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Qui est Joy Mangano, la femme qui a inventé la serpillière magique ?

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La créatrice de la Miracle Mop sera incarnée par Jennifer Lawrence dans Joy, le nouveau film de David O. Russell. (Sur le plateau de Good Morning America, le 17 décembre 2015.)

Dans Joy, le nouveau long-métrage de David O. Russell, Jennifer Lawrence incarne Joy Mangano, une femme volontaire et passionnée, à l'origine d'une invention qui révolutionnera les ménages américains, la « Miracle Mop ». Récit d'une success-story.

Avouons-le : avant l'annonce de la sortie prochaine du nouveau film de David O. Russell, Joy, on ne connaissait pas son nom. Son invention, en revanche, nous est plus que familière. On imagine sa « Miracle Mop » dans tous les foyers américains, symbole d'un ménage accueillant, propre et organisé. Sous ce nom magique, cette serpillière se compose d'un manche et d'une tête de 300 tiges en coton. Elle est facile à utiliser et permet à son utilisateur de garder les mains au sec.

La vie de Joy Malango, la femme qui a imaginé cet outil, a tout de lasuccess story à l'américaine. De son job de serveuse au poste de directrice générale d'une entreprise qui pèse des millions, on comprend pourquoi le réalisateur américain David O. Russel (Fighter, Happiness Therapy) a décidé de s'emparer de son histoire dans Joy, son prochain long-métrage, en salles ce mercredi 30 décembre. 

Un collier anti-puces fluo

Née le 15 février 1956 dans l'état de New York, aux États-Unis, Joy Mangano grandit dans une famille italo-américaine à Huntington, sur l'île de Long Island. Si le discours familial l'encourage dès son plus jeune âge à penser mariage et enfants, Joy se laisse aller très tôt à sa soif de l'invention. Encore adolescente, elle travaille dans une clinique vétérinaire et imagine sa première création : un collier anti-puces fluorescent pour protéger ses amis les bêtes des voitures une fois la nuit tombée. L'année suivante, le collier est commercialisé par une entreprise américaine, premier signe du talent de visionnaire de Joy. « Je me suis dit : la prochaine fois que j'aurai une bonne idée, je me débrouillerai pour la mettre sur le marché », explique-t-elle dans une interview au New York Yimes

Il lui faudra encore plusieurs années. Elle passe par la case études supérieures et sort diplômée de Pace University en « business administration ». Là bas, elle rencontre Tony Miranne. Son camarade de classe devient son mari et le père de ses enfants. Puis le couple divorce. Joy doit élèver seule ses trois rejetons et exercer différents jobs, notamment serveuse et manager dans une entreprise de réservation de billets d'avion. 

18.000 serpillières en vingt minutes

Joy Mangano, entourée de ses 3 enfants, Christie, Robert et Jacqueline à l'avant-première de Joy. (New York, le 13 décembre 2015.)

En 1989, Joy a 33 ans et peine à nettoyer son deux-pièces modeste avec des serpillières standard. « Elles ne tenaient pas très longtemps. Je devais constamment les mettre à la poubelle ou utiliser des éponges et du papier toilette pour faire en sorte que le sol soit vraiment propre », confie-t-elle au New York Times. Mais ce qui l'agace le plus, c'est de devoir courber le dos et essorer le produit avec ses mains. Un problème que la mère de famille va décider de régler par elle-même en mettant au point sa serpillière miracle. Un an plus tard, le premier prototype de la Miracle Mop est mis sur le marché et produit à 100 exemplaires. Joy Mangano finance le tout grâce à ses économies et à l'investissement de ses amis et de sa famille. 

Si localement, son produit se vend bien, Joy Mangano souhaite encore conquérir l'Amérique entière. « Les gens pensaient que je devenais folle », se souvient-elle pour le New York Times. Elle persévère, sûre de son coup, et démarche la chaîne de télévision QVC (pour « Quality, Value, Convenience »), spécialisée dans le télé-achat, pour que sa serpillière miracle entre dans son catalogue. La chaîne accepte mais le produit ne se vend pas.

Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, la créatrice insiste auprès de QVC pour apparaître à l'écran. Elle souhaite vanter aux spectateurs les qualités de son invention. « Je suis montée sur scène et ça a été de la folie », raconte Joy Mangano à ABC News. Le public, convaincu par l'enthousiasme de la jeune entrepreneuse, se jette sur les commandes. En seulement 20 petites minutes, elle vend quelque 18.000 serpillières. 

Parfums d'intérieur, bagages, linge de lit...

Forte de ce succès fulgurant, Joy Mangano ne s'arrête plus. Elle ne cesse de concevoir de nouvelles inventions. Son but : faciliter son quotidien, mais aussi celui de ses voisins ou de ses enfants. « Je pense que si mes produits ont tant de succès c'est parce qu'ils ont un intérêt populaire », analyse-t-elle dans le New York Times. « Je suis comme tout le monde. Je suis mère, je travaille, je dois avoir une maison propre ». Parmi ses autres créations, on retrouve les indispensables cintres antidérapants, que nous avons tous dans nos armoires, mais aussi une ligne de parfums d'intérieur, du linge de lit ou encore une collection de bagages ultra-organisés. « Imaginer de nouveaux produits est facile pour moi, je n'ai juste pas assez de temps pour tous les réaliser », s'amuse-t-elle dans le New York Times

L'art de se réinventer

Pas étonnant donc de découvrir que la femme d'affaires a été nommée entrepreneur de Long Island de l'année en 1997 par Ernst & Young, une multinationale de services professionnels basée à Londres. Sur sa lancée, Joy Mangano ne s'arrête plus :  en plus d'être à la tête d'Ingenious Designs, son entreprise très lucrative, elle s'associe à de nombreuses femmes telles que Serena Williams, personnalité sportive de l'année 2015, pour une collection de bijoux. Mais on voit également Joy Malango faire affaire avec des hommes : le chef américain Todd English, la star du fitness Frank Sepe et le guitariste Esteban. En 2009, jamais à court d'idées et d'énergie, Joy Malango ouvre même à Huntington Porto Vivo, un restaurant de cuisine italienne, en hommage à ses origines. 

Tant de magie et de storytelling ont évidemment tapé dans l'œil de David O. Russell. Le réalisateur américain a choisi sa muse, Jennifer Lawrence, pour incarner cette femme d'affaires déterminée qui, toute sa vie, n'a cessé d'inventer et de se réinventer. Son prochain best-seller ? Une Miracle Mop revisitée. « L'unique chose encore plus dure que d'inventer, c'est de se réinventer. J'étais déterminée à maintenir le prix original de la serpillière, soit 19.95$ (18€). Mais je peux vous assurer que lorsque vous verrez cette nouvelle version, vous comprendrez pourquoi elle en vaut 50. Je vous le garantis, vous aurez envie de chanter et de danser avec cette serpillière, même si vous ne l'achetez pas ! ». Magique, on vous dit. 

Voir la bande-annonce de Joy

 

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Hanna Böhman, la Canadienne partie combattre Daech

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Depuis février 2014, Hanna Böhman, une Canadienne de 46 ans originaire de Vancouver, a décidé de rejoindre les Yekîneyên Parastina Jinê (YPJ), les Unités féminines de protection du peuple, pour lutter contre Daech.

Hanna Böhman est une Canadienne de 46 ans. En février 2014, elle décide de quitter son confort de vie occidental pour rejoindre les résistants kurdes qui luttent contre Daech. Témoin d'exception de la lutte acharnée des femmes soldats contre l'État islamique à Kobané, ses interviews se multiplient dans la presse. Portrait.

Sur le front, à Rojava, nom donné au Kurdistan syrien, on l'appelle « Tiger Sun ». C'est ici qu'Hanna Böhman « travaille ». Depuis février 2014, cette Canadienne de 46 ans originaire de Vancouver, a décidé de rejoindre les Yekîneyên Parastina Jinê (YPJ), les Unités féminines de protection du peuple, la branche syrienne du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, pour combattre Daech. Le mouvement, créé en 2012, est exclusivement féminin. 

Lutter contre l'inaction des gouvernements

C'est suite à un grave accident de moto qu'Hanna Böhman fait le choix de s'engager. Prenant conscience que la vie est courte, elle s'interroge sur sa vie professionnelle. Depuis la fin de sa carrière de mannequin dix ans plus tôt, la Canadienne enchaîne les petits boulots. Alors, quand certains choisissent de prendre un virage à 180 degrés en matière de vie professionnelle, à presque 50 ans, Hanna choisit de partir combattre Daech. « Je me suis mise à la recherche d’une source d’inspiration. J’ai appris par Internet l’existence du YPJ. Il existait donc au Moyen-Orient des jeunes femmes qui faisaient face à Daech quand des dizaines de milliers d’hommes avaient fui, combattant ainsi 5 000 ans de domination masculine », confie-t-elle au magazine Les Inrocks le 3 janvier 2016. Elle quitte alors sa fille, son confort de vie occidental, direction l'Irak. Là, elle reste dans une maison sécurisée pendant quelques jours puis prend un bateau pour traverser le Tigre, au nord de la Syrie.

Le 27 octobre 2015, elle explique à Vice s'être d'abord engagée parce que « nos gouvernements ne font rien pour les arrêter » (Daech, NDLR). La Canadienne accuse nos dirigeants de se soucier davantage des occidentaux engagés dans les rangs de l'État islamique que de ceux qui les combattent. L'aspect féministe de cette lutte l'a également séduite : « Les occidentaux ont tendance à penser que cette guerre n’est que le fruit d’un affrontement entre Daech et les Kurdes, alors qu’il s’agit d’une révolution féministe, à laquelle les hommes kurdes veulent prendre part, explique-t-elle dans Les Inrocks. Les comités ont par exemple un directeur homme et un directeur femme. Au moins 40% des membres doivent être des femmes », ajoute-t-elle.

Froid, manque de sommeil et malnutrition

Une fois sur place, Hanna Böhman reçoit une brève formation, seulement quelques heures, pour apprendre à monter et démonter une arme, l'équivalent de ce qu'elle aurait pu « apprendre sur Youtube » confie-t-elle au site Vice. Heureusement, « Tiger sun » a déjà quelques connaissances : « On chassait des chevreuils et des oiseaux dans les prairies canadiennes quand j’étais adolescente », raconte-t-elle aux Inrocks. Son apprentissage théorique s'arrête là. Le reste, la combattante l'apprendra sur le tas.

Les débuts ne sont pas simples. Bien accueillie par celles qui deviennent ses sœurs de combat, elle passe ses six premiers mois dans une unité de nouvelles recrues. Là, l'action manque, son rôle se limite à contrôler le territoire, apprend-t-on sur Vice. Le froid, le manque de sommeil et la malnutrition l'obligent à rentrer à Vancouver dès le mois de juin. « Pendant mon séjour au Canada cet été, j’étais obnubilée par les amies que j’avais laissées au Kurdistan syrien. Ça me rendait malade de penser qu’elles encouraient la mort à un moment où je m’attablais devant un steak ou m’apprêtais à boire un verre de vin. J’avais la sensation de les avoir abandonnées » confie-t-elle aux Inrocks. Elle y retourne en septembre 2014, persuadée qu'elle a fait le bon choix.

Son quotidien, Hanna le passe à manger, dormir et bavarder avec ses camarades. Des journées presques classiques, si ce n'est qu'elle les passe une arme à la main, prête à dégainer en cas d'attaque. « Nous faisons des veilles à tour de rôle, une la nuit et une le jour. Pendant la journée, le plus gros risque, ce sont les camions piégés. La nuit, les serpents. Si nous sommes en position d’attaque, les journées peuvent être très mouvementées. Nous courons dans les champs, nous nous déplaçons en camion sur les autoroutes et attaquons les positions de Daech » décrit-elle aux Inrocks.

La combattante canadienne a sa propre vision des soldats de l'État islamique, qui choquent les esprits par leurs atrocités relayées sur le Web. Sur le front, la réalité est toute autre selon elle. Dans une interview à Business Insider, elle explique : « Ils fuient aux premiers signes de résistance. Vraiment, ils ne sont rien de plus qu'une épine dans le pied. » Des « asociaux » qui imputent « leur échec à un système soi-disant défaillant plutôt qu'à eux-mêmes » ajoute-t-elle dans l'interview des Inrocks.

Un témoin de l'horreur

Si elle prend part à la lutte contre Daech, Hanna Böhman se considère surtout comme un témoin de l'horreur, d'où son attachement à rendre compte de ce qu'elle voit. Elle se fait parfois reporter d'un jour, alimentant sa page Facebook ou, comme en octobre 2015, partageant avec le Daily Mail ses clichés, instantanés de vie d'enfants vivant dans les ruines de Kobané.

Et Hanna Böhman n'est pas un cas isolé. Si la presse regorge de portraits d'occidentaux qui s'engagent aux côtés de Daech, ils sont des dizaines à s'allier aux résistants du Kurdistan syrien, notamment les femmes. Nupelda, une Française de 28 ans, a elle aussi fait le voyage pour défendre « la liberté, le socialisme et des droits identiques pour les femmes et les hommes », confiait-elle en août au journal L'Humanité. Interrogée par Business Insider, Hanna Böhman reconnaît : « Nous ne sommes pas nombreux, mais nous représentons un véritable intérêt pour l'humanité. Nous sommes la pointe d'une épée constituée d'individus du monde entier qui n'attendent plus que leur gouvernement échoue à nouveau. Nous apportons nous-mêmes les changements que nous souhaitons voir advenir. »

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Steve McQueen, artiste surdoué et intranquille

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Steve McQueen à l'avant-première de « 12 Years a Slave ». (New York, le 8 octobre 2013.)

Steven Rodney McQueen, cinéaste anglais oscarisé en 2014 pour 12 Years a Slave mais aussi plasticien célébré dans les plus grands musées, expose à Paris. Son œuvre étire le temps, explore le corps dans l’espace et chahute les émotions. Rencontre.

Un conteur d’histoires extrêmes

Steve McQueen n’a pas la réputation d’être détendu. On le dit rude, cassant. C’est peu dire. Quand il surgit, en retard - mais il est, paraît-il, toujours en retard -, il se confond en excuses. On se rassure. On a tort. À la première question, il répond sèchement, et à la seconde, il vous rembarre. Comme on l’interroge sur une possible proximité entre les corps souffrants de ses trois magnifiques films - Hunger, Shame et 12 Years a Slave - et certains tableaux de martyrs de la Renaissance italienne, il répond d’une phrase définitive : « C’est paresseux de dire ça. » Quand on lui glisse qu’il est libre de ses propos, il rétorque d’un brutal : « Vous n’avez pas à me dire si je suis libre ou non. »

Et puis, conscient peut-être d’en faire un peu trop dans le genre pugilat, il se radoucit. Il devient plus loquace et même passionnant. Sincérité ou manœuvre ? Dans cet échange coup de poing, une certitude : cet artiste surdoué trouve ses marques dans le conflit. Son œuvre en est la preuve. Avec régularité, elle met en scène l’enfermement des êtres, leur solitude, leurs luttes et leurs obsessions. Dans son attitude de provocation, d’affrontement viril, mais encore dans sa spontanéité et son engagement physique affichés tout au long de l’entretien, on subodore qu’il se débat pour contenir l’angoisse qui sourd de ses travaux. La prison comme les convenances, tout ce qui peut le coincer, le serrer, l’étouffe.

Son costume même le prouve. Il porte ce jour-là sous une doudoune noire, un tee-shirt informe et un étrange sarouel. Le plus large possible. Durant l’entretien dans ce café d’Amsterdam baptisé, avec une certaine ironie, De Ysbreeker (Le Brise-Glace), il engloutit deux cappuccinos, puis un thé à la menthe. Il envoie balader la serveuse, puis s’en excuse. « Intranquille » serait sans doute le mot qui lui convient. Revue de détail d’un artiste plasticien, réalisateur de 46 ans, trois fois oscarisé en 2014 pour son 12 Years a Slave, exposé depuis le 9 janvier à la Galerie Marian Goodman, à Paris. Steve McQueen, toujours sur la brèche, toujours au front.

Les racines caribéennes

« Mes parents ont grandi à la Grenade, une île des Caraïbes. Ma mère est arrivée à Londres à 14 ans, et j’y suis né. Je suis un vrai Londonien. Je n’ai jamais appartenu à une communauté particulière, jamais été dans une clique. J’étais heureux. J’ai fait mes études dans un milieu très riche et multiculturel, où des gens venaient de Pologne comme du Pakistan. »

Les corps souffrants de ses films

« Mes trois films parlent d’êtres plongés dans des situations extrêmes. L’un est engagé dans une grève de la faim fatale, en Irlande du Nord ; un autre souffre à New York d’une addiction au sexe ; le troisième est un citoyen réduit en esclavage. Ces personnages doivent utiliser la seule arme à leur disposition : leur corps. Mes films traitent plus d’un défi psychologique que d’un combat physique. Dire que mes films parlent du corps, c’est de la paresse ! Et si l’on évoque la peinture à propos de mes films, on pourrait en faire de même avec les films de Jean Vigo ou de Martin Scorsese…, mais personne ne se l’autorise, car ces réalisateurs sont moins connus en tant qu’artistes visuels ! »

L’obsession

« Mes films traitent de trois situations extrêmes. Alors oui, on peut parler d’obsession. Mais on pourrait réaliser un film sur une femme voulant acheter une paire de chaussures et pousser cela jusqu’à l’obsession. La vérité, c’est que j’essaie de voir les situations du point de vue du personnage qui en est le caractère principal. Comme si je tournais un télescope dans l’autre sens. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment l’image va prendre le spectateur ou la spectatrice, et les plonger dans un climat. Maintenant, si on me dit que je filme l’emprisonnement, je dirais que c’est notre condition commune. Mais les gens sont aveugles. Il faut qu’ils se réveillent. »

L’abstraction

« Je suis d’abord un conteur d’histoires. Je cherche à m’en tenir là. Bien sûr, il y a de l’abstraction dans toute histoire. Quand Bobby Sands, dans Hunger, couvre sa cellule d’excréments, c’est une part de vérité. Lui et d’autres ont vécu dans ces conditions. Je devais le montrer. Alors oui, je l’ai filmé d’une certaine manière, et on peut y voir une œuvre plasticienne et abstraite dans un contexte quotidien. »

Palmarès des personnalités afro-américaines oscarisées

Influences

« On peut vivre avec quelques œuvres toute sa vie. Elles vous étreignent et vous donnent toujours plus. Comme le film anarchiste Zéro de conduite, de Jean Vigo. Comme le tableau de Jan Van Eyck l’Homme au turban rouge. Raging Bull, de Martin Scorsese, voilà un film qui m’a scié ! J’ai beaucoup aiméles Amants du Pont-Neuf, de Leos Carax. Je l’ai vu à Paris en 1991. Ce film sur la jeunesse et la tristesse, c’était magnifique. Toutes ces références m’aident, mais, comme artiste ou cinéaste, je vis avec John Ford ou Jean-Sébastien Bach sans y penser.
Quand je travaille, je réfléchis seulement à la manière dont je vais tourner telle scène pour qu’elle soit le plus efficace possible. Et puis je dois ajouter Miles Davis ! Miles, Miles, Miles ! Il y en a tant, des Miles. Il a bouleversé l’histoire de la musique plusieurs fois. Il n’a jamais eu peur de changer, de pousser ses propres choix. Il a un jour prononcé cette phrase : “Vous savez pourquoi je ne joue plus de blues ? Parce que j’adore le blues.” Tout est dans cette idée, pousser plus loin. Ne soyez jamais satisfait, jamais ! Jamais. Il faut prendre des risques. »

Steve McQueen au festival international du film de Toronto en 2013.

Comprendre

« J’essaie sans cesse de repartir en arrière pour comprendre les situations. Bobby Sands, Brandon, Solomon Northup, ce sont trois hommes pris dans des situations extrêmes. L’aspect physique de leurs limites est évident, ils sont piégés. Mais par l’esprit, ils peuvent s’évader de ces situations. Les terroristes, par exemple, usent de leur corps comme d’une arme. Est-ce une bonne ou une mauvaise décision ? C’est le sujet. Sont-ils fous ? Pour comprendre, il faut reculer, chercher ce qui peut les amener à prendre cette décision. J’ai la chance de pouvoir vivre de mon art, alors je dois être le meilleur, je dois me poser toutes les questions difficiles. Les réponses naissent parfois de l’œuvre elle-même. »

Des regrets ?

« Non. Je pense toujours au prochain film. Je travaille vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Même dans cette discussion, je dois vous donner le meilleur. Je n’ai pas d’atelier. Mes yeux et mes oreilles sont ouverts. Je ne peux pas dire : “O.K., j’arrête de travailler maintenant.” Ce serait comique ! Que je filme ou que je prépare une exposition dans une galerie, cela ne change rien. La seule différence tient au degré d’abstraction. Un film nécessite une histoire, mais il n’y a pas de lois pour être artiste. En revanche, l’art nécessite beaucoup d’investissement, comme en poésie. Le temps ne compte pas, seuls comptent le cœur et la densité de votre investissement. »

L’exposition à la galerie Marian Goodman

« En 2002, je suis allé à la Grenade. Cette île est une prison ceinturée par l’eau. Envahie et repeuplée cinq fois. J’y ai croisé un très beau et jeune pêcheur local, un homme sur son bateau. Je ne pouvais pas m’imaginer qu’il serait assassiné deux mois plus tard. Il avait trouvé de la drogue sur une île déserte et l’avait prise. Les propriétaires de la drogue l’ont retrouvé et l’ont exécuté. J’ai compris tout cela cinq ans après l’avoir filmé en 2002.
Alors je n’ai pas cessé d’y penser. Je suis retourné sur l’île, j’ai rencontré ses amis et sa famille, et cela a donné Ashes, une œuvre en deux parties projetées sur les deux faces d’un même écran. Quand j’ai découvert que sa tombe ne portait pas même l’inscription de son nom, j’ai voulu lui élever une sorte de mémorial. » 

Faire un film sur vous ?

« Qu’ils essaient ! Je veux être une cible mouvante. Le savon qui vous échappe. »  

(1) Steve McQueen, à la Galerie Marian Goodman.
79, rue du Temple, 75003 Paris. Jusqu’au 27 février.

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Virginie Calmels, la sprinteuse des élections régionales

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Après son irrésistible ascension dans le monde audiovisuel, Virginie Calmels change de cap et s’engage en politique.

Ex-dirigeante de Canal+ et du géant Endemol, elle bouscule les codes en s’engageant aux côtés d’Alain Juppé. Adjointe à la mairie de Bordeaux, elle brigue la présidence de région. À deux jours du premier tour des élections régionales, rencontre avec une stratège hors norme.

Dans la voiture qui l’emmène à Lalande-de-Pomerol, premier rendez-vous d’une journée de rencontres dans la 10e circonscription de Gironde, Virginie Calmels relit ses notes. Mordille son pouce. Tourne une page. Mordille son pouce… Métronomique, son geste rythme la validation méthodique des listes des douze départements pour les élections de la future région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Un casse-tête stratégique. À la veille de la commission nationale d’investiture, le 7 octobre dernier, la chef de file de la droite et du centre, l’oreillette de son iPhone 6 vissée au tympan, mène les dernières négociations. Courtoise mais ferme.

Un milieu machiste ?

Une dizaine d’édiles, ses aînés pour la plupart, l’attend au syndicat des vins. Blonde, sans fard, en tailleur-pantalon gris strict, pull et escarpins rouges, elle a une heure pour convaincre, écouter, distiller les apartés, avaler quelques tranches de fromage avant de filer à Libourne, Saint-Émilion… Jour de campagne ordinaire. Verdict : « Elle est bien, cette petite ! », juge un élu. Hier « la papesse de la télé-réalité », « la Margaret Thatcher des médias» ne goûtait guère les hyperboles ; pas davantage le diminutif aujourd’hui. Paternalisme débonnaire, machisme déguisé…, elle ne craint pas de dire qu’elle trouve le milieu politique un brin arriéré

L’arrivée à la mairie de Bordeaux

« La petite » a le goût du risque. Elle a mené trois plans sociaux avant ses 30 ans, dirigé Numéricable, Canal+ et Endemol. En janvier 2014, Alain Juppé, maire de Bordeaux, l’a placée en tête de sa liste pour les municipales. « J’étais à la veille de signer un LBO de 500 millions d’euros pour ma société SHOWer Company quand j’ai été sollicitée. Juppé, Bordeaux où j’ai grandi, où vit ma sœur Alexandra… J’ai accepté. » En mars, elle devient adjointe au maire en charge de l’économie, l’emploi et la croissance durable. C’est son premier mandat. « Alain Juppé m’a fait confiance d’emblée, il délègue énormément. » Très vite, elle déploie sa puissance de travail, met à profit son carnet d’adresses, dirige son équipe comme une entreprise, en mode projets.

Le nouveau défi des régionales

Un an plus tard, son mentor lui demande de mener le combat pour les régionales en décembre 2015. « Plus le défi est difficile, plus je fonce. Je le vis comme une mission », commente-t-elle. « Sa conviction qu’elle est faite pour le job ne date pas d’hier, confirme Anne-Charlotte Rousseau, une intime du premier cercle. Il y a douze ans, quand nous nous sommes rencontrées, elle m’a dit : "Je veux faire de la politique. Mais pour en faire bien, il faut pouvoir être indépendant. Donc, je vais travailler et gagner de l’argent."»

Présidente d’Endemol à 31 ans

Chose faite, diviser son salaire par cinquante (elle ne confirme pas) pour rejoindre le palais Rohan n’est pas un problème. « Si j’avais eu un plan de carrière, j’aurais moins bien réussi. Tant pis si on ne me croit pas », glisse-t-elle. Premier job : l’audit dans le nucléaire et les télécoms. Denis Olivennes la repère et lui propose la direction financière d’une société qui deviendra Numericable. De là, son ascension fulgurante dans l’audiovisuel. « Je ne me suis jamais dit : je veux être DG de Canal+ à 27 ans, pdg d’Endemol à 31. Mais je n’ai jamais eu peur. Si tout va plus vite pour moi que pour d’autres, c’est peut-être parce que ma mère n’a cessé de me répéter : "Ne remets jamais au lendemain"… »

Un profil atypique

Sa vie privée n’est pas un long fleuve tranquille. Mariée à 25 ans, très vite divorcée, capable d’annuler son second mariage avec Christian Blanc, l’ex-pdg d’Air France, deux semaines avant le jour J. Séparée de François-David Cravenne, conseiller à la Mairie de Paris, père de ses enfants, Pénélope, 8 ans, et Fitzgerald, 6 ans. « J’assume tout. » De l’homme qui est à ses côtés désormais, elle ne dira rien.

Les dix vies d’une combattante

Aujourd’hui, Virginie Calmels estime avoir la chance inouïe d’avoir déjà vécu dix vies où « le hasard n’existe pas ». C’est aussi le titre d’un récit que seuls ses enfants liront, plus tard. Explications : « Un soir, j’ai retrouvé toutes les lettres que mes parents m’ont écrites. À minuit, j’ai pris la plume pour les remercier : "Tout ce que j’ai fait, c’est grâce à vous." J’avais 29 ans. Mon père est mort quinze jours après d’une rupture d’anévrisme. Cela m’a ramenée à mes 16 ans, à son premier accident. J’étais seule avec lui, l’hôpital le croyait condamné, j’ai exigé qu’on le transfère ailleurs, où il a été sauvé. Treize ans de vie en plus. Après le décès de mon père, maman a eu un cancer. L’ombre d’elle-même. Je l’ai emmenée en croisière, sa nouvelle vie a commencé sur ce bateau. Voilà : je me bats à fond pour les choses et les êtres auxquels je crois. »

Une vocation précoce

Dans un café du quartier Saint-Seurin, où elle habite, elle évoque encore ce père, viticulteur en Algérie, ruiné lors de l’Indépendance, dont elle a hérité de l’opiniâtreté et du goût de l’engagement. « Il était aussi fou de politique, maire adjoint à 25 ans, puis vice-président du Conseil national du commerce. Moi, à 11 ans, j’étais fan de "l’Heure de vérité" ». De sa mère, Paule, qu’elle chérit : « Je n’aurais probablement pas mené cette carrière sans elle. J’ai fait un enfant en même temps qu’un LBO à 3,5 milliards d’euros, et je devais être la seule femme PDG à Paris avec chauffeur, deux sièges bébé à l’arrière et des couches dans la boîte à gants ! On habitait à 500 mètres l’une de l’autre. Désormais, maman a son appartement dans ma maison. Elle m’est indispensable », confie l’élue.

Une région de la taille de l’Autriche

En « méritocrate » convaincue, Virginie Calmels a « du mal avec les gens qui pensent que ça doit leur tomber tout cuit dans le bec ». Si elle est élue à la présidence du conseil d’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, une région de la taille de l’Autriche et aussi peuplée que le Danemark, elle s’engage à décentraliser, à valoriser la spécificité des territoires, à réduire la dépense publique - « l’impôt est un robinet trop facile » -, à rapprocher les mondes politique et économique, à revaloriser le service public et le travail des fonctionnaires. Elle démissionnera de ses mandats de maire adjoint et d’administratrice d’Iliad (fondé par Xavier Niel) pour éviter le conflit d’intérêt, mais souhaite garder celui de présidente du conseil de surveillance d’Euro Disney, non exécutif, « pour garder un pied dans l’entreprise ».

La seule femme du cercle rapproché d’Alain Juppé

Elle se fixe un mandat pour réussir, deux tout au plus. Son adversaire socialiste Alain Rousset brigue, lui, son quatrième mandat. « Chef d’entreprise, je me suis engagée sur des résultats, je les ai toujours obtenus. Sur ma capacité à gérer le conseil régional, je suis convaincue de faire beaucoup mieux. Je veux gagner ces élections pour réformer, faire ce qui est utile et urgent. Pas pour le pouvoir. » Certains lui prêtent cependant d’autres ambitions : la mairie de Bordeaux, un portefeuille ministériel. Ne conseille-t-elle pas Alain Juppé sur son programme économique, seule femme de son cercle rapproché dans sa préparation aux primaires ? « Ministre, je le serai si on me le propose. Et je pourrais aussi refuser. » « Elle a du sang-froid, elle est déterminée, dure, loyale », affirme Nicolas de Tavernost, président de M6 et des Girondins de Bordeaux, qui l’a observée en négociation. L’heure de vérité de son premier combat politique est proche. 

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À 30 ans à peine, Roxanne Varza dirige la Halle Freyssinet.

À 30 ans à peine, cette Californienne amoureuse de la France dirige la Halle Freyssinet, l’incubateur XXL lancé à Paris par Xavier Niel. Interview.

Madame Figaro. - Une heure de réveil ?
Roxanne Varza. - 
Sept heures le plus souvent.

Le pitch de votre poste ?
Je vais mettre en place une mini-ville start-up. Cela signifie choisir les start-up, comprendre ce qu’on peut leur apporter de différent, réfléchir à leur façon de travailler pour organiser au mieux l’espace et les services. L’idée sera aussi de faciliter l’accès des acteurs étrangers et notamment des investisseurs à cet incubateur.

La Halle Freyssinet ?
34.000 mètres carrés de bureaux dans le XIIIe à Paris, dessinés par Jean-Michel Wilmotte (ouverture début 2017). Pour l’instant, je suis la seule personne en poste avec le chef de chantier. Nous gérons un budget immobilier de 200 millions d’euros.

S’il faut remonter à l’origine ?
Mes parents iraniens ont quitté leur pays en 1979. Mon père est ingénieur informatique, passionné par le numérique. Ils ont dû tout reconstruire, je les vois comme des entrepreneurs. Je suis faite de ce qu’ils ont vécu - le rêve américain - et de cette nécessité de trouver en permanence des solutions.

Un élément qui a tout déclenché ?
L’amour du français, comme pour beaucoup d’Iraniens. Cela a fait de moi un « profil atypique » : née dans la Silicon Valley, diplômée d’une licence de littérature française à l’UCLA… Étonnamment, c’est grâce à la France que j’ai découvert la tech.

Un accélérateur de parcours ?
Mon premier emploi chez Business France à Paris : j’étais chargée d’aider des start-up de la Silicon Valley à s’implanter en France. L’innovation est devenue une passion. J’ai été recrutée pour créer l’accélérateur de start-up de Microsoft.

Un ou des mentors ?
Michael Arrington, le fondateur de TechCrunch (NDLR : la référence des blogs tech), et le grand reporter Mike Butcher. C’est lui qui m’a contactée, via mon blog, pour écrire sur ce site dont il m’a confié la version française. Xavier Niel, bien sûr. Il lisait mes articles. Je suis tombée de ma chaise quand il me l’a dit. C’était en 2010. Il m’a demandé mon avis sur plusieurs sujets… Et un jour, il m’a proposé de prendre la direction de la Halle Freyssinet .

Être une femme dans le digital ?
J’ai créé le réseau Girls in Tech en France, la Lady Pitch Night où des entrepreneuses pitchent leur projet.

Une inspiration ?
Xavier Niel, entre autres. Il est tellement différent. Il s’attaque aux vrais problèmes : l’éducation avec son école 42, la difficulté des start-up à trouver des développeurs. Il identifie ce qui manque en France, et dit : « Dans ce domaine, on va devenir les leaders. »

Que vous reste-t-il à apprendre ?
Tout. C’est le principe de l’innovation.

Que voudriez-vous transmettre ?
Beaucoup de personnes rêvent d’investir en France. Ce pays a pour lui la qualité de ses ingénieurs, le crédit d’impôt recherche, l’aide aux entreprises innovantes. Dans la Silicon Valley, beaucoup d’entrepreneurs sont motivés par l’argent ; ici, on valorise la beauté de l’innovation.

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Qui est Lubna Al Qasimi, la femme la plus puissante du monde arabe ?

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Lubna Al Qasimi vient d'être nommée ministre de la Tolérance des Émirats arabes unis. 

Entrée au gouvernement des Émirats arabes unis en 2004, Lubna Al Qasimi vient d'être nommée ministre de la Tolérance. Retour sur le parcours de cette personnalité politique, l'une des plus puissantes du monde arabe.

Il n'y a pas qu'en France que le gouvernement change. Celui des Émirats arabes unis a lui aussi subi son petit remaniement ce mardi 10 février : huit nouveaux ministres sont ainsi entrés au gouvernement. Parmi eux, cinq femmes. 

Les Émirats arabes unis sont encore loin d'un cabinet paritaire. Mais sur 29 personnes, huit sont désormais des femmes. Une belle progression. La première à avoir intégré le gouvernement est arrivée il y a une petite dizaine d'années. Il s'agit de Lubna Al Qasimi, nommée en 2004 à la tête de ministère de l'Économie. Douze ans plus tard, cette femme de 54 ans occupe le poste de ministre de la Tolérance, un des trois nouveaux cabinets créés par le gouvernement, et s'impose aujourd'hui comme l'une des femmes les plus puissantes du monde arabe. 

Une femme éduquée

Nièce du Sultan bin Mohamed Al Qasimi, à la tête de l'État de Charjah, aux nord-est des Émirats arabes unis, Lubna a pu bénéficier des privilèges offerts par sa naissance pour suivre des études supérieures dignes de ce nom dans son pays et à l'étranger. Elle étudie les arts et les sciences à l'université de Californie de Chico, au nord de Sacramento, avant de revenir dans sa région et d'intégrer l'université américaine de Charjah. Lubna s'oriente alors dans l'ingénierie et se spécialise dans les technologies et l'informatique. 

Ses diplômes en poche, ce domaine porteur d'avenir lui ouvre les portes de grandes entreprises émiraties : celles de General Information Authority, qui collabore avec le gouvernement émirati, ou de Dubai Ports Authority, l'opérateur portuaire le plus puissant du monde arabe. Enfin, Lubna Al Qasimi se hisse tout en haut de l'organigramme de Tejari, une société qui conseille les autres firmes du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord.  

Une pionnière en politique

Lubna Al Qasimi a été nommée ministre de l'économie en 2004, ouvrant ainsi la voie du monde politique à d'autres femmes de son pays.

Puissante et experte dans son domaine, Lubna Al Qasimi est aussi celle qui a ouvert la voie de la politique aux femmes de son pays. En 2004, elle est en effet la première citoyenne des Émirats arabes unisà entrer au gouvernement en tant que ministre de l'Économie. Depuis, la politicienne s'est imposée comme figure indispensable à cette jeune nation en pleine mutation. En 2008, on lui confie le ministère du Commerce international avant de lui mettre entre les mains, en 2013, celui de la Coopération internationale et du développement. Aujourd'hui avec son nouveau poste, la ministre de la Tolérance est septième dans l'ordre protocolaire du gouvernement, deux rangs devant le ministre... de l'Économie.

Une femme puissante

Fort de son rayonnement national et international, Lubna est désormais considérée comme l'une des femmes les plus puissantes du monde. En 2015, elle figurait en 42e position du classement féminin de Forbes. L'année précédente, elle se plaçait à la 55e place.

Le magazine Arabian Business a lui aussi constitué son propre classement. Il a alors attribué la première marche du podium des cent femmes les plus puissantes du monde arabe à la ministre. Une distinction qu'elle occupe sans répit, depuis 2011.  

Une femme engagée

À travers ses fonctions de ministre, Lubna Al Qasimi s'exprime sur des sujets aussi variés que la crise syrienne, l'égalité hommes-femmes ou l'éducation des filles à travers le monde aux côtés de la militante pakistanaise Malala Yousafzai.

Devant les représentants des Nations unies, la politicienne a par exemple demandé à la communauté internationale de « développer et de mettre en place des solutions directes » pour venir en aide aux populations touchées par les conflits en Syrie. Lubna encourage aussi les femmes de son pays à oser et entreprendre autant que les hommes pour offrir aux Émirats arabes unis « une vision ambitieuse d'un futur meilleur ». Car pour elle, « le progrès d'une société ou d'une nation se détermine par la manière dont sont traitées les femmes », a-t-elle expliqué sur le site de Fatima bint Mubarak, la « mère de la nation » émiratie. Il est donc crucial que les hommes et les femmes soient égaux entre eux, selon Lubna. Grâce à sa posture dans le Conseil émiratie, la ministre donne l'exemple et se positionne en tant que modèle à suivre pour que les femmes participent à la vie politique et s'investissent dans tous les domaines : médecine, sport, médias ou finance, tout est possible pour les Émiraties ! 

La nouvelle ministre de la Tolérance a été récompensée à de nombreuses reprises pour ses engagements politiques et sociaux. Le dernier de sa collection ? Un Clinton Global Citizen Award, qui distingue les individus engagés dans une logique de « citoyenneté globale », reçu en septembre 2015. 

Les 20 femmes les plus puissantes du Moyen-Orient :

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Laurence Solnais, de l’édition au Qi Gong

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Laurence Solnais, de l'édition au Qi Gong. Lire son portrait.

À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, focus sur ces femmes inspirantes qui ont repris le pouvoir sur leur vie en se réinventant, loin des idées reçues.

Sa vie d’avant

Responsable éditoriale au sein d’une petite société d’édition parisienne, Laurence, diplômée en lettres modernes, virevolte pendant dix ans au milieu des manuscrits et de leurs auteurs avec bonheur. Mais la crise financière de 2008 frappe durement le secteur du livre et l’ambiance familiale de l’entreprise cède la place à un climat délétère, lourd de pressions et de tensions. Laurence Solnais fait face mais son corps parle pour elle : chute de cheveux, fatigue intense, arrêts maladie…en septembre 2011, à bout de souffle elle négocie son départ.

Sa révolution

Pour se reconstruire physiquement, Laurence intensifie les cours de Qi Gong, cet art martial millénaire chinois basé sur la respiration et le mouvement. Une petite voix intérieure lui murmure que son nouveau chemin passe par le corps : « Plus jeune, je voulais être danseuse. Ensuite, j’ai pratiqué le yoga. Le Qi gong a fait écho à mes aspirations, c’est un lien avec la nature, avec soi, avec les autres » (1). À 46 ans, Laurence tente le grand bond en avant : une formation de trois ans pour devenir enseignante en Qi gong et Taï-Chi. Diplômée trois ans plus tard par des maîtres chinois, elle débute par des cours donnés à son entourage et ses copines. Le bouche à oreille fait le reste et transforme une passion en un véritable métier. Aujourd’hui, Laurence goûte tous les jours le bonheur d’avoir trouvé sa nouvelle voie professionnelle. « Je prends plaisir à voir le corps de mes élèves se libérer et leur mental se calmer ». 

(1) Ils ont changé de vie, d'Amandine Grosse, aux Éd. de La Martinière. 

20 femmes qui ont osé révolutionner leur vie

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Florence Hallouin, de Disney à la couche lavable écolo

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Florence Hallouin, de Disney aux couches écolos.
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À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, focus sur ces femmes inspirantes qui ont repris le pouvoir sur leur vie en se réinventant, loin des idées reçues.

Sa vie d’avant

Ingénieure designer industriel (formée à l’ENSCI de Paris), Florence Hallouin multiplie très jeune les expériences et les postes, en agence de design, ou conseillère en déco, puis s’arrête chez Disney, où elle travaille à la mise en place des produits dérivés de la marque. Si le marketing l’intéresse, elle n’a pas encore trouvé l’endroit ou l’idée qui la passionne réellement et lui permet de ne pas être « un maillon d’une chaîne consumériste ». Parisienne, Florence Hallouin a pourtant la fibre verte. La naissance de ses deux enfants la place devant une réalité pratique : un bébé de 0 à 2 ans, c’est 5000 couches jetables, un budget moyen de 1500 euros et une tonne de déchets produits. Chaque année, 4 milliards de couches sont jetées en France. La moitié est incinérée, l'autre mettra 500 ans à se dégrader, en contaminant au passage l'eau et les sols. Et si elle se saisissait du problème ?

Sa révolution

Après avoir négocié son départ de Disney, Florence est sélectionnée par le programme Challenge Plus HEC, passe une année en incubateur avec d’autres porteurs de projets innovants. Et met au point un kit de couche lavable aussi beau qu’écolo. Pour un enfant, une économie de l’ordre de 1000 euros. La « collection » brevetée est baptisée Hamac, et les prix remportés s’accumulent (Observeur du Design, Oséo Excellence, PM'UP de la Région Ile-de-France, Créatrices d’Avenir …). Fabrication locale et 100% française, produits éco-conçus… Tout prend sens. « Entrepreneur, je me sens vivante ! », résume-t-elle. Une associée de choc, Clémence Ossent (HEC),  et 6 salariés forment la belle équipe de Génération Plume. Le futur se conjugue à l’export, et à l’extension de la collaboration avec les crèches. La croissance en 2015 ? + 50%.

 

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Mimi Thorisson, de CNN Hong Kong au terroir français

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Mimi Thorisson, de CNN Honk Kong au terroir français.
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À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, focus sur ces femmes inspirantes qui ont repris le pouvoir sur leur vie en se réinventant, loin des idées reçues.

Sa vie d’avant 

Ultra-urbaine, tendance cosmopolite. Pour résumer, Mimi a grandi entre Hong-Kong, Singapour et Londres, fille unique d’un père chinois et d’une mère française. Après des études de finances, qui ne l’intéressent guère, elle devient productrice sur CNN à Hong-Kong…. Jusqu’au jour où elle croise son Islandais de mari, le photographe Oddur Thorisson, lors d’ une Fashion Week à Paris (vous suivez ?). C’est le coup de foudre.

Sa révolution

Deux ans plus tard, un peu à l’étroit dans leur appartement parisien avec leurs 3 enfants (un pour elle, deux pour lui), ils décident sur un coup de tête de changer de vie… en l’occurrence, d’acheter une grande maison dans le Médoc, pour y vivre en famille avec leurs 7 chiens, autour de leur passion commune : la cuisine du terroir. Il faudra un an de détox à Mimi pour s’acclimater à la vie version campagne. Un soir de 2011, elle s’assied face à son ordinateur avec une envie : partager à l’écrit son expérience et ses recettes. Quatre ans plus tard, son blog, illustré des photos de d’Oddur, fait rêver des millions de followers dans le monde entier, Mimi a lancé son émission « La table de Mimi » sur Cuisine+ (Canal +), son livre A Kitchen in France est devenu un best-seller aux États-Unis, et grâce à ce succès, toute la famille a déménagé dans une imposante bâtisse ancienne. Cuisine sans âge, draps en lin, pivoines humides et promenades en bottes à travers champs :  chez Mimi (41 ans, un physique de top modèle), le champagne rosé se déguste dans des coupes gravées à l’ancienne, les enfants semblent sortis d’une pub Bonpoint… et la maîtresse de maison attend son sixième enfant.

www.mimithorisson.com

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Victoria Beckham, de Spice Girl à styliste du gotha New-Yorkais

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Victoria Beckham, de Spice Girl à styliste du gotha new-yorkais.
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À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, focus sur ces femmes inspirantes qui ont repris le pouvoir sur leur vie en se réinventant, loin des idées reçues.

Sa vie d'avant

Quand on demande à l’ancienne Spice Girls quel look d’il y a vingt ans elle serait capable de reporter, sa réponse est sans appel : « aucun ». Née à Harlow en Angleterre, Victoria Caroline Adams grandit entourée d'une mère et d'un père self-made man avec l’ambition de faire de la scène. Lors de ses études d'art dramatique, ses camarades la surnomment « Spotty Vicky» à cause de son acné. À 20 ans, elle prend sa revanche en tant que Posh Spice dans le girls-band le plus emblématique des années 90 : les Spice Girls. Bronzage carotte, robes bustier outrancières et snobisme exacerbé la rendent antipathique. Trois albums plus tard, la bande de filles implose. Victoria sort un opus en solo, massacré par la critique. Elle s’exporte à Los Angeles avec son footballeur de mari David Beckham, et tente de sauver leur notoriété déclinante en faisant de la téléréalité. Soit la promesse d’un destin de « desperate housewife » tout tracé.

Sa révolution

Connue pour ses fashion faux pas, Victoria Beckham devient l’énième chanteuse à se lancer dans la mode en clamant qu’il s’agit de sa passion originelle. Mais sa persévérance paye : elle remplace les shorts en nylon de son mari par des costumes Tom Ford et en fait l’archétype du métrosexuel, lance des jeans en 2004, un livre-leçon de style That Extra Half an Inch : hair, heels and everything in between en 2006, et sa ligne complète de prêt-à-porter en 2008. Sous le parrainage du créateur Roland Mouret, elle gagne une crédibilité critique. Ses copines Eva Longoria, Jennifer Lopez ou encore Gwyneth Paltrow sont les premières à adopter ses robes épurées de New-Yorkaise affairée. Anna Wintour copine avec ses enfants au premier rang de ses défilés. En 2014, sa marque pèse déjà 30 millions de livres et lui vaut d’être nommée « Meilleur entrepreneur de l’année » par le magazine Management Today, et « marque de l’année » par les British Fashion Awards. Mais pas d'effusion de joie pour Posh. « Je ne veux pas être vue en train de sourire, de m’amuser ou de manger », ironise la créatrice control freak, qui a fait de sa famille entière une marque à elle seule.

20 femmes qui ont osé révolutionner leur vie

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Lisa Lovatt-Smith, de rédactrice en chef de "Vogue"à la direction d'un orphelinat au Ghana

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Lisa Lovatt-Smith, de rédactrice en chef mode de Vogue Espagne à directrice d'un orphelinat au Ghana.
Lire son portrait.

À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, focus sur ces femmes inspirantes qui ont repris le pouvoir sur leur vie en se réinventant, loin des idées reçues.

Sa vie d’avant

Lisa n’a que 17 ans en 1984 quand elle quitte sa famille d’accueil et l’Espagne pour s’installer seule à Londres. L’adolescente travaille aux côtés d’Anna Wintour en tant que rédactrice photo de l'édition anglaise du Vogue. Cinq ans plus tard, la petite surdouée est mutée à Barcelone et devient rédactrice en chef mode de Vogue Espagne. Soit la plus jeune chef qu’il ait existé au sein du groupe Condé Nast. Elle travaille avec Catherine Deneuve, Andy Warhol, ou Karl Lagerfeld, passe son temps dans les avions, fait escale dans les capitales de la mode et trouve le temps d’écrire une collection de livres qui deviendront chacun des best-sellers. Dans son cercle d’amis proches : Ines de la Fressange, le mannequin Margherita Missoni ou encore les acteurs et actrices Victoria Abril, Antonio Banderas et Rossy de Palma. Lisa Lovatt-Smith est riche, célèbre, et incontournable. Alors que tout semble lui réussir, une épreuve l’attend. Sa fille Sabrina, qu’elle a adoptée à cinq ans, traverse une période tourmentée à l’adolescence. Lisa décide alors de l’emmener faire du bénévolat dans un orphelinat au Ghana. Son objectif : aider l'ado en crise à s’ouvrir aux autres pour la soulager de son propre mal-être.

Sa révolution

Lisa Lovatt-Smith démissionne de son poste, vend son château, ses voitures, ses bijoux de famille et cède ses droits d’auteur. Lorsqu’elle se rend compte que les orphelinats ghanéens pratiquent la prostitution et le trafic d’organes, elle n’a plus qu’une seule idée en tête : fonder une association pour aider ces enfants abandonnés à échapper à l’horreur. En plus de l'orphelinat, Orphan Aid Africa a également permis de financer des écoles et des centres de santé. Celle qu’on surnomme« Mama Lisa » a pris en charge plus de 500 enfants et a agrandi sa famille en adoptant quatre autres enfants en grande détresse. Dans cette nouvelle vie ou dans la précédente, pour sa générosité ou sa précocité, Lisa Lovatt Smith force le respect et l’admiration.

20 femmes qui ont osé révolutionner leur vie

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Qui est Rachel Lambert, l'épouse et (désormais) tutrice de Vincent Lambert ?

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Rachel Lambert désignée tutrice de son mari Vincent Lambert.

Rachel, l'épouse de Vincent Lambert, vient d'être nommée tutrice de ce dernier, dans un état végétatif depuis 2008. Une avancée considérable pour cette femme qui a sacrifié sa vie à la protection de son mari. Portrait express.

Le juge des tutelles de Reims a finalement tranché. Contre toute attente, c'est bien un membre de la famille qu'il a choisi pour devenir le tuteur de Vincent Lambert, cet homme en état végétatif depuis son accident de voiture en 2008. Une désignation qui n'a rien d'évidente tant la famille de cet homme de 40 ans se déchire maintenant depuis trois ans. D'un côté, les parents du patient, et deux de ses frères et sœurs, refusent l'arrêt des soins. Tandis que l'autre clan de la famille, représenté par son épouse, Rachel Lambert, souhaite laisser partir Vincent Lambert.

C'est cette dernière qui a été désignée par la justice comme étant sa tutrice pour une période de 120 mois, c'est-à-dire la responsable d'une personne majeure dont les capacités physiques ou mentales ont été altérées, a annoncé ce jeudi 10 mars le neveu de Vincent Lambert sur les ondes de France Bleu Champagne-Ardenne. Un subrogé tuteur est également désigné, un tiers extérieur à la famille cette fois, pour « assister ou représenter, si besoin est, Vincent Lambert lorsque ses intérêts seront en opposition avec ceux du tuteur ». Et pour « intervenir comme un relais envisageable » pour Rachel Lambert.

Dédiée à la cause de son époux, Rachel Lambert est une femme discrète, qui parle peu dans les médias. Il faudra attendre plusieurs années après l'accident de son mari pour l'entendre dans la presse, notamment à l'occasion de la sortie de son livre-témoignage, Vincent : Parce que je l'aime, je veux le laisser partir, sorti chez Fayard en septembre 2014. Elle y dresse le portait de son mari, comme pour lui rendre justice et protéger son image après la diffusion sur Facebook de photos de lui, sur son lit d'hôpital. Mais également pour faire entendre sa voix à la justice, aux médecins et aux parents de son époux.

Une femme discrète et guidée par l'amour 

Rachel Lambert livre le portait de son mari dans ce livre-témoignage, publié en septembre 2014. 

Jeunes mariés et parents d'une petite fille depuis 2 mois, le destin de ce couple bascule en 2008 après l'accident de voiture de Vincent. Rachel, son bébé sous le bras, occupe quotidiennement les couloirs du CHU de Reims pour être auprès de son mari et accompagner sa guérison. « Les premiers jours après l’accident, je ne pensais qu’à deux choses : que Vincent reste vivant, et ne pas mourir de chagrin. Tant qu’il était sous sédatifs, j’attendais son réveil, pour enfin pouvoir interagir avec lui. Et puis on a arrêté la sédation et je l’ai vu enrouler ses bras. Je sais très bien que c’est un signe de souffrance cérébrale. Quand il a ouvert les yeux, son regard n’était plus vif, comme s’il n’était plus là. Ça aussi, c’est tellement violent… Bien sûr, il y a le fol espoir mais, au fond de moi, je savais : son cerveau était irrémédiablement abîmé », racontait-elle pudiquement au magazine Psychologies en février 2015. Mais les mois passent, les médecins arrêtent la sédation, et son époux manifeste des signes d'inconfort et de rejet des soins. 

C'est à ce moment-là que la femme de 35 ans sait ce que son mari tétraplégique désire : qu'on le laisse partir. Tous deux infirmiers avant l'accident, ils avaient déjà discuté de ce qu'ils souhaitaient si une situation similaire se présentait, a expliqué Rachel Lambert au JDD, à l'occasion de la sortie de son livre en septembre 2014 : « Je respecte les convictions des parents de Vincent, de sa sœur et de son demi-frère qui pensent, contrairement au reste de la fratrie et à moi, que mon mari doit rester en vie. Simplement, je dis que c'est la parole de Vincent qui devrait être prise en compte. » 

Face au conflit qui déchire la famille Lambert, Rachel a abandonné son métier d'infirmière en psychiatrie pour prendre soin de son mari et élever seule leur fille. « En plus de me battre contre l’immense chagrin de l’avoir perdu, il a fallu affronter tous ces gens qui se sont immiscés dans ce que nous avions de plus intime. Je suis devenue l’unique chef de ma famille en un instant, et pour des années », explique-t-elle à Psychologies. Cible de violents propos, elle doit déménager pour protéger son enfant. Pourtant, même si Rachel Lambert est une femme déterminée, forte et courageuse, elle se sent terriblement seule : « Je me suis sentie très seule dans l’accompagnement de Vincent », a-t-elle avoué au magazine. « Même si nos proches et nos amis souffrent aussi, leur vie n’est pas balayée comme la mienne l’a été. »

Son rôle de tutrice : un nouvel espoir ?

Avec ce nouveau rôle de tutrice, Rachel Lambert retrouve, selon son avocat Me Gérard Chemla, « sa place d'épouse » dans une histoire inscrite depuis plusieurs années dans un violent débat national qui semble sans fin. Cette décision fait suite à une demande du CHU de Reims qui devait, en juillet dernier, prendre une ultime décision quant au sort de Vincent Lambert. Mais la médecin de ce dernier avait préféré s'abstenir pour demander à la justice une mise sous protection juridique, craignant pour la sécurité de son patient et de son service. 

La mission de Rachel Lambert est donc aujourd'hui de défendre les intérêts de son mari. Bien plus que d'être son responsable légal ou le garant de sa dignité humaine, elle est désormais sa voix, la personne que les médecins devront consulter pour toutes décisions médicales. Avec, pour Rachel Lambert, encore et toujours, l'arrêt des soins en ligne de mire. 

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Qui est Sophie Bellon, première femme au CAC 40 ?

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La présidente du groupe Sodexo entre dans l'histoire comme première femme aux rênes d'une entreprise du CAC 40.

Sodexo prendra la place d'Alstom au CAC 40 le 21 mars prochain. Sophie Bellon, qui a succédé à son père à la présidence du groupe en janvier, deviendra alors la première femme à présider une des entreprises les plus cotées de France.

On pensait que ce serait Isabelle Kocher qui obtiendrait dans l'ordre des choses le titre de « première femme à diriger une entreprise du CAC 40 ». Mais la numéro 2 d'Engie a vu son heure de gloire repoussée après que le PDG Gérard Mestrallet ait décidé, en février, de jouer les prolongations en restant président non-exécutif d'Engie pour deux ans.

Il n'aura fallu que deux mois à Sophie Bellon, 54 ans, pour griller la priorité à l'ex-future icône. Nommée le 26 janvier présidente du conseil d'administration du groupe Sodexo, elle deviendra la première femme à la tête d'une entreprise du CAC 40 le 21 mars prochain, date à laquelle Sodexo volera la place d'Alstom dans le club des 40 entreprises les plus cotées de France. Qui est donc cette outsideuse et, qu'elle le veuille ou non, nouvelle égérie de la cause des femmes dirigeantes ?

Une "fille de" méritante

Certes, c'est le père de Sophie, Pierre Bellon, qui a fondé à Marseille en 1966 l'entreprise désormais leader mondial des services aux entreprises. Si elle hérite de la couronne cinquante ans plus tard, la route n'a pas été pavée de roses. « On ne confond pas organigramme et arbre généalogique », avait répété maintes fois le pater à ses quatre enfants. La méritocratie avant tout. Diplômée de l'Edhec, Sophie fera ses armes ailleurs. Une pratique souvent conseillée aux fils et filles de grands patrons. Ce n'est qu'en 1994 qu'elle revient au bercail en tant que chargée de mission à la direction financière de l'entreprise familiale. Malgré des premiers pas brillants outre-Atlantique, la « fille de » doit faire ses preuves et n'aura pas de traitement de faveur.

Après le rachat de Gardner Merchant par le groupe un an après son arrivée, tout Sodexo est en fête lors d'un dîner pour la signature du deal... Auquel seule Sophie n'est pas invitée. En 2008, elle prend la tête du secteur Entreprises de Sodexo et doit gagner une crédibilité face à une équipe entièrement masculine. Pendant ce temps, le père, si attaché au mérite, prépare sa relève et souhaite qu'un de ses quatre enfants lui succède. Il les convoque tous en 2012 et annonce la couleur : il veut que l'un d'eux reprenne la présidence du groupe mais refuse de choisir. Une des sœurs ne rentre pas dans la course. Sophie sera désignée par un comité des sages, à l'unanimité.

Une femme d'affaires

Cousine de Jacques-Antoine Granjon, le PDG de Vente-privée.com, cette mère de quatre enfants est discrète mais tenace. Elle a démarré sa carrière aux États-Unis, à New York, au sein du Crédit lyonnais. Puis prend la tangente vers le monde du luxe, se reconvertissant agent des marques de mode françaises. De retour en France au sein de l'entreprise familiale, c'est elle qui décroche l'acquisition des activités de service de restauration de la chaîne Marriott International. En 2015, cette adepte du yoga et de l'art contemporain entre au conseil d'administration de L'Oréal.

Désormais présidente d'un groupe qui emploie 420.000 employés, dont 37.000 en France, elle dirigera Sodexo en complémentarité avec le directeur général Michel Landel, qui faisait partie du comité des sages à l'avoir désignée héritière légitime. Elle devient une figure féminine de premier ordre du monde des affaires. 

Une militante de l'égalité

Sodexo s'érige une nouvelle fois comme entreprise symbole de l'égalité professionnelle. Premier du classement des 120 entreprises françaises cotées au SBF, le groupe possède 38% de femmes au conseil d'administration et 43% au sein du comité exécutif. Sodexo peut se targuer d'être à l'initiative de l'arrivée d'une femme parmi les leaders du CAC 40. L'esprit militant de l'entreprise familiale a dû infuser dans les gènes de Sophie Bellon. En 2009, c'est elle qui avait ouvert le réseau féminin d'entreprises, baptisé Swift, aux hommes, pour faire avancer l'égalité par l'égalité. À la tête du 19e plus gros employeur au monde, on se doute que cette icône malgré elle ne s'arrêtera pas en si bon chemin.  

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Paul-Emmanuel Reiffers crée l’événement

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Paul-Emmanuel Reiffers dans son bureau parisien devant une oeuvre de l’artiste américain Matthew Day Jackson.

Depuis 1993, ce passionné fait le buzz dans le monde de la mode et du luxe. Mazarine, son agence de communication, est devenue un empire à l’ère digitale. Portrait d’un ambassadeur.

« Si cela ne vous ennuie pas, je préfère ne pas mentionner de noms. C’est d’ailleurs là toute notre force  : on ne se sert pas des marques avec lesquelles on travaille pour exister, ni même pour se valoriser. » C’est un fait, Paul-Emmanuel Reiffers a largement dépassé ce stade. Mazarine, l’agence de communication qu’il a créée en 1993, emploie aujourd’hui trois cent cinquante personnes, est implantée à Shanghai, Hongkong, Pékin et New York, et compte parmi ses clients des noms aussi prestigieux que Cartier, Chanel, Givenchy. Van Cleef & Arpels, Baume & Mercier ou Louis Vuitton. À l’aube de la cinquantaine, ce grand brun longiligne (« Trois heures de sport par semaine depuis vingt ans, ça aide ») peut se targuer d’avoir réussi l’impossible  : fidéliser des clients ultra-exigeants via une agence « couteau suisse » qu’il a façonnée au rythme des évolutions technologiques et autres changements comportementaux. « J’ai toujours pensé Mazarine comme une construction. J’apporte régulièrement une nouvelle pierre à l’édifice en proposant un autre corps de métier, en complétant l’offre de départ. » Et au départ, donc, c’était quoi ? La réalisation de dossiers de presse et autres brochures pour les marques de luxe et premium. « Quand je me suis lancé, j’avais 25 ans. J’ai très vite su que, si j’avais hérité de la fibre entrepreneuriale familiale, je ne voulais pas d’une voie toute tracée en entreprise. Je voulais les chemins de traverse… et le sel de l’incertitude. »

“Je suis un homme de défi !”

À 25 ans à peine, il s’était déjà frotté au monde du luxe via des tables rondes qu’il organisait en tant qu’étudiant. « Ça marchait du tonnerre. Avec un groupe d’amis, nous faisions venir les plus grands patrons français autour d’un thème précis. Nous avons reçu Bernard Arnault et François Pinault, entre autres. Cette expérience m’a appris l’audace et le courage. » Paul-Emmanuel se lance, installe ses bureaux dans son appartement, un 50 m² rue Mazarine, à Paris. L’agence s’appellera donc… Mazarine. « J’avais la fougue des débutants, je me disais  : on va faire des millions, se souvient-il en souriant. Au bout de six mois, j’étais déjà heureux de toujours être là ! Faire tourner une boîte demande une énergie incroyable, je le découvrais. » Entre deux dossiers de presse, cet éternel enthousiaste s’offre un énorme plaisir. « Je vends à la Sorbonne un superévénement  : je fais venir devant un parterre d’étudiants ultra-excités Karl Lagerfeld et Claudia Schiffer. Nous étions au milieu des années 1990. C’était la période des tops superstars ! Un moment d’exception. Je comprends alors l’essentiel  : créer un événement m’anime. Sans création et sans créativité, nous sommes morts. » Paul-Emmanuel apporte la deuxième pierre à son édifice et lance la branche événementielle. D’autres suivront  : publicité, communication, photo, design, digital… Mazarine propose aujourd’hui une agence par corps de métier. « À chaque fois, je me suis entouré des meilleures personnes afin d’offrir une expertise et un savoir-faire uniques. » L’homme insiste : « J’ai 26 ans quand je rencontre Karl Lagerfeld pour la première fois. Je comprends à son contact que le luxe est un territoire de vérité et d’excellence. À nous de proposer une créativité à la hauteur de cette excellence. Ça tombe bien, je suis un homme de défi ! » L’un des plus gros défis, justement, fut le passage au digital. « En 2000, tout le monde lançait des start-up. Et moi, j’étais avec mon agence de communication. Pas question de mettre sept années de dur labeur à la poubelle ! Il fallait prendre le virage du digital, mais en l’amorçant avec intelligence. Notre force a été d’accompagner nos marques fidèles dans cette révolution avec tout notre savoir-faire. Le digital représente aujourd’hui 50 % des revenus de l’agence. » Le défi du jour ? « Créer du contenu pour le Web. Créer ce fameux buzz qui va alimenter les réseaux sociaux. Cela peut être une soirée, un montage vidéo, une exposition, un défilé… Le métier change, et c’est passionnant. Mais assez parlé. Suivez-moi, je vous fais visiter l’agence ! »

L’art contemporain, son péché mignon

Si celle-ci se prénomme toujours Mazarine, elle a déserté la rue située près de la Seine pour s’installer square Villaret-de-Joyeuse, dans le XVIIe arrondissement de la capitale. « Au début, nous occupions le rez-de-chaussée, puis tout l’immeuble. Puis l’immeuble d’en face, explique-t-il en avançant d’un pas décidé. Vous avez vu la force de cette œuvre ? C’est beau, non ? » Paul-Emmanuel s’arrête net devant un tableau géantissime signé Matthew Day Jackson « Ma dernière acquisition ! Ce garçon a eu l’idée géniale de reprendre les couvertures les plus emblématiques du magazine “Life” façon patchwork. Je suis fan. » Lancez-le sur l’art contemporain  : l’homme est intarissable. « C’est mon péché mignon. Mon inspiration aussi. Je tiens cette passion de mon grand-père qui était collectionneur, et j’ai la chance de la partager avec ma femme, Margaux, directrice image de Mazarine. Bien sûr, j’ai à cœur d’initier mes enfants à l’art. » Son dernier bébé ? Le Studio des Acacias, dont il vient de finir la rénovation. Ce studio photo mythique a vu défiler Irving Penn, Richard Avedon, Guy Bourdin. « Je le vois comme un lieu de vie dédié à l’art, à la culture. Un lieu d’expérimentation aussi. J’y organise des expositions éphémères, des dîners, des happenings… où artistes et amateurs se rencontrent, échangent et créent ! » Une pierre supplémentaire à l’édifice Mazarine.

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Cette députée irakienne rachète les femmes enlevées par Daech

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Vian Dakhil, députée irakienne et seule représentante de la communauté des yézidis au Parlement irakien, rachète une par une les femmes réduites en esclaves sexuelles par les soldats de Daech. 

Utilisant sa notoriété, ses contacts et les réseaux de résistance, Vian Dakhil, députée représentante des Yézidis au parlement irakien, sauve les femmes réduites en esclavage sexuel. Un combat acharné qu'elle mène presque seule, devenant ainsi la première cible de l'État islamique.

Jeudi 10 mars, le site du quotidien suisse Le Temps, relayait l'initiative discrète de la députée irakienne Vian Dakhil. Pour sauver les femmes yézidies kidnapées et réduites en esclavage par Daech, la femme politique les rachète une à une. Alors inconnue il y a deux ans, elle s'est depuis fait la porte-parole de la communauté yézidie et le témoin principal de leur massacre dans le mont Sinjar à la frontière syrienne. 

Elle mène une lutte acharnée contre l'oppression de son peuple, les Yézidis. Cette minorité kurdophone vit dans la région du Sinjar depuis des siècles. Elle puise ses croyances dans le zoroastrisme (une religion mono-théiste, non biblique), l'islam et la chrétienté. C'est dans leur fief que nait Vian Dakhil en 1971, au nord de l'Irak. « Une région de fermiers pauvres, de pacifistes, où nous vivions tous ensemble, sunnites, chiites, chrétiens », déclare-t-elle en 2015 à la revue mensuelle XXI. Dès son plus jeune âge, Vian Dakhil cohabite avec le climat de peur. En 1974, sous le régime de Saddam Hussein, la famille quitte la région pour fuir les persécutions et s'établit à Erbil, capitale du Kurdistan irakien. 

"Sauvez-nous !"

Fille d'un père médecin, elle opte un temps pour des études universitaires, en biologie avant de s'engager en politique pour défendre les siens. Âgée seulement de 39 ans en 2010, Vian Dakhil est élue au Parlement irakien, puis réélue en 2014. Elle fait partie du PDK, le Parti démocratique du Kurdistan.

Le 5 août 2014, quelques minutes vont suffir pour faire sortir de l'ombre celle qui n'était jusqu'ici qu'une députée parmi tant d'autres. À la fin d'une séance au parlement, alors qu'une partie des élus s'agite et se lève pour quitter la salle, Vian Dakhil prend la parole et suspend le temps. Dans une déclaration déchirante, elle interpelle le parlement sur la situation des Yézidis dans le mont Sinjar depuis l'attaque trois jours plus tôt des soldats de l'État islamique. Elle crie littéralement à l'aide : « 500 hommes yézidis ont été massacrés juqu'à présent. Monsieur le Président, nos femmes sont capturées et vendues sur le marché aux esclaves. [...] Frères, au-delà de tous les désaccords politiques, nous voulons la solidarité humaine. Sauvez-nous ! » Après quelques minutes, la députée est contrainte d'arrêter son discours, en larmes et à bout de souffle, après avoir dénoncé « une campagne génocidaire ». « C’était la première fois que je m’exprimais de cette manière devant le Parlement et surtout, la première fois que j’y étais écoutée », confie-t-elle au magazine Paris Match, lors d'un entretien en décembre de la même année.

Si la députée réussi à attirer l'attention des médias internationaux, la réponse et le soutien de son gouvernement se font attendre. Célibataire sans enfant, Vian Dakhil consacre sa vie à l'aide aux réfugiés et se débrouille par ses propres moyens. En août 2014, accompagnée de quelques gardes du corps, elle se rend en hélicoptère pour distribuer de la nourriture, de l'eau et évacuer des réfugiés du mont Sinjar : « Il fallait absolument donner l’exemple et je ne pouvais rester les bras croisés au parlement en pleurant, pendant que mon peuple se faisait exterminer », explique Vian Dakhil, interviewée par le Temps. Mais l'opération tourne à la catastrophe. Au moment du décollage de l'appareil, certains réfugiés s'y accrochent. Déséquilibré, l'hélicoptère s'écrase tuant sur le coup le pilote. La députée, elle, est blessée à la jambe.

Le rachat des esclaves 

Le 6 octobre 2014, la députée reçoit le prix Anna Politkovskaïa, remis à Londres par l'organisation Raw in War, qui récompense les femmes défendant les droits des victimes dans les zones de conflit. Vian Dakhil ne cesse d'alerter ensuite, allant d'ambassade en ambassade. En décembre 2014, elle lance un nouveau signal d'alarme depuis les États-Unis, devant le Centre Woodrow Wilson. À Paris Match, en décembre 2014, elle confie ne recevoir aucun soutien de ses collègues parlementaires et dénonce l'inaction du gouvernement central de Bagdad. Lorsque les combattants peshmergas repoussent les soldats de Daech de la région du Sinjar en décembre 2014, des milliers de personnes ont disparu, dont près de 5 000 femmes, selon l'ONU. Les jeunes filles, adolescentes et femmes sont vendues sur un marché aux esclaves et mariées de force à des combattants, selon le rapport dramatique de Donatella Rovera le 23 décembre 2014, principale conseillère d'Amnesty International. 

Utilisant sa notoriété, ses contacts et les réseaux de résistance, la députée s'est lancée dans le rachat d'esclaves sexuelles yézidies vendues à Daech, à l'instar de l'avocat Khaleel al-Dakhi. « Je paie entre 4 000 et 6 000 dollars par personne, un peu moins pour les enfants », explique-t-elle au Temps. « Sur les 5 840 femmes et enfants kidnappés, après les morts et les libérations contre rançon, 2 200 restent encore prisonniers », ajoute-t-elle. La députée reçoit même des appels à l'aide sur son téléphone personnel. Dans une interview accordée en février 2015 à La Chronique, mensuel de l'ONG Amnesty International, elle confiait que sa maison à Erbil abritait ses neveux et nièces réfugiés de Sinjar. La députée souhaitait même en faire un lieu d'accueil pour plus de réfugiés.

« Sur les 600.000 Yézidis, 420.000 vivent dans des camps, dans les zones contrôlées par les Kurdes en Irak et en Syrie », indique-t-elle au quotidien suisse. L'heure est à la reconstruction pour ces femmes meurties. Mais ce combat a un coût : la députée est désormais la femme la plus recherchée en Irak par l'État islamique.

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Philippine Dolbeau, la start-upeuse de 16 ans qui veut révolutionner l'école

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Philippine, 16 ans, est élève en classe de première littéraire en parallèle de son activité pour sa start-up New School.

La jeune lycéenne a développé l'application New School qui permet aux professeurs de faire l'appel de classe en ligne. Le ministère de l'Éducation nationale, Apple, Alain Juppé et Clara Gaymard ont été séduits.

Philippine n'a pas la fibre scientifique. D'après elle. À 16 ans, la jeune lycéenne en classe littéraire est pourtant à l'origine d'une application qui a suscité l'intérêt d'Apple, d'Alain Juppé et de l'Éducation nationale. Baptisée « New School », elle permet aux professeurs de faire l'appel en classe sans le faire. Autrement dit : le professeur télécharge l'application sur son téléphone ou sa tablette, rentre les noms de ses élèves, qui sont chacun équipés d'un boîtier porte-clé avec une puce. Une fois activée, l'application détecte les boîtiers présents dans le périmètre. L'appel est fait. Quant aux élèves qui n'ont pas été « détectés », un SMS est automatiquement envoyé au bout de 10 minutes à leurs parents.

Certains la taxent de « fliquer » les élèves, comme une sorte d'indic' rêvé de tous les pères et mères qui craignent de voir leur progéniture sécher les cours. Philippine Dolbeau s'en défend. « Environ 90% des enseignants disent qu'ils n'ont pas de quoi faire l'appel. Ça prend 2 minutes 30 par heure de cours, soit 28 heures de perdues dans l'année, a calculé la jeune fille. Ces heures pourraient être utilisées pour du soutien scolaire ou de l'accompagnement ». En plus d'aider le système éducatif, Philippine est persuadée que l'appli permettra d'assurer la sécurité des élèves. Comme celle du petit Charles, 9 ans, qui, en octobre 2014, s'était endormi dans le bus de Bordeaux qui le menait à l'école. Le chauffeur ne l'avait pas vu, avait garé le bus au terminus. Charles était resté huit heures enfermé, sans eau, sans portable, sans rien. « Ses professeurs n'ont pas fait l'appel. Les parents n'ont pas été prévenus, rappelle Philippine. Je me fiche que des jeunes sèchent les cours, je veux juste assurer la sécurité des élèves pour que l'histoire du petit Charles ne se répète pas ».

Une littéraire qui répare des ordinateurs

Philippine découvre le fait divers à la télévision, après être rentrée d'une banale journée de cours. L'adolescente est alors encore une jeune fille ordinaire. Aînée d'une fratrie de trois enfants, elle vit depuis toujours dans les Yvelines, fréquente le même établissement scolaire depuis sa petite enfance. Maman est professeure de langues dans un lycée anglais de Paris. Papa travaille dans l'innovation. Philippine est bonne élève et fait ses devoirs du week-end dès le vendredi soir. Elle aime les langues et va s'orienter en filière L. « S, c'est l'horreur, je suis trop mauvaise en maths, explique-t-elle. Je me suis dit qu'il valait mieux faire un très bon bac L qu'un bac ES moyen ». En parallèle, la jeune stratège suit des cours de prépa privée pour préparer le concours d'entrée de Sciences Po l'an prochain. Philippine rêve de devenir journaliste.

Pourtant tout le monde l'appelle « geekette ». Elle qui voit le jour en 1999 grandit au fil des innovations technologiques. « J'ai toujours eu un appareil électronique entre les mains. Je suis née au bon moment : les premiers smartphones venaient de sortir, les ordinateurs étaient modernes, mais mes parents ne savaient pas toujours les utiliser. Je suis devenue fan de technologies mais je n'ai jamais considéré une carrière professionnelle, j'étais tellement nulle en sciences ». Laborieuse en physique-chimie, Philippine répare pourtant les ordinateurs et téléphones de la famille et des amis. Elle met sur pied des sites web pour un opticien de la ville, puis un guitariste avant de monter sa propre plateforme pour mettre en ligne ses photographies. Vient alors ce jour où il faut créer une mini entreprise pour le cours d'économie. « C'était un peu le Koh-Lanta de l'entrepreneuriat», se souvient-elle. Philippine n'a pas d'idée. Puis elle allume la télé et tombe sur l'histoire du petit Charles.

Philippine Dolbeau et Clara Gaymard sur la scène de la Journée de la femme digitale, le 10 mars 2016, aux Folies Bergères à Paris.

Créée avec les deniers familiaux, New School décolle, rapidement. En mai 2015, Philippine gagne l'un des prix « espoir » du concours de jeunes start-up de digiSchool. Un ingénieur la repère et file en toucher deux mots à Apple, qui contacte la jeune fille deux mois plus tard. « Pour moi qui suis une grande fan de la marque, c'était impressionnant. Ils m'ont donné des conseils pour développer l'appli. Nous n'avons pas fait de partenariat, New School doit rester le plus indépendant possible pour ne pas se restreindre ».  Le projet avance. Au repas de Noël, la famille Dolbeau délire à table en imaginant à quelle chaîne de télévision Philippine pourrait écrire pour profiter de la lumière des médias. « On a choisi en riant BFM TV puis on a envoyé un mail en disant qu'ils pouvaient venir faire un reportage s'ils le souhaitaient. C'était la grosse blague ». Période de creux médiatique oblige : son mail parvient à Stéphane Soumier, présentateur de BFM Business. Le 5 janvier, le téléphone de Philippine sonne : elle sera à l'écran dans deux jours. « Je suis passée le 7 janvier à 7h30 du matin, je pensais que personne ne regardait à cette heure-ci. Mais ça a fait un buzz pas possible, je n'ai rien compris ».

Des professeurs hurlent à la destruction du lien prof-élève. D'autres imaginent le début d'un trafic de puces. Alain Juppé et Laurence Parisot, eux, la félicitent sur Twitter. Début mars, Philippine est conviée au ministère de l'Éducation nationale, intéressé. De son côté, le cabinet de Valérie Pécresse lui fait savoir qu'ils aimeraient utiliser l'application pour toute la région Île-de-France. Pour le moment, New School n'est testée que dans le lycée privé de Philippine, au sein de trois classes de 12, 15 et 17 ans. Sept autres établissements se sont manifestés. La jeune entrepreneuse fait sensation et récolte de jolies cartes de visite au passage. Invitée à la Journée de la femme digitale à Paris le 10 mars, elle s'entretient devant plusieurs centaines de personnes sur la scène des Folies Bergères face à Clara Gaymard. « C'est passé tout seul, comme si je parlais avec ma meilleure amie » s'étonne Philippine. La présidente du Women's Forum et elle s'échangent des mails depuis.

La lycéenne imagine déjà intégrer sur la puce de présence la carte de cantine, la carte de bibliothèque... Un vrai kit de digitalisation de l'école. Reste à avoir les moyens de ses ambitions. Et la famille Dolbeau n'a pas des fonds illimités pour supporter la pépite de leur petite. « Le problème est qu'on ne peut pas vendre l'appli aujourd'hui car il faudrait la développer pour supporter une plus grande échelle et inclure de nouvelles fonctionnalités ». Philippine en appelera donc au bon vouloir des particuliers, avec une première levée de fonds qui sera lancée à la fin du mois de mars sur le site Kisskissbankbank. Objectif : 60.000 euros. Les projets ne manquent pas. La lycéenne a déjà en tête de nouvelles applications dans le domaine du sport, de la communication. « J'adorerai continuer à développer des choses mais je dois aussi me concentrer sur mes études. Faut d'abord que je passe mon bac ». 

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Andy, Solange, Natoo, EnjoyPhoenix : ces youtubeuses qui écrivent des livres

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Andy, Solange, Natoo et EnjoyPhoenix font des vidéos sur Youtube et ont toutes sorties un livre. 

Elles sont youtubeuses, donnent des conseils beauté, se confient sur leur vie personnelle ou nous font tout simplement rire... Andy, EnjoyPhoenix, Natoo ou Solange Te Parle enchaînent les vidéos et cumulent les millions de vues sur leurs chaînes respectives. Ces jeunes femmes ont un autre point commun : elles ont étendu leur univers au monde des livres. Un pari osé. 

Décrypter les phrases de rupture comme Andy, s'interroger sur la vie comme Solange Te Parle, raconter son nouvel an à New York comme Natoo ou faire des tutos beauté pour débutantes à la EnjoyPhoenix... C'est ça la vie de youtubeuse. Des millions d'abonnés, de Youtube à Instagram, en passant par Facebook, Twitter et Snapchat. De quoi fédérer toute une communauté.

Andy, Solange, Natoo, EnjoyPhoenix, ces quatre jeunes femmes ne jouent pas dans la même cour. Elles ne visent pas la même audience, par exemple. Mais elles ont toute un point commun : elles ont décidé, un jour, de prendre la plume. Natoo a ouvert la voie l'année dernière avec Icônne, suivie de près par Marie Lopez, alias EnjoyPhoenix. La trentenaire Solange Te Parle s'est également jetée à l'eau en janvier dernier et Andy est sur le point de faire à son tour le grand saut le 24 mars prochain avec Princesse 2.0. Tour d'horizon de cette littérature 2.0.

Andy : la princesse connectée

La couverture du livre d'Andy. 

Qui est-elle ? Andy raconte son plan à 4, ses sorties en boîte avec ses copines, les petits problèmes des filles et révèle la vérité des photos derrière le réseau social Instagram. Jeune citadine ultra connectée, cette youtubeuse joue avec les clichés girly et essaie de prouver qu'on peut être une princesse au 21ème siècle... avec humour et autodérision : la marque de fabrique d'Andy. 

Sa côte de popularité ? Inscrite sur la plateforme de vidéos en ligne depuis trois ans, Andy cumule 2,4 millions d'abonnés, faisant d'elle la première Youtubeuse française. 

La vidéo à voir ? Comment être une princesse, postée le 8 mars dernier, sorte d'introduction au livre d'Andy, où cette dernière se met en scène aux côtés de sa « coach Princesse », complètement déconnectée de la réalité... et des bonnes manières. 

Son livre en deux phrases ? Un roman illustré par Vivilablonde où captures d'écran de smartphone et discussions Facebook cotoient conseils et scènes comiques de la vie quotidienne d'une princesse des temps modernes. Princesse 2.0 sortira le 24 mars 2016, chez 404 éditions. 

Solange Te Parle : la trentenaire dérangée

Qui est-elle ? Ina Mihalache, c'est son vrai nom, se dit « poétubeuse ». Car avant de se voir, les vidéos de Solange Te Parle s'écoutent. La manière dont elle pose sa voix, les mots, les syllabes... Elle chuchote, parle de sexe, d'amour, de nudité ou de poils pubiens dans des discours forts et inspirants. De quoi nous décomplexer de nos petites manies de trentenaires dérangées.

Sa côte de popularité ? Solange Te Parle a plus de 186.000 abonnés sur sa chaîne Youtube, lancée en novembre 2011.  

La vidéo à voir ? Pas féminine (en 5 leçons), un manifeste féministe et libérateur. 

Son livre en deux phrases ? Le concentré fort et cru de quatre ans de vidéos. Solange Te Parle est sorti le 6 janvier 2016 aux éditions Payot.

Natoo : celle qui dynamite les magazines féminins

Dans son livre, Natoo parodie les magazines féminins. 

Qui est-elle ? Nathalie Odzierejko fait partie de cette joyeuse bande de rigolos qui composent le Studio Bagel, un collectif d'humoristes français où officient Jérôme Niel, Monsieur Poulpe, ou Alison Wheeler, de véritables stars du petit écran et de l'Internet. Dans ses vidéos perso, Natoo se transforme en Lara Croft, dialogue avec ses jambes poilues, chante (mal) à propos de licornes et nargue les internautes avec ses voyages à Hawaï et New York. 

Sa côte de popularité ? Natoo est l'une des comédiennes les plus suivies de Youtube. Elle a rassemblé 2,3 millions d'internautes depuis le lancement de sa chaîne, il y a maintenant 10 ans. 

La vidéo à voir ? Les règles, où Natoo se moque des publicités de produits hygiéniques féminins. Le sujet ne manque pas de matière

Son livre en deux phrases ? Fidèle à son approche décalée du monde des filles, Natoo s'est attaquée à la presse féminine dans Icônne, un livre parodique sorti le 9 avril 2015 (éditeur Privé). Tuto beauté, fausses pub, séries mode, jeux... tout y passe !

EnjoyPhoenix : elle écoute les ados mal dans leur peau

Qui est-elle ? Marie Lopez a 21 ans, trois chaînes Youtube et se présente comme une véritable star 2.0. Proche de ses abonnées, la jeune femme partage ses astuces beauté, se confie sur son amour du chocolat et encourage ses fans à bien réviser. La grande sœur idéale.

Sa côte de popularité ? EnjoyPhoenix est l'une des Youtubeuses les plus suivies sur la plateforme de vidéos en ligne. Elle a fidélisé près de 2,3 millions de personnes ces cinq dernières années. 

La vidéo à voir ? Le harcèlement au lycée, mon histoire et mes solutions, une confession de trente minutes qui a ouvert un débat et a permis à des centaines d'internautes de se confier à leur tour. 

Son livre en deux phrases ? Marie Lopez, alors âgée de 19 ans, a décidé de raconter son histoire du collège jusqu'au lycée pour mettre en lumière des « sujets parfois mis à l'écart par les médias » : appareil dentaire, cheveux gras, acné, harcèlement, famille décomposée... l'adolescence dans toute sa splendeur ! #EnjoyMarie a été publié le 15 mai 2015, aux Éditions Anne Carrière. 

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Amandla Stenberg, 17 ans, le visage de l'activisme féministe 2.0

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Avec son engagement féministe, Amandla Stenberg a été nommée par la presse américaine « voix de sa génération ». 

La jeune actrice et aspirante réalisatrice est une redoutable activiste. Son arme de conversation massive ? Les réseaux sociaux.

Il y a un peu plus de dix ans, elle posait dans un catalogue Disney. Aujourd’hui, à l’âge de 17 ans, Amandla Stenberg vient d’être choisie pour incarner Starr, le personnage principal de l'adaptation au cinéma de The Hate You Give. Écrit par Angela Thomas, jeune auteure américaine, ce premier roman s’inscrit dans la tendance littéraire « Young Adult» mais surtout dans le mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent »). Né aux États-Unis, #BlackLivesMatter est un mouvement social et militant qui dénonce le racisme et les violences policières qui ont coûté la vie à de nombreux Américains noirs ces trois dernières années.

Confier le rôle principal de l'adaptation sur grand écran de The Hate You Give à Amandla Stenberg n’a rien d’anodin, tant la jeune fille s’est illustrée dans l’art de l’activisme ces deux dernières années. Féminisme, défense des communautés queer et afro-américaines, représentation des femmes noires au cinéma et dans la pop culture : la jeune fille utilise sa notoriété pour aborder des débats de société. Ses armes de destruction massive des clichés ? Les réseaux sociaux, ses choix artistiques et sa caméra.

Militer sur Twitter, Instagram, Tumblr

« Aujourd’hui, la culture et les réseaux sociaux sont des éléments essentiels des droits civiques », a écrit Amandla Stenberg dans une tribune publiée en octobre dernier dans la revue The Fader. Sur Twitter, l'activiste précoce rassemble près de 300.000 abonnés, tandis que sur Instagram, elle est suivie par 665.000 utilisateurs. La jeune fille dispose d'un public prêt à l'écouter et ne compte pas s'en priver.

« Ne condamnez pas notre colère. Ne dénoncez pas notre peine en la qualifiant de sauvage. Ce qui est sauvage, c'est l'inhumanité cruelle et la brutalité de la police. Condamnez ça », écrit-elle sur Twitter après les manifestations aux États-Unis contre les violences policières.

« Arrêtez avec ces histoires de "fille noire en colère". C'est juste une autre manière de saper certaines de nos perspectives. J'ai des opinions fortes. Je ne suis pas en colère », écrit-elle ici.

Son coup d'éclat, elle le doit à un exposé réalisé pour un cours d'histoire au lycée. Amandla Stenberg aurait pu se contenter d'offrir à ses camarades de classe un monologue barbant de vingt petites minutes. Mais la jeune fille, alors âgée de 16 ans, a fait les choses en grand. Elle s'est mise en scène, dans une courte vidéo ludique et rythmée, pour expliquer à ses camarades de classe l'appropriation culturelle : cette manie qu'ont les artistes blancs de reprendre les codes du hip hop et du R'n'B dans un but commercial... sans jamais défendre les intérêts de la communauté afro-américaine. Publiée sur la page Tumblr de la lycéenne en 2014, la vidéo a depuis fait le tour du Web. Elle cumule aujourd'hui près de 2 millions de vues sur YouTube.

S'affirmer devant et derrière la caméra

Dans As You Are, Amandla Stenberg joue une ado des années 90 qui se lie d'amitié avec les loosers de son lycée.

Propulsée dans la foulée « voix de sa génération », Amandla Stenberg se concentre sur son avenir d'artiste tout en faisant la promotion des causes qui la touchent. « Les "voix noires" doivent être exaltées et entendues. Je veux voir plus d'artistes noirs. Je veux qu'on fasse de la place aux filles noires dans le monde de l'art et de la mode mais aussi dans toutes les composantes de la pop culture », écrit-elle dans The Fader

Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, la jeune artiste a décidé de créer elle-même cet espace. Au cinéma, elle choisit des rôles qui correspondent à ses envies : Starr bien sûr, mais aussi Sarah, dans As You Are (présenté au festival de Sundance et dont la sortie est prévue cette année), une ado des années 1990 qui se lie d'amitié avec deux loosers de son lycée. Grande fan des univers de fantasy comme Le Trône de Fer ou Le Seigneur des Anneaux, Amandla Stenberg regrette toutefois de ne pas y trouver de personnages noirs qui l'intéressent. Elle tombe un jour sur Niobe, figure de la série Asunda et publie, à 17 ans, un comic book qui lui est entièrement consacré. 

La couverture du deuxième numéro de Niobe

Côté études, la jeune fille vient d'intégrer l'automne dernier NYU, l'université publique de New York, pour y faire ses premiers pas en tant que réalisatrice. « Je veux me concentrer sur des histoires qui mettent en scène des femmes de couleur, ou des personnes de couleur, peu importe leur genre. Ils peuvent être même non-binaires, ça serait vraiment génial », a confié l'étudiante au magazine Dazed, le mois dernier. Blue Girls Burn Fast, sa première production universitaire, en est un parfait exemple. Les prémices d'une belle carrière ? 

Avec l'actrice principale de son court-métrage, Blue Girls Burn Fast

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Kayane, championne humble et audacieuse des jeux vidéo

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À seulement 24 ans, Kayane brille dans le monde du e-sport depuis une quinzaine d'années. 

Kayane brille dans le monde des jeux vidéo de combat depuis une quinzaine d'années. Rencontre avec une e-combattante qui vient décrire son autobiographie à 24 ans.

Elle a commencé par jouer à Tetris sur sa Game Boy à l’âge de 4 ans. Aujourd’hui, Kayane est l’une des joueuses de combat vidéo les plus reconnues en France. Elle cumule une cinquantaine de podiums et gagne sa vie en tant que semi-pro, sponsorisée par Redbull. Quand elle n'excelle pas devant une console, Kayane divertit les visiteurs de grands événements tels que Paris Games Week, anime une émission sur Game One, chaîne télévisée dédiée aux jeux vidéo, et défend le e-sport auprès des politiques et des médias.

Dans ce quotidien bien rempli, la e-sportive a trouvé le temps d’apprendre le piano, de gravir le mont Fuji et d’écrire son autobiographie, Kayane, parcours d’une e-combattante, publié ce jeudi 7 avril (Éditions 404). Portrait d’une jeune femme qui, à seulement 24 ans, n’a rien à envier à ses personnages de jeux vidéo favoris.

Les premiers pas

Combative, déterminée, humble et audacieuse, Marie-Laure Norindr, de son vrai nom, nous reçoit chez elle, dans son nouvel appartement du XVIIe arrondissement de Paris. Souriante, elle s’excuse d'avoir encore la tête dans les cartons. On traverse un long couloir en passant devant une bibliothèque où s’alignent des mangas ainsi qu'un piano gardé par une peluche Hello Kitty. Pas de doute, on est bien dans l’antre d’une passionnée du Japon mais surtout des jeux de combat. Une histoire d’amour qui dure depuis près de vingt ans.

Marie-Laure a grandi à Argenteuil, entourée de ses deux grands frères, Émilien et Max, qui l’initient aux jeux vidéo. « Mon premier souvenir c’est avec Tetris sur Game Boy, à l’âge de 4 ans », raconte Kayane. « Ensuite, à l’âge de 7 ans, j'ai découvert les jeux de rôle comme Final Fantasy avec un scénario bien ficelé, des personnages bien écrits mais aussi une musique époustouflante et sensible », détaille-t-elle. C’est aussi à cet âge-là que la petite fille s’essaie pour la première fois aux jeux de combat (SoulCalibur, Dead or Alive puis Tekken ou Street Fighter). Un genre qu’elle apprécie pour ses personnages, « des combattants », et « ses valeurs liées aux arts martiaux : le dépassement de soi, l’honneur, l’envie de faire le bien… » Des qualités que l’on retrouve dans la personnalité de Kayane. Cette dernière les distille dans son livre, à travers de nombreuses anecdotes retraçant son incroyable parcours de e-sportive.

Championne à 9 ans

Kayane, parcours d'une e-combattante est paru le 7 avril 2016, aux Éditions 404.

Ses premières raclées, Kayane les inflige dès l’âge de 9 ans. Elle écrase tous ses adversaires, des garçons ayant le double de son âge, parfois le triple. Surentraînée par des frères eux-mêmes dans le circuit, elle devient, contre toute attente, vice-championne de France de Dead or Alive 2 avec l'aide de ses deux personnages favoris du jeu : Kasumi et Ayane.

« Je prends toujours des combattantes, souvent asiatiques, parce que lorsque je joue à un jeu de combat, je me projette vraiment dans les personnages », nous confie Kayane. « J'ai commencé petite, alors j'avais besoin de modèles, de filles qui puissent me ressembler », poursuit la jeune femme, d'origine vietnamienne et laotienne. Elle aime leur attitude « bad ass», dit-elle. « Elles ont des atouts très féminins mais sont fortes. Quand j'avais 9 ans, je trouvais ça très cool. Parfois c'est vrai, elles sont un peu trop dénudées mais cela fait partie de la culture japonaise », poursuit celle qui admire particulièrement Chun-Li, du jeu Street Fighter : « Le personnage féminin bad ass par excellence. La première fille dans un jeu de combat qui ne soit pas une princesse à sauver. Elle est là pour se battre. »

Un entraînement rigoureux

Depuis sa première victoire surprise, Kayane ne s’est jamais arrêtée : vice-championne du monde de SoulCalibur en solo comme en équipe, elle remporte rapidement son premier chèque de gameuse, à l’âge de 11 ans, enchaîne les tournois et cumule les premières places sur les podiums. Son secret ? Un entraînement rigoureux, assidu et souvent difficile.

Cette souffrance, Kayane la raconte pour la première fois dans son livre. Une manière de montrer à son public que, derrière sa réussite, son sourire et sa positivité, il y a des heures de travail. Mais il y a surtout deux frères qui la poussent avec violence à s’améliorer constamment. « Quand j’étais enfant, cette souffrance restait avec moi », nous explique Kayane. « Le support du livre me permet d'en parler en profondeur et de montrer que ça a été difficile, tout en évitant de diaboliser le e-sport et ses joueurs. C’est une communauté formidable. Si j’en suis arrivée là, c’est aussi grâce à ces gens-là », ajoute-t-elle.

Ces gens-là, ce sont des jeunes hommes d’une vingtaine voire d’une trentaine d’années que la petite Marie-Laure fréquente chaque week-end pour s’entraîner. Toujours s’entraîner. « J’ai grandi trop vite », reconnaît aujourd’hui la jeune femme. « J’étais en décalage complet avec mes camarades d’école. Je n’arrivais pas à m’intéresser à eux, à la marelle ou à la corde à sauter », explique-t-elle. Un décalage qui continue à l'adolescence. Les relations sont plus difficiles avec les garçons, leur regard change. « À l'âge de 15 ans, ma mère a décidé qu'il fallait que je prenne soin de moi. Elle m'a appris à me maquiller. J'ai adoré cette transformation ! Cela m'a donné confiance en moi », se souvient Kayane. 

Direction Las Vegas

Kayane, sacrée championne du monde au tournoi féminin de Street Fighter à Las Vegas, en 2010.

En classe de terminale, Kayane vit un évémement intense. Alors que ses camarades de classe angoissent pour le bac (qu'elle obtient avec mention), la joueuse a les yeux rivés sur Las Vegas. C'est dans la ville des casinos que se déroule l'Evolution ChampionShip Series, un important tournoi en solo. « Cette année-là, on a joué au Caesars Palace, il y avait des milliers de joueurs, des commentateurs en costume et une ambiance démesurée », se remémore la jeune femme avec enthousiasme. Accompagnée de ses frères pour jouer à SoulCalibur, Kayane s'incline devant un autre joueur. Une défaite qui ne l'empêche pas d'y retourner l'année suivante. Elle participe alors au tout premier tournoi féminin du jeu Street Fighter

Cette fois, l'étudiante en école de commerce est complètement seule. Son coach de frère est resté en France, aucun joueur français à l'horizon. Personne pour l'encourager. Sa victoire signe son envol, le début de l'indépendance. « Cela m'a donné entièrement confiance en moi. Parce que j'ai fait le voyage seule, j'ai participé au tournoi seule, et je l'ai gagné seule face à un public qui ne me connaissait pas très bien. » C'est le début d'une carrière en tant que joueuse semi-pro pour Kayane. Depuis, elle ne cesse de voyager, de se rendre à des événements e-sportifs pour animer ses propres scènes et tester de nouveaux jeux pour son émission de télévision. Encore à l'école, elle gagne déjà sa vie grâce à ces activités. Une rareté dans ce milieu. Qu'on soit fille ou garçon. 

Défendre le e-sport et les joueuses

Grâce à son incroyable parcours et connaissance du e-sport, Kayane est l'une des principales figures du jeu vidéo en France. Invitée sur des plateaux télévisés, elle défend le e-sport et ses adeptes pour faire bouger les choses, notamment pour plus de reconnaissance.

En tant que femme, Kayane conseille aussi beaucoup les jeunes joueuses qui vivent (à une moindre mesure peut-être) ce qu'elle a vécu il y a une quinzaine d'années. « Les garçons ont des préjugés. Quand une fille joue, on se demande toujours pourquoi. Alors qu'on ne pose jamais ce genre de question pour les joueurs masculins », explique Kayane. « Les filles doivent alors en faire plus pour prouver qu'elles sont légitimes. » Une chose est sûre, Kayane a, depuis longtemps, prouvé que sa place est plus que méritée. 

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Qui est Margarita Louis-Dreyfus, la milliardaire qui vend l'OM ?

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Margarita Louis-Dreyfus a annoncé la mise en vente du club, quelques jours après avoir été traité de « femme au foyer » par des supporters mécontents. (5 octobre 2015.)

Margarita Louis-Dreyfus, veuve de l'actionnaire majoritaire du club de l'Olympique de Marseille Robert Louis-Dreyfus, a annoncé la mise en vente du club, quelques jours après avoir été traité de « femme au foyer » par des supporters mécontents.

« Riche héritière incompétente », c'est ainsi qu'avaient surnommé dimanche des supporters de l'Olympique de Marseille la propriétaire du club de football, Margarita Louis-Dreyfus. L'actionnaire majoritaire du club avait dû faire face à toute une foulée de mots doux au Stade Vélodrome lors du match OM-Bordeaux dimanche 10 avril : « Mets les dollars ou casse-toi », « Retourne à ton vrai métier, femme au foyer » ou encore « La blonde, Labrune et le néant » (en référence au président du club, Vincent Labrune). L'impassible blonde n'avait jusqu'alors pas commenté ni réagi.

Il n'en a pas fallu plus à la veuve de Robert Louis-Dreyfus pour se décider à rompre avec le club, qu'elle s'était entêtée à garder dans le patrimoine familial en sa mémoire. Celle qu'on appelle la « tsarine » a annoncé mercredi la mise en vente du club, après des années de spéculations. Le club marseillais encaisse un nouveau coup dur, alors qu'il n'a pas gagné une seule rencontre depuis la mi-septembre. Mais qui est cette femme d'affaires, autrefois aimée des supporters, qui a osé rompre avec un héritage trop pesant ? 

La fille de Leningrad

Margarita Bogdanova naît dans une famille modeste le 18 juin 1962 à Leningrad. La petite russe perd ses deux parents dans un accident à l'âge de 7 ans. Son grand-père Leonid, ingénieur en électricité et communiste, la récupère et l'élève dans un appartement communautaire de Saint-Pétersbourg. Sa modeste formation en comptabilité la destine à une carrière administrative. Mais Margarita voit plus grand et la vie à l’ouest du Rideau de fer fait rêver. Alors que les contacts avec les étrangers sont rigoureusement interdits, elle se met en tête d’apprendre l’allemand et le finnois (aujourd'hui elle est polyglotte et parle cinq langues). Elle parvient à fréquenter des touristes, rencontre un cadre suisse allemand de passage, plus âgé, qui tombe fou amoureux d’elle et l’épouse sur-le-champ. Margarita quitte son pays sans billet de retour. Elle a 20 ans à peine. Le mariage ne dure pas, et la vie en Suisse n’a alors rien du conte de fées. Mais désormais tout est possible. Margarita a des rêves un peu fous, comme celui de prendre un jour le Concorde. Pendant près de deux ans, elle économise chaque franc gagné.

L'épouse d'un géant

Et c'est dans un avion que le destin lui rend visite en 1989. Alors qu'elle s'apprête à rejoindre New York avec un premier trajet entre Zurich et Londres, Margarita Bogdanova se laisse séduire par son voisin de rangée. L'homme a un jean troué et l'air nonchalant. Il s'agit de Robert Louis-Dreyfus, héritier d'un groupe éponyme, numéro trois mondial du négoce des matières premières agricoles, soit l'équivalent d'un bon tas de milliards. La belle russe au regard bleu intrigue cet homme qui a quinze ans de plus qu’elle et qui vient de divorcer. Avec sa voix rauque, elle a quelque chose de rassurant, de solide et d’inaltérable. Il lui raconte qu'il séduit les femmes qui en pincent pour son chien, avant de lui montrer des photos de la bête en question. Trois ans plus tard, en 1992, ils se marient au bord d’un lac suisse. Elle est enceinte d’un premier fils, Eric. Pour Elsa Conesa, l’auteure de Margarita Louis-Dreyfus, enquête sur la fortune la plus secrète de France (éd. Grasset) :« Margarita voyage dans le monde entier en jet privé, multiples maisons extravagantes, fastueuses réceptions, même si Robert les goûte peu. Margarita détonne dans cet univers. Son goût pour les fourrures blanches et les robes léopard la distingue des autres femmes de la famille, qui l’accueillent avec une distance courtoise. »

En 1996, le fumeur de cigares et passionné de football s'offre le club de l'Olympique de Marseille. Pendant qu’il mène sa vie d’homme d’affaires, rachetant également Adidas et enfin la maison familiale Louis Dreyfus, elle élève leurs trois garçons (Eric, et les jumeaux Kyril et Maurice, nés en 1998) dans la maison de Zurich, garde des liens serrés avec ses amies d’enfance, semble s’accommoder de cette vie dans l’ombre.

Onze ans plus tard, en 2007, Robert Louis-Dreyfus reprend les rennes du groupe familial et organise sa succession. Il sait le temps compté : atteint depuis la fin des années 90 d'une leucémie, sa santé se dégrade. Margarita, discrète jusqu'ici, sort les griffes, défiant les médecins qui ont déjà à moitié enterré son époux. Selon Paris Match, l'homme d'affaires aurait glissé à sa vaillante avant de mourir : « Si tu t’occupes aussi bien de mes affaires que tu as essayé de me soigner, je peux mourir tranquille. » « RLD » s'éteint juillet 2009, à l'âge de 63 ans. Les enfants sont trop jeunes pour monter sur le trône, et Margarita, prête à assumer le pouvoir.

« MLD », la femme d'affaires coriace

Margarita Louis-Dreyfus au Vélodrome aux côtés du maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, et de l'ancien ministre de l'Education Luc Chatel.

Robert Louis-Dreyfus laisse derrière lui les manettes du groupe Louis Dreyfus, 30 milliards d'euros de chiffres d'affaires. Avec deux des fidèles destriers de l'homme d'affaires, Margarita Louis-Dreyfus veille à l'entretien du patrimoine de ses enfants, sans jamais lâcher une miette. Actionnaire majoritaire de l'OM, elle n'hésite pas à multiplier les preuves, coûteuses, de son attachement au club de football tant chéri par son défunt. « L'OM a de la chance d'avoir Margarita. L'avenir du club est garanti. Avec ses enfants, elle souhaite perpétuer l'amour de Robert Louis-Dreyfus pour le club. Marseille peut compter sur un actionnaire familial », expliquait Jean-Claude Dassier, le président olympien de l'époque, au Figaro.fr.

Margarita garde la tête froide. « Je n'ai pas voulu vendre pour honorer la mémoire de Robert. Tant qu'on sera à l'équilibre, il n'y aura pas de problème. Robert était prêt à perdre de l'argent avec Marseille. Moi, non. J'ai des obligations vis-à-vis de mes enfants », confiait-elle à La Provence. Mais en 2010, tout va bien. L'heure est au consensus. Dirigeants, entraîneur, joueurs et supporters sont sur la même longueur d'onde. « C'est incontestablement une femme de caractère. Ses enfants se montrent très attachés au club. Mme Louis-Dreyfus est la seule personne qui peut redonner à l'OM son lustre d'antan », avait alors affirmé Lionel Tonini le président des Yankees, un des principaux groupes de supporters de l'OM, au Figaro.fr. Cette même année, le club remporte la Coupe de la Ligue, le Trophée des champions en plus d'être sacré champion de France. 

Puis le vent tourne. Celle qui était perçue comme la veuve bienveillante un peu potiche chasse ses rivaux un à un. En avril 2011, Jacques Veyrat, l'un des dauphins du trio héritier du groupe Louis-Dreyfus, quitte le navire. En juin, Margarita Louis-Dreyfus congédie le président de l'OM Jean-Claude Dassier pour y placer le fidèle et stratégique Vincent Labrune. La situation économique de l'OM se dégrade et Margarita en a assez de combler des déficits. Dans une interview au Monde, elle déclare qu'elle est « libre de vendre demain » le club. Parallèlement, elle reçoit le prix du Capitaliste de l'année du Nouvel Économiste. Margarita devient « MLD », l'outsideuse à la tête d'un empire. Quand son fils Kyril, 16 ans, s'exprime spontanément dans France Football en septembre 2014, elle repasse tout de suite derrière dans un communiqué, déclarant : « En tant que seule propriétaire de l'Olympique de Marseille, elle se sent pleinement responsable des décisions stratégiques du club et des déclarations afférentes ».

La deuxième femme la plus riche de France

Celle que les supporters moqueurs appelaient « la blonde » est la deuxième femme la plus riche de France, à la tête d'une fortune de 5 700 millions d'euros d'après le classement des plus grosses fortunes françaises de Challenges. Pourtant, les supporters lui reprochaient de ne pas assez investir dans le club. « Elle s'en fout de nous» s'était indigné au micro de RTL le 10 avril 2016 Michel Tonini, le même président des Yankees qui chantait ses louanges en 2010. Prudente, MLD s'était toujours refusé à la folie des grandeurs qui lui aurait permis de rivaliser avec les Qataris. 

Le moment était venu pour la tsarine de tourner une page, alors qu'elle vient de donner naissance à des jumelles, Isabella et Arina, fin mars 2016. Le père n'est autre que son compagnon depuis 2013 : Philipp Hildebrand, ancien président de la Banque nationale suisse, et vice-président actuellement de Black Rock, un géant américain de la finance. La femme d'affaires avait fait savoir qu'elle prendrait « une courte pause, pour reprendre ensuite ses fonctions fin avril ». Une trêve qui s'est mutée en temps de réflexion décisif. Les trois fils de Robert Louis-Dreyfus n'auront pas le précieux héritage sportif qu'avait rêvé leur père pour eux. Margarita s'est fait une raison, en conjugant son portefeuille au présent.

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