui, sa prothèse fait partie intégrante de son fil Instagram, suivi par près de 61.000 personnes. Mais surtout de son style. Un jour bleu turquoise, elle est ensuite mise en valeur dans un rouge éclatant. Au fur et à mesure des clichés, l'appareil devient un accessoire comme un autre, transformant alors Mama Cax en « nana cyborg super cool », a-t-elle confié l'année dernière au Huffington Post.
Passionnée de bonne cuisine et de voyage - la jeune femme s'est envolée toute seule à l'âge de 17 ans pour le Costa Rica - Mama Cax utilise sa plateforme pour partager ses passions mais aussi pour promouvoir une autre image de la beauté. « Ma mission personnelle : infiltrer "l'industrie de la beauté"», explique-t-elle sur son blog. « Quand je me promène dans la rue avec mes béquilles et ma prothèse, les gens crient souvent "vas-y, t'es encore belle". Encore ? Je SUIS belle, et je suis ici pour vous montrer que je le suis à l'intérieur comme à l'extérieur », affirme ensuite Mama Cax. Mission accomplie de l'Islande au Cambodge, en passant par New York, où la blogueuse réside.
Les 10 plus beaux clichés de Mama Cax sur Instagram
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Mama Cax
Mama Cax est une blogueuse new-yorkaise de 26 ans.
Photo Instagram/caxmeeMama Cax
À l'âge de 14 ans, on lui a diagnostiqué un cancer.
Photo Instagram/caxmeeMama Cax
À 16 ans, elle était amputée de la jambe droite.
Photo Instagram/caxmeeMama Cax
Aujourd'hui, Mama Cax partage sa passion pour les voyages, la mode et la nourriture sur son blog et sur son comte Instagram.
Patricia Cahuzac à son arrivée au palais de justice de Paris (Tribunal correctionnel de Paris, 14 septembre 2016).
Photo AFP / Geoffroy Van Der Hasselt
Patricia Ménard, jugée pour fraude fiscale et blanchiment aux côtés de son ancien mari, Jérôme Cahuzac, sera fixée sur son sort le 8 décembre. Retour sur son rôle ambigu dans l'affaire qui a ébranlé le quinquennat de François Hollande.
Tout le temps de son procès, Patricia Cahuzac est restée assise, mains jointes et cheveux relevés en un chignon blond cendré, à quelques chaises seulement de son ex-mari, Jérôme Cahuzac. Les anciens époux étaient renvoyés devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour - entre autres - « fraude fiscale » et « blanchiment de fraude fiscale ». Alors qu'ils encourent jusqu'à sept années de prison, le parquet national financier a requis deux ans de prison ferme pour elle, et trois pour lui. Ils seront fixés sur leur sort le 8 décembre prochain. Retour, à l'issue de deux semaines d'audience, sur le personnage complexe et ambigu de Patricia Cahuzac, l'ex-femme du ministre délégué au Budget qui a fait trembler la République.
"Une petite-bourgeoise" discrète
Milieu des années 1970. Patricia Ménard, 20 ans, rencontre Jérôme Cahuzac sur les bancs de la faculté de médecine. En 1980, le couple se marie. Lui est chirurgien, elle dermatologue. Ensemble, ils travaillent pour une clinique parisienne spécialisée dans la greffe capillaire, très lucrative. « Patricia, c’était une petite-bourgeoise avec des rêves de petite-bourgeoise », se souvient une camarade dans Paris Match. La blonde aux yeux bleus est décrite comme une épouse discrète, souvent en retrait derrière le charismatique Jérôme. Elle aime la natation, les vacances d'été en Corse et les beaux vêtements. À compter de 1994, les époux et leurs trois enfants emménagent dans un appartement de 210 mètres carrés, avenue de Breteuil, dans le cossu VIIe arrondissement de Paris.
Deux ans plus tard, son mari s'ennuie et désire se consacrer à la politique et préparer les législatives - qu'il remportera en 1997. Pour satisfaire les ambitions de son mari, qu'elle semble avoir aimé éperduement, la dermatologue prend alors en charge le plus gros des opérations chirurgicales. « Un travail minutieux, un peu artistique, qui [me] convenait », a évoqué l'intéressée à la barre. Jérôme Cahuzac, lui, se charge de faire venir des clients, issus d'un carnet d'adresses pour le moins fourni. Une décennie durant, il gravit les échelons politiques. Son couple, en revanche, se fissure au gré des absences répétées et des infidélités, nombreuses et à peine dissimulées, selon les informations de Marie Claire.
C'est dans ce contexte personnel complexe qu'explose l'affaire Cahuzac. Le 4 décembre 2012, le site Mediapart accuse le ministre délégué au Budget du gouvernement Ayrault de détenir un « compte bancaire non déclaré à l'Union des banques suisses (UBS) de Genève ». Dans la foulée, le JDD révèle qu'une procédure de divorce est en cours et que l'épouse bafouée a fait suivre son mari par des détectives privés au cours de l'hiver 2011.
Faire "vivre un enfer"
Avec ces filatures, qu'espèrait trouver Patricia Cahuzac ? La simple « matérialité » des relations extra-conjugales de son mari ou des informations aptes à faire tomber son époux - quitte à chuter avec lui ? Les proches de la dermatologue, interrogés par Paris Match, assurent qu'elle souhaitait avant tout « se défendre ». Son mari, à l'annonce de leur séparation, lui aurait promis de lui faire « vivre un enfer ».
Comment expliquer, alors, l'ouverture en 2007, en Suisse et à l'insu de son époux, d'un compte bancaire à son nom, crédité de 2,7 millions d'euros ? « Je m'étais aperçue que mon mari… me mentait. J'ai ressenti le besoin de me constituer une cagnotte, au cas où je me retrouverais seule avec nos trois enfants du jour au lendemain », a justifié la prévenue qui avait confessé l'existence dudit compte caché en mars 2014. Quant aux autres pratiques fiscales du couple, elle a lâché : « on était conscients de l'illégalité ». Son avocat Me Schapira a dépeint une femme blessée et trahie qui a basculé « sans intention de se cacher du fisc », et plaidé la « fraude naïve ».
Jérôme Cahuzac a une toute autre version, développée notamment dans les colonnes de Vanity Fair, et selon laquelle « seule Patricia a pu accéder à sa messagerie personnelle » et ainsi fournir des échanges de mails compromettants pour l'ancien homme politique. Seule son ex-épouse a « pu livrer aux journalistes certains détails relatifs au compte suisse » et « accéder au registre des patients de la clinique », consulté par Mediapart. Dans ses réquisitions, la procureure Éliane Houlette, patronne du tout jeune parquet national financier, né à la suite de l'affaire Cahuzac, a considéré que l'épouse avait « surpassé » son mari dans « la dissimulation de ses avoirs au fisc ». Sauf que, contrairement à ce dernier, elle n'était pas ministre délégué au Budget, ni héraut de la lutte contre l'évasion fiscale. Le jugement sera rendu dans moins de trois mois.
Ex-bafoués, jusqu'où sont-ils allés pour se venger ?
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Ex bafoués, jusqu'où sont-ils allés pour se venger ?
Patricia Ménard, ex-épouse de Jérôme Cahuzac, ancien ministre du Budget. Motif : Ambitieux mais volage, Jérôme Cahuzac refuse la demande de divorce de Patricia. Outil de représailles : Patricia recrute un détective privé pour avoir des preuves des infidélités de son mari et sur l’existence d’un compte en Suisse. On apprend que : Entendue au départ comme témoin, Patricia Ménard passe très vite aux aveux et révèle l’existence de ses propres comptes sur l’Île de Man.
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Valérie Trierweiler, ancienne compagne de François Hollande. Motif : la relation du président avec l’actrice Julie Gayet. Outil de représailles : un livre assassin, écrit en secret : Merci pour ce moment (Éd. Les Arènes, 2014). On apprend que : l’homme de gauche « n’aime pas les pauvres », qu’il surnomme « les sans-dents ».
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Pierrette Lalanne, première femme de Jean-Marie Le Pen. Motif : un divorce prononcé en 1987. Outil de représailles : des photos en soubrette pour Play Boy faites pour embarrasser le président du Front national, qui lui avait suggéré de « faire des ménages » pour gagner sa vie. Résultat : la poussière n’est pas restée sous le tapis…
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Cécilia Attias, ex-femme de Nicolas Sarkozy. Motif : un statut de première dame non désiré. Outil : un livre, Une envie de vérité (Éd. Flammarion, 2013). On apprend : que l’ancienne première dame n’était pas très à l’aise avec le décorum politique. « Le soir de la Concorde, je me demandais ce que je faisais là, tout en me répétant qu’il fallait que j’y sois », écrit-elle. Mais, ça, on le savait déjà.
Filatures, écoutes téléphoniques... Quel est le quotidien des femmes espionnes ?
Illustration Paul Grelet
Exclusif. - De janvier 2015 à mars 2016, notre reporter Dalila Kerchouche a enquêté au cœur des services secrets français. Elle a interrogé des femmes qui, dans l’ombre, traquent les terroristes et déjouent des attentats. En exclusivité des extraits de ces rencontres ultra-confidentielles.
Charlie Hebdo, le Bataclan, Nice, Saint-Étienne-du-Rouvray… À chaque attentat, elles lâchent tout. Enfants, mari, amis, plus rien ne compte, hormis traquer les terroristes et prévenir d’autres attaques. Pendant plus d’un an, j’ai rencontré cette nouvelle génération d’espionnes qui montent en puissance depuis vingt ans dans les services secrets. Telle l’héroïne de Homeland, ces Carrie Mathison made in France représentent un quart des effectifs. La nouveauté ? Dans trois services sur sept - DGSI (1), nouveaux RG (2) et renseignement douanier -, elles pilotent les unités antiterroristes. C’est une première : jamais ces femmes, aux identités classées « secret défense », n’ont donné d’interview.
Rien ne fut prévisible dans ce voyage au cœur du renseignement. Les services les plus prestigieux et les plus fermés (DGSE (3) et DGSI) se sont ouverts en premier. D’autres, modestes, comme le contre-espionnage militaire, ont été plus longs à convaincre. Au final, j’ai rencontré une cinquantaine d’agents (leurs prénoms ont été modifiés pour raison de sécurité), pionnières aguerries et jeunes trentenaires, bourgeoises BCBG et filles de cité, mères de famille et policières androgynes, as des filatures et cyberespionnes… Je les ai interrogées sur les failles comme sur les succès de la lutte antiterroriste, le poids du secret dans le couple, la jouissance de porter une identité fictive ou la part de séduction dans le métier d’espionne. Au-delà de leurs récits palpitants et de leurs missions à haut risque, j’ai cherché ce qu’elles voulaient masquer, j’ai voulu capter l’énergie souvent contenue de ces femmes en hypervigilance. Dans ce monde de faux-semblants et de manipulation, j’ai tenté d’arracher une part de vérité.
Officier de police judiciaire, cette trentenaire dirige une cellule de vingt agents spécialisés dans le terrorisme islamiste. « Je joue l'idiote » face aux djihadistes
Valérie
À 50 ans, cette commissaire divisionnaire dirige la sous-direction opérationnelle chargée du terrorisme à la DGSI, le cœur du réacteur de la sécurité intérieure du pays. « Un 13 novembre bis est encore possible en France »
(1) Direction générale de la sécurité intérieure.
(2) Renseignements généraux, devenus le Service central du renseignement territorial (SCRT).
(3) Direction générale de la sécurité extérieure.
Le livre Espionnes, de Dalila Kerchouche, révèle le vrai visage de ces agents de renseignement. À paraître le 21 septembre chez Flammarion.