De gauche à droite : Delphine Blumereau, Catherine Berthillier, Laurence Tubiana, Alice Audoin, Michèle Sabban, Naziha Mestaoui, Anne-Sophie Novel, Valérie Masson-Delmotte, Nathalie Bastianelli et Stéphanie Gay-Torrente.
C’est à Paris que se joue un nouvel acte déterminant sur la grande scène du climat. L’enjeu ? Contenir le réchauffement de la planète au-dessous de la barre de deux degrés supplémentaires. Parmi tous ceux qui sont de l’événement, Madame Figaro a choisi dix femmes actrices du changement. Elles sont engagées dans une course contre la montre pour que cette COP21, quel que soit l’accord final, bouscule les comportements, accélère le déploiement d’une économie sans carbone et inspire la société civile. Portraits.
Quel est votre objectif ?
Notre génération veut envoyer un signal fort aux négociateurs. Nous, les jeunes, sommes prêts à changer de modèle de société. Aux politiques, aujourd’hui, d’assumer leurs responsabilités. Avec Climates, notre réseau de 150 étudiants dans 40 pays, et 4 autres associations, nous invitons 5 000 jeunes à la Conference of Youth * (COY) pour des ateliers participatifs, des conférences, des projections de films, des concerts…
Un changement à proposer d’emblée ?
Il faut cesser d’utiliser le mot « climat », qui n’évoque rien pour les jeunes. Il vaut mieux parler de manger autrement,
de se déplacer autrement, d’épargner dans des banques responsables, bref faire écho à nos vies quotidiennes.
*Du 26 au 28 novembre au Parc des expositions de Villepinte. www.coy11.org/fr
Quel est votre objectif ?
Longtemps journaliste et productrice de télévision, j’ai créé en 2011 la plateforme Shamengo pour valoriser à travers des vidéos ces entrepreneurs sociaux pionniers qui partout changent au quotidien notre monde. Mieux, en fabriquent un nouveau. Qu’ils soient médecins, ingénieurs, scientifiques, designers, étudiants, actifs, sans emploi, retraités, la Villa Shamengo * mettra en lumière le meilleur de leurs innovations. Je crois à une solution qui vient des citoyens plus que des politiques.
Un changement à proposer d’emblée ?
Inciter chacun à utiliser son pouvoir de « consom’acteur », d’inventeur et de créateur de richesses au service d’un idéal dans lequel l’éthique est partie prenante.
* Au sein du village de la société civile au Bourget. www.shamengo.com
Quel est votre objectif ?
Rapprocher les points de vue des 195 pays et permettre l’adoption à l’unanimité d’un accord universel pour limiter la hausse des températures de la planète à deux degrés. Pour y parvenir, chaque pays doit s’engager d’ici à la COP à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de façon chiffrée et dans la durée, à travers ce qu’on appelle des contributions nationales. Il faut aussi s’entendre sur la façon de mobiliser 100 milliards de dollars par an dans les pays développés, à partir de 2020, pour aider les pays en développement à mettre en place des politiques d’efficacité énergétique et à s’adapter aux impacts des changements climatiques. Pendant la COP, je vais participer à favoriser une bonne connexion entre présidents, chefs de gouvernement, ministres et négociateurs. Mon travail consiste à mener tous ces combats de front, avec tous les ambassadeurs du réseau diplomatique et quatre ambassadeurs itinérants.
Un changement à proposer d’emblée ?
Il ne faut pas se focaliser exclusivement sur l’accord. Je bataille aussi pour que se noue une « alliance de Paris pour le climat ». C’est-à-dire pour accélérer la transition mondiale vers de nouvelles économies résilientes et sobres en carbone. Paris doit devenir le catalyseur de cette nouvelle révolution industrielle.
Quel est votre objectif ?
Pionnière du développement durable, j’ai travaillé pendant vingt ans dans de grands groupes (Caisse des dépôts, Havas Media…). Aujourd’hui, je constate que l’engagement s’essouffle. Manifester, signer des pétitions, cela
ne suffit plus. Je veux proposer des façons d’agir pour le climat qui soient plus créatives. Fin 2014, j’ai créé
un brainstorming collaboratif parrainé par Olafur Eliasson et Tristan Lecomte, avec vingt et un leaders innovants, entrepreneurs sociaux et artistes. Nous avons imaginé plusieurs actions, dont le Maskbook. L’idée ? Que chacun customise son masque antipollution pour transformer cet objet angoissant en symbole ludique et créatif. Ils seront exposés dans une galerie en ligne et nous aurons un corner avec des ateliers au Grand Palais pendant la COP21.
Un changement à proposer d’emblée ?
Je voudrais remettre la problématique santé-climat au cœur des débats de la COP21, car c’est un thème fédérateur qui nous concerne tous.
* www.artofchange21.com