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Cinq féministes insoupçonnés

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Grande spécialiste de la danse du bassin, la chanteuse Américaine n'en est pas moins une féministe !

Dans son livre Les 30 féministes que personne n’a vus venir (1), Johanna Luyssen dresse le portrait de célébrités dont il était difficile de soupçonner l’engagement en faveur des femmes. Parmi ces 30 personnalités, pas d’Olympes de Gouges à l’horizon ni de Simone Veil en tête d’affiche, mais de grosses surprises. De très grosses. Nous en avons choisi cinq.

(1) Les 30 féministes que personne n’a vus venir, de Johanna Luyssen, Éditions Contrepoint.

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Zoe Quinn, 26 ans, créatrice de jeux vidéo

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Zoe Quinn, 26 ans, programmeuse de jeux vidéo, est à l'origine du Gamergate.

Qui est-elle ?

Zoe Quinn trouve sa vocation dans les petites annonces. C’est en effet grâce à une publicité dans un journal qu’elle s’inscrit à une formation intensive au codage. Quelques semaines plus tard, la jeune femme développe son premier jeu vidéo. Zoe Quinn connaît un petit succès avec Depression Quest, une fiction interactive sur le thème de... la dépression ! En août 2014, le jeu intègre le catalogue de Steam, une plate-forme de distribution de jeux vidéo réputée. Cinq jours plus tard, la vie de Zoe Quinn bascule. Son ex-petit ami publie un long article dans lequel il l’accuse d’avoir eu une relation avec un journaliste spécialisé dans les jeux vidéo. Tant pis si ce dernier n’a, en fait, jamais écrit sur Depression Question : Zoe Quinn est aussitôt accusée d'avoir cherché à obtenir une critique positive de son jeu. Des internautes s’en prennent violemment à la développeuse et à ses proches. Le mouvement enfle et se donne un nom : le Gamergate. Sous couvert de défendre « l’éthique dans les jeux vidéo », il se révèle avant tout profondément anti-féministe. De fait, d’autres figures des jeux vidéo ont subi le même traitement que Zoe Quinn, et il s'agissait pour la plupart de femmes.

Pourquoi elle fait la différence ?

Zoe Quinn est devenue le symbole d’un profond malaise dans le milieu des jeux vidéo. Elle a par ailleurs contribué à lancer un grand débat sur le sexisme dans la culture geek en général et dans la communauté des joueurs en particulier. Malgré les menaces, elle continue aujourd’hui de développer des jeux et participe à des conférences sur le sujet. Elle a également lancé la plate-forme Crash Override, où elle utilise son expérience personnelle pour venir en aide aux victimes de harcèlement en ligne.

Amira Yahyaoui, 29 ans, cyber-dissidente

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Amira Yahyaoui, 29 ans, cyber-dissidente tunisienne.

Qui est-elle ?

Elle a de qui tenir. Son père, juge insoumis, défiait déjà Ben Ali. À 17 ans, choquée par la mort de son cousin torturé dans les geôles du dictateur, Amira s’engage en écrivant sur des blogs d’opposition pour défendre les libertés des Tunisiens. En janvier 2011, dès les premiers heurts qui suivent l’immolation du jeune Tarek Bouazizi, elle prend conscience de la puissance du digital pour alerter les citoyens. Ses campagnes de cyber-mobilisation pour protester contre les arrestations de blogueurs provoquent un électrochoc chez les internautes et dans l’opinion publiques occidentale.

Pourquoi elle fait la différence ?

Après le printemps arabe, la jeune femme se révèle avec la naissance de la démocratie tunisienne. En 2012, elle crée l’ONG El-Bawsala, « la boussole » en arabe. Cet observatoire en ligne épingle les absences des députés à l’Assemblée nationale constituante (ANC), pointe leurs contradictions. Son ambition ? Démocratiser les enjeux de la nouvelle constitution et informer les citoyens en temps réel des décisions prises par le Parlement. Résultat ? La nouvelle Constitution, l’une des plus progressistes du monde arabe, bannit la charia, réduit la place de l’islam, instaure un État civil et garantit la protection des acquis des femmes et le principe de parité. Son action pour la bonne gouvernance et la transparence politique dans son pays vaut à Amira, en 2014, le prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits. Classée parmi les femmes arabes les plus influentes par le magazine Arabian Business, Amira juge que « la révolution n’est pas finie ». Elle ambitionne  de veiller aux dépenses de l’État pour affronter l’immense défi économique de la nouvelle et fragile Tunisie.

Charlotte de Vilmorin, 24 ans, entrepreneure

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Charlotte de Vilmorin, 24 ans, créatrice de Wheeliz, premier site de location participative de voitures équipées pour le handicap.

Qui est-elle ?

Une pile électrique d’un mètre de haut, un sourire ravageur et une énergie sans limite. Ou presque, puisque, depuis l’enfance, Charlotte de Vilmorin vit en fauteuil roulant et a besoin d'un tiers pour l’y installer le matin et l’en déloger le soir. « Le handicap est dans les détails, écrit-elle dans son premier livre qui paraît le 11 mars (1). On n’est jamais handicapé dans l’absolu. On l’est devant une marche, une chaise qu’on ne peut tirer, un bouton d’ascenseur trop haut. Un manteau qu’on ne peut enlever alors qu’on va passer un entretien d’embauche. » Avec l’aide de sa famille, elle réussit (au prix d’un véritable parcours du combattant) un cursus scolaire dit « classique ». Deux ans de prépa et une école de commerce. Atterrit en stage dans une grosse agence de publicité. Son blog, Wheelcome, raconte sa vie de femme active en fauteuil roulant : coups de griffes, coups de gueule, coups de cœur. Et énorme conversation en ligne.

Pourquoi fait-elle la différence ?

« J’ai compris que mon bonheur et mon épanouissement ne dépendaient que de moi, de personne d’autre. » Celle qui n’a cessé de voir les chauffeurs (plus ou moins compréhensifs, plus ou moins chers ou remboursés) se succéder pour l’emmener et la reconduire de ses lieux de stages et d'emplois chez elle pose, en novembre dernier, les bases de son projet entrepreneurial : Wheeliz, ou le premier site de prêt et de location participative de voitures équipées pour le handicap. Dans une vidéo particulièrement pertinente, à retrouver sur la plate-forme collaborative KissKissBankBank, elle explique pourquoi l’idée peut avoir du succès. Mais pour que le site fonctionne, il faut cent voitures adaptées inscrites. Le pari est en cours (50 voitures recensées à ce jour), l’enthousiasme de Charlotte immense. Il faut que cela marche.

(1) Charlotte de Vilmorin publie Ne dites pas à ma mère que je suis handicapée elle me croit trapéziste dans un cirque, Éditions Grasset. www.wheelcome.net.

Claire Cano, 25 ans, présidente et co-fondatrice de LuckyLoc.com

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Claire Cano, 25 ans, présidente et co-fondatrice de LuckyLoc.com.

Qui est-elle ?

Une très jeune entrepreneure qui se lance à l’aventure à 23 ans en partant en Nouvelle-Zélande effectuer une année d’échange universitaire dans le cadre de ses études à HEC. Sur place, au bout du monde, elle découvre le concept du « drive away » et développe Lucky Loc dès son retour avec un autre étudiant HEC - Idris Hassim. Leur idée ? Rapatrier un véhicule au gré des trajets de ses utilisateurs. Permettre à un conducteur de louer une voiture ou un utilitaire dans une ville mais de la déposer dans une autre sans pour autant payer une surtaxe. Ce site de location à 1 euro résous aussi le problème des loueurs professionnels désireux de récupérer leurs véhicules où qu’ils soient. Début 2015, plus de 2 000 véhicules ont été convoyés pour le compte de sociétés comme Europcar, Avis, Hertz, Neubauer, Nissan.

Pourquoi fait-elle la différence ?

Parce qu’elle propose un service de déplacement écologique et anti-crise aux français. Lauréate du prix 2013 Bouygues Telecom de la Femme entrepreneure numérique, elle était fin 2014 finaliste du prix Clémentine de la femme d’affaires Veuve Clicquot. Aujourd’hui, elle s’engage en intervenant au TEDxWomen. Un exemple pour toutes celles qui ont encore trop souvent peur d’être ambitieuses et de voir les choses en grand.

Inès Taittinger, 24 ans, pilote automobile

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Inès Taittinger, 24 ans, pilote automobile.

Qui est-elle ?

La belle Inès n’était pas franchement prédisposée aux montées d’adrénaline. Pourtant, sa vie a suivi le chemin des montagnes russes. Issue d’une famille pétillante, Inès vient au monde avec une malformation cardiaque. Trois jours après sa naissance, elle doit être opérée à cœur ouvert. S’ensuivent d’innombrables séjours et rendez-vous à l’hôpital. Ce qui ne l’a pas empêchée d'apprendre le ski, le hockey sur glace ou le judo. Le sport en exutoire ultime, comme pour le personnage principal de Million Dollar Baby (de Clint Eastwood, 2004), l'un de ses films préférés. Les dimanches, elle se lève à 6 h du matin pour regarder les grands prix de F1 avec son père. Elle aimerait être pilote d’avion, mais le grand air lui est interdit. Tant pis pour le ciel ; Inès opte pour la terre ferme. À 20 ans, elle décide de s’entraîner pour passer pro et intègre la short list des femmes coureuses automobile.

Pourquoi elle fait la différence ?

À tout juste 20 ans, Inès Taittinger s’incruste sur une piste où les hommes ont brûlé la gomme et marqué leur territoire depuis des décennnies. Le terrain est balisé. Mais Inès persévère dans l'un des rares sports à voir s'affronter hommes et femmes. L’an dernier, elle décroche une deuxième place, puis une troisième, lors de deux courses du championnat VdeV. Au volant de sa Norma, la jeune femme fuse à 260 km/h sans oublier d’où elle vient. Inès Taittinger a fait le choix de soutenir l’ONG Mécénat chirurgie cardiaque. Son plus grand rêve ? Courir les 24 heures du Mans. Sa inscription à l’émission de télé-réalité Race24, dans laquelle 24 pilotes - dont seulement trois femmes - se mesurent les uns aux autres pour décrocher une participation à la mythique course automobile, la mènera peut-être aux portes de la gloire. Et fera de l'année de ses 24 ans son meilleur millésime.

inestaittinger.fr

Charlotte Lazimi, 29 ans, auteure

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Charlotte Lazimi, 29 ans, journaliste et auteure de « Toutes les femmes ne viennent pas de Vénus ! ».

Qui est-elle ?

Enfant, Charlotte Lazimi n’a jamais compris pourquoi elle devait se lever de table pour aider sa grand-mère à desservir pendant que ses cousins ne bougeaient pas d'un pouce. « Je ne me reconnaissais pas dans les stéréotypes féminins : être douce, ordonnée, avoir une jolie écriture. Je n'étais rien de tout cela. » Elle se rêve journaliste le matin, écrivain l’après-midi et comédienne le soir. Son bac en poche, la jeune Parisienne file à Sciences Po Bordeaux et enchaîne à Paris sur un master de journalisme, toujours à Sciences Po. Une école prestigieuse qui n’empêche pas de devoir faire face au sexisme. Une fois dans le monde du travail, elle constate avec effroi le manque de femmes dans les grandes rédactions. Et se souvient des taux de femmes présentes à l’Assemblée nationale et au Sénat, ridiculement faibles en 2015. « On comprend alors qu’être une femme peut freiner une carrière. » Charlotte décide alors d'exprimer son indignation à travers l'écriture. 

Pourquoi elle fait la différence ?

Alors qu'elle travaille en freelance dans la presse féminine, elle doit souvent taire ses convictions féministes devant la rigueur déontologique. Avec Myriam Levain, elle crée le blog Les Martiennes pour s'engager encore plus. Ensemble, elles interrogent toute cette culture émergente qu’on qualifie, souvent à tort, de féministe. Parfois avec indignation, parfois avec humour, toujours avec pertinence. Séries, films, stars, télé-réalité, politique, médias... tout y décortiqué par les deux jeunes femmes. Grâce aux réseaux sociaux et à l'esprit critique qui y est développé, le blog devient rapidement une référence en la matière. Myriam Levain se lance dans la création de Cheek Magazine, le premier pure-player féminin de la génération Y. Charlotte, elle, écrit un livre qui fait l’état des lieux, positif et négatif, des combats et stéréotypes propres à la gent féminine, et doté d'un titre qui ne manque pas d’humour : Toutes les femmes ne viennent pas de Vénus !. Charlotte est à l’image de la nouvelle génération de féministes. Elle en a ras-le-bol d’entendre qu’elles sont des « mal-baisées » hystériques, victimes d'une trop forte poussée d’hormones ou réduites au seul mouvement des Femen. Le vent tourne et leur combat se renouvelle de façon décomplexée, entre féminisme pop, réseaux sociaux et implication de la gent masculine. Pas de seins nus ni de postiche de barbe pour Charlotte. Son arme reste son clavier d'ordinateur, qui a encore tant de livres, d'articles et de posts à faire naître. Car « malheureusement, quelque chose me dit que le chemin vers l'égalité promet d'être encore très long ».

Eleni Antoniadou, 27 ans, chercheuse

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Eleni Antoniadou, 27 ans, chercheuse et fondatrice Organs Without Donors.

Qui est-elle ?

Eleni, 27 ans, est fière de venir du « pays de la philosophie, de l’art, de la politique, le berceau de la science moderne ». Aujourd’hui, cette jeune femme au CV impressionnant fait honneur non seulement à sa patrie mais aussi à ses rêves d’enfant. En primaire, elle porte des t-shirts avec le logo de la NASA et dévore des livres sur les astres et le cosmos. Elle prend ses premiers cours d’astronomie à 15 ans. C’est décidé, elle sera astronaute. La svelte Eleni s’en va pourtant décrocher un master en nanotechnologies et médecine régénérative à l’University College London. Elle se passionne pour la reproduction des tissus et participe à la première transplantation d’organe artificiel sur un patient atteint d’un grave cancer. Puis intègre un programme d’été de la NASA, qui l’invite ensuite à travailler sur les biosciences. En parallèle, elle crée la start-up Organs Without Donors. Le but ? Créer des organes artificiels sur mesure pour chaque patient à partir de cellules souches.

Pourquoi elle fait la différence ?

À seulement 27 ans, Eleni Antoniadou possède la carrure d’une future Marie Curie. Son projet Organs Without Donors a été salué et récompensé par un Women’s Initiative Award de la Fondation Cartier en 2014. Si elle mettait au point un système de création d’organes artificiels, Eleni mettrait fin à l’angoisse chez les patients en attente d’un don d’organe mais aussi au trafic d’organes humains qui sévit à travers le monde. La jeune Grecque a eu l’occasion de rencontrer des victimes de ce trafic lors de missions humanitaires au Pérou, en Ouganda et au Costa Rica, où elle participait à la distribution de médicaments et de vaccins auprès de jeunes enfants. « Être bénévole a été le plus grand accomplissement que j’ai jamais connu et de loin le plus gratifiant. »

www.tissueeng.com


Valérie, 49 ans, bipolaire : "J'ai cru que j'étais un agent de la CIA pendant huit ans"

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Valérie a écrit le livre « ValL bipolaire... et plus si affinités » pour aider les autres malades à sortir du silence. 

Valérie a été coiffeuse, politicienne, femme au foyer et agent de la CIA... en rêve ou dans la réalité ? Dans un livre autobiographique, la quadragénaire raconte ses multiples vies de bipolaire à tendance schizophrénique. 

Valérie Labasse, 49 ans, est une expatriée française tout à fait « normale » en apparence. Une existence bourgeoise à Boston, un fils scolarisé à l’École internationale de Cambridge, un mari souvent en déplacement. Elle s’occupe en réalisant des compositions florales et en écrivant des poèmes. Une vie équilibrée et rangée que Valérie ne connaît que depuis deux ans, grâce à un cocktail détonnant : lithium, antidépresseurs et amphétamines. 

Valérie est bipolaire, comme 1 % de la population française d'après les chiffres de la Haute Autorité de santé. Un terme souvent utilisé pour qualifier des personnalités sujettes à des variations d'humeur. En réalité, la bipolarité est une maladie qui se traduit par une alternance de phases d'excitation délirante et de phases de dépression profonde. « On peut être tout à coup hyperactive, développer un tas de dons, une folie incroyable. On vit dans un autre monde. Puis, c’est le trou noir, le vide. Comme un cauchemar paralysant. » Pour ne rien arranger, Valérie est schizophrène. Sa vie est habitée de voix, de personnages, et ponctuée de situations qui lui paraissent totalement réelles alors qu’elles sont purement fictives. Pour le monde extérieur, cette existence intérieure n’est que « du faux ». Ce qui n’empêche pas les malades d’en ressentir la puissance, l’adrénaline et l’euphorie, en bien comme en mal. Quitte à ce que cette vie illusoire soit parfois préférable à une réalité morose. Comme une addiction.

Valérie est née dans une famille aisée à Paris. Pour ses parents, c’est une petite capricieuse, qui obtient tout ce qu'elle veut. À la naissance de sa petite sœur, Valérie est morte de jalousie. À l'école, elle ne sait pas travailler. Phobie scolaire. « Avec le recul, j'ai pris conscience que je n'ai jamais rien pu apprendre. Même pas l’anglais. Par contre, je peux créer, beaucoup. » Valérie triche, feinte et réussit à faire illusion jusqu'en 3e, jusqu'à l'âge où ses premières hallucinations font irruption dans sa vie. « À l'époque où tout le monde parlait de la mort de Claude François, je le voyais en train de chanter dans ma chambre. Au collège, tout le monde se moquait de moi. » Valérie entre en CAP coiffure. En quelques semaines, ses facilités dans les domaines créatifs lui permettent de devancer les autres. Elle travaille dans un salon. Mais bientôt elle ne tient plus le rythme et devient commerciale en produits de beauté. « J'avais besoin de beaucoup dormir. À l'époque, je ne savais pas que j'étais malade. »

Des missions politiques rétribuées en sacs Louis Vuitton

La deuxième vie de Valérie commence alors. Elle est jeune, belle, intelligente et rencontre un homme politique dont elle préfère taire le nom. Un reliquat de loyauté, sans doute. Leur relation platonique se nourrit de l’ivresse du pouvoir, de montées d'adrénaline liées à des activités illégales. L’homme qu’elle admire lui donne des « missions » qu'elle jure bien réelles. « Il s'agissait de piéger des gens, de trouver des preuves de leur culpabilité pour qu'ils soient emprisonnés, de voler des documents. C'était facile : j'étais un bel appât. Je vivais la vie dont je rêvais, comme dans un film, sans me rendre compte des risques que je prenais avec cet homme. Il s'est servi de moi et j'adorais ça, je l'admirais. » En contrepartie, son mentor lui offre des sacs Louis Vuitton, sa passion. Étrangement, sa bipolarité lui facilite la tâche. La super héroïne se sent capable de tout et ne connaît pas la peur. « J'ai eu beaucoup de chance de ne pas avoir eu de problèmes avec la police. Encore aujourd'hui, je ne peux pas dire que je regrette quoi que ce soit. »

Valérie est une séductrice, qui prend le contrôle sur les hommes, à défaut d'en avoir sur sa maladie. Elle prend sa revanche sur la vie jusqu’au jour où elle rencontre son deuxième mari. « Le premier, j'ai senti qu'il n'était pas capable d'assumer ma maladie. » Ce nouvel homme est droit, formidable : c'est « l'homme de sa vie ». Valérie range son costume de Mata Hari et sa vie déjantée avec. Elle parle de ses troubles à son mari. « Je lui ai dit que j'allais me faire soigner. Il a accepté et m'a épousée. »

Enquêtrice le jour, femme au foyer le soir

Valérie redevient coiffeuse, à domicile. Elle fait un enfant sans savoir pourquoi. « Après la naissance de mon fils, il m'a fallu six mois pour me sentir mère », se rappelle-t-elle. Nouvelle page. La famille déménage de l'autre côté de l'Atlantique, en espérant laisser les démons de Valérie sur l'autre rive. « À Paris, j’avais cette vie active que ma bipolarité rendait incroyable, dénuée de peur. Puis je me suis retrouvée aux États-Unis seule avec un bébé, mon mari voyageant souvent. La schizophrénie a resurgi, comme pour tromper l’ennui. » Une fois son mari au travail et l'enfant déposé à la crèche, elle devient Mary, une femme séduisante, calculatrice. Une sorte de « jumelle maléfique ». Chaque jour, Mary côtoie David et Therry, ses collègues et amis. Ensemble, ils travaillent pour la CIA. Pendant huit ans, l’espionne Mary/Valérie nourrit ses journées d’enquêtes, de filatures, de rapports et de comptes-rendus. « Je suis passionnée par les attentats, le terrorisme, la politique et les conflits. C’est comme un jeu vidéo dans lequel je dois trouver la solution. J’ai essayé de découvrir les coupables du 11-Septembre. J’ai vécu des combats en Irak. J’ai enquêté sur le trafic d’organes dans le New Jersey », raconte celle qui a dû se faire violence pour ne pas replonger après les attentats de janvier en France. Que faisait le corps de Valérie pendant les trépidations de Mary, David et Therry ? Se rendait-elle à des rendez-vous, conduisait-elle, écrivait-elle des rapports ? Ou restait-elle sur son canapé, dans cette maison vide, à s'imaginer dans un film d’action, dans une transe silencieuse ? Elle ne le sait pas, ne se rappelle rien, si ce n’est que la vie normale de femme au foyer reprenait son cours quand son mari franchissait le pas de la porte. « Personne n’avait idée de ce que je vivais. » Ni du fait qu'entre-temps Valérie était devenue alcoolique.

Valérie ouvre les yeux au moment où, au détour d’une autre « enquête », elle découvre l’existence du professeur Nash, ce génie des mathématiques à tendance schizophrène paranoïaque, dont la vie a inspiré le film Un homme d’exception. « J’ai compris que je ne savais pas faire la différence entre le réel et le fictif, que tout - mes enquêtes, David, Therry, etc. - était faux. » Faut-il pour autant se résoudre à une vie moins savoureuse ? « Rester seule avec un bébé et deux copines, cela ne me convenait pas. Je devais choisir : ou j’aimais ma vie fictive ou je ne l’aimais pas. Je l’aimais. Alors j’ai continué de vivre ce "film", je me suis laissé emporter. » Jusqu’au jour où elle est arrêtée et embarquée par la police pour mauvaise conduite au meeting de Frédéric Lefebvre, candidat aux législatives partielles des Français de l’étranger, qu’elle avait déjà bien malmené sur des forums. « Je ne pensais pas que tout cela pourrait atteindre mon mari, mon fils. J’ai décidé de tout arrêter. »

Bouquets de fleurs et poèmes contre vie d'espionne

C’était il y a deux ans et demi. Depuis, Valérie a tout avoué et récolté autant de soutiens que d'insultes. Le lithium, les antidépresseurs et les amphétamines ont balayé le scénario hollywoodien. « Je n'ai plus d'accès de folie, ni de déprime, je n'ai plus d’hallucinations visuelles. Mais je me sens toujours malade. » Parfois, Valérie replonge dans cette vie fantasmée en ouvrant les tiroirs de sa maison de Boston. S’y empilent des documents, des rapports rédigés pour ses « employeurs ». « Je ne sais pas qui les a reçus, ni même si je les ai envoyés. » Si les images étaient fictives, les émotions et sensations de Valérie restent inscrites comme des cicatrices réelles, que personne ne verra jamais. De toute évidence, Valérie a vécu tout un pan de sa vie seule. « J’ai vécu ces situations, j’ai eu mal. Mais à Boston, je suis juste la coiffeuse esthéticienne que tout le monde prend pour une mytho. » Désormais, son traitement, très lourd, a remplacé la compagnie de ses amis aventuriers. « Je n’ai plus de visions, assure-t-elle. Seulement des hallucinations sonores : j’entends l’eau du robinet couler, mon portable vibrer. » Valérie a écrit son autobiographie, ValL, bipolaire... et plus si affinités, pour aider les autres malades. Ses projets de livres de poèmes, de pâtisseries et la création de miniatures et de bouquets de fleurs ont remplacé la vie sous haute tension de Mary l'espionne. On l’imagine assise dans sa maison américaine, au téléphone, dans cette vie rangée. Pleine d’espoir, mais toujours seule. Avouant finalement que, de temps en temps, elle revoit passer David, Therry et Mary. Et qu'elle « n'a pas envie de les voir disparaître ».

ValL bipolaire... et plus si affinités, de Valérie Labasse-Herpin, Éd. La Compagnie littéraire, 131 p., 17,50 €. 

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De domestique à photographe reconnue : l'incroyable destin de Xyza Cruz

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Les photographies de Xyza Cruz lui ont apporté une reconnaissance internationale, la possibilité d'exposer ses œuvres un peu partout dans le monde et surtout une bourse de la prestigieuse Magnum Foundation pour étudier pendant six semaines à New York.

Domestique au service d'une famille hongkongaise, Xyza Cruz passait son temps libre à se promener dans les rues et à prendre des clichés avec l'appareil photo acheté grâce à l'argent que sa patronne lui avait prêté. La jeune Philippine expose désormais ses photographies à travers le monde et va profiter d'une bourse de la Magnum Foundation.

Comme 300.000 autres femmes venues des provinces pauvres des Philippines ou d'Indonésie, Xyza Cruz a débarqué il y a neuf ans à Hongkong et est entrée au service d'une famille locale. Entre son village natal, situé à des heures de route de la capitale philippine, Manille, et les tours de verre et d'acier, le mouvement et le vacarme de la cité chinoise, c'est le choc. « C'était un tel contraste ! J'étais fascinée, parce que tout allait vite, les lumières étaient incroyables, c'était si vivant par rapport à mon village », raconte-t-elle.

Il y a quatre ans, sa maîtresse - « une femme formidable » -  lui prête la somme nécessaire à l'achat de son premier appareil photo, un Nikon D90. L'équivalent d'un mois de salaire à l'époque. Sans le savoir, Xyza Cruz tient alors son destin entre les mains. La photographie va transformer sa vie, briser la trajectoire invariable de ces « maids » mal nées, dont le sacrifice se paie par la solitude et l'indifférence. 

Félicitée par le "New York Times" et Sebastiao Salgado

Xyza descend dans la rue et photographie tout, avec ses yeux de jeune rurale toujours surprise par l'immensité de la ville. « Je prenais des paysages, des fleurs, des (portraits) de ma mère, puis j'ai commencé à faire de la photographie de rue. » Elle partage ses clichés contrastés en noir et blanc avec ses amis sur Facebook. Jusqu'à ce qu'un photographe philippin basé à San Francisco les découvre sur la Toile ; il est d'emblée intrigué par leur qualité et leur originalité. Le nom de Xyza Cruz commence à circuler. Le site spécialisé du New York Times et le célèbre photographe Sebastiao Salgado lui rendent hommage. Ses instantanés de l'ordinaire, des rayons de supermarché au métro, lui apportent une reconnaissance internationale. Elle est exposée un peu partout dans le monde et, surtout, elle reçoit une bourse de la prestigieuse Magnum Foundation pour aller étudier pendant six semaines à New York. Un miracle, de ceux qui rendent si pieux les catholiques philippins. « Ma vie à complètement changé », reconnaît-elle.

Consciente de son talent et de son privilège, Xyza Cruz a décidé de tenter sa chance et a littéralement rendu son tablier. À 28 ans, elle goûte pour la première fois à l'ivresse de la liberté. Mais n'oublie pas pour autant tout ce que la vie lui a appris. « L'urgence de la survie est plus vive que l'urgence de l'art », explique-t-elle dans un entretien à l'AFP à l'occasion d'une exposition de son travail à Macao. « Ce que je veux faire avec la photo, c'est aider les gens (...). La photographie est un instrument très puissant, capable de changer le regard des uns et des autres sur l'existence. »

Pendant l'été 2014, Xyza Cruz suit le quotidien d'un refuge pour travailleurs migrants victimes de maltraitance psychique ou physique de la part de leurs employeurs. « J'étais là pour être la voix de ces employés domestiques que l'on n'entend jamais, ceux dont les voix sont étouffées. » Ces domestiques dont elle faisait partie, condamnés à mettre leur vie au service d'autres vies, dans l'anonymat des beaux quartiers, loin des leurs, pour aider des parents vieillissants, financer les études d'un cousin, bâtir une masure qu'un typhon finira par détruire. Le mois dernier, à Hongkong, une femme a été condamnée à six ans de prison pour avoir battu et affamé son employée indonésienne. Une affaire sordide qui a résonné bien au-delà de l'ancienne colonie britannique.

Xyza Cruz Bacani, elle, sait la chance qui fut la sienne en travaillant pour une patronne compréhensive. « Elle me disait que les tâches domestiques (...) m'empêchaient de me construire en tant qu'individu, que c'était une chaîne à mes pieds », souligne la jeune femme affranchie, dont l'extraordinaire destin est devenu un chemin d'espérance pour les autres domestiques. « Le travail ne dit rien de ce que tu es. Mes rêves de petite fille, je les vis maintenant. »

Son site : Xyza Cruz Bacani

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Delphine Arnault : l'abécédaire de sa nouvelle vie

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Delphine Arnault, directrice générale adjointe de Louis Vuitton, fondatrice du prix LVMH, lors de l’édition 2015 de ce concours récompensant un créateur de mode.

Pour la deuxième année, le prix LVMH, orchestré par la directrice générale adjointe de Louis Vuitton, récompensera, en mai, un créateur de mode. À l’occasion de la présentation des collections des demi-finalistes, la fondatrice de ce concours révèle sa philosophie en quelques mots choisis.

Quelque chose a changé en elle. Dans l’allure, le regard. Peut-être est-ce le fait d’avoir été nommée en 2013 directrice générale adjointe de Louis Vuitton, le navire amiral du groupe LVMH (qui réalise plus de la moitié des bénéfices du groupe) ? Ou, plus prosaïquement, est-ce cette robe électrique signée Nicolas Ghesquière, le designer de la marque, qui lui donne un côté plus rock ? La jeune femme, assise ce jour-là sur une banquette années 1950, semble en tout cas à des années-lumière du look tailleur-pantalon qu’elle affectionnait jusqu’ici. En deux ans, Delphine Arnault a donné le jour à deux bébés. Elisa, d’abord, deux ans et demi, sa petite fille dont elle refuse de parler mais dont la simple évocation allume dans son regard une étincelle qui ne trompe pas. Le prix LVMH, ensuite, créé en 2014 et dont la seconde édition regroupe une fois encore vingt-six demi-finalistes et un jury de créateurs hors pair, avant l’élection d’un lauréat en mai.

Ce jour-là, les experts choisis avec soin, et en charge d’identifier les finalistes, déambulent dans le showroom immaculé installé pour l’occasion au rez-de-chaussée du siège de LVMH, avenue Montaigne, à Paris. Patrick Demarchelier, Natalia Vodianova, Laure Hériard Dubreuil, Suzy Menkes…, le name-dropping est à son comble. Dans l’air, le bourdonnement d’un drone-caméra censé restituer tout cela en vidéo et en ligne, avec un peu de hauteur. 19 h 15 : Kanye West arrive, provoquant sur son passage une hystérie mal contenue. Il croise Bernard Arnault - mélange des genres. Mode, high-tech, rap : la scène ressemblerait presque à une vie sur Instagram. Une vie moderne et cosmopolite dans laquelle Delphine Arnault semble avoir définitivement pris pied. En langage psychanalytique, cela s’appellerait une petite révolution. La jeune femme s’est personnellement impliquée dans l’organisation de ce prix, qu’elle a voulu, conçu de toutes pièces, dans un but précis : repérer les nouveaux talents de la mode et aider les designers à développer des marques pérennes en les familiarisant avec les codes du business. Bien consciente que la réussite, aujourd’hui, ne s’entend plus sans partage.

A comme artiste

Quand la mode est partout, à commencer dans la rue, et que tout le monde ou presque (même les plus bad boys des rappeurs) rêve de devenir designer, comment distingue-t-on un futur « grand » ? « Détecter un talent prend du temps, reconnaît Delphine Arnault. Parmi les vingt-six finalistes du prix, certains étaient présents l’an dernier, comme Jacquemus, Craig Green ou Marques Almeida. Il faut parfois suivre l’évolution d’un créateur sur le long terme, observer comment il a mûri, pour assister à l’éclosion d’un talent. Le jury du prix est constitué des plus grands designers mondiaux (Karl Lagerfeld, Nicolas Ghesquière, Marc Jacobs, J. W. Anderson, Phoebe Philo, Raf Simons, Riccardo Tisci), qui travaillent tous pour une de nos maisons. Qui mieux qu’eux pour identifier celui qui fera la différence ? La façon dont chaque candidat se présente, défend son travail, met des mots sur son projet devant une telle assemblée, compte aussi. L’an dernier, après avoir interviewé les dix finalistes, le jury s’est rassemblé autour d’un déjeuner avec mon père. Il y a eu un long débat passionnant, puis chacun a voté à bulletin secret pour élire le lauréat. »

B comme business

« Aujourd’hui, un jeune créateur qui lance sa maison doit consacrer un temps important à des activités qui ne relèvent pas de la création. Il doit résoudre des problèmes de gestion, de production, de trésorerie. Il doit acheter des tissus, financer la production de sa collection avant même qu’elle soit achetée par les magasins ou les clients. D’où l’idée d’aider financièrement le lauréat du prix. Au-delà de ça, nous lui proposons surtout un an de coaching avec une équipe dédiée chez LVMH, qui l’aide à développer son réseau de clients et de distributeurs, à répondre à des questions de merchandising, de marketing, à trouver les bons fabricants, et même à résoudre des problèmes légaux et juridiques, si besoin est. »

D comme découverte

« Souvent, je donne mon avis sur le recrutement des nouveaux talents au sein du groupe, ou sur le rachat d’une marque, ces décisions étant prises, bien sûr, par les dirigeants des maisons et par mon père, mais c’est indiscutablement un sujet qui me passionne. Dans le cadre de mes responsabilités pour le groupe, je rencontre des designers pour travailler sur les sacs, les souliers, les accessoires. Je rencontre aussi souvent des jeunes créateurs à Paris ou lorsque je voyage. J’aime regarder Instagram. Je suis des créateurs comme Nicolas Ghesquière, J. W. Anderson ou Riccardo Tisci, des stylistes, des artistes comme Takashi Murakami ou Richard Prince, des actrices…, des figures qui m’inspirent, comme Marie-Amélie Sauvé (muse et conseillère de Nicolas Ghesquière, NDLR), Camille Miceli, Carine Roitfeld et sa fille Julia (auteur du site pour mamans branchées Romy and the Bunnies). Ce matin, avec Nicolas Ghesquière, nous avons rencontré Kevin Systrom, le fondateur d’Instagram, qui a 31 ans. Instagram est devenu essentiel dans le monde de la mode. Nous sommes une industrie de l’image. Ce genre de rencontres me pousse à réfléchir autrement. »

G comme Frank Gehry

« Dans une autre vie, j’aurais adoré travailler pour lui. C’est un homme merveilleux et très humain, doublé d’un génie (il a dessiné la Fondation Louis Vuitton, NDLR). Sa maison à Santa Monica est une structure qui englobe une maison déjà existante ; quand vous sortez d’une pièce, vous avez l’impression d’être à l’extérieur, mais en fait vous êtes encore à l’intérieur de sa maison. L’architecture m’a toujours attirée. Mon père a commencé sa carrière en construisant des immeubles (en rejoignant l’entreprise familiale de BTP de son père, Ferret-Savinel, NDLR). »

I comme inspiration

« J’aime aller le week-end à la Fondation Louis Vuitton - inaugurée en octobre dernier et qui a déjà attiré 450.000 visiteurs. L’exposition "Les clefs d’une passion", qui débutera en avril, regroupe des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art du XXe siècle dont certains jamais prêtés par les musées (des Matisse, Picasso, Munch, Mondrian, Delaunay…). Je passe aussi pas mal de temps à Los Angeles : quand je suis là-bas, je visite les studios des artistes contemporains comme Sterling Ruby, Aaron Curry, Thomas Houseago. Mes modèles ? J’en ai eu un d’exception : mon père. Il m’a appris beaucoup, et a été très patient. »

P comme partage

« Il est important qu’il y ait plus de femmes à des postes de direction. Aujourd’hui, nous faisons beaucoup dans ce sens chez LVMH. Quand je recrute quelqu’un, je suis ravie si c’est une femme. Mais ce n’est pas mon critère principal, qui reste le talent. Je crois surtout qu’il est important qu’il y ait plus de diversité au sens large aux postes de direction, plus de femmes mais aussi plus de nationalités, des Anglais, des Italiens, des Chinois, des Japonais, des Américains… L’idée de partage est au cœur de notre prix et, je le pense, du succès aujourd’hui. Dans nos métiers, tous les jours, nous travaillons en équipe. Il faut communiquer sa passion pour mettre en commun les valeurs et les savoir-faire de l’entreprise, expliquer sa vision. Il n’y a plus de réussite individuelle sans partage, et c’est ce qui sous-tend l’existence même de notre prix. »

S comme Michel Serres

Michel Serres explique qu’avec les nouvelles technologies et le digital 80 % du savoir que nous transmettons est désormais obsolète. Et que transmettre aujourd’hui, c’est « se » transmettre, soi. « Dans un groupe familial, où les maisons - comme Vuitton, Pucci, Bulgari - ont une histoire familiale, la transmission est un élément essentiel. C’est ce qui nous a permis, chez Vuitton notamment, d’être numéro un depuis la création de la maison en 1854… Pour ma part, on m’a transmis le goût du travail bien fait, le goût de l’effort et l’envie d’aller au bout des choses. Mon père est comme cela et je n’envisagerais pas une seconde ma vie sans travailler. Ces valeurs sont au cœur de l’éducation que mes frères et moi avons reçue, tout comme le goût pour la musique, l’art ou le sport. »

W comme "The Woman I Wanted to Be" (1)

« Be the woman you want to be » a été le mantra de Diane von Furstenberg tout au long de sa vie. Quelle femme rêvait d’être Delphine Arnault ? « Je n’aime pas parler de moi… Je pense que les femmes se fixent moins d’objectifs précis que les hommes, qu’elles sont moins dans une carrière toute tracée, moins dans l’ego. Mon obsession est que Louis Vuitton soit toujours plus désirable. Et pour cela d’animer quotidiennement, aux côtés de Michael Burke, président-directeur général de Louis Vuitton, et Nicolas Ghesquière, la meilleure équipe de talents unis par une passion créatrice commune. » 

(1) Titre du dernier livre-Mémoires de Diane von Furstenberg, Éditions Simon & Schuster.

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La culture du business entre potes

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Les copains d’abord  ? Plus que jamais. Et aujourd’hui liés dans le business comme dans la vie.

Les copains d’abord ? Plus que jamais. Et aujourd’hui liés dans le business comme dans la vie. Moins potaches et régressifs que bouillonnants et créatifs, les hommes, unis par les liens du clan, réinventent le phénomène de bande.

Le nouveau dada de l’homme moderne ? Ne plus bouger une oreille sans sa bande de copains. Loisirs ou business, même combat : ils ne se quittent plus ! Mieux, ils s’entraident, s’épaulent, s’unissent, s’inspirent, construisent, bâtissent. En un mot, ils font front ensemble. Si hier les bandes de copains se contentaient de se retrouver pour siroter des bières devant un match PSG-Chelsea, aujourd’hui cette même bande joue les prolongations dans leur vie professionnelle. Et ce, peu importe le domaine : cinéma, musique, art contemporain, digital… Les exemples se comptent par dizaines. Quand l’acteur Guillaume Canet signe un film, il met immanquablement à l’affiche ses amis Jean Dujardin et Gilles Lellouche, puis charge souvent son bon copain Matthieu Chedid de composer quelques musiques. Ce même Matthieu Chedid qui, lui, confie à Guillaume Canet la réalisation de certains de ses clips. Les petits génies du Web n’échappent pas au phénomène : Cyprien, Norman, Hugo Tout Seul ou encore Mister V se battent sur Fifa 15 (LE jeu star de simulation de foot) et multiplient, en parallèle, les projets : quand Norman écrit un scénario pour Cyprien, celui-ci compose un rap avec Mister V, et fort est à parier qu’Hugo Tout Seul n’est pas loin. Idem du côté de la nuit : on ne présente plus la bande du Baron, incarnée principalement par André Saraiva et Lionel Bensemoun, qui ouvre des restaurants et des clubs aux quatre coins du monde sur un mode « on est une bande de potes et on s’éclate dans notre job ! ». Les ramifications sont sans fin et les renvois d’ascenseur permanents. « Le phénomène de bande de copains ne date pas d’hier, souligne le pédopsychiatre Marcel Rufo. L’homme, plus encore que la femme, a toujours eu besoin de se retrouver entre semblables, entre gens du même sexe. Ça les rassure : ils parlent le même langage et, entre eux, il n’y a pas de problème d’ego. Les garçons peuvent se permettre d’être vrais et de ne pas être dans la séduction. » La nouveauté, c’est qu’ils se retrouvent également sur le plan professionnel. « Ce n’est pas si étonnant, reprend Rufo. L’amitié qui lie un garçon à un autre est généralement indéfectible, immuable. » Le psychanalyste et écrivain Jean-Bertrand Pontalis l’explique d’ailleurs très bien dans son formidable livre Le Songe de Monomotapa (Gallimard) : « La confiance devient alors absolue. Finalement, qui mieux qu’un bon ami pour construire un projet ? »

Si ce phénomène coule de source pour le pédopsychiatre, il aura tout de même fallu deux révélateurs de taille pour qu’il prenne une ampleur certaine : la crise et l’omniprésence du digital. Ces deux facteurs ont poussé les trentenaires à abandonner la posture de loup solitaire façon Bill Gates pour adopter l’attitude de meute : « On est plus que jamais dans un esprit de partage et d’entraide, explique Vincent Grégoire, directeur du département lifestyle chez NellyRodi. C’est la conséquence directe de la crise : on s’épaule. À l’image d’une équipe de rugby qui forme une mêlée, on s’imbrique les uns dans les autres pour mieux avancer. »

Pour le dénicheur de tendances, ce besoin d’unir l’utile à l’agréable est aussi emblématique d’une nouvelle génération de travailleurs. « Les pères et grands-pères des trentenaires d’aujourd’hui avaient une vision stricte du travail : il y avait l’activité professionnelle d’un côté et le plaisir de l’autre. Aujourd’hui, la donne change. On décloisonne tout. Et on essaie de prendre du plaisir même au sein du boulot. » Marc Simoncini confirme. Digital king par excellence, le créateur de Meetic ne cesse d’enchaîner les projets avec ses deux compères Jacques-Antoine Granjon, fondateur de Vente-privée, et Xavier Niel, fondateur de Free. Ensemble, ils ont créé l’École européenne des métiers de l’Internet : « On a eu cette envie et on ne le regrette pas, explique Marc Simoncini. Retrouver des copains de vingt-cinq ans sur des projets communs est un bonheur absolu. D’abord parce qu’on se fait une confiance aveugle et que le gain de temps est considérable. » S’est-il posé une fois la question de mettre en péril leur amitié ? « Non. Ayant roulé notre bosse chacun de notre côté, nous sommes conscients des dangers. On sait qu’il y aura de la casse, c’est incontournable. À l’inverse, quand un projet aboutit, le bonheur est décuplé car il est partagé entre vrais amis. » Le businessman ajoute : « D’ailleurs, si on faisait ça pour l’argent, ça se saurait… On le fait surtout par plaisir et par passion. »

Le voilà, le mot-clé : la passion. « La bande version 2015 est tribale, explique Vincent Grégoire. Chaque membre se ressemble souvent physiquement et surtout partage les mêmes centres d’intérêt. C’est justement cette passion commune qui pousse à s’unir sur des projets professionnels. Le profit qu’on pourrait en tirer passe au second plan. » Franck Annese, le patron so cool des éditions So Press, en est la preuve. Entouré de ses amis proches, comme les journalistes Marc Beaugé ou Stéphane Régy, ce trentenaire adepte des chemises à carreaux et des casquettes made in USA fait le pari fou de tout miser sur la presse print à l’heure où sa mort est annoncée. Sofa, So FootSo Film,Doolittle, Pédale ! et…Society, qui a vu le jour il y a un mois : l’homme et sa bande crient sur tous les toits que, non, ils ne sont pas suicidaires, mais juste guidés par une passion, celle de la presse papier. La foi en cette entreprise pour le moins risquée tient là encore grandement par l’esprit de bande : la solidarité ! Lorsque Franck Annese cherche des investisseurs, il se tourne naturellement vers ses amis et embarque dans son aventure ses copains Vikash Dhorasoo, ancien footballeur, Renaud Le Van Kim, réalisateur et producteur, ou Serge Papin, patron de Système U. Quant à la rédaction, elle ressemble davantage à un BDE géant (bureau des étudiants de toute bonne école) qu’à un open space classique. « Il y a aussi une part de fantasme dans tout ça, conclut Vincent Grégoire. C’est une façon détournée de vouloir revivre un peu les années lycées via des projets plaisir. » Charles Beigbeder, Thierry Costes, André Saraiva (Le Baron), Laurent de Gourcuff (Les PlanchesMonsieur Bleu…), les frères Houzé (Galeries Lafayette ) ou Laurent Milchior (Etam ) ne diront pas le contraire. Ils comptent parmi les seize bons copains qui ont décidé de faire revivre le club mythique parisien Castel avec une envie partagée : celle de s’amuser et de travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. L’homme moderne, un adolescent attardé ? Oui… mais inspiré, et ça fait toute la différence !

Les bandes de potes dans la vie : 

Et du côté des filles ? 

L’esprit girl power ? Il est plus que jamais d’actualité. Cependant, dernièrement, les bandes au féminin qui se forment sont moins conventionnelles, mais tout aussi punchy, comme la jolie tribu Les Particules Complémentaires. Derrière ce titre évocateur se cachent neuf blogueuses talentueuses : Lisa Gachet (Make My Lemonade), Géraldine Dormoy (Café Mode), Lili Barbery-Coulon (Ma Récréation), Lise Huret (Tendances de Mode), Domino Lattès (What Domino Wants), Mai Hua (Super by Timai), Mathilde Toulot (Shooooes), Olivia da Costa (Please !) et Virginie Dhello (Veepost). Leur dénominateur commun  ? Le digital dans le sang, un univers bien marqué pour chacune et un goût pour les belles choses. Ajoutez une très respectable petite communauté qui les suit sur les réseaux sociaux (100. 000 followers pour @makemylemonade).

Elles auraient pu rester chacune dans leur coin. Or, lors d’un dîner de filles, elles évoquent la création d’une bande. « Tout a commencé autour d’un verre, se souvient Lili Barbery-Coulon. On se voyait assez souvent et nos conversations donnaient naissance à des envies de projets. » En juin 2014, la bande des Particules Complémentaires voit le jour.
L’idée de départ  ? « S’enrichir les unes les autres grâce à nos réseaux persos, reprend Lili. En conjuguant nos connexions, on s’est dit que l’on pourrait monter des projets encore plus fous. Et puis l’idée qu’un réseau virtuel prenne vie dans le réel nous excitait bien. La créativité est inévitablement décuplée  ! » Ainsi, Mai Hua, spécialiste de la couleur, et Mathilde Toulot, experte ès shoes, ont donné naissance à Shoeleur, duo hilarant qui décrypte les tendances chaussures dans des vidéos pour Prada ou Le Bon Marché. Pas de chef de file ni de codes de conduite, si ce n’est celui de s’engager à tout partager. Chacune a multiplié les projets grâce au réseau de l’autre, chacune apprend de l’autre : « Une formule gagnante à 100  % », conclut Lili.
 

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Hillary Clinton : une vie à attendre la présidence

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Hillary Clinton sera-t-elle la première femme à la tête des États-Unis ?

Elle a été first lady, sénatrice, secrétaire d'État. Dimanche, Hillary Clinton s'est déclarée candidate aux primaires démocrates pour la présidentielle 2016. Retour en images sur son parcours de femme de l'ombre.

 

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Aerin Lauder, un rêve américain

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La petite-fille d'Éstée Lauder, elle incarne la parfaite héritière de l'Upper East Side.

Petite-fille d’Estée Lauder, elle incarne la parfaite héritière de l’Upper East Side. Directrice artistique de la marque, elle a créé son propre label et signe une collection de parfums. Rencontre élégante à New York.

« Oui, on peut tout avoir. Mais pas tout en même temps. » Aerin Lauder semble avoir résolu une fois pour toutes l’impossible équation carrière-famille qui taraude les femmes. « C’est ce que disait ma grand-mère », ajoute-t-elle. Sa grand-mère, l’ineffable Estée, génie de la cosmétique, partie de rien pour bâtir un empire. Aerin, fille aînée de son fils Ronald, a suivi ses pas et ses conseils, mais elle ne s’est pas contentée de gérer les affaires familiales (elle supervise la direction créative et siège au conseil d’administration du groupe qui affichait un CA de plus de 10 milliards de dollars en 2014).
Il y a quatre ans, elle a créé sa propre marque, Aerin, qui englobe une ligne de make-up, une collection de parfums, des objets et des tissus pour la maison. « La beauté, c’est mon héritage, mais ma passion, c’est le lifestyle. Au fond, aujourd’hui, toute expérience d’achat va bien au-delà de l’acquisition d’un produit », dit-elle en nous recevant dans ses bureaux qui surplombent la 5e Avenue. De vastes pièces lumineuses, décorées comme un chez-soi raffiné, ponctuées de photos de maître et de grands bouquets de fleurs. « Je pense qu’Estée aurait approuvé », dit-elle en embrassant d’un coup d’œil la pièce. Depuis toute petite, elle n’a jamais été très loin de sa grand-mère adorée, dans une relation d’amour, d’échange et d’apprentissage : la petite fille s’imprégnait des codes de la maison et apprenait toutes les ficelles du métier tandis qu’Estée récoltait des informations précieuses sur les nouvelles générations en testant sur elle les produits. « J’étais encore en grenouillère que je reconnaissais le make-up ! » rit-elle.

Maintenant qu’elle a deux garçons, cette complicité toute féminine ne lui manque-t-elle pas ? « Je crois que le destin nous envoie ce qu’on peut assumer, et c’est peut-être mieux ainsi. De toute façon, j’ai mes copines pour tester mes produits. C’est une expérience inattendue, pour moi qui n’ai pas eu de frère, d’avoir deux garçons… Il y a des jours, quand ils rentrent du sport, ils sortent leurs sneakers sales du sac à dos et ils les jettent sur le lit… Une fille ne ferait jamais un truc pareil ! » Elle sourit puis montre les photos de Jack, 15 ans, et Will, 14 ans. Ce dernier l’appelle pour lui demander des conseils au sujet d’un devoir. Au cours de la soirée, elle le rappelle deux fois pour lui donner quelques pistes et des idées.

Allure racée et élégance toute naturelle, vêtue d’une blouse en soie et d’un pantalon noir, Aerin glisse : « La question la plus rasoir qu’on me pose souvent est : “Quel vêtement ne porterez-vous jamais ?” Comme si un jour on décidait d’éliminer un pan entier de sa garde-robe ! » En termes d’objets et de matières, elle a un goût très affirmé qui évoque les étés aux Hamptons et les hivers près de la cheminée, les jardins fleuris de roses et les allées bordées de lilas. Dans son univers, images, souvenirs et senteurs ne font qu’un. Sa collection de parfums - en Europe au printemps - a été créée avec la complicité de Karyn Khoury, le nez historique de la maison. Assises côte à côte, elles précisent leur processus de création, qui commence souvent par un échange de photos. « Un parfum est toujours une question d’émotions. J’aime travailler par images, je lui envoie une photo qui parfois est à l’opposé de tout ce que nous avions décidé, et… » Karyn intervient : «… et elle a raison ! Combien de fois sa grand-mère arrivait au bureau pour nous dire d’un air sérieux : “Aerin n’a pas aimé”, et on changeait tout. »

La bio d’Aerin ressemble au conte de fées d’une princesse de l’Upper East Side : enfance dorée, mariage parfait avec son amoureux de fac, une réussite remarquable dans les affaires… Comment fait-elle ? « Mon énergie vient de ma passion pour tout ce que j’entreprends ; ça, je l’ai appris de ma grand-mère. Et j’ai aussi des parents formidables qui m’ont structurée, ils m’ont donné le sens du devoir et des responsabilités… Encore aujourd’hui, il arrive à ma mère de me téléphoner pour me rappeler d’écrire une lettre de remerciement, ou savoir si j’ai bien avancé sur un projet ! La vie est faite de doutes et d’obstacles, mais je suis intimement convaincue que c’est le fait de ne pas être heureux qui nous épuise. »  

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Chelsea Clinton sort de l'ombre pour faire gagner Hillary

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Chelsea Clinton arrive dans la course. (23 mars 2015, Los Angeles)

À peine la candidature d'Hillary Clinton a-t-elle été annoncée que sa fille, Chelsea, troisième pilier de la dynastie familiale, est déjà montée au créneau. Elle compte devenir l'un des meilleurs atouts de sa mère pour l'élection présidentielle de 2016.

Il est loin le temps des frisottis et de l'appareil dentaire. Chelsea est restée pendant longtemps une ado américaine, un peu introvertie, avec deux mastodontes de la politique - et leurs scandales - comme compagnons de dîner. Puis, Chelsea Clinton a tracé son chemin discrètement. Diplômée de Stanford, d'Oxford et de Columbia, elle est mariée à un certain Marc Mezvinsky, banquier d'affaires. Tous deux sont les parents d'une petite Charlotte, six mois, et habitent à New York. Chelsea est devenue vice-présidente de la Fondation Clinton, particulièrement impliquée dans tout ce qui concerne les femmes et la santé. Aujourd'hui, elle a enfin décidé de sortir de l'ombre.

À l'annonce, dimanche, de la candidature de sa mère aux primaires démocrates pour l'élection présidentielle de 2016, Chelsea a aussitôt tweeté : « Très fière de toi, Maman ». Cette semaine, elle faisait la couverture de la version américaine de Elle, en robe Gucci noire à 1500 dollars et bracelet Cartier, et plaidait dans l'interview accordée au magazine pour l'élection d'une femme à la présidence. « Vous posez la question de l'importance d'avoir une femme président. Oui, absolument, c'est important, oui, pour des raisons symboliques. Et les symboles sont importants », explique-t-elle dans cette interview. « L'une des valeurs fondamentales de notre pays est l'égalité des chances. Mais quand cette égalité n'inclut pas l'égalité des sexes, il y a là un défi majeur à relever. Et je pense que le fait d'avoir notre première femme président - quelle qu'elle soit - aidera à le relever. »

Chelsea a déjà plaidé la cause de sa mère auparavant. En 2008, elle avait déjà fait campagne pour Hillary, principalement sur les campus. Elle avait décrit sa mère comme son « héroïne » à la convention démocrate. Mais à l'époque, elle s'était refusée à toute interview.

L'album photo de Chelsea Clinton :

Un argument de choix auprès des jeunes et des femmes

Chelsea pourrait être un atout majeur dans la campagne électorale de sa mère. Celle-ci tente sa dernière chance pour la présidence, après s'être fait damer le pion par Barack Obama en 2008, lors des primaires démocrates. « Tout dépendra de la stratégie d'Hillary », estime le professeur Robert Shapiro, expert en politique à l'université Columbia à New York. « Vu la vidéo qu'elle a utilisée pour lancer sa campagne, mettant notamment l'accent sur les familles et les femmes, et le fait que Chelsea ait un bébé - qui est la première petite-fille d'Hillary -, je pense qu'il y a là un angle à exploiter », ajoute-t-il. Les premières photos de Charlotte, promenée en poussette par ses parents dans son quartier du Flatiron, ont été publiées le week-end même de l'annonce de la candidature d'Hillary. Simple coïncidence ? Souvent considérée comme distante et froide, Hillary Clinton a longuement évoqué sa joie d'être grand-mère et comment sa petite-fille l'avait déjà aidée à « voir le monde d'une façon différente », dans un chapitre récemment ajouté à ses Mémoires, Le Temps des décisions (1).

Chelsea Clinton « a son propre style ». Elle pourrait « être utile auprès des jeunes et des femmes. Elle est jeune, énergique, charismatique à sa façon », décrypte M. Shapiro. « Elle a un doctorat en gouvernance mondiale, elle partage les intérêts de ses parents. Mais je pense que si elle doit jouer un rôle dans la campagne, ce sera de sa propre initiative », estime pour sa part Meena Bose. Ce professeur en sciences politiques à l'université Hofstra souligne qu'en quarante ans de politique, Bill et Hillary Clinton n'ont « jamais poussé » leur fille dans cette direction.

Trop riche ?

D'après Meena Bose, l'implication de Chelsea n'est pas sans risque. « Hillary Clinton fait partie des gens au sommet et Chelsea Clinton et son mari ont très bien réussi financièrement. Durant la campagne, il y a donc potentiellement un risque de paraître déconnecté, principalement chez la mère, mais aussi chez la fille », précise-elle. Alors que certains se demandent si Hillary n'est pas trop riche, Chelsea, elle, vit dans un appartement à 9,25 millions de dollars situé au cœur de Manhattan.

« Je ne la vois pas jouer un rôle aussi important que Bill dans l'accession d'Hillary à la présidence », tempère aussi Robert Shapiro. Pour le site spécialisé Politico, Chelsea est néanmoins « en passe de devenir une figure majeure de la campagne, et - si sa mère y entre - de la Maison-Blanche ». La jeune femme, qui s'était essayée au journalisme de télévision de 2011 à 2014, n'a pas précisé ses intentions. Mais elle a reconnu la semaine dernière, lors d'une discussion à la Harvard T.H. Chan School of Public Health, qu'elle avait toute sa vie « parlé de tout » avec ses parents et su parfois les influencer, par exemple sur le mariage homosexuel ou sur certaines priorités de la Fondation Clinton. 

(1) Le Temps des décisions, 2008 - 2013. Mémoires, d'Hillary Rodham Clinton, Fayard, 790 p., 25 €.

(Avec AFP)

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Elizabeth Holmes, 31 ans, la plus jeune "self-made" milliardaire

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Elizabeth Holmes, 31 ans, fondatrice et PDG de Theranos, une entreprise de biotechnologies qui crée des tests sanguins rapides et pas chers. 

À 31 ans, Elizabeth Holmes vient de se frayer une place dans le célèbre classement des 100 personnalités les plus influentes publié jeudi par Time Magazine. La jeune femme dirige Theranos, une entreprise de biotechnologies basée dans la Silicon Valley et évaluée à 10 milliards de dollars. Le principe ? Distribuer dans le monde des tests sanguins rapides à bas coûts, plus efficaces que les analyses classiques pour diagnostiquer les maladies.

À chaque dizaine d’années, elle avance l'un de ses pions. À 31 ans, Elizabeth Holmes n’a pas perdu son temps. Dans une lettre écrite à son père lorsqu’elle avait 9 ans, la petite fille, déjà passionnée, expliquait : « Ce que je veux vraiment dans ma vie, c’est découvrir quelque chose de nouveau, quelque chose que l’humanité ne pense pas qu’il soit possible de faire. » À 19 ans, l’étudiante en deuxième année de chimie de la prestigieuse université de Stanford, en Californie, arrête ses études pour monter son projet. Aujourd’hui, elle apparaît dans le classement des personnes les plus influentes du Time Magazine, des plus grosses fortunes de Forbes, et se voit déjà comparée à Mark Zuckerberg, à Bill Gates et à Steve Jobs. Car Elizabeth Holmes dirige l’une des entreprises les plus prometteuses en biotechnologie, une société de 500 salariés estimée à 10 milliards de dollars. « Tout comme Bill Gates voulait un ordinateur sur chaque bureau, Elizabeth Holmes veut rendre possible les analyses sanguines dans chaque pharmacie », explique Cbsnews.

Diagnostiquer les maladies en amont

Sa société envisage en effet de faciliter les analyses sanguines grâce à une simple piqûre dans le doigt pour extraire une goutte de sang. L’entreprise a mis au point des nanocapsules censées remplacer les gros tubes habituels. Les résultats tombent dans les vingt-quatre heures. Le but est de remplacer définitivement la sempiternelle épreuve de l’aiguille plantée dans le bras, qui ponctionne le sang et envers laquelle la jeune femme éprouve visiblement une certaine aversion. Elle explique, amusée : « Je pense vraiment que si nous étions sur une autre planète et que nous nous disions "Ok, réfléchissons à des expériences de torture", le concept de planter une aiguille dans le bras de quelqu’un et de ponctionner son sang tout doucement, pendant qu'il regarde, serait retenu. »

Au-delà d’une simple histoire de convenance personnelle, il s'agit de mettre à disposition du plus grand nombre des tests pour diagnostiquer les maladies en amont, avant même l’apparition des symptômes. À la conférence TEDMED l’année dernière, la PDG racontait : « J’ai grandi en passant mes étés avec mon oncle. Je me souviens de son amour pour les mots croisés et je me souviens qu’il essayait de nous apprendre à jouer au football. Je me souviens combien il aimait la plage. Je me souviens combien je l’aimais. Il a été diagnostiqué un jour d’un cancer de la peau. D’un coup, c'est devenu un cancer du cerveau, et après la maladie a attaqué ses os. Il n’a pas eu le temps de voir son fils grandir. Je ne lui ai jamais dit au revoir. Une maladie commence bien avant que les symptômes n'apparaissent. Nous souhaitons un monde où chacun aurait accès à ses informations de santé au moment où cela compte. Un monde où personne ne dirait : "Si seulement je l'avais su plus tôt !". » Une méthode plus efficace, car le produit, vendu en pharmacie, est moins contraignant que les analyses de laboratoire et moins cher. Sa créatrice y voit même un moyen de réduire le déficit de la Sécurité sociale, « la cause principale de la faillite ».

Un bourreau de travail

Malgré sa fortune estimée à 4,5 milliards de dollars, Elizabeth Holmes vit dans un trois-pièces à Palo Alto, en Californie. Elle mène une vie « austère » selon Ken Auletta du New Yorker, invité chez elle pour une interview. « Bien qu’elle puisse citer Jane Austen par cœur, explique-t-il dans son article, elle ne consacre de temps ni à la lecture, ni à ses amis, elle n’a pas de rendez-vous galant, ne regarde pas la télévision. Elle n’a pas pris de vacances en dix ans. Son réfrigérateur est vide, puisqu’elle ne mange qu’au bureau. » Effectivement, la jeune femme travaille jour et nuit. « Je suis à Theranos à partir du moment où je me réveille jusqu’à ce que j’aille me coucher », explique-t-elle.

Car pour révolutionner les services de santé, la jeune femme dirige son équipe d’une main de fer. « Elle a réussi à asseoir son autorité avec sa voix douce et agréable. Elle a quelque chose d’éthéré, on dirait qu’elle a 19 ans. On se demande parfois : "Comment va-t-elle réussir à gérer tout cela ?" C'est grâce à sa domination intellectuelle et parce qu’elle connaît bien le sujet », explique Henry Kissinger, 91 ans, l’ancien secrétaire d’État de Richard Nixon et de Gerald Ford, actionnaire de l’entreprise. Il n’est pas le seul illustre membre du conseil d’administration qui compte entre autres, deux anciens secrétaires d’État - George Shultz et Bill Perry -, deux anciens sénateurs, un ancien amiral de la Marine, un ancien directeur du Centers for Disease Control and Prevention. Et lorsqu’une journaliste du magazine Fortune lui demande comment elle a fait pour les convaincre, Elizabeth Holmes répond simplement : « J’ai créé cette entreprise parce que rien n’est plus important pour moi aujourd’hui que la douleur qui survient lorsque quelqu'un qu'on aime disparaît, et cela parce qu'on a réalisé trop tard qu’il était atteint d’une maladie. Les membres du conseil d’administration se sont impliqués dans ce travail parce que nous savons que nous avons l’opportunité de faire quelque chose de bien pour le monde. »

L’ambition et la persévérance caractérisent Elizabeth Holmes depuis longtemps déjà. Lycéenne, elle voulait apprendre le chinois pendant l’été à l’université de Stanford. Après plusieurs refus de l’administration qui n’acceptait pas les lycéennes dans le cours, elle finit par obtenir gain de cause. « Vous n’arrêtez pas d’appeler. Je n’en peux plus. Je vais vous faire passer un test tout de suite », lui dira le directeur du programme. C'est ainsi qu'elle intègre le cours de mandarin de Stanford, avant d’entrer pour de bon à l’université deux ans plus tard. En première année de chimie, l’étudiante sort major de sa promotion et obtient une bourse de 3000 dollars pour poursuivre un projet avec son professeur d’alors, Channing Robertson, un ancien membre de Theranos. Car en deuxième année, la jeune femme, persuadée de tenir une idée révolutionnaire, embarque son professeur dans l’aventure. Un long processus dont les émules parleront certainement encore dans dix ans.    

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Thé dansant, cœur battant

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Il existe encore une dizaine de thés dansants « privés » dans la capitale.

Dans une poignée de clubs parisiens, un public de seniors continue de danser le cha-cha-cha tout l'après-midi. Reportage dans un dancing du 10e arrondissement, où d'élégants habitués viennent guincher et parfois flirter.

Dans le hall du Rétro Dancing, une femme perchée sur des escarpins s’avance à petits pas. Il est 15 heures. Elle a retiré son manteau, dévoilant une robe pourpre échancrée dans le dos. La peau est un peu froissée. Un homme lui a offert son bras pour la conduire dans la pièce voisine, « au bal ». Dans cette ancienne salle de cinéma reconvertie en discothèque en 1980 et qui tient lieu de thé dansant chaque après-midi, les couples ont envahi la piste de danse. Face à une enfilade de banquettes en velours rouge, sous une poignée de néons multicolores et au rythme d’une bande-son désuète, ils enchaînent les tangos, les cha-cha-cha et les paso doble. Sur son blog, Alain Piart, professeur de danse, féru de bals parisiens, avait prévenu : au Rétro, les parquets « sont toujours assez glissants, mais c’est l'un des rares endroits de Paris où l’on peut encore voir de vrais danseurs "musette" pratiquer la toupie plutôt que la valse à trois temps. » 

La réputation du dancing n'est pas usurpée. Ce jour de février, ceux qui se sont acquittés des 6 euros de droit d’entrée, consommation sans alcool comprise, dansent avec application. Tendresse, aussi. Beaucoup s’étreignent, joue contre joue ou lèvres sur le front, les yeux clos, tout à la musique. Un homme caresse doucement les hanches de sa partenaire. Un autre risque une main sur les fesses de son amie. Les cheveux blancs, toujours bien peignés, se mêlent. Les cravates côtoient les chemisiers de satin. Parfois, une bretelle de soutien-gorge s’échappe d’une robe imprimée. Un danseur en bras de chemise poursuit sa danseuse. « Elle ne veut pas se marier avec moi », lance-t-il, l’air mi-dépité mi-amusé. Une femme en robe noire ondule face à un cavalier imaginaire. De dos, une autre semble avoir 20 ans, avec son épaisse chevelure et sa jupe fluide. Elle se retourne. Elle doit en avoir 60 ou 70, comme presque tout le monde ici.

Un lieu de séduction ?

Deux danseurs tirés à quatre épingles se détachent du groupe. Ils partent s'installer sur un sofa dans le coin salon, s’embrassent, se dévorent des yeux. Non loin de là, une femme seule, apprêtée, attend qu’on l’invite. Elle est venue se « défouler » et tromper « l’ennui » plutôt que son mari, qui ne sait pas qu’elle est là. « Les gens qui viennent ici sont ceux qui ne sont pas bien chez eux, des paumés », murmure-t-elle, paraissant oublier qu'elle fait partie de ces retraités endimanchés venus danser un jour de semaine pluvieux. 

D’autres tiennent un tout autre discours. La plupart sont des réguliers et fréquentent d’autres thés dansants (il en existe une petite dizaine à Paris, dans des clubs comme Le Memphis et des établissements comme le Chalet du Lac), presque quotidiennement. Ils disent venir du même milieu, celui des « retraités danseurs ». Le barman confirme : l'espace « fait le plein d'habitués » dès le mercredi. Selon Alain Piart, ces lieux de danse privés, à distinguer des bals communaux, continuent de séduire les seniors. « C'est encore vivace, ça marche », assure-t-il. S'agit-il d'un endroit pour séduire ? « Certains pensent que c’est un univers peu fréquentable, explique entre deux danses Yves, 78 ans, un Perrier à la main. Mais nous, on vient pour la danse. Le flirt, c’est simplement la coutume : partager un moment de tendresse le temps d’une chanson. » Il lui arrive de danser pendant des heures avec des dames qu'il revoit des années plus tard. « On se reconnaît, on se dit qu’on est toujours pas mal, puis on repart à nos vies. »

Compagnons de bal

À ses côtés, Josiane, élégante octogénaire, mime les « jeunes en boîte » en riant, en faisant sauter ses colliers de perles. Elle se décrit comme une grande amoureuse du bal musette. Veuve, elle a bien tenté d’y rencontrer quelqu’un. « Mais les hommes se croient encore au zénith, alors qu'ils sont un peu décatis. Je préfère garder mes souvenirs. Je ne veux plus courir le guilledou », glisse-t-elle.

Sur la piste, certains en sont à leur dixième danse, d’autres à leur dixième cavalière. D’autres encore discutent, échangent des nouvelles, se saluent. Sur un regard, un signe, on accepte une valse. Beaucoup sont des compagnons de bal. Dehors, ils ne se voient pas. À chaque sortie, ils ne savent pas s’ils se retrouveront. « J’ai une copine normalement, mais elle n’est pas là aujourd’hui », s’attriste un monsieur. Soudain son regard s’illumine : la copine, col lavallière et cheveux relevés en chignon, vient de faire son entrée.

« C’est comme au bistrot, sauf que nous, nous avons des problèmes de cœur plutôt que des problèmes de foie », avance Raymond, célibataire de 75 ans. Lui ne s’autorise qu’une danse tempe contre tempe de temps à autre - « le meilleur remède contre la vieillesse ». Mais il admet que l’atmosphère du dancing exacerbe les « sentiments à fleur de peau » et la « libido ». La vie sexuelle et amoureuse des seniors est toujours taboue dans la société, alors qu'ils ont encore « le feu aux fesses » d'après Raymond. « J’aurais pas cru, mais j’ai un cœur tout neuf. Comme nous tous », conclut-il. Un jour, au thé dansant, il a vu une vieille dame pleurer. Son petit copain venait de la quitter.

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L'ambitieux Français qui défie Victoria's Secret

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Morgan Hermand-Waiche, fondateur de Adore Me, et les mannequins lingerie de la marque.

« Il y a quatre ans, je ne connaissais rien à la lingerie ni à Internet », confesse Morgan Hermand-Waiche, le créateur d'Adore Me. Aujourd'hui, sa start-up en ligne bouscule le secteur de la lingerie aux États-Unis.

À peine sorti d'Harvard, Morgan Hermand-Waiche, ingénieur des Mines parti faire son MBA (master of business administration) aux États-Unis, lance Adore Me, un site marchand de lingerie. Nous sommes en 2011. L’entrepreneur trentenaire, originaire de Marseille, est un travailleur acharné qui considère comme « non quantifiable » le nombre d'heures passées chaque jour à mettre sur pied sa société. Il n'a qu'un seul objectif en tête : « Créer un géant de la lingerie en quelques années. » Aujourd'hui, Adore Me est la deuxième marque de sous-vêtements aux États-Unis.

Pour réussir son pari, Morgan Hermand-Waiche fait fabriquer ses modèles en Asie (un continent qu'il connaissait bien pour y avoir travaillé comme consultant, chez McKinsey) et convainc ses professeurs d'Harvard d'être ses premiers investisseurs. La start-up, qui a levé 11,5 millions de dollars depuis sa création, vise la rentabilité pour 2015 et compte 66 salariés à New York et en Roumanie, où elle possède un petit bureau. Depuis le lancement de l'e-shop, l'entreprise a vendu 5 millions de pièces (soutiens-gorge et culottes). De son bureau new-yorkais, Morgan Hermand-Waiche constate avec fierté et émotion être parvenu à déranger Victoria's Secret et à se faire une place là où ses aînés de renom ont échoué. « C'est depuis trente ans la marque dominante dans le secteur de la lingerie aux États-Unis et dans le monde. De nombreuses griffes ont essayé d'attaquer leur suprématie. Abercrombie a échoué dans sa tentative de monter une ligne de lingerie, Princesse tam.tam et Etam ont tenté de s’implanter sur le continent nord-américain, sans succès... En trois ans et demi, nous sommes devenus la marque qui talonne Victoria's Secret. »

Adore Me est encore très loin du mastodonte de la lingerie américaine : son chiffre d'affaires a atteint 5,3 millions de dollars en 2013, contre 6,7 milliards de dollars pour Victoria's Secret. Mais la start-up a attiré l'attention des médias en septembre dernier, quand le magazine Inc l'a hissée à la 2e place des start-up en e-commerce (retail) qui connaissent les plus fortes croissances aux États-Unis.

Pour le moment, Morgan Hermand-Waiche mise tout sur le e-business car « Internet permet de grandir plus vite ». La boutique en ligne est intelligemment construite et personnalisée pour chaque cliente. En effet, dès l’ouverture de la page, un quizz est proposé à l'internaute pour découvrir quels sont les modèles de lingerie qui correspondent à sa morphologie et à ses goûts.​ Mais ce n'est pas seulement l'ergonomie du site, la popularité de l'application mobile et les publicités diffusées sur les grandes chaînes de télévision américaines qui expliquent l'engouement autour de la marque.
Comme Victoria's Secret, Adore Me s'adresse aux Américaines en se fondant sur leurs goûts pour le flashy, le push-up et la dentelle colorée. Pour les séduire, le chef d'entreprise français s'est offert les services de la styliste Helen Mears, une ancienne de Victoria's Secret. 

La marque par les femmes et pour (toutes) les femmes

Au sein de l'entreprise, les femmes ont un rôle prépondérant. Le fondateur déclare fièrement que 75 % des salariés de l’entreprise sont des femmes. Si le produit est pensé par des femmes, il s’adresse aussi à chacune d'elles. « Le consommateur est une femme. Il faut des femmes pour faire un produit pour femme. » Pour le directeur général de la marque, « Victoria’s Secret met en scène des femmes magnifiques, mais inapprochables ». Si la marque aux mannequins aux allures d'anges « a décidé de ne pas couvrir le marché des femmes fortes », Adore Me a choisi de s'adresser aussi à elles et a embauché des mannequins plus size pour présenter ses modèles. Morgan Hermand-Waiche estime que sa start-up est aujourd'hui « la seule marque aux États-Unis qui propose une lingerie jolie et féminine pour des femmes fortes, avec la même dentelle et les mêmes couleurs » que pour les femmes plus minces.

Mais la vraie force de la marque réside dans le prix de ses articles. Un ensemble Adore Me, « manufacturé aux mêmes endroits que ceux d'Aubade ou de Victoria’s Secret (en Asie, NDLR), dans la même matière et le même tissu », est proposé deux fois moins cher que ceux de la concurrence : il coûte environ 40 dollars sans les frais de port, d'échange ou de retour. Le PDG explique compenser ses faibles marges par d'importants volumes de vente. Il insinue par ailleurs que Victoria’s Secret profite de sa situation de quasi-monopole et de sa renommée pour se permettre des marges très importantes. Après avoir réussi son implantation en ligne et dans l'esprit des Américaines, Morgan Hermand-Waiche prévoit de commercialiser à son tour ses produits dans des points de vente physiques dès 2016 : « Nous serons distribués dans nos boutiques et dans un groupe de grands magasins. » L'avenir dira alors si le prix sera toujours aussi compétitif.

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Inès Taittinger, une femme pilote aux portes des 24 Heures du Mans

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Inès Taittinger, 25 ans, a commencé à prendre le volant à 18 ans.

Elle est arrivée tardivement dans la compétition et a dû surmonter des problèmes cardiaques. Rencontre avec l'une des rares femmes pilotes automobiles françaises, qui sera l'ambassadrice du Pavillon des femmes, le premier espace dédié aux femmes et à l'automobile pendant les 24 Heures du Mans, qui se tiendront les 13 et 14 juin prochains.

Inès n'a jamais joué à la poupée. Son père, Hugues Taittinger, l'emmenait faire du kart. Lui-même voulait être pilote automobile. Mais le devoir familial l’a rappelé et l’a envoyé travailler aux États-Unis. L’homme, qui n’a eu que des filles, a continué de vivre sa passion en la transmettant à Inès. Ensemble, ils regardent les courses à la télévision jusque tard le soir. « Il m’a fait faire tous les trucs de garçon : du circuit, du kart, des jeux de petites voitures. Ce sont des moments privilégiés que ma sœur, qui travaille aujourd’hui dans la communication et la mode, n’a jamais eus avec lui. » Pour ses 18 ans, un ami de son père, Philippe Alliot, lui a fait tâter la vraie piste. Un âge où les futurs pros ont déjà foulé plusieurs fois le bitume. « Je n’avais jamais pensé que cela pouvait être un sport de femmes. C’est comme un homme qui choisit de faire du ballet classique. » La belle a mordu. L’été qui a suivi, Inès et son père, comme deux gosses complices, se sont chacun acheté une voiture.

Les débuts n’ont pas été faciles. Inès est arrivée tard dans la partie. « C’est un petit milieu, les gens parlent. Si tu arrives sans niveau, tu es grillée. Surtout si tu es une fille. On va dire que tu fais ça pour t’amuser. Il y a six ans, je n’étais pas au niveau, j’ai eu droit à des remarques. » Il faut dire que l’ami Philippe l’a inscrite en championnat à tout juste 19 ans.

Sur la piste, elle monte désormais à 260 km/h au volant de sa Norma. En ligne droite comme dans les virages, la vitesse est de rigueur. On imagine d’autant plus mal qu’Inès a été opérée d’une malformation cardiaque à sa naissance, avant de devoir faire face à des problèmes pulmonaires et à une nouvelle opération à 14 ans. « J’ai passé beaucoup de temps dans les hôpitaux, j’ai été très absente de l’école. » Après son bac, elle ne sait pas quoi faire. Elle file en école de communication, sans grand enthousiasme. Les études n’ont jamais été sa tasse de thé. « À 19 ans, je consacrais tout mon temps au sport auto. La transition s’est faite naturellement. » Après lui avoir fait passer une batterie d’examens, son pneumologue et son cardiologue lui donnent leur feu vert pour rouler. « C’est comme la plomberie, m’a dit mon chirurgien. Une fois que c’est réparé, c’est réparé. » Inès n'oublie pas ce qu'on a fait pour elle et mène campagne sur son site pour l'association Mécénat chirurgie cardiaque.

Cette année, Inès sera aux 24h du Mans, en tant qu'ambassadrice du Pavillon des Femmes, dédié aux femmes et à l'automobile.

Depuis trois ans, elle est l’une des deux filles de l’écurie privée CD-Sport et participe aux championnats d’endurance V de V. Elle enchaîne les entraînements intensifs et les courses d’essai avec un coach à San Remo. Elle a adopté une hygiène de vie impeccable et ne fume pas. Car, évidemment, il ne suffit pas de s’asseoir dans sa voiture et de piloter. « C’est très violent pour le corps, au niveau du dos et des vertèbres. On ressent de la tension pure, des chocs et les jets de vitesse. » Parfois souffrir jusqu'à avoir envie de pleurer et à ne plus pouvoir bouger pendant vingt minutes après être sortie de sa voiture. « Il faut tenir, pour l’équipe. Si tu n’y arrives pas, il fallait faire plus de sport… J’ai vraiment appris que je pouvais me surpasser avec l’automobile. » En effet, les femmes pilotes doivent redoubler d’effort pour arriver au niveau des hommes dans l'un des rares sports mixtes. « Le travail qu’un homme va mettre trois mois à faire, une femme va le faire en six mois. » Qu’importe, elle file dans sa Mini vers la salle de musculation quatre jours par semaine, avec Akon dans les oreilles.

Être une fille : un avantage négligé par les sponsors

Inès ne vit pas de son métier. Mais, heureusement pour elle, la jeune femme de 25 ans a un nom. Celui d’une grande famille française qui produit des bulles connues dans le monde entier. Une famille dont elle porte l’emblème - une grappe de raisin dessinée par sa grand-mère - autour du cou, en guise de porte-bonheur. « Je me sens vide sans elle. » On la comprend. Des sponsors, elle en compte deux : le champagne Taittinger et la banque Pictet. Inès pourrait participer aux compétitions de ses rêves. Mais n’a pas les 400.000 euros nécessaires. « J’ai un niveau plus que suffisant pour aller aux 24 Heures du Mans, je suis approchée par des écuries auxquelles je dois dire non car je ne trouve pas de sponsors. » La jeune fille est dépitée par un tel manque d'intérêt. « Les sponsors vous choisissent pour vendre leur image aux médias. Les 24 Heures du Mans sont l’événement sportif le plus vu au monde après les Jeux olympiques. Je peux faire parler de moi car je suis une fille et je serais l'une des rares participantes. Ils auraient des retombées immenses. Je serais plus médiatisée qu’un coureur masculin de la même marque. » Pourtant, son portable ne sonne pas.

À force d’attendre, elle pourrait bien, par dépit, se reconvertir pour gagner son indépendance financière. En devenant journaliste sportive par exemple. Elle connaît bien l'univers de la télé. Sa mère, Elisabeth Tordjman, a officié comme speakerine, madame météo sur France 3 et animatrice de l’émission « Vies à Vies » sur D8. Quoi qu'il arrive, son « but est de rester dans le sport automobile le plus longtemps possible ». 

 « Cela fait six ans que je fais les mêmes championnats. J’ai besoin de changer de compétitions, de trouver des financements. J'ai besoin de quelque chose de nouveau », avoue-t-elle, un peu lassée. À défaut de pouvoir y laisser des traces de pneu, Inès Taittinger participera aux 24 Heures du Mans derrière la ligne de départ. Pour la première fois, la compétition a créé un espace dédié aux femmes et à l’automobile au cœur du village : le Pavillon des femmes. Inès en sera l'une des ambassadrices, se rapprochant un peu plus de sa cible.

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Football : mais au fait, qui sont les Bleues ?

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L'équipe française avant son premier match de la Coupe du monde de football féminin contre l'Angleterre, le 9 juin 2015, à Moncton, au Canada.

Elles sont parmi les favorites de la Coupe du monde de football féminin. Alors que les Bleues, de plus en plus médiatisées, joueront ce soir leur place pour les huitièmes de finale, retour sur leurs parcours individuels.

Elles sont 23 et ont toutes une envie mordante de devenir championnes du monde. Premier match, première victoire : les Bleues ont réussi leur entrée dans la Coupe du monde de football féminin le 9 juin contre l'Angleterre, qu'elles ont battue 1-0. Mais qui sont ces Bleues qui suscitent de plus en plus d'engouement ? Pour la plupart, elles évoluent à l'Olympique lyonnais, au Paris Saint-Germain ou au Football Club Féminin de Juvisy. Certaines sont arrivées dans le foot par hasard, d'autres suivent leur passion depuis qu'elles ont 8 ans. Ce sont aussi des filles « normales », drôles, sympathiques, qui font des selfies avec François Hollande, adorent la raclette et appellent leur chat Zlatan. Petit panorama des 23 perles du football féminin français.

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